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5.9 Recommandations des répondants

5.9.1 Recommandations aux enseignants

La complexité de la profession d’enseignant requière plusieurs habiletés et compétences. Dans cette perspective, l’équilibre psychologique des personnes qui exercent cette profession est primordiale. Pour atteindre cet équilibre, la connaissance de soi favorise la manifestation d’aptitudes nécessaires à l’enseignement mais également à la prévention et à la résolution de la crise.

Les répondants recommandent donc aux enseignants de se connaître, de développer des habiletés tant personnelles que professionnelles, qui pourront agir comme facteurs de protection dans la période pré-traumatique. Ils suggèrent à leurs confrères d’être vigilants, à l’intérieur comme à l’extérieur de la classe, afin d’assurer le déploiement d’un filet de

sécurité pour l’ensemble de la communauté scolaire. Ces compétences exercées à chaque jour permettraient à l’école de prévenir la détérioration de certaines problématiques. Dans certaines circonstances, la connaissance des procédures, la connaissance des ressources et des stratégies efficaces en situation de crise engageraient l’enseignant dans un processus de responsabilisation qui se doit d’être partagé avec les autres membres du personnel. Ces facteurs de protection en période péri-traumatique susciteront le développement de l’entraide et auront un impact en période post-événement. À ce stade, l’expression des émotions, le partage d’expériences auront des retombées positives pour le rétablissement. Les principales recommandations émises aux enseignants se retrouvent à l’intérieur du tableau 18.

Tableau 18

Recommandations des répondants adressées aux enseignants Connaissance de soi, développement d’aptitudes

Faire preuve de maturité émotive, de faire preuve de contrôle, de faire preuve de respect… il faut faire attention parfois pour ne pas avoir de préjugé vis-à-vis certains jeunes qui ont des affaires et de rester objectif dans tout ça, d’agir en personne mature et adulte. (Marie-France)

Se connaître du mieux qu’on peut, savoir où peuvent être nos faiblesses. (Ann)

Il faudrait s’assurer que tous les enseignants sont affectivement stables, ça c’est impossible là, mais… Parce qu’on parle beaucoup de structure externe, de formation, ça dépend aussi à l’interne comment on est fait, comment on est bâti, comment on est structuré. (Ann)

Compétences professionnelles

Tu ne peux pas tout contrôler. Ça il faut que tu comprennes ça. Tu ne peux pas tout contrôler, reste zen et un élève en crise, un élève désorganisé, il n’est pas lui-même, c’est pour ça que c’est à toi de montrer l’exemple, c’est à toi de rester calme. (Joe)

Faire un suivi aussi, de s’assurer de prendre des bonnes décisions au bon moment et d’être constant et cohérent dans toutes les démarches avant, pendant et après. (Marie-France)

Je féliciterais peut-être plus aussi les gens qui sont impliqués, qui sont responsables du fait que ça se déroule bien ou pas. Plus de reconnaissance, un peu plus de valorisation des gens qui font partie de cette structure- là, qui est gagnante. (Ann)

Je dirais d’être à l’écoute et de s’intéresser et d’essayer de comprendre. (Johanne)

Quand tu rentres dans une classe, tu es capable de sentir le pouls, qu’il y a quelque chose qui ne va pas. (Samuel)

Détection des risques

Être vigilants, de pas faire l’autruche quand tu marches dans le corridor, pour justement prévenir une situation traumatisante pour un enfant. C’est tout le temps mieux la prévention que d’agir. (Samuel)

Connaissance des procédures et des ressources

Il faut que tu connaisses… avoir un moyen d’appeler, connaître qui tu appelles en cas de problème. Au secondaire, bien connais le numéro de la réception et tu vas avoir de l’aide, il y a toujours quelqu’un qui va répondre. Mais tiens-toi au courant de tes options et c’est rassurant, parce que ce n’est pas quand ça va arriver, il faut que tu sortes ta liste de numéros de téléphone. (Marie)

D’abord d’être bien informé, d’avoir l’information adéquate, savoir ce que c’est, pour que le tout soit clair, qu’on sache dans quoi on s’embarque, qu’on sache comment réagir si ça arrive. Beaucoup au niveau de la structure… Et connaître son rôle. (Ann)

Suivre les formations de ce potentiel-là, de se garder ouverts. (Samuel)

Partage des responsabilités

Ne pas oublier qu’on n’est pas responsable de tout. (Marie) Faire des bilans, revenir, regarder. (Ann)

Entraide

Une situation traumatisante, ne garde pas ça tout seul pour toi, va voir des collègues avec qui tu as une affinité, une direction, la psychoéducatrice, n’importe qui mais parles-en. Sinon ton année va être dure. (Jimmy)

Ne pas avoir peur non plus de… d’aller voir une personne de confiance. Ça peut être un autre enseignant, ça peut être n’importe qui, de pas garder ça pour soi. (Joe)

Poser des questions et de ne pas hésiter à demander de l’aide. On est plusieurs, il faut se « backer. » L’avantage des gros milieux. Au secondaire, l’aide n’était pas loin. (Marie)

Partage du vécu émotif

De nommer, de nommer le malaise parce qu’on ne peut pas deviner. Et je le dis aux enseignants et je pourrais me le dire à moi aussi. D’être capable de nommer les choses, comment on les sent parce que quand c’est dit, peu importe quel événement ou chose qui nous blesse, bien parfois c’est juste un malentendu, c’est juste… vaut mieux être capable de le nommer calmement et après ça, bien passer à autre chose. (Josée)