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Du fait de son rôle clef au sein du système de soins primaires, le médecin généraliste apparaît comme un professionnel capable d’assurer la continuité du suivi des patient.e.s et de leur prise en charge. Les caractéristiques de la relation soignant-soignés en médecine générale sont ainsi à l’origine de l’établissement d’un lien de confiance privilégié entre le praticien et le patient.

« Si elle est pas là, je je comment dire… Je contente pas. (…) Après (tchip) c’est pas grave, je parlais avec l’autre, la petite. Mais je aime elle, c’est tout (rire). » (Jessica)

1. Pérennité et constance de la relation de soin

Un aspect fondamental de la relation de soin pour les patientes était sa durabilité, permettant la construction d’un lien de confiance. La continuité et la pérennité du suivi par le médecin généraliste étaient ainsi mentionnées par les femmes.

« Moi j'ai de très bonnes relations avec mon médecin donc euh... c'est le fait qu'on se connaisse depuis longtemps. » (Babsy)

« Docteur

β

... C'est plus gentil ! (rit) (…) Docteur β ça fait dix ans, connais. Et... Tout le temps elle rigolait. Tout le temps. Me tout plait ! (rit). Les beaucoup pareil, beaucoup très gentille (…) Ça fait longtemps connais elle. Très gentille. Euh... (réfléchit). » (Sandra)

A l’inverse, les patientes portaient un regard critique sur le caractère éphémère et « artificiel » d’une relation de soin.

Ainsi, le changement de médecin pouvait être perçu comme contre-productif et inutile pour les patientes.

« Je n’aime pas trop changer de médecin. Ça ne sert à rien. » (Donna)

2. Un lien privilégié : connaissance du patient par le médecin généraliste

Une des caractéristiques appréciées de la relation de soin que les femmes mettaient en avant était la notion de connaissance du patient par le médecin généraliste.

Assurant leur suivi régulier, ce dernier apparaissait comme un acteur privilégié de leur prise en soin, du fait d’une compréhension du patient et de sa connaissance du dossier médical.

« Mais moi je viens avec lui, parce que lui mieux comprendre, et connaître quel médicament donner pour moi. » (Rose)

Cet aspect de la relation médecin-patient était à l’origine d’une mise en confiance du patient, assuré d’une prise en charge adaptée à ses demandes.

« Parce que quand il sonne seulement là, même si je prends dix minutes pour me lever, il sait que j’ai des problèmes pour marcher. Je vais venir lui ouvrir. Il vient il me soigne. » (Donna)

A l’inverse, certaines femmes exprimaient une insatisfaction et une mise en doute de l’efficience des soins apportés, devant un médecin peu impliqué auprès de son patient et ne paraissant pas connaître son dossier médical.

« Ouais ! Non et puis j’ai l’impression qu’il est à l’ouest. Enfin chai même pas si il a regardé mon dossier de de… » (Babette)

3. L’impact de la qualité de la relation médecin-patient sur le suivi des personnes

Cependant, pour les femmes, cette durabilité de la relation de soin n’était possible qu’en cas d’établissement d’un lien de confiance avec le médecin généraliste. En effet, les patientes mettaient en avant leur liberté de choix et de changement de médecin généraliste en cas de non-satisfaction.

De ce fait, la qualité de la relation médecin-patient avait un impact sur la prise en charge des personnes, pouvant être vectrice d’une continuité ou au contraire d’une rupture dans le suivi de santé. Nous notions ainsi une fidélisation lors de l’établissement d’un climat de confiance dans la relation de soin.

« Et ce médecin, donc le docteur µ. Je l’ai gardé jusque dans les années… Jusqu’à ce qu’il parte à la retraite. » (Babette)

Une bonne relation médecin-patient était ainsi un facteur d’accès aux soins, les femmes déclarant se rendre facilement chez leur médecin en cas de problèmes de santé si elles s’estimaient satisfaites du lien établi avec le praticien.

« Aujourd’hui c’est elle, elle est très gentille avec moi. Tout le temps, je vais aller chercher.» (Jessica)

Nous notions l’investissement des patientes pour s’assurer de leur prise en charge par le praticien choisi, du fait de la qualité de la relation. Antonia mentionne ainsi ses efforts et le temps passé à retrouver le lieu d’exercice de son médecin généraliste.

« Hum hum oui c'est bien j'aime comment elle est, moi trouver cette adresse, une heure ! » (Antonia)

Au contraire, l’absence de relation de confiance était vectrice d’une rupture de suivi ou d’un souhait de changement de médecin généraliste.

« Je suis allée là-bas mais (tchip) c'est pas bien. (…) J'ai dit je viens pas. J'ai dit c'est fini je viens pas ici. (marmonne) » (Marie)

« Ca fait quoi ? Deux ans ? Mais je vais changer de médecin. Parce qu’il… Il me semble pas. Alors… (hésite puis s’arrête de parler, comme pour signifier son ressenti négatif dans la relation de soin). » (Babette)

Les causes d’une rupture de suivi étaient multiples : manque de disponibilité, manque de bienveillance, sensation de stigmatisation et discrimination, rapidité de la consultation. Nous aborderons plus précisément ces notions au fur et à mesure du développement de notre travail sur les attentes des patientes vis-à-vis du médecin généraliste.

L’impact d’une relation médecin-patient de mauvaise qualité sur l’effectivité du suivi des patientes nous semble importante à signifier, dans une dynamique de facilitation de l’accès aux soins de cette population, exposée à des risques sanitaires et des besoins de santé importants. Le rôle du médecin généraliste et son implication dans l’établissement d’une relation de soin qualitative apparaissent ainsi comme fondamentaux afin de s’assurer d’une prise en charge adaptée des personnes, en accord avec leurs attentes et leurs besoins, permettant un accès aux soins effectif et le maintien du suivi des patients.

C. Disponibilité du médecin généraliste et devoir de soin comme préalables