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Une « alliance » fragilisée (1951-1968)

Chapitre 1 : Des relations irrégulières (1783-1939)

II. Une « alliance » fragilisée (1951-1968)

Les derniers mois de l’Administration Truman, et surtout les deux mandats de Dwight Eisenhower, sont marqués par des relations qui apparaissent comme mises en veille. D’un côté, le Vatican se montre de plus en plus réticent à « encaisser » sans protester les camouflets infligés par Washington. De l’autre, l’Administration Eisenhower ne considère pas que des relations plus étroites avec le Saint-Siège soient nécessaires au point de justifier une décision qu’elle sait impopulaire sur le plan de la politique intérieure. Enfin, avec l’accession à la chaire de saint Pierre d’un nouveau pontife, en 1958, le Saint-Siège va connaître de profonds bouleversements. Si Jean XXIII se montre plus enclin que Pie XII à se satisfaire de conversations informelles, les nouvelles orientations qu’il va prendre, ainsi que celles de son successeur, Paul VI, de même que la place croissante qu’ils vont revendiquer pour le Saint-Siège sur la scène internationale, ne seront pas exemptes de conséquences pour ce qui est des

199 Gannon, The Cardinal Spellman Story, pp. 174-175.

200 Fogarty, “The Vatican and the American Church since World War II”, p. 123

201 Coppa, “Pope Pius XII and the Cold War: the Post-War Confrontation between Catholicism and Communism”, p. 63.

relations avec Washington. L’« alliance » anticommuniste de Truman et Pie XII va parfois donner l’impression d’avoir cédé la place à une ère d’incompréhension et de malentendus.

II. i. Le Vatican, excédé par l’attitude américaine, prend ses distances (1951-1958)

Après la fermeture sans préavis de la mission Taylor, le fiasco de la nomination Clark semble avoir été la goutte d’eau pour Pie XII. La publication dans l’Osservatore Romano du 12 février 1953 d’extraits d’une lettre du pape à Truman datant du 10 juillet 1952 sonne comme un avertissement. Il y déclare souhaiter la fin du recours à la formule du représentant personnel et exclut tout ce qui ne serait pas représentation diplomatique stable et officielle202.

En outre, le président Eisenhower reçoit en réponse à une simple lettre protocolaire félicitant Pie XII pour ses quinze années de pontificat, la réponse suivante, dont la liberté de ton révèle la vive irritation du pape face au traitement que lui réservent les Etats-Unis :

De tels sentiments de votre part Excellence sont tout particulièrement bienvenus, car ils permettent d’atténuer dans notre esprit la fâcheuse impression laissée par plusieurs événements survenus au cours de ces dernières années. Nous y faisons allusion dans la mesure où il Nous a été donné l’occasion de dévoiler notre pensée par votre lettre très courtoise, Excellence, et Nous sommes de plus bien conscients que Vous n’êtes en rien responsable des circonstances auxquelles nous faisons allusion. Ce que Nous souhaitons mentionner, ce n’est pas tant la manière dont le bureau du représentant personnel du président des Etats-Unis a été fermé , il y a quelques années, sans que le moindre avertissement ne nous ait été fourni, mais il s’agit surtout de la campagne d’attaques calomnieuses dirigé contre le siège apostolique, tout particulièrement au moment où un ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire a été nommé pour être accrédité auprès de Nous. Nous étions en droit d’attendre à cette occasion que des personnes compétentes rappellent certains éléments de l’opinion publique au respect qui nous était dû, en soulignant la position absolument irréprochable du Saint-Siège, de la part duquel il n’y a pas eu la moindre tentative d’ingérence dans cette affaire203.

Mgr Montini fait d’ailleurs savoir à Washington par le biais du chargé d’affaires britannique

«que le Vatican a l’impression qu’il est tout simplement ‘utilisé’ par les Etats-Unis quand ces derniers ont des difficulté», et qu’il avait été choqué par la «manière brusque et radicale avec laquelle avait été mis un terme à la mission de M. Taylor »204 ».

L’irritation du Saint-Siège durant la dernière décennie du pontificat de Pie XII va s’accompagner de répercussions très concrètes pour les Etats-Unis. D’une part, le pape va s’opposer catégoriquement à ce que les contacts se fassent par l’intermédiaire de l’ambassade américaine à Rome. Ce refus concerne tous les Etats souhaitant entretenir des relations avec le Saint-Siège, cependant, comme le souligne un membre de l’Administration Kennedy au sujet

202 Graham, “The Vatican’s Policy on US Relations”, pp. 591-592.

203 Lettre, Pie XII à Dwight D. Eisenhower, June 19, 1954, folder: “The Vatican”, box 54, Eisenhower Papers as President, International Series, Dwight D. Eisenhower Library (ci-après: DEL). Voir l’original en annexe.

204Lettre, Outerbridge Horsey à Joseph Greene, March 30, 1951, folder : Vatican Relations with US from 1940 to 1956, Records Relating to Italy 1943-1968, Bureau of European Affairs, Country Director for Italy, Austria and Switzerland, General Records of the State Department (ci-après GRSD), Record Group (ci-après RG) 59, National Archives at College Park, Maryland (ci-après NACP).

des contacts avec Rome du temps d’Eisenhower, « le pape Pie XII refusait catégoriquement tout contact avec des membres d’ambassades accrédités auprès de la république italienne, et tout particulièrement avec les nôtres205 ».

D’autre part, le Saint-Siège ne fera rien pour faciliter l’obtention d’audiences avec le Saint-Père. Tout demandeur, quel que soit son rang, doit passer par le Collège nord-américain à Rome et s’y trouver en personne au moment de la requête. De plus, le pape refuse que les audiences accordées aux dignitaires américains le soient à titre officiel. Eisenhower, du temps où il était encore commandant suprême de l’OTAN, se voit même refuser une audience, et un responsable de la secrétairerie d’Etat, Mgr Gaspari, explique au ministre américain à Rome Outerbridge Horsey que « c’est à cause de l’absence de relations diplomatiques que l’audience au général Eisenhower n’a pas été accordée ». Un autre interlocuteur confie au diplomate américain, selon ce dernier à la demande du Saint-Siège que :

[l]e Vatican a été contrarié par la brusquerie avec laquelle a été mis un terme à la mission de M. Taylor, mais il est très limité quant à la manière dont il peut exprimer ses sentiments. Le seul moyen à sa disposition pour exprimer ses sentiments quant à la manière dont il a été mis un terme aux relations et à l’atteinte à la dignité du pape que cela a constitué est de refuser de recevoir les responsables américains avec le cérémonial dont ils auraient bénéficié en cas de relations normalisées206.

Outerbridge Horsey résume donc ainsi la pratique vaticane en matière d’audience pour les citoyens américains :

1. La politique du Vatican est d’accorder aux responsables américains des audiences moins solennelles que ce ne serait le cas normalement et de les recevoir en tant que simples citoyens américains plutôt qu’à titre officiel. 2. Rien de ce que fera l’ambassade ne pourra altérer cette politique. 3. Demander une audience directement par le biais de l’ambassade est le moyen assuré de se la voir refuser207.

Si Pie XII exclut désormais catégoriquement toute représentation par le biais de l’ambassade américaine à Rome ou d’un représentant personnel, il ne se prive pas de faire connaître son vif intérêt pour l’établissement de relations diplomatiques. Le directeur de la CIA, John McCone, que le président Eisenhower a désigné pour le représenter aux célébrations des quatre-vingts ans du pape, rapporte que lors de son audience : « Comme je m’y attendais, la question de la représentation diplomatique au Vatican a été abordée. Le

205 Mémo, Foy D. Kohler au Acting Secretary, “Recommendations Concerning Contacts with Vatican officials”, April 22, 1961, folder: Pol Vatican US 1969, Records Italy 1946-1972, Bureau of European Affairs, Country Director for Italy, Austria and Switzerland, GRSD, RG 59, NACP.

206Lettre, Outerbridge Horsey à Joseph Greene, March 30, 1951, folder : Vatican Relations with US from 1940 to 1956, Records Relating to Italy 1943-1968, Bureau of European Affairs, Country Director for Italy, Austria and Switzerland, GRSD, RG 59, NACP.

207Lettre, Outerbridge Horsey à Joseph Greene, March 30, 1951, folder : Vatican Relations with US from 1940 to 1956, Records Relating to Italy 1943-1968, Bureau of European Affairs, Country Director for Italy, Austria and Switzerland, box 7, GRSD, RG 59, NACP.

Saint-Père a indiqué souhaiter vivement que cela se concrétise, bien qu’il semble comprendre les problèmes internes que pose cette question dans notre pays208 ».

II. ii. La présidence Eisenhower : des relations sans réelle substance

Si le Président choisit de se faire représenter aux quatre-vingt ans, puis aux funérailles de Pie XII, par des personnalités éminentes (John McCone, directeur de la CIA, Clare Boothe Luce, ambassadeur à Rome, John Foster Dulles et le secrétaire au Travail James Mitchell), si le vice-président Nixon se rend à Rome en mars 1957, et si Jean XXIII reçoit Eisenhower en audience le 6 décembre 1959 à « titre privé », la question des relations diplomatiques reste au point mort durant les deux mandats de Dwight Eisenhower. Pour la Maison-Blanche, « cela fait partie de ces questions pour lesquelles aucune solution n’est acceptable pour tous209 ».

Bien que reconnaissant certains avantages en termes de politique étrangère, d’autres facteurs vont prévaloir. Les appels de divers groupes protestants à ne pas nommer d’ambassadeur sont là pour rappeler à l’Administration Eisenhower les risques qu’elle prendrait si elle s’aventurait dans la voie suivie par son prédécesseur.

L’absence de contacts officiels et le refus du Saint-Siège de passer par l’ambassade américaine à Rome ne laissent la place qu’à des contacts très informels et essentiellement personnels. Lorsque l’Administration Kennedy, fraîchement arrivée aux affaires à Washington, fait le point sur la pratique de son prédécesseur, elle constate en la personne du diplomate Foy Kohler que :

[à] Washington […], des contacts discrets et informels avec le délégué apostolique avaient été autorisés afin de nous permettre de transmettre au Vatican les informations dont nous disposions sur un nombre limité de sujets où l’aide du Vatican pouvait s’avérer utile. Ces contacts ont eu essentiellement lieu à deux niveaux : M. [Robert] Murphy, quand il était sous-secrétaire aux Affaires politiques, voyait le délégué apostolique relativement fréquemment en dehors du cadre professionnel, et entretenait de bonnes relations avec lui. Quand il a été jugé utile de solliciter l’aide du Vatican sur des questions touchant directement aux intérêts américains, comme par exemple de demander au Vatican de voter pour la proposition américaine lors de la conférence sur le droit de la mer, M. Murphy a transmis notre position directement au délégué apostolique pour qu’il la porte à la connaissance du Saint-Siège. M.

[Livingston] Merchant a maintenu une pratique semblable quand il a succédé à M. Murphy au poste de sous-secrétaire. Il y a eu également des contacts sporadiques et peu fréquents entre des membres du bureau italien et de la délégation, uniquement sur des questions d’importance mineure.

Kohler souligne de plus que depuis que Robert Murphy a quitté son poste en décembre 1959,

« la fréquence des contacts à ces deux niveaux a baissé et il y a eu peu ou pas de contact, de

208 Lettre, John McCone à Dwight Eisenhower, March 11, 1956, folder : Old Vatican Secret Documents 1951-1957, Records Relating to Italy 1943-1968, Bureau of European Affairs, Country Director for Italy, Austria and Switzerland, GRSD, RG 59, NACP.

209 Mémo, Loy W. Henderson à Governor Adams, “Representative or Ambassador to the Vatican”, January 11, 1957, folder: OF 144-B-2-A Representative or Ambassador to the Vatican, box 736, Eisenhower: Records as President (White House Central Files): Official File, DEL.

quelque nature que ce soit, au cours des derniers mois. Aucun problème ne nécessite à notre connaissance une discussion avec le délégué apostolique210 ».

L’Administration Eisenhower va se livrer à plusieurs réévaluations sur la question des relations diplomatiques, sous l’impulsion tout d’abord de Clare Boothe Luce, ambassadrice américaine près le Quirinal, qui propose au Président une stratégie sur la base des enseignements de l’échec de la nomination de Clark (notamment le fait qu’elle ait été annoncée sans aucun préalable)211. Ceci place la question « à nouveau à l’étude ». Dans ce contexte, le département d’Etat sollicite l’avis de Francis Williamson, ministre en poste à l’ambassade américaine à Rome, dont la réponse aurait pu servir de modèle à tous ceux qui seront amenés à statuer dessus jusque dans les années 1970, voire jusqu’au début des années 1980 : « L’expérience de tous les spécialistes des questions politiques à Rome les conduit à conclure à la nécessité de contacts officiels avec le Vatican. Je pense néanmoins que dans le climat politique actuel, un représentant personnel ne saurait être envisagé212 ».

James Bonbright, membre du bureau en charge de l’Europe de l’Ouest au département d’Etat, souligne l’opposition du Congrès à un tel rapprochement : « Nous savons que les sénateurs et les représentants des deux partis ont une peur bleue de cette question et souhaitent par-dessus tout qu’elle soit laissée dormante». Passant en revue les différentes formules que pourrait revêtir la représentation américaine, il rappelle l’éditorial de l’Osservatore Romano du 12 février 1953 (paru au moment où des rumeurs circulaient selon lesquelles Clare Boothe Luce, en plus de ses fonctions d’ambassadeur près le Quirinal, allait également devenir l’interlocutrice des Etats-Unis auprès du Saint-Siège), où il était précisé que « les auteurs de cette supposition ne sont de toute évidence pas au courant qu’aucune personne occupant une position officielle dans une mission diplomatique accréditée auprès du gouvernement italien ne peut en même temps avoir une quelconque activité diplomatique au Vatican. C’est une règle et une pratique à laquelle le Vatican n’a jamais dérogé et n’a pas l’intention de le faire ».

Quant à la formule du représentant personnel, il note que « des sources au Vatican ont indiqué très clairement au moment du départ de Myron Taylor qu’elles estimaient que [cette formule]

ne s’était pas avérée très satisfaisante et qu’elle ne serait pas acceptable à l’avenir ». D’autre

210 Mémo, Foy D. Kohler au Acting Secretary, “Recommendations Concerning Contacts with Vatican officials”, April 22, 1961, folder Pol Vatican US 1969, Records Relating to Italy 1946-1972, Bureau of European Affairs, Country Director for Italy, Austria, and Switzerland,GRSD, RG 59, NACP.

211 Mémo, John Jones à Charles Elbrick, “Representation at the Vatican”, August 23, 1954, folder : Old Vatican Secret Documents 1951-1957, Records Relating to Italy 1943-1968, Bureau of European Affairs, Country Director for Italy, Austria and Switzerland, GRSD, RG 59, NACP.

212 Mémo, John Jones à Charles Elbrick, “Representation at the Vatican”, August 23, 1954, folder : Old Vatican Secret Documents 1951-1957, Records Relating to Italy 1943-1968, Bureau of European Affairs, Country Director for Italy, Austria and Switzerland, RG 59, NACP.

part, l’annonce d’une telle nomination susciterait la même opposition que celle d’un ambassadeur en bonne et due forme. Pour le département, ce qui « offre les meilleures chances d’atteindre nos objectifs », ce sont des relations diplomatiques, avec tout d’abord la nomination d’un chargé d’affaires (dont la nomination ne requiert pas de confirmation), puis d’un ambassadeur (de préférence un diplomate de carrière). Quant au calendrier et aux consultations à prévoir pour une telle décision,

[é]tant donné les polémiques générées par cette question, il est évident qu’elle ne devra pas être soulevée au cours d’une année électorale. […]. Il va sans dire que des consultations devront être organisées, non seulement avec des sénateurs et des représentants soigneusement sélectionnés, mais également avec les principales organisations protestantes du pays. […] Je pense que ces consultations devront être réalisées par le Président, le vice-président ou le secrétaire [d’Etat]. […] Il convient de souligner que bien que le désir du Vatican d’avoir des relations officielles avec notre gouvernement ne fasse aucun doute, ils sont très attachés à ce que cela soit fait d’une manière digne. En d’autres termes, il y a des raisons de croire qu’ils préféreraient ne pas avoir de relations officielles si celles-ci devaient être obtenues au prix d’un débat violemment conflictuel aux Etats-Unis.

Pourtant, le diplomate n’est pas optimiste, et il estime que les considérations de politique intérieure doivent l’emporter sur celles de politique étrangère :

Il me semble qu’il y a très peu d’espoir de persuader les principales organisations protestantes d’adopter ne serait-ce qu’une attitude neutre sur la question. Par conséquent, bien que je sois fermement convaincu qu’il est dans l’intérêt de notre pays d’établir des relations diplomatiques avec le Vatican (et je serais très enthousiaste qu’une initiative visant à persuader les dirigeants politiques et religieux voie le jour), je pense que si les consultations recueillent une réaction très négative, nous devrions être prêts à prendre nos distances rapidement sur cette question213.

En 1957 à nouveau, la question est posée à l’instigation d’un certain Frederic Dolbeare, qui avait obtenu un rendez-vous avec le secrétaire d’Etat pour aborder la question des relations214. La nature insatisfaisante des relations est soulignée par John Jones, directeur du bureau d’Europe de l’ouest au département d’Etat :

En l’absence de relations diplomatiques officielles nous ne sommes pas en mesure de travailler avec les responsables de la secrétairerie d’Etat pontificale de manière continue et productive. Il y a tout de même à l’ambassade un responsable de la section politique bien informé qui suit le Vatican et à qui il arrive, à titre uniquement personnel, de rencontrer plusieurs de ses responsables. Si un tel dispositif a pu parfois fournir des informations précieuses, il n’est pas entièrement satisfaisant, car il ne donne pas les moyens d’une conversation continue et systématique sur les questions qui nous préoccupent mutuellement.

Il souligne d’ailleurs que :

[d]e nombreux arguments militent en faveur d’une reconnaissance du Vatican et de l’échange de représentants diplomatiques. Les diplomates du département qui traitent de l’Europe occidentale et ceux qui ont été en poste à Rome s’accordent pour dire que de précieuses sources d’information nous seraient accessibles, sans parler de l’avantage psychologique que conférerait le fait de reconnaître officiellement le Vatican comme force politique dans le monde moderne, bien distinct de la position religieuse du pape.

213 Mémo, James Bonbright à Charles Elbrick, “Establishment of Relations with the Vatican”, August 9, 1954, folder : Vatican Relations with US from 1940 to 1946, Records Relating to Italy 1943-1968, Bureau of European Affairs, Country Director for Italy, Austria and Switzerland, GRSD, RG 59, NACP.

214 “Draft”, April 19, 1957, folder : Old Vatican Secret Documents 1951-1957, Records Relating to Italy 1943-1968, Bureau of European Affairs, Country Director for Italy, Austria and Switzerland, GRSD, RG 59, NACP.

Cependant, la réserve de rigueur est reformulée, Jones concluant que «tous sont d’accord pour dire que la reconnaissance du Vatican n’est pas uniquement une question de politique étrangère, mais également de politique intérieure215 ».

Après la visite du vice-président Nixon à Rome le 17 novembre 1958, des rumeurs circulent dans les médias quant à l’imminence de l’établissement de relations, mais lors d’une conférence de presse, Richard Nixon déclare : « Ce sujet n’a pas été abordé lors de mon entretien au Vatican hier. J’irai même jusqu’à dire qu’il n’y a à ma connaissance aucune action envisagée en ce sens. Nous souhaitons continuer à avoir à l’avenir les mêmes relations personnelles et amicales que nous avons eues par le passé216 ». La question fait l’objet d’une réévaluation superficielle au moment de la mort de Pie XII, mais les considérations de politique nationale l’emportent à nouveau217.

A cet égard, il est intéressant de noter qu’en 1958, le sous-secrétaire d’Etat adjoint Robert Murphy avait cherché à connaître l’opinion des évêques catholiques sur la question. Il rapporte que Mgr Paul Tanner, président de la National Catholic Welfare Conference (précurseur de la Conférence épiscopale américaine) « exprima une certaine surprise qu’une telle suggestion intervienne à ce moment précis. Il déclara que la situation n’avait pas changé depuis la dernière fois que nous en avions parlé, il y a de cela deux ans. Il estime que la situation va rester la même pendant encore trois ou quatre ans218 ».

En 1959, le département d’Etat se livre à ce qui semble avoir été le dernier examen de la question de la présidence Eisenhower. Bien qu’il rappelle avoir été favorable à l’établissement de relations diplomatiques avec l’«Etat de la cité du Vatican» par le passé, il

En 1959, le département d’Etat se livre à ce qui semble avoir été le dernier examen de la question de la présidence Eisenhower. Bien qu’il rappelle avoir été favorable à l’établissement de relations diplomatiques avec l’«Etat de la cité du Vatican» par le passé, il