• Aucun résultat trouvé

T raitement des pubertés précoces

Le traitement des PP centrales fait appel, à l'heure actuelle, aux analogues de la LHRH qui sont utili-sés chez l'enfant pour supprimer la sécrétion de

gonadotrophines, et donc celle des stéroïdes sexuels. Deux analogues ont l'indication pour la PP chez l'enfant en Europe : il s'agit de la triptoré-line et de la leuprorétriptoré-line, sous deux formes d'ac-tion prolongée, 1 mois et 3 mois, qui nécessitent une injection tous les 28 jours ou toutes les 12 semaines.

Leur mode d'action n'est pas encore parfaitement établi. Ils entraînent généralement une stimula-tion gonadotrope initiale après liaison du récep-teur de la LHRH, puis un effet antigonadotrope apparaît généralement entre 10 et 15 jours.

Cette inhibition gonadotrope relève d'une « down-régulation » du récepteur de la LHRH.

Les indications de ce traitement reposent sur un faisceau d'arguments à la fois cliniques, radiogra-phiques et hormonaux qui ont permis de conclure à une puberté précoce centrale. Ce traitement ne se discute pas dans les cas de PP survenant chez la très jeune fille de moins de ans. L'évolution actuelle de l'âge de début pubertaire et de certaines puber-tés lentement évolutives fait actuellement discuter l'indication du traitement.

La durée du traitement est variable selon l'amélio-ration du pronostic statural. Il est en moyenne de deux ans.

Les effets secondaires au cours du traitement sont mineurs : douleur au point d'injection, céphalées en début de traitement, bouffées de chaleur. Il existe rarement de petites menstruations 8 jours après la deuxième injection qui nécessitent la mise sous acétate de cyprotérone.

L'arrêt du traitement s'effectue généralement à un âge proche de l'âge pubertaire normal, c'est-à-dire 11 ans pour les filles et 13 ans pour les garçons.

L'analyse des résultats est jugée sur la taille défini-tive qui est variable selon les équipes, mais ils montrent que la taille adulte est supérieure à la taille prédite ou proche de la taille cible dans la grande majorité des études. Avant l'utilisation des analogues de la LHRH, la taille adulte moyenne lors d'une puberté précoce était de 150 cm envi-ron pour les filles. Selon les équipes, la taille adulte actuelle est aux alentours de 160 cm, c'est-à-dire qu'il existe un gain de plus de 10 cm par rapport au groupe historique.

La surveillance à court et long terme est néces-saire. La récupération de la fonction gonadotrope s'effectue dans les 3 à 6 mois après l'arrêt. Les

règles apparaissent en moyenne 18 mois après l'arrêt [27].

L'apparition d'hyperandrogénie fonctionnelle ova-rienne n'est pas rare après une puberté précoce et se manifeste par trois types de signes cliniques : un hirsutisme qui s'installe dans les zones androgéno-dépendantes (ligne ombilicopubienne, cuisses, zone périaréolaire, intermammelonnaire et visage), une prise de poids avec le développement d'un morphotype androïde et des troubles d'installation des règles. Le diagnostic est confirmé par une élé-vation anormale des taux de testostérone et de gros ovaires multifolliculaires à l'échographie. Celle-ci nécessite alors une prise en charge thérapeutique spécifique.

C onclusion

En conclusion, la PP est une pathologie dont la fréquence semble en augmentation depuis ces deux dernières décades.

Le traitement de la PP centrale repose sur les analogues de la LHRH qui sont très efficaces et qui permettent de conserver un bon pronostic statural. Toutefois, il est nécessaire de surveil-ler ces patientes à long terme, du fait du risque qui semble accru d'hyperandrogénie fonction-nelle ovarienne, voire de syndrome des ovaires polymicrokystiques.

Références

[1] Herman-Giddens ME, Slora EJ, Wasserman RC, Bourdony CJ, Bhapkar MV, Koch GG, et  al.

Secondary sexual characteristics and menses in young girls seen in office practice : a study from the Pediatric Research in Office Settings network.

Pediatrics 1997 ; 99 (4) : 505–52.

[2] Teilmann G, Pedersen CB, Jensen TK, Skakkebaek NE, Juul A. Prevalence and incidence of precocious pubertal development in Denmark : an epidemiolo-gic study based on national registries. Pediatrics 2005 ; 116 (6) : 1323–8.

[3] de Vries L, Kauschansky A, Shohat M, Phillip M.

Familial central precocious puberty suggests autoso-mal dominant inheritance. J Clin Endocrinol Metab 2004 ; 89 (4) : 1794–800.

[4] Kaplowitz PB, Oberfield SE. Reexamination of the age limit for defining when puberty is precocious in girls in the United States : implications for evaluation

and treatment. Drug and Therapeutics and Executive Committees of the Lawson Wilkins Pediatric Endocrine Society. Pediatrics 1999 ; 104 (4Pt 1) : 936–41.

[5] Parent AS, Teilmann G, Juul A, Skakkebaek NE, Toppari J, Bourguignon JP. The timing of normal puberty and the age limits of sexual precocity : variations around the world, secular trends, and changes after migration. Endocr Rev 2003 ; 24 (5) : 668–93.

[6] Carel JC, Leger J. Clinical practice. Precocious puberty. N Engl J Med 2008 ; 358 (22) : 2366–77.

[7] Carel JC, Eugster EA, Rogol A, Ghizzoni L, Palmert MR, Antoniazzi F, et al. Consensus statement on the use of gonadotropin-releasing hormone analogs in children. Pediatrics 2009 ; 123 (4) : e752–62.

[8] Rose SR, Municchi G, Barnes KM, Kamp GA, Uriarte MM, Ross JL, et al. Spontaneous growth hor-mone secretion increases during puberty in normal girls and boys. J Clin Endocrinol Metab 1991 ; 73 (2) : 428–35.

[9] Sempe M, Pedron G, Roy-Pernot MP. Auxologies, méthodes et séquences. Paris : Théraplix ; 1979.

[10] Vizmanos B, Marti-Henneberg C, Cliville R, Moreno A, Fernandez-Ballart J. Age of pubertal onset affects the intensity and duration of pubertal growth peak but not final height. Am J Hum Biol 2001 ; 13 (3) : 409–16.

[11] Tanner JM, Ham TJ. Low birthweight dwarfism with asymmetry (Silver's syndrome) : treatment with human growth hormone. Arch Dis Child 1969 ; 44 (234) : 231–43.

[12] Greulich WW, Pyle SI. Radiographic atlas of skeletal development of the hand and wrist. Stanford : Stanford University Press ; 1959.

[13] Bayley N, Pinneau SR. Tables for predicting adult height from skeletal age : revised for use with the Greulich-Pyle hand standards. J Pediatr 1952 ; 40 (4) : 423–41.

[14] Resende EA, Lara BH, Reis JD, Ferreira BP, Pereira GA, Borges MF. Assessment of basal and gonadotropin-releasing hormone-stimulated gonadotropins by immunochemiluminometric and immunofluoro-metric assays in normal children. J Clin Endocrinol Metab 2007 ; 92 (4) : 1424–9.

[15] de Vries L, Horev G, Schwartz M, Phillip M.

Ultrasonographic and clinical parameters for early differentiation between precocious puberty and pre-mature thelarche. Eur J Endocrinol 2006 ; 154 (6) : 891–8.

[16] Chalumeau M, Hadjiathanasiou CG, Ng SM, Cassio A, Mul D, Cisternino M, et al. Selecting girls with precocious puberty for brain imaging : valida-tion of European evidence-based diagnosis rule.

J Pediatr 2003 ; 143 (4) : 445–50.

[17] Cisternino M, Arrigo T, Pasquino AM, Tinelli C, Antoniazzi F, Beduschi L, et al. Etiology and age inci-dence of precocious puberty in girls : a multicentric study. J Pediatr Endocrinol Metab 2000 ; 13 (Suppl. 1) : 695–701.

[18] Pienkowski C, Lumbroso S, Bieth E, Sultan C, Rochiccioli P, Tauber M. Recurrent ovarian cyst and mutation of the Gs α gene in ovarian cyst fluid cells : what is the link with McCune-Albright syndrome ? Acta Paediatr 1997 ; 86 (9) : 1019–21.

[19] Shenker A, Weinstein LS, Moran A, Pescovitz OH, Charest NJ, Boney CM, et al. Severe endocrine and nonendocrine manifestations of the McCune-Albright syndrome associated with activating muta-tions of stimulatory G protein GS. J Pediatr 1993 ; 123 (4) : 509–18.

[20] Kalfa N, Patte C, Orbach D, Lecointre C, Pienkowski C, Philippe F, et al. A nationwide study of granulosa cell tumors in pre- and postpubertal girls : missed diagno-sis of endocrine manifestations worsens prognodiagno-sis.

J Pediatr Endocrinol Metab 2005 ; 18 (1) : 25–31.

[21] Calaminus G, Wessalowski R, Harms D, Gobel U.

Juvenile granulosa cell tumors of the ovary in child-ren and adolescents : results from 33 patients registe-red in a prospective cooperative study. Gynecol Oncol 1997 ; 65 (3) : 447–52.

[22] Liu G, Duranteau L, Carel JC, Monroe J, Doyle DA, Shenker A. Leydig-cell tumors caused by an activa-ting mutation of the gene encoding the luteinizing hormone receptor. N Engl J Med 1999 ; 341 (23) : 1731–6.

[23] Michalkiewicz E, Sandrini R, Figueiredo B, Miranda EC, Caran E, Oliveira-Filho AG, et al. Clinical and out-come characteristics of children with adrenocortical tumors : a report from the International Pediatric Adrenocortical Tumor Registry. J Clin Oncol 2004 ; 22 (5) : 838–45.

[24] Shenker A, Laue L, Kosugi S, Merendino Jr JJ, Minegishi T, Cutler Jr GB. A constitutively activating mutation of the luteinizing hormone receptor in familial male precocious puberty. Nature 1993 ; 365(6447) : 652–4.

[25] Schoeters G, Den Hond E, Dhooge W, van Larebeke N, Leijs M. Endocrine disruptors and abnormalities of pubertal development. Basic Clin Pharmacol Toxicol 2008 ; 102 (2) : 168–75.

[26] Wolff MS, Teitelbaum SL, Pinney SM, Windham G, Liao L, Biro F, et al. Investigation of relationships between urinary biomarkers of phytoestrogens, phthalates, and phenols and pubertal stages in girls.

Environ Health Perspect 2010 ; 118 (7) : 1039–46.

[27] Arrigo T, De Luca F, Antoniazzi F, Galluzzi F, Iughetti L, Pasquino AM, et al. Menstrual cycle pat-tern during the first gynaecological years in girls with precocious puberty following gonadotropin-releasing hormone analogue treatment. Eur J Pediatr 2007 ; 166 (1) : 73–4.

C

hapitre

6