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L’histoire des politiques publiques pour la recherche architecturale selon Éric

2. La consultation de 2008 : rendre visibles des pratiques de la recherche sur la

2.1. L’histoire des politiques publiques pour la recherche architecturale selon Éric

Cette analyse de l’histoire des politiques publiques françaises pour la recherche en Architecture s'appuie sur quatre travaux produits par Éric Lengereau retraçant l’histoire et les enjeux de la recherche architecturale en France. Le premier est le rapport publié en 1996 pour le compte du ministère de l’Équipement, du Logement, des Transports et du Tourisme ainsi que de la Direction de l’Architecture, intitulé La mise en place de la recherche

architecturale209. Le deuxième est le texte d'une communication titrée

« Formation Doctorale et Recherche Architecturale en France » datant de février 1996, réalisée à l’occasion d’une conférence sur le doctorat en Architecture, donnée à Delft210. Le troisième matériau analysé consiste en l’ouvrage collectif Vers un doctorat en Architecture211, publié en 2005, interrogeant des architectes de renom impliqués dans des activités de recherche sur la nature d’un doctorat en Architecture. Le quatrième correspond à l’intervention d’Éric Lengereau au Collège de France le 16 janvier 2015 lors du Colloque L’Architecture entre pratique et connaissances

scientifiques, organisé par Jean-Louis Cohen212.

Le choix de ces travaux nous permet d’analyser la façon dont Éric Lengereau appréhende l’histoire de la recherche en Architecture en France à différents moments de son parcours, en y dévoilant sa position vis-à-vis de cette question, et sa contribution personnelle : avant d’être directeur du BRAUP, alors qu’il est directeur du BRAUP, puis après son départ du BRAUP.

209 Lengereau Éric, 1996 (1) op. cit.

210 Lengereau Éric, « Formation Doctorale et Recherche Architecturale en

France » in EAAE/AEE Conference, Doctorates in Architecture, 8 -10 February, Delft, Publikatieburo Bouwkunde, 1996, pp.41-46. (2).

211 Lengereau Éric et al., Vers un doctorat en Architecture , Paris, BRAUP,

2005.

2.1.1. 1969-1971, le V

e

Plan et la Commission

Lichnerowicz

Les prochains développements abordent la genèse de la politique publique, une recherche en Architecture en France, telle que restituée par Éric Lengereau dans son rapport de 1996. Nous mettrons cette première contribution en perspective avec son intervention vingt années plus tard au Collège de France. Dès le début du rapport, Éric Lengereau annonce ses deux objectifs. En premier lieu, il s’agit de retracer l’histoire institutionnelle qui a permis la mise en place d’une politique nationale pour l’Architecture en France. Il tente de retracer les jalons principaux afin de produire une matière qui puisse servir aux historiens futurs. En second lieu, il vise une portée prescriptive pour les politiques publiques à venir. Éric Lengereau explique ainsi :

« Mais sachons dès l’abord que le projet de ces investigations sur la recherche architecturale recèle également le souci permanent d’une dimension opérationnelle, celle qui engendre de plus en plus les initiatives administratives, celle qui mobilise de plus en plus les énergies réformatrices. En l’occurrence, l’objet du présent rapport s’inscrit, dans une large mesure, dans une préoccupation d’ordre prospectif. »213

L’auteur qui deviendra le directeur du BRAUP, cherche déjà à déceler les conditions de la mise en place de cette politique publique pour en comprendre les impasses et les détours. Le rapport s’attache longuement sur des expériences qui sont a priori des échecs, à l’instar de l’Institut de l’Environnement214, en soulignant l’apport que ces méandres offrent à la construction de la politique publique contemporaine. Soulignons que ce rapport a donc un parti pris clairement affiché. Il cherche à la fois à faire l’histoire de ces politiques publiques, mais avec un objectif d’en améliorer les effets en faveur d’une recherche en Architecture plus affirmée.

213 Lengereau Éric, 1996 (1), op. cit. 214 Créé en 1969, il est dissous en 1971.

Dans le rapport de 1996, Éric Lengereau indique que la question de l’institutionnalisation d’une recherche architecturale en France s'est explicitement posée au moment de la parution du décret n° 62-179 du 16 février 1962 sur la réforme de l’enseignement de l’Architecture. Le titre IV du projet de décret propose la création d’un « Centre de Spécialisation et de Recherche Architecturale » (CSRA) qui aurait quatre domaines d’étude : « les études d’aménagement du territoire en fonction des besoins humains et sociaux », « les études de compositions architecturales théoriques ou pratiques », « la recherche dans la perspective du progrès technique et de l’industrialisation du bâtiment » et « les recherches en arts plastiques […] sous l’égide de l’Architecture, une synthèse des arts tant pour l’édifice que pour l’objet ». La recherche est ainsi directement vue comme liée à l’enseignement de l’Architecture et notamment celui dispensé à l’École des Beaux-Arts, avec l’idée que l’Architecture est un Art. La recherche décrite dans ce projet de décret prend une dimension « appliquée », une recherche plus « fondamentale » n’est pas évoquée.

Les domaines de recherche proposés dans ce projet de décret oscillent entre Urbanisme et Sciences de l’Ingénieur. Ainsi, très tôt le risque de produire des redondances avec le Centre de Recherche Urbaine (CRU) et le centre de Recherche Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) rend nécessaire une meilleure définition des domaines de recherche du CSRA. Ce dernier ne verra jamais le jour, mais inscrire la recherche en Architecture à l’agenda du Ve Plan215, cela servira de terreau aux réflexions qui mèneront à l’institutionnalisation d’une recherche en Architecture en France.

L’identification du besoin de soutenir l’émergence et la structuration d’une recherche architecturale en France, conduira à la mise en place de la Commission Lichnerowicz216 qui travaillera à partir de décembre 1969 et

215 Depuis la Seconde Guerre mondiale, la planification en France est gérée par

la Commission Générale du Plan, créée en 1946. Le Ve Plan couvre la période

de 1966 à 1970.

rendra son rapport au printemps 1971. Ce rapport fixe les objectifs d’une recherche en Architecture :

« L’activité de recherche suppose l’acquisition de connaissances et de pratiques nouvelles, l’élaboration de méthodes transmissibles et transposables. […] Méthodes de pensée et d’action, connaissances des contraintes, savoir structurer acquis dans la recherche, devront alimenter un enseignement initial constamment renouvelé et une formation permanente des hommes. La recherche architecturale d’aujourd’hui est la clé de l’enseignement de demain et par la suite celle d’un niveau statistiquement satisfaisant des réalisations effectives. »217

Cette définition d’une recherche en Architecture exprime clairement que cette dernière doit servir de socle à la pédagogie de l’Architecture et de façon ultime, viser une amélioration de cadre de vie en assurant un « niveau statistiquement satisfaisant des réalisations effectives ». Cette représentation envisage une recherche plus « fondamentale », à la source de la pédagogie et de la pratique. Dans cet objectif, le rapport préconise la création d’équipes de recherche, intégrées aux Unités Pédagogiques nouvellement créées après mai 68.

Néanmoins, si le rapport insiste sur la relation entre recherche et pédagogie, il souligne également la nécessité que la recherche en Architecture soit également « appliquée », voire opérationnelle. Il identifie ainsi quatre types de travaux :

- une recherche fondamentale (biologie humaine, psychologie, sémiologie architecturale, analyse plastique et symbolique…) ; - une recherche immédiatement utilisable (domaine de l’éduction,

l’enfant dans la ville, industrialisation, rapport entre Architecture et matériaux, dispositifs architecturaux et urbains…) ;

- une recherche opérationnelle (processus opérationnel, formation de personnel et création de langage, législation et règlementation) ;

- et l’expérimentation (expérimentation en vraie grandeur, développement de connaissances apparues comme insuffisamment explorées…).

Les implications de l’énonciation de ces catégories de recherche en Architecture sont soulignées par Éric Lengereau dès 1996. Ce dernier insiste sur l’idée que la politique publique en faveur de la recherche en Architecture en France doit avoir des objectifs opérationnels clairement affichés dès sa création. La recherche dite « fondamentale » est davantage relayée au statut de support à la pédagogie de l’Architecture. La mise en place de cette politique publique entre deux ministères, le Ministère des Affaires Culturelles et le Ministère de l’Équipement, produira deux grandes approches différentes de la recherche architecturale.

2.1.2. 1972-1973, le Plan Construction et le CORDA

En 1996, Éric Lengereau insiste sur les nombreux liens, parfois cachés, entre la Commission Lichnerowicz et la Commission de préparation du VIe Plan218. Ces liens permettront de prévoir des financements pour la mise en place de la recherche architecturale en France à hauteur de 9 500 000 Francs. Le rapport produit par la Commission Lichnerowicz se traduit alors au moins de deux manières. D’une part, il met la question de la recherche en Architecture à l’agenda de la Commission de préparation du VIe Plan qui sera un espace où pourront se rencontrer les Commissions de la Ville et de la Recherche, permettant ainsi la création du Plan Construction, qui deviendra le Plan Urbanisme Construction par fusion avec le Plan Urbain (PUCA)219.

218 Le VIe Plan couvre la période de 1971 à 1975.

219 Notamment avec la rencontre entre Robert Lion, patron de la direction de la

construction du Ministère de l’Équipement, et de Pierre Aigrain, patron de la DGRST (Direction Générale de la Recherche Scientifique et Technique), qui

D’autre part, il alimentera le Ministère des Affaires Culturelles dès 1971, qui sous l’impulsion du Ministre Jacques Duhamel, entame un recensement des actions existantes de recherche dans le domaine de l’Architecture. Cette prise de position du Ministère des Affaires Culturelles en faveur d’une politique volontariste pour la recherche architecturale, se prolonge lorsqu’est créé le Comité pour la Recherche et le Développement en Architecture (CORDA). La mise en place du CORDA durant l’année 1972 pose la question de sa tutelle, la Direction de l’Architecture du Ministère des Affaires Culturelles, et de son financement, provenant pour moitié de la DGRST (Direction Générale de la Recherche Scientifique et Technique).

Les négociations entre la Direction de l’Architecture et la DGRST portent sur le degré d’autonomie laissée au CORDA, avec le risque identifié par la Direction de l’Architecture elle-même de faire de la recherche en Architecture une recherche non scientifique si le CORDA n’était pas suffisamment autonome220. Il est donc décidé de créer un Secrétariat de la Recherche Architecturale (SRA), qui deviendra le BRAUP en 2006 : en étant rattaché au Ministère des Affaires Culturelles, il devrait guider la politique publique de la recherche en Architecture.

Le CORDA ainsi mis en place, organise quatre groupes de travail thématiques221 afin d’analyser les propositions de recherche soumises au SRA à partir de 1973. Les orientations données par le CORDA ne sont alors pas tout à fait alignées avec les attentes de la Direction de l’Architecture. Le sous- directeur de la Création Architecturale et des Constructions Publiques signale d’ailleurs ce point de vue dans une lettre adressée à la Direction de l’Architecture en juin 1973 :

« Je suis en effet extrêmement frappé par le fait que la quasi- totalité des sujets de recherche à engager (je ne parle pas bien entendu de l’expérimentation) revêtent un caractère purement théorique et ne

220 Lengereau Éric, 1996 (1), op. cit., p. 75

221 Ces groupes sont : les relations entre Architecture contemporaine et tissu

urbain ancien, les équipements intégrés socio-éducatifs, les processus opérationnels, et la théorie et pédagogie de l’Architecture.

sont susceptibles d’aucune « retombée » même à moyen ou long terme sur la production d’Architecture dans le concret. »222

Cet extrait de lettre montre les divergences entre un Comité indépendant, chargé de juger de la qualité des démarches scientifiques proposées, et les attentes opérationnelles portées par les institutions qui financent ces recherches. Cette différence de vision de la recherche en Architecture entre le CORDA et ses tutelles (Ministère de l’Équipement et du Ministère des Affaires Culturelles) sont à mettre en parallèle avec les initiatives du Plan Construction qui dès 1972, avec les Plans Architectures Nouvelles (PAN), organise des concours d’Architecture permettant de donner un cadre à des expérimentations dans des opérations construites.

Dans un article de 1997, Éric Lengereau décrit les différences d’approche entre le CORDA et le Plan Construction : « d’un côté on réfléchit pour remettre en question, de l’autre on réfléchit pour agir. »223 Cette division entre deux approches qui se développent dans deux institutions différentes, est regrettée par Éric Lengereau lorsqu’en 2015 il explique :

« À la question de savoir si les deux initiatives sont nées en même temps, oui. Il faut répondre oui. Dire qu’elles ont été concurrentes pour leur mise en œuvre, est vrai aussi. Tous les acteurs de l’époque en témoignent ou en ont témoigné. Affirmer qu’elles ont été vite considérées comme très différentes et très complémentaires, est également exact. Le fait est que la politique de recherche architecturale du Plan Construction s’est installée dans la durée au Ministère de l’Équipement, et la politique de recherche architecturale du CORDA s’est installée dans la durée au Ministère de la Culture. La première est plus tournée vers la recherche appliquée, l’expérimentation et les Sciences de l’Ingénieur. La seconde est plus tournée vers la recherche fondamentale et les Sciences de l’Homme et de la Société. […] Cette réalité institutionnelle a définitivement installé une fracture, de mon

point de vue, une division, une scission qui est regrettable. Il s’agit d’une distance qui sépare, hier et aujourd’hui, la recherche architecturale qui est reconnue comme scientifique et la recherche architecturale qui est reconnue comme ne l’étant pas, et qui est pourtant très nécessaire. »224

Ces mots sont ceux d’un Éric Lengereau qui a quitté ses fonctions de directeur du BRAUP. Nous y voyons qu’il propose une vision de recherche architecturale qui devrait selon lui s’affirmer dans un espace fluide entre sciences humaines et sciences de l’ingénieur, entre recherche considérée comme « fondamentale » et recherche « appliquée », entre recherche scientifique et expérimentation.

La recherche menée dans les Écoles Nationales Supérieures d’Architecture, financée par le Ministère de la Culture, ne semble pas suffire à Éric Lengereau en 2015, qui souhaite voir se développer plus de liens, avec des approches plus expérimentales et liées aux Sciences de l’Ingénieur. Il voit également des limites au développement de cette recherche dans les écoles d’Architecture, par son mode de fonctionnement et son mode de financement. Toujours en 2015, ce dernier annonce :

« Cette politique publique de la recherche architecturale, se faisant, en naissant, a construit les limites de son propre champ d’action. Première limite, celle d’une recherche architecturale qui est prioritairement une recherche fondamentale qui se développe au seul contact de la formation des architectes. Deuxième limite, celle d’une politique de recherche architecturale qui est estampillée, qui est labélisée, qui s’installe dans la durée comme une AOC, une Appellation d’Origine Contrôlée, alors que ses propres enjeux sont partout ailleurs. »225

Avec cette seconde citation, nous voyons qu’Éric Lengereau estime que la recherche financée par le Ministère de la Culture, par ses modes de

224 Lengereau Éric, 2015, op. cit. 225 Ibid.

fonctionnement qui valoriseraient des approches dites « fondamentales », occulterait l’émergence d’autres pratiques. Il appelle finalement à une valorisation d’approches plus hybrides, reliant expérimentation et recherche « fondamentale ». Il encourage également une recherche qui se construirait ailleurs que dans les écoles d’Architecture et leurs équipes de recherche, qui dialoguerait mieux avec les professionnels et le monde industriel. Éric Lengereau livre finalement en conclusion de sa communication de 2015, une vision de la recherche architecturale « au service de la qualité architecturale et urbaine » :

« Pas besoin de préconiser de mon point de vue la création d’une délégation interministérielle à l’Architecture auprès du premier ministre si on n’a pas compris que les rapports entre formation et profession se jouent là précisément, au carrefour des différentes formes de recherches qui ont ensemble un objectif bicéphale, de mon point de vue, façonne et nourrit une culture architecturale pour les futurs maîtres d’œuvre et les futurs maîtres d’ouvrage. Voilà de mon point de vue une ambition pour une politique publique de l’Architecture qui comprend que la recherche architecturale et urbaine est finalement au service d’une quête collective de la qualité architecturale et urbaine pour le cadre de vie des Français. »226

Avec cette citation de 2015, nous voyons que l’esprit du rapport Lichnerowicz est finalement partagé par Éric Lengereau qui voit en la recherche en Architecture un enjeu pour améliorer le cadre de vie. Cette perspective passerait par une recherche « au service de » la pédagogie et de la pratique professionnelle, invoquant le bien-être des Français comme finalité. En effet, le rapport Lichnerowicz préconisait l’institutionnalisation d’une recherche architecturale au service de la pédagogie afin d’améliorer in fine le cadre de vie227. Il faut donc insister sur le fait qu’historiquement, si la recherche architecturale en France se construit sur une ambiguïté entre recherche dite « fondamentale » et une autre dite « appliquée » ou « opérationnelle », les politiques publiques ont plutôt cherché à favoriser la

seconde. Nous pouvons donc questionner le point de vue d’Éric Lengereau qui voit dans les approches qu’il nomme comme « n’étant pas reconnues comme scientifiques », des démarches de recherches marginalisées, car dès le rapport Lichnerowicz, elles sont clairement identifiées comme nécessaires, et qu’elles trouvent des financements à travers la PUCA. Les démarches retenues par le CORDA, qu’Éric Lengereau nomme « recherche fondamentale », sont-elles en revanche critiquées par le Ministère de la Culture qui les finance comme n’étant pas utiles. Il apparaît que dès les prémices d’une politique pour la recherche architecturale en France, celle-ci tend vers une plus grande valorisation des recherches pouvant avoir des effets concrets mesurables. Il semblerait alors que le CORDA et la DGST, en obtenant un certain degré d’indépendance dans la sélection des recherches financées, ont pu jouer un rôle de maintien d’une recherche jugée comme trop « fondamentale », n’en déplaise aux pouvoirs publics.

Tout au long de ses prises de position, il est utile de souligner que la distinction entre recherche dite « fondamentale » et recherche dite « appliquée », n’est pas clairement explicitée par Éric Lengereau. Finalement, la recherche « fondamentale » ne semble se définir que par le fait qu’elle ne trouve pas d’application opérationnelle directe, et donc qu’elle soit jugée comme dépourvue d’utilité axiologique. Néanmoins les avantages perçus dans la recherche dite « appliquée », comme permettant d'améliorer le cadre de vie des Français, ne semblent pas réellement évalués. De la même manière, les retombées de la recherche considérée comme « fondamentale » sur la pratique, notamment par le biais d’une amélioration de la pédagogie, paraissent moins valorisées. De la sorte, Éric Lengereau se positionne dans la tradition d’une politique de recherche architecturale qui valorise une recherche appliquée jugée comme utile. Avec cette manière de voir la recherche en Architecture, la production de connaissances nouvelles aurait plus de légitimité si elle rend l’action possible. Cette posture d’Éric Lengereau est d’ailleurs celle qu’il défend lorsqu’il écrit le rapport de 1996, qui se veut prescriptif.

2.1.3. Trois décennies d’une recherche qualifiée de

« fondamentale » qui se structure dans les ENSA

Une part importante de l’histoire de la recherche architecturale en France s’écrit dans les relations entretenues entre les équipes de recherches des écoles d’Architecture et le Ministère de la Culture qui, par le biais d’appels d’offres, finance cette activité. Ce cadre explique bien les raisons d’une recherche architecturale française adossée à la pédagogie, et qu’Éric Lengereau perçoit comme une des ses limites.

Les appels à projets lancés par le CORDA à partir des années soixante-dix, sont alors concomitants avec la création des équipes de recherche au sein des écoles d’Architecture. Les décennies qui suivent sont particulièrement prolifiques et voient se créer plus de trente équipes de recherche au sein des écoles d’Architecture. Cette énergie donnée à la