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5.4 Types de crises à potentiel traumatique vécues en milieu scolaire

5.5.5 Conséquences des crises à potentiel traumatique chez les élèves

Comme pour les enseignants, les événements à potentiel traumatique peuvent affecter les élèves. Néanmoins, les répondants ont mis en évidence que les crises en milieu scolaire ne sont pas vécues de la même façon par chacun des élèves et leur perception de la crise est influencée par leur degré d’anxiété et par leur vulnérabilité individuelle avant même la survenue de l’incident. Ainsi, une même situation peut ne pas être reconnue comme potentiellement traumatique par certains tandis que les impacts négatifs de ce même événement pourront être majeurs pour certains élèves.

Tout dépendant des élèves et leur niveau d’anxiété, ça peut laisser des traces, justement être anxiogènes. Bien il y en a pour qui ça ne fera rien encore une fois et il y en a pour qui ça dérange beaucoup. (Josée)

… je pense que ça peut créer beaucoup d’anxiété chez les jeunes. Mettons, ils voient… une bataille éclate dans la classe et ça brasse pas mal, c’est sûr que les jeunes plus fragiles un peu, ne leur demande pas de faire des maths après, il

faut vraiment… il faut récupérer ça et y aller mollo, pas leur demander de faire trois pages de maths ou de français ou de n’importe quoi. Prendre le temps d’en parler et décompresser un peu ce qui s’est passé et faire le… laisser retomber la poussière et laisser le jeune… (Jimmy)

De plus, les enseignants estiment que la désensibilisation à la violence et le fait d’être souvent exposé à certains types d’événements, semblent modifier la façon dont certains élèves sont affectés.

… il y en a quelques-uns que ça affecte un peu plus, mais on dirait qu’ils sont habitués de vivre des affaires qui sortent de l’ordinaire comme ça. (Marie- France)

Malgré les types de crises identifiées comme étant potentiellement traumatiques en milieu scolaire, les répondants n’ont nommé aucune conséquence physique possible pour les élèves. Néanmoins, tous sont d’avis que les conséquences psychologiques des crises à potentiel traumatique comme l’anxiété, la dépression, la peur, ou le trouble de stress post- traumatique sont importantes chez les élèves et peuvent perdurer dans le temps. Pour certains (n=3), il y a l’élève avant et celui après l’événement. Il est alors question d’allostasie car leur état d’équilibre est désormais modifié et s’établit autrement.

Eh Seigneur! C’est sûr que ça peut être énorme, énorme. Parfois moi je pense que c’est à vie, ça peut les marquer à vie. Par exemple un ami, un frère, le suicide on le sait, ça affecte les mêmes… de toute façon en tant qu’être humain, on le sait, quand on voit quelque chose qui nous déstabilise, ça nous marque. Donc c’est ça, ça peut être cause d’anxiété, ça peut être une cause de choc post- traumatique, ça peut être une cause même de dépression. C’est sûr que ça peut affecter psychologiquement un élève. Ça dépend de quoi on parle. Est-ce qu’on parle d’un suicide ou est-ce qu’on parle d’un tremblement de terre. Un tremblement de terre, on le sait, ça peut affecter pendant des semaines, des mois et même plus… Parce que je pense que ça a un impact psychologique réel, parce que c’est exactement le même principe qu’un choc post-traumatique. Si ça nous arrive une fois, on se dit… est-ce que ça peut arriver encore. Ça crée une peur, ça crée de l’anxiété, ça crée un stress parfois immense. Et ça dépend aussi de la personne qui est témoin, si elle est déjà là-dedans, si elle l’a déjà vécu, si elle a déjà des fragilités par rapport à ça, c’est encore pire. Alors chaque personne va être différente dans sa réaction. (Ann)

Bien ce sont des conséquences psychologiques, ce sont des traumatismes qu’ils ont souvent. Que ce soit un feu, un suicide, n’importe quoi… Bien c’est sûr que moi je pense que ça fait comme une cicatrice dans leur parcours, ça marque. Moi je pense que ça fait comme une coupure dans le temps et que ça génère un avant et un après. Je penserais ça. (Johanne)

Chaque situation, bien ça en est une formation chaque situation. Tu sors de là, tu n’es plus le même gars ou même fille, sauf que tu as un bagage de plus. (Jimmy)

Par ailleurs, des émotions comme la peur et la présence de malaise, induites par certains comportements violents d’élèves, peuvent orienter les jeunes qui présentent déjà des indices de démotivation scolaire, vers une indisposition d’être en classe. La crainte de représailles est présente dans certains contextes et peut agir sur les réactions des apprenants.

Déjà surtout en adaptation scolaire, on a beaucoup d’élèves qui n’aiment pas l’école. Mais si en plus on ajoute la peur, le malaise… parce qu’on en a aussi quand c’est les insultes, on les voit qu’ils sont mal à l’aise, ils ne savent pas : si je ris, bien l’enseignante le prend mal, mais si je ne ris pas, lui va peut-être penser que je suis contre lui. Ils ne savent plus sur quel pied danser. Il y a le traumatisme aussi, quand ils voient tout ça, il y en a qui ont peur et qui ne sont pas à l’aise après. On les voit faire, dès que l’élève qui a fait une crise recommence à ne serait-ce qu’à élever la voix, ils se referment, ils ne parlent plus, ils « shakent ». Alors ça ce n’est pas facile, surtout qu’ils sont jeunes. (Marie)

Dans certaines circonstances, la présence de crise peut avoir des impacts positifs chez certains élèves. À ce propos, des situations de vie d’élèves partagées à l’enseignant vont contribuer à la mobilisation des ressources et dans des circonstances particulières, favoriser le retrait de ces derniers d’un milieu de vie non propice à leur bien-être et à leur intégrité physique.

Les policiers ont été impliqués et ils sont allés à la maison et il y a eu des signalements. Je pense que ça a eu pour effet de calmer le jeu un peu parce que ça brassait un petit peu dans la classe. (Johanne)