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1. Disponibilité du médecin généraliste : une qualité requise pour l’établissement d’une

relation médecin-patient de qualité.

Considérant le médecin généraliste comme un des interlocuteurs de première ligne dans leur prise en charge, une des attentes des patientes vis-à-vis du soignant était sa disponibilité en cas de difficultés.

« With doctor

β

is good. (tchip) (…) If I want to see doctor

β

. She attends to me, there. She attends to me, there. » (Mirabelle)

Cet aspect de la relation de soin était à l’origine d’une satisfaction du patient et d’un regard positif vers le médecin généraliste.

« Ça va ça va, euh… Avec lui j'ai pas de problème du tout. Tous les jours quand j'ai besoin de tout ça. Toujours il est très très gentil. » (Blanche)

A l’inverse, les femmes exprimaient un mécontentement en cas de non-disponibilité de leur médecin généraliste, influençant la qualité de la relation de soin. Pour Donna, ayant des difficultés pour se déplacer, cela se traduisait par un refus du médecin à poursuivre les visites à domicile.

« Il est méchant. (...) Tu m’as habitué comme ça maintenant tu veux changer d’un coup c’est pas gentil ! (…) Voilà il faut qu’il vient ! Hum hum... Il faut qu’il vient. (…) Docteur

δ

c’est une merde ! Quand je l’appelle il vient plus. (…) Maintenant je lui en veux, il faut qu’il vienne » (Donna)

Il était attendu du médecin généraliste une gestion du temps et de son planning de consultation lui permettant de recevoir ses patients au moment voulu.

« Moi j'ai pas bien. Je sens pas bien. J'ai prend tous les mes papiers, que j'ai fait : radio, prises de sang, tout. Pour amène lui. Lui dit "non moi aujourd'hui y'a pas de place pour toi, tu vas avec l'autre docteur." (…) Parce que lui toujours y'en a beaucoup personnes. Et toujours pour moi y'en pas place. Avec lui. » (Rose)

La difficulté d’accès à une consultation avec le médecin généraliste et le temps d’attente étaient critiqués par les patientes, déplorant le manque de disponibilité de leur médecin. Cette mauvaise gestion de la contrainte temporelle des consultations était délétère à la relation de soin.

« Il me dit "Viens RDV à 10 heures". Et j'attends jusqu'à 11 heures pour rentrer. Ça m'énerve, ça me stresse, tu comprends ? Et moi beaucoup nervée stressée. » (Rose)

Nous notions le versant négatif du système de « sans rendez-vous », inducteur d’une attente, parfois considérée par les patientes comme trop importante et vectrice d’une insatisfaction et d’un abandon de suivi.

« Sometimes, if you call her, you see without nothing rendez-vous, he can not attends to me. Unless, I call her for telephone. I come. And before he attends to me, I don't have telephone doctor. If I go there before he attends to me, I will tired, I will stay many hours before I go back. Somebody give me this now, but I say I can't this place. » (Mirabelle)

« Dès fois j'en avais marre d'aller là-bas tu vois. Parce que tu y passais ta journée quoi ! » (Babsy)

L’absence de disponibilité du médecin, telle qu’attendue par les patientes pouvait ainsi être responsable d’une rupture de suivi et d’un refus de poursuite de la prise en charge avec le praticien concerné du fait d’une insatisfaction des patientes. Nous notions cet aspect en cas :

- De mauvaise gestion du temps et du planning de consultation :

« Mais y’en a un autre avant il n’est pas gentil, il est pas gentil. Rien rien. Il est très méchant (…) Si il donne les RDV 15 heures, à 17 heures il va passer, il regarde pas. Après il va dire : "Pourquoi tu attends ?" (…) Il va faire n’importe quoi. (…) Comme ça tout le temps tout le

temps tout le temps je va dormir là. Il répond pas. C’est pour ça j’ai laissé. Il est pas gentil. » (Jessica)

- D’absence de suivi effectif et d’investissement auprès du patient :

« Oui bientôt un an (que je ne l’ai pas vu) ! Oui... Il est méchant. C’est pour ça que je dis il faut changer un peu là ! » (Donna)

- De refus de prise en charge par le médecin généraliste dans l’urgence d’une situation de grande vulnérabilité et de détresse médico-psychologique :

« Quand quelqu’un il tapait moi la main, le méchant, il bagarre moi, après il voulait moi les sous, j’ai dit va y aller pour chercher lui pour expliquer, normalement il est mon docteur. Après il dit "non toi tu es en retard. Mais pour l’instant je fermais. Le cabinet c’est fermé. Non je n’ai pas le temps". Comme ça, comme ça. Après j’ai c’est ça qui m’arrête. » (Jessica)

2. Compétences morales et éthiques : solidarité et inconditionnalité du soin.

Dans la pensée des femmes rencontrées, le médecin généraliste était ainsi représenté comme un soignant ayant un devoir de soin envers son patient. Les entretiens mettaient en évidence l’importance d’une prise en charge inconditionnelle par le médecin généraliste, empreinte d’humanité et non sous-tendue par un intérêt financier, permettant l’établissement d’une relation médecin-patient de qualité.

a. Humanisme et solidarité : des qualités attendues par le patient.

Nous retrouvions au travers des entretiens des dimensions telles que le dévouement à autrui ainsi que la notion d’une pratique empreinte de solidarité et d’humanisme. Du fait de son rôle sociétal, le médecin détient une obligation morale de prise en charge des patients, vers un bien-être moral et physique. Nous retrouvons ici les fondements même du soin primaire, portés par la parole des femmes.

« Normalement c'est un docteur ! Et... Elle travaille pas pour elle, elle travaille pour des mondes, pour des gens. C'est... mais oui ! C'est comme ça. (…) It’s the job of the doctor, to make you feel… Allright. I know some are not good. But… They just want to treat you and make

b. Des obligations morales : le devoir de soin

Pour les patientes, le médecin généraliste est un professionnel ayant un devoir de soin, dicté par sa fonction et son statut dans la société. Une absence de prise en charge telle que souhaitée par la patiente était à l’origine d’une insatisfaction, le médecin n’assurant pas son rôle de soignant tel que perçu par la personne. Etait ainsi abordée l’inconditionnalité du soin et de l’accueil du médecin, nécessaire à une prise en charge adaptée des patientes, centrée vers leurs besoins de santé.

« Si quelque chose m’arrive je vais… Je vais foutre le bordel. Il est obligé de venir seulement. (…) Je vais aller lui dire que si quelque chose m’arrive, c’est bien que on va s’en prendre à lui. Parce qu’il ne veut plus venir me soigner. Il est méchant. (…) ! Tu travailles pour l’état où tu ne travailles pas ! » (Donna)

c. L’intérêt du malade avant tout : une prise en charge non sous-tendue par l’aspect

financier

Le concept de solidarité et d’obligation morale de soin était intimement lié au rapport financier en consultation. Les femmes exprimaient une satisfaction lorsque le médecin avait été en mesure de les prendre en charge en l’absence de ressource. La disponibilité morale et éthique du médecin face à la précarité des personnes était à l’origine de l’établissement d’un lien de confiance dans la relation médecin-patient.

« Y'avait les dispensaires, y'avait tout ça et tous les gens.... étaient plus solidaires. Enfin... (…) Moi je vois docteur µ, je vois quand je suis arrivée chez lui je le connaissais pas, il m'a soignée. Sans rien me demander quoi ! (…) Parce que… Ben parce qu’on s’est connus dans des circonstances euh… Curieuses ! Moi j’étais déjà dans un foyer. Je m’étais échappée... Parce que j’avais 16 ans quand je l’ai connu. (…) Et un jour j’ai été malade j’avais pas d’argent ! J’ai été malade… elle l’a appelé, il est venu. Je lui ai dit que j’avais pas d’argent, mais il m’a soigné quand même. » (Babette)

A l’inverse, une prise en charge sous-tendue par l’aspect financier, sans prise en considération du patient était à l’origine d’une insatisfaction des patientes. Nous notions un mécontentement suite à des consultations où la prise en charge ne leur avait pas paru optimale, exacerbé par l’annonce des soins payants.

« Elle a pris juste, comme ça comme ça, tiens ! Et je vais faire ça, payer ça ! Juste comme ça, c'est pas normal. » (Marie)

Cet aspect nous semble important à développer du fait de la vulnérabilité socio-économique et la précarité d’une partie des personnes en situation de prostitution, impactant leur accès aux soins. Là encore, il est nécessaire de pointer que notre étude ne permettait pas d’avoir un regard exhaustif du fait du recrutement des patientes, non représentatif de la réalité hétérogène du phénomène prostitutionnel dans l’agglomération bordelaise.

D. Le médecin généraliste en tant que pivot central du système de soin :