• Aucun résultat trouvé

Un rapprochement sous-tendu par le réalisme, puis par des valeurs communes (1968-1980) (1968-1980)

Chapitre 1 : Des relations irrégulières (1783-1939)

III. Un rapprochement sous-tendu par le réalisme, puis par des valeurs communes (1968-1980) (1968-1980)

III. i. Une réévaluation payante de la position américaine sous Nixon

Peu de temps après son entrée en fonction, Richard Nixon exprime le souhait d’être représenté auprès du Saint-Père. Son conseiller spécial pour la sécurité, Henry Kissinger, n’y semble pourtant pas très favorable, quelle que soit la forme envisagée. Dans une note du 6 février 1969, il considère qu’il s’agit d’une décision potentiellement déstabilisatrice pour Nixon et qui est loin de constituer une priorité alors qu’il entame son premier mandat :

Je n’ai pas fait de sondage sur le Capitole, mais je pense que l’opposition à cette mesure serait encore forte au Congrès. Nous échangeons désormais informations et points de vue aussi bien à Rome, où un diplomate de l’ambassade américaine maintient le contact avec la secrétairerie du Vatican, qu’à Washington, par le biais de la délégation apostolique. Le Vatican, tout comme les Etats-Unis, jugent ces voies de communication suffisantes pour servir nos besoins mutuels. Le pape fait preuve de compréhension quant au caractère délicat sur le plan intérieur de la question de la reconnaissance diplomatique, et n’insiste pas pour que les Etats-Unis reconnaissent officiellement le Saint-Siège.

Il en arrive à la conclusion suivante :

Etant donné que les canaux actuels avec le Vatican semblent satisfaire à nos besoins, et étant donné que la question d’une représentation au Vatican provoquerait certainement un différend avec le Congrès, ce qui risque de compromettre inutilement vos relations au tout début de votre mandat, je préconise de ne pas nommer de représentant spécial pour le moment. Nommer un émissaire à un niveau n’exigeant pas l’approbation officielle du Sénat serait, j’en suis certain, perçu comme un subterfuge au Capitole. Si,

296 Mémo, John Leddy à Ambassador Johnson, February 4, 1969, folder: Pol Vatican US 1969, Records Relating to Italy 1946-72, Bureau of European Affairs, Country Director for Italy, Austria and Switzerland, GRSD, RG 59, NACP.

297 “Airgram”, Department of State à Embassy Rome, June 25, 1963, folder: Pol Vat, Central Foreign Policy Files 1963, GRSD, RG 59, NACP.

298 “Senate Resolution 153 Welcoming Paul VI to the United States”, folder : Pol 7, Central Foreign Policy Files 1964-1966, GRSD, RG 59, NACP.

lors de votre visite au Vatican, le pape Paul VI manifeste avec force son souhait d’un ambassadeur d’Europe. 2) Je me livrerai à un travail préalable auprès des dirigeants politiques et religieux», ce qui témoigne de sa détermination sur la question299.

Le 2 mars 1969, Nixon rencontre Paul VI à Rome ; parmi les thèmes abordés figurent le Vietnam, la situation au Moyen-Orient, la guerre au Nigeria, le Liban, l’Espagne et la coopération avec les pays en développement. Cependant, d’après le New York Times, malgré

« les conjectures selon lesquelles M. Nixon était susceptible de remettre le projet [d’établir des relations diplomatiques] à l’ordre du jour au cours de sa visite à Rome », la question n’aurait pas été abordée300. Quoi qu’il en soit, dès son retour, lors d’une conférence de presse le 4 mars 1969, il répond ainsi à un journaliste qui l’avait interrogé à ce sujet :

Le département d’Etat et moi-même envisageons cette possibilité, car nous pensons qu’il nous faut une collaboration et un dialogue les plus étroits possibles avec le Vatican. J’ai trouvé par exemple ma conversation avec le pape Paul extrêmement utile. Nous avons couvert un grand nombre de thèmes, et j’ai reçu des informations et des conseils que je considère très importants. Je veux que cette voie de communication soit maintenue. Quant à savoir si on peut la maintenir avec les arrangements existants actuellement, je ne suis pas encore parvenu à une décision. La question est toujours à l’étude, mais ce qui importe, c’est que les Etats-Unis aient avec le Vatican des consultations fréquentes sur les questions de politique étrangère qu’ils jugent importantes et sur lesquelles ce dernier exerce une grande influence301.

Les réactions à cette déclaration ne se font pas attendre. Le National Council of Churches avait déjà envoyé un télégramme au Président le jour de son audience au Vatican, alors que les rumeurs allaient bon train302. Après le 4 mars, Nixon reçoit une lettre signée par de hauts responsables protestants lui demandant une entrevue303. Helmut Sonnenfeldt, du Conseil national de sécurité, évoque un déluge de lettres, télégrammes et pétitions,

« particulièrement de la part des luthériens, des baptistes, des adventistes du septième jour, et

299 Mémo, Henry Kissinger à Richard Nixon, “Naming of a Special Representative to the Vatican”, February 6, 1969, folder: Vatican-to May 1970 (1 of 1), box 732, NSC Files Country Files-Europe, Richard Nixon Library (ci-après RNL).

300 Robert C. Doty, “Pontiff Urges President to Increase Efforts for Peace and Aid to Poorer Nations”, New York Times, March 3, 1969, p. 14.

301 “President’s News Conference”, March 4, 1969, folder: Pol Vatican US 1969, Records Relating to Italy 1946-1972, Bureau of European Affairs, Country Director for Italy, Austria and Switzerland, GRSD, RG 59, NACP.

302 “Church Council Urges Nixon Not to Recognize Vatican”, New York Times, March 2, 1969, p. 19.

303 Lettre, Glenn Archer à Richard Nixon, March 20, 1969, folder: Vatican-to May 1970 (1 of 1), box 732, NSC Files Country Files-Europe, RNL. Il s’agit entre autres de Glenn Archer, directeur d’Americans United for the Separation of Church and State, Bromley Oxnam, évêque méthodiste, Louie D. Newton, ancien président de la Southern Baptist Convention, J. M. Dawson, directeur exécutif du Baptist Committe on Public Affairs, John A.

Mackay, président du Princeton Theological Seminary, Clyde Taylor, directeur général de la National Association of Evangelicals, Stanley Lowell rédacteur en chef de Church and State….

des organisations maçonniques, dans lesquelles ils expriment leur indignation face à l’éventualité de l’établissement par le Président d’une représentation au Vatican304 ».

Nixon a également la surprise d’apprendre que les évêques catholiques ne sont pas très favorables à son initiative. Il reçoit une lettre de Daniel Patrick Moynihan, alors son conseiller aux questions urbaines, lui expliquant qu’au cours d’un dîner avec les responsables de la conférence épiscopale, il s’était vu confier la requête suivante :

Il m’a été demandé de vous faire part de leur très grande inquiétude quant au fait que — d’après ce qu’ils ont compris — vous allez envoyer un représentant au Vatican. Leur point de vue est simple et clair, c’est que désormais il y a une conférence épiscopale américaine et que le gouvernement devrait prendre contact avec elle et la laisser ensuite assurer la liaison avec Rome305.

L’existence de conférences épiscopales, regroupements collégiaux de tous les évêques du pays, venait enfin d’être consacrée par Rome. Les évêques américains n’avaient donc pas l’intention de renoncer au poids que leur conférait cette institution au profit d’un nonce, et entendaient bien être les interlocuteurs privilégiés du gouvernement.

L’opposition qui commence à se profiler au Congrès et dans l’opinion publique conduit l’Administration Nixon à renoncer à son projet. En juin, elle annonce disposer « de canaux suffisants pour dialoguer avec le Vatican sans avoir besoin de nommer un représentation américain officiel près le Saint-Siège306 ». En juillet, il est décidé d’organiser des rencontres régulières de haut niveau avec des représentants du Vatican afin de maintenir le contact 307.

Pourtant, la question de la représentation américaine près le Saint-Siège fait vite son retour sur le devant de la scène, notamment quand l’Administration Nixon a vent de rumeurs selon lesquelles le pape envisagerait l’établissement des relations diplomatiques avec l’Union soviétique. D’après le diplomate et conseiller du Président, Robert Murphy, une telle décision est susceptible de provoquer un changement dans l’opinion publique américaine. Richard Nixon demande donc en décembre 1969 à Henry Kissinger s’il convient de revenir sur la décision du mois de juin précédent. Le conseiller spécial semble avoir entre temps pris conscience du rôle joué par le Saint-Siège sur la scène internationale, notamment sur des thématiques d’intérêt pour les Etats-Unis, car il dresse le constat suivant :

304 Mémo, Helmut Sonnenfeldt à Henry Kissinger, “Letters on Question of Vatican Representation”, March 7, 1969, folder: Vatican-to May 1970 (1 of 1), box 732, NSC Files country files-Europe, RNL.

305 Mémo, Daniel P. Moynihan à Richard Nixon, March 6, 1969, folder: Vatican-to May 1970 (1 of 1), box 732, NSC Files Country Files-Europe, RNL.

306 Q&A, “Vatican Representation”, folder: Vatican-to May 1970 (1 of 1), box 732, NSC Files Country Files-Europe, RNL.

307 Mémo, Peter Flanigan à Richard Nixon, “Meeting with Cardinal Maximilian de Furstenberg”, December 12, 1969, folder: Vatican-to May 1970 (1 of 1), box 732, NSC Files Country Files-Europe, RNL.

Il y a eu du mouvement dans les relations diplomatiques du Vatican. […] Le Premier ministre canadien Pierre Trudeau a annoncé que le Canada et le Vatican allaient échanger des ambassadeurs. […] Les relations du Vatican avec l’Europe de l’Est ne se sont améliorées que légèrement. […] Les remarques très favorables faites récemment par le pape sur le Vietnam et sa volonté de se rendre utile au Biafra et au Moyen-Orient (le ministre des Affaires étrangères israélien a rendu visite au pape le 6 octobre) sont significatifs

Ceci l’amène à conclure : « Même si je ne suis pas en mesure de juger de la position actuelle ou future du pays sur cette question, je ne vois aucune raison sur le plan de la politique étrangère de ne pas avoir de relations diplomatiques, et plusieurs raisons d’en avoir ». Nixon semble être au diapason de son conseiller, car il a rajouté à la main sur la note : « Allez de l’avant sur ce projet308 ».

Il faut attendre le 5 juin 1970 pour que le président Nixon annonce la nomination d’un émissaire pour le représenter auprès du Vatican. A cette occasion, il déclare : « J’ai demandé à Henry Cabot Lodge de se rendre au Vatican de temps en temps. J’ai le plaisir de pouvoir annoncer que M. Lodge a accepté d’effectuer ces visites que je pense être dans l’intérêt de notre pays309 ». Henry Cabot Lodge, qui est presbytérien, appartient à une célèbre dynastie politique. Il a été ambassadeur à Saigon et négociateur à Paris pour le Vietnam. Il ne se voit cependant gratifié d’aucun titre, pas même celui de représentant personnel. Il est précisé plus tard que sa mission est très clairement délimitée, et ne constitue en rien une nouveauté par rapport aux pratiques précédentes :

M. Lodge se rendra au Vatican deux à trois fois par an, selon les besoins. A chaque occasion, il y passera deux à quatre semaines, en fonction du temps qu’il lui faudra pour mener à bien ses échanges.

En demandant à M. Lodge de réaliser ces visites périodiques, le Président souhaite assurer une plus grande continuité aux contacts informels qui existent entre l’Administration et le Saint-Siège depuis que le Président est entré en fonctions310.

Les réactions à l’annonce sont modérées, si l’on en croit le New York Times, qui titre

« La nomination de Lodge ne perturbe pas les protestants » (“Protestants Undisturbed over Lodge’s Appointment”), en précisant que l’annonce « n’a presque pas fait de vague dans les milieux protestants », mais que « la plupart des dirigeants religieux s’accordent à dire cependant que si M. Lodge avait été nommé ambassadeur auprès du Vatican, il y aurait eu un

308 Mémo, Henry Kissinger à Richard Nixon, “Reassessment of US-Vatican Diplomatic Relations”, December 18, 1969, folder: Vatican-to May 1970 (1 of 1), box 732, NSC Files Country Files-Europe, RNL.

309 Text of White House Announcement, folder: Vatican June 1970-31 December 1971 (2 of 3), Box 732, NSC files, Country Files-Europe, RNL. “I have asked Henry Cabot Lodge to visit the Vatican from time to time. I am glad to say that Mr. Lodge has agreed to make these visits which, I believe, are in our national interest.”

310 “Additional Information”, folder: Vatican June 1970-31 December 1971 (2 of 3), Box 732, NSC Files, Country Files-Europe, RNL.

véritable tollé ». Pour Glenn Archer d’Americans United, la nomination est « un stratagème politique patent» destiné à attirer le vote catholique311.

La Maison-Blanche décide que le représentant personnel sera hébergé et travaillera au Grand Hotel et qu’il sera aidé d’un assistant, le diplomate Robert Illing et d’une secrétaire312. Dès décembre 1972, sa mission acquiert une plus grande continuité, demeurant ouverte même en son absence313, sur ses propres conseils314.

Ces relations fraîchement restaurées sont placées sous le signe de la cordialité. Le Saint-Siège y accorde une importance non négligeable, comme en témoigne le fait qu’à chacune de ses visites à Rome, Lodge soit reçu en audience par Paul VI ainsi que par des membres éminents de la Curie (signe, là encore, de plus grande souplesse, voire de résignation de la part du Saint-Siège, quand on se souvient que Pie XII avait juré de ne jamais plus accepter cette formule). Quant à Lodge lui-même, il considère l’absence de rang diplomatique comme un avantage, car, comme il l’explique au Président, être ambassadeur en bonne et due forme le placerait tout au bas de l’ordre de préséance. Il souligne qu’il est traité comme un hôte éminent lors des cérémonies au Vatican, où il a une place au premier rang, souvent aux côtés de la famille du pape et qu’il jouit des mêmes avantages qu’offrent les relations diplomatiques. D’autre part, il ne souhaite pas être présent en permanence à Rome, car il estime que le Vatican apprécie de le voir arriver de Washington porteur d’informations qu’il a pu y glaner315.

Quelles raisons ont pu conduire Nixon à intensifier et officialiser les contacts avec le Saint-Siège ? Pour William Shannon du New York Times, ceci participe d’un effort plus général du président américain pour courtiser l’électorat catholique. Le quotidien énumère une série de mesures défendues par Richard Nixon, telles qu’un crédit d’impôt pour les parents dont les enfants fréquentent une école privé, la dénonciation de l’avortement (notamment à travers une lettre à l’archevêque de New York, le cardinal Terence Cooke, favorable à la suppression du droit a l’avortement), dans lesquelles s’inscrit sans doute, dans une certaine mesure, la décision de nommer un représentant auprès du Vatican316. En 1984, au

311 “Protestants Undisturbed over Lodge’s Appointment”, New York Times, June 7, 1970, p. 32.

312 Paul Hofmann, “Lodge Arrives as Nixon Envoy to Pope”, New York Times, July 2, 1970, p.2.

313 “Background Information Provided by the State Department”, “NSC Position Piece Provided by Lehman, and Incorporated into the Memorandum to General Haig of June 28, 1973”, folder: Vatican 1972-1974 (3 of 3), box 732, NSC Files Country Files-Europe, RNL.

314 Memorandum for the Record, “US Vatican Relations”, non daté (1972 ?), folder: Vatican US Henry Cabot Lodge June 15, 1970, Records relating to Italy 1946-1972, Bureau of European Affairs, Country Director for Italy, Austria and Switzerland, GRSD, RG 59, NACP.

315 Memo, Henry Cabot Lodge à Richard Nixon, “History of US Mission to the Vatican 1970-1972”, folder:

Vatican 1972-1974 (3 of 3), box 732, NSC Files Country Files-Europe, RNL.

316 William V. Shannon, “For God and Mr. Nixon”, New York Times, August 17, 1972, p. 35.

moment de l’établissement de relations diplomatiques, le même Shannon, cette fois-ci dans le Boston Globe, se souvient qu’au moment des élections de 1972, Nixon « avait ostensiblement rappelé qu’il avait rétabli la pratique d’envoyer un émissaire personnel au Vatican […]317 ».

Si des considérations électoralistes sont certainement entrées en ligne de compte dans le choix de Nixon, l’activisme du pape au sujet du Vietnam a constitué un facteur non moins négligeable. L’Administration Johnson avait certes eu des contacts relativement nombreux avec le Vatican pour tenter de faire accepter sa politique dans la région, mais l’attachement profond du Saint-Siège au respect des formes et du protocole faisait qu’il serait sans doute plus productif pour les Etats-Unis d’avoir des relations officielles. Au moment de l’annonce, le New York Times rapporte que « [b]eaucoup pensent que le pape et M. Lodge évoqueront avant tout la situation en Indochine et au Moyen-Orient318 ». La mission aura effectivement entre autres objectifs d’essayer de faire accepter au Saint-Siège la position américaine au Vietnam. Le choix de Lodge semble à cet égard significatif. D’autre part, le fait que Nixon soit revenu sur sa décision de ne pas nommer de représentant est à rapprocher des bombardements sur le Cambodge déclenchés par son Administration en janvier 1970, et qui lui avaient valus les reproches du souverain pontife319. Kissinger recommande à Nixon lors de sa rencontre avec Lodge le 23 juin 1970, alors que ce dernier s’apprête à partir pour Rome pour la première fois, de « s’assurer que Lodge maîtrise parfaitement votre approche quant à l’issue de l’opération cambodgienne et, plus généralement, indochinoise320 ». Lors de l’entrevue, le Président « fit part de son espoir que le Vatican apporterait son soutien à la politique américaine au Vietnam et indiqua également que le Vatican pourrait s’avérer utile dans la lutte contre les stupéfiants ainsi que sur la question des prisonniers de guerre321 ».

Dès ses débuts, l’Administration Nixon a cherché à obtenir le soutien du Saint-Siège pour son intervention au Vietnam, et ce avant même la nomination d’Henry Cabot Lodge.

Lors de son audience avec Paul VI, le 2 mars 1969, quelques semaines seulement après son investiture, Nixon cherche à rassurer le pape sur les intentions américaines. Il lui aurait confié, selon le procès-verbal de la réunion, que :

317 William V. Shannon, “Reagan Woos the Catholic Voter”, Boston Globe, September 5, 1984, Newsbank (consulté le 5 mai 2007).

318 Paul Hofmann, “Lodge Arrives as Nixon Envoy to Pope”, New York Times, July 2, 1970, p.2.

319 Marco Mugnaini, « Le Saint-Siège et la guerre du Vietnam », in Christopher Goscha et Maurice Vaïsse (dir.), La guerre du Vietnam et l’Europe, (Bruxelles : Bruylant, 2003), p. 413.

320 Mémo, Henry Kissinger à Richard Nixon, June 22, 1970, “Your Meeting with Henry Cabot Lodge Tuesday, June 23, at 3:00 p.m.”, folder: Vatican June 1970-31 December 1971 (2 of 3), Box 732, NSC Files, Country Files-Europe, RNL.

321 Memorandum for the President’s File from Alexander Haig, “President’s Meeting with Henry Cabot Lodge”, June 23, 1970, folder: Vatican June 1970-31 December 1971 (2 of 3), Box 732, NSC files, Country Files-Europe, RNL.

[l]es Etats-Unis font tout ce qui est en leur pouvoir pour trouver une issue à la guerre et obtenir une paix juste. [Le Président] peut même confier au Saint-Père sous le sceau du secret qu’il donne en ce moment même de nouvelles instructions aux négociateurs américains à Paris et qu’il va parler en privé avec l’autre camp. Ils [souhaitent] absolument sauver la face, et dans une certaine mesure, nous aussi. Le Saint-Père peut bien lire certaines choses dans les journaux, il ne [faut] pas qu’il y prête attention322.

A plusieurs reprises, le gouvernement américain va solliciter des preuves publiques de soutien. Ainsi, Peter Flanigan, conseiller de Nixon, explique au délégué apostolique, Mgr Luigi Raimondi, début novembre 1969, au sujet du discours qu’allait prononcer Nixon au sujet de la « vietnamisation » du conflit, le 3 novembre (les Etats-Unis demandant au Sud-Vietnam de prendre une plus grande part à sa propre défense), que les Etats-Unis ont « besoin du soutien moral du Saint-Père ». Flanigan rapporte à l’issue de cette entrevue :

[Le délégué apostolique] a répondu qu’il comprenait parfaitement la position du Président et considérait qu’il s’agissait de la seule position acceptable. Il a convenu que les dirigeants responsables de par le monde, ainsi qu’aux Etats-Unis, se devaient de soutenir le Président. Raimondi a demandé si mercredi, qui est le jour où le Pape fait traditionnellement des commentaires, conviendrait. Je lui ai répondu que nous apprécierions que le Pape y fasse allusion mercredi, mais que nous apprécierons encore plus le soutien supplémentaire par le biais d’une allusion forte le mardi. J’ai dit à Raimondi que nous lui ferions porter un exemplaire du discours peu après 20 heures. Il a convenu de transmettre notre requête immédiatement au Saint-Père323.

La requête américaine se voit opposer une fin de non-recevoir (bien que le délégué rapporte que « le Saint-Père et le Vatican sont entièrement solidaires avec la position et les objectifs

La requête américaine se voit opposer une fin de non-recevoir (bien que le délégué rapporte que « le Saint-Père et le Vatican sont entièrement solidaires avec la position et les objectifs