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La relation au contexte et la proposition in situ Pour être en prise avec les différences culturelles, proches et lointaines, Le Théâtre de la

Le projet culturel et artistique

M ISE EN PERSPECTIVES , ANALYSE HISTORIQUE ET CRITIQUE DU THÉÂTRE Le Théâtre de la Parole devra pour ce faire :

4. La relation au contexte et la proposition in situ Pour être en prise avec les différences culturelles, proches et lointaines, Le Théâtre de la

Parole serait défini comme "un lieu analyseur de la ville" et non comme un espace clos,

défini par ce qui s’y passe ou ce qu’il produit dans ses murs.

Le Théâtre de la Parole serait en relation avec son espace de proximité, et son/ses territoire(s) d’influence. Il pourrait questionner le terme de territoire ; ce terme marque l’enjeu entre l’espace et le temps, entre l’ici et l’ailleurs, entre le réel et le métaphorique. Il est régi par l’espace et par le temps de l’autre. En d’autres termes, la reconnaissance de l’espace est indissociable de la reconnaissance de l‘autre. Le "territoire de l’art", parce qu’il échappe aux codes de la vie quotidienne, rend possible cette reconnaissance en rejouant constamment la question des frontières et des définitions. Autrement dit, l’enjeu de ce lieu culturel serait son articulation aux territoires sociaux et culturels. Conçu comme un lieu ouvert et inscrit dans différents territoires réels, symboliques et métaphoriques, il participerait à la construction de la ville. Il serait au service des territoires.

Le Théâtre de la Parole pourrait être un lieu de résonance des lieux d’art et de culture

230 Une de leur tendance est de réduire le théâtre à un contenu informationnel.

231 Brook P., Points de suspension, Seuil, 1992, p.72. « Quelle est la différence entre une mauvaise pièce et une pièce bonne ? Une pièce en représentation donne une série d’impressions, des petites empreintes l’une après l’autre, des morceaux d’information ou de sentiment qui, en s’enchaînant, font vibrer le public. Une bonne pièce envoie beaucoup de cette sorte de messages, souvent plusieurs à la fois qui se pressent, se bousculent, se chevauchent les uns et les autres. L’intelligence, le coeur, la mémoire, l’imagination sont tous sollicités »,

du quartier (le marché et les cafés) et un lieu d’"excitation", qui provoque des vibrations, des réactions, ailleurs, en réseau. La mise en lien suppose le mouvement, la nécessité du dialogue et de la rencontre. L’art, lui-même, met en rapport les lieux, par sa dimension métaphorique.

Les projets à long terme et notamment les résidences d’artistes peuvent générer de nouveaux modes de création symbolique (cf. Kossi Efoui à Malakoff). En interpellant le langage de signes conventionnels, en provoquant des rencontres inédites, en reconnaissant des expressions différentes, non inscrites dans les réseaux officiels, en invitant des artistes non occidentaux, le Théâtre de la Parole offrirait des pistes de réflexion sur les mutations des territoires urbains. L’observation des pratiques sociales et culturelles peut servir à élaborer des propositions artistiques dans ce lieu, qui de ce fait pourrait intéresser et s’ouvrir aux différentes populations vivant autour de son site. Les questions émergeant de l’observation des pratiques sociales et culturelles concernent et dépassent la situation locale. Elles interpellent les conséquences des migrations internationales, de la post-colonisation, des territoires enchevêtrés dans différentes échelles spatiales et métaphoriques.

Dans cette perspective, le Théâtre de la Parole, lieu de déplacement des enjeux et des questions, ne serait plus figé dans un espace circonscrit ou délimité. Il serait lu ou produit dans un rapport de vigilance. Il retravaillerait les classifications, les statuts, les normes, les définitions, les frontières, les signes existants. Il introduirait dans l’espace social une complexité identitaire et la pluralité. Il pratiquerait un travail de questionnement du territoire de la ville, et pourrait favoriser ainsi le surgissement d’espaces publics dans la

polis actuelle.

Cela implique un renversement en matière de dispositif institutionnel de politique culturelle, le point de départ de son action devenant la dynamique d’observation

critique permettant de repérer les problématiques territoriales et symboliques qui

agissent au quotidien. Il sera en outre nécessaire de réfléchir à la manière d’offrir les moyens de mettre en rapport les artistes et le territoire. Le jeu se complexifiera par la prise en compte du temps (temps de la création, de l’administration…). La difficulté, lors de la mise en œuvre d’un tel projet, réside sans doute moins dans l’accueil d’artistes novateurs ou hors normes, que dans sa capacité de jouer un rôle d’analyseur, tant pour reconnaître ceux qui sont "étranges ou étrangers" (les échanges et signes qu’ils produisent), que pour repérer et mobiliser de nouvelles formes artistiques émergentes. Notes :

Le visiteur du Théâtre de la Parole est-il spectateur ou citoyen ? Il est important de ne pas négliger les difficultés de la réception. Le Théâtre de la Parole parie sur sa capacité à

accueillir "les habitants", mais on connaît la difficulté d’établir des liens, entre porteurs

de projet, oeuvres et lecteurs (spectateurs). On connaît également les nombreuses questions posées notamment par les chargés des publics des lieux d’art. Peut-être serait- il intéressant que le Théâtre de la Parole soit un lieu privilégié d’observation et d’interrogation sur le système relationnel en jeu dans l’œuvre d’art. Il pourrait de cette manière, participer à la réflexion sur le destinataire de l’œuvre.

Le projet sera nécessairement inachevé du fait que le territoire lui-même est toujours en projet, en perpétuel devenir. La reconnaissance de cette dynamique générera un lieu d’expérimentation permanent, sans acquis et stipulera un suivi constant, avec des évaluations, une redéfinition des questions du champ du travail et une vigilance par rapport aux questions posées par l’espace public politique et urbain.

5. L’intérêt du collectif