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6. ANALYSE DE L’ENSEMBLE DU RÉCIT

6.2 Résumé de mon récit

Mon récit débute par l’histoire de ma naissance. Cela a tout un sens pour moi, car c’est durant les premiers mois de ma vie que se sont produits les premiers traumatismes. D’abord, je suis née dans le secret que portait ma mère. Elle était alors hospitalisée pour une hépatite infectieuse et j’ai été infectée par ce virus. Sa voisine de chambre qui était hospitalisée pour les mêmes raisons, a perdu son bébé la veille de ma naissance et est décédée. À ma sortie de l’hôpital, j’ai tout de suite été « placée » chez Madame Latendresse. Cette nourrice s’est occupée de moi durant les trois premiers mois de ma vie. Toutefois, j’ai dû être hospitalisée à mon tour à au moins trois reprises pendant ces mois à cause de différentes maladies. Peut-être bien que je tentais ainsi de retrouver ma mère alors hospitalisée? Donc, pendant les trois premiers mois de ma vie, j’ai fait des allers-retours de et vers ma mère, ma nourrice et le milieu dit hospitalier. Ma nourrice a continué à venir me visiter suite à mon retour définitif à ma famille. Il semble que je me sois attachée à elle. Ces événements ont certes influencé le cours de ma vie.

Il s’est avéré que ma mère n’a pu prendre soin de moi à notre retour dans le milieu familial. Elle s’est montrée hostile et d’une extrême violence envers moi. Je garde des souvenirs d’elle durant cette période et bien après, comme étant meurtrière à mon égard. Tout au long de mon enfance et de mon adolescence, j’ai vécu des expériences de rejet et d’abandon de sa part. Heureusement, ma grand-mère paternelle a pu être présente et chaleureuse avec moi. Cette relation m’a été salvatrice d’un point vue affectif d’autant plus que je ne sentais que du vide autour de moi étant petite. Cette grand-mère a été un ancrage important à ma vie. Il y a eu aussi mon enseignante à la maternelle, tante Françoise, comme on l’appelait, qui a été présente à moi au plan affectif. À part mon passage à la maternelle, mon parcours scolaire au primaire et au secondaire a été chaotique. J’y ai vécu une forme de violence psychologique et bien des humiliations de la part des enseignantes et des enfants dû aux troubles d’apprentissages que je vivais et à mes différences à bien des niveaux. J’avais constamment peur de « doubler » mon année, ce qui est d’ailleurs arrivé. En 6e année, je suis allée dans une classe d’appoint. J’y ai fait la rencontre d’une enseignante en qui j’avais confiance et qui avait un regard et des attitudes bienveillantes à mon égard. Cela m’a donné de l’espoir pour poursuivre mon

parcours scolaire. Je me sentais aimée de cette enseignante. À la maison, mon père me battait violemment et a failli me tuer à une reprise. Je ne pouvais me fier à lui. D’ailleurs, j’en avais peur et particulièrement, lorsqu’il était saoul.

Pourtant, lorsque j’étais plus petite, possiblement avant que je débute l’école, mon père et moi avions un bon lien. On jouait ensemble et encore aujourd’hui, je me souviens bien de l’ambiance cordiale de nos jeux. Pourquoi m’a-t-il battue et humiliée par la suite? Vers l’âge d’environ sept ou huit ans, j’ai eu des troubles de santé mentale graves dont des états psychotiques. D’ailleurs, dès ma naissance et par la suite, j’étais très mal en point au niveau affectif. De la 1re année au début de l’âge adulte, mon amie Catherine a pris beaucoup d’importance pour moi. Toutes les deux, nous nous sommes soutenues et avons eu beaucoup de plaisir malgré nos grandes différences au plan académique. Aussi, mes autres amies, dont Julie, Annie et Josée et ma gang de l’adolescence étaient importantes pour moi.

Mes principaux ancrages étaient la nature, la spiritualité, ma grand-mère et mes amies jusqu’à ce que je parte de ma famille à dix-huit ans. Ce départ a été salvateur malgré le fait que cela a été difficile. Le suicide de mon chum à 21 ans est un événement qui marque ma vie d’un « avant » et d’un « après », car tout a commencé à changer pour moi à ce moment. C’est comme si je me réveillais d’un long cauchemar tant cet événement m’a « dégelée ». Aussi curieux que cela puisse sembler, c’est à partir de cet événement que j’ai commencé à vivre ma vie. La thérapie avec Marie Thérèse m’a aidée à voler de mes propres ailes. Je me suis inscrite au Cégep et je réussissais mes cours, je travaillais dans trois établissements et je gagnais relativement bien ma vie. J’avais une vie sociale active. Je vivais d’espoir. J’ai entrepris mon baccalauréat à l’âge de 25 ans et j’ai bien réussi. Cette réussite et bien d’autres m’encourageaient et me stimulaient. J’ai obtenu des emplois que j’aimais et j’ai réussi à me développer au travers ces emplois malgré quelques embûches. J’ai suivi quelques formations fort intéressantes qui m’ont donné le goût de poursuivre mon développement professionnel.

Deux relations de couple ont été significatives pour moi : celle que j’ai vécue entre 23 et 29 ans et celle que je vis actuellement et qui est d’ailleurs la plus importante et solide. Par ailleurs, ma thérapie avec Louise depuis 2003 constitue un point tournant dans ma vie, une porte d’entrée à ma réelle identité. C’est dans ce processus thérapeutique que j’arrive le mieux à me réparer, à me reconstruire au plan affectif, ce qui se reflète dans ma relation avec Louis. Puis, est venu le décès de ma mère à l’été 2004. Son décès est

important en ce sens que c’est dans l’approche de sa mort que j’ai pu me lier à elle affectivement. Ce fut bref comme lien, mais significatif pour moi. J’ai enfin pu faire la paix avec elle après ses nombreuses tentatives de suicide.

Le fait que ma fratrie m’ait rejetée suite au décès de ma mère a été un choc qui n’est toujours pas « encaissé » à ce jour tant j’ai eu mal de cela. De plus, l’annonce en 2005 que j’étais atteinte de l’hépatite B, a également été un choc que je considère toutefois comme maintenant « encaissé ». Mon refus de faire don de moelle osseuse à ma sœur, ayant choisi de protéger ma santé, est aussi un événement important, car il vient marquer le fait que je ne me considère plus comme un objet, mais comme un sujet à part entière. Je considère aussi mon parcours à la maîtrise et ma formation en analyse bioénergétique comme étant des événements reliés à une réparation, au plan narcissique.