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Dans l’introduction à ce mémoire, j’ai cité une phrase attribuée à Antonio Machado : « Marcheur, il n’y a pas de chemin. Le chemin se fait en marchant. » Je la reprends pour conclure ce travail, car elle correspond précisément à mon expérience de marcher à travers ma vie, et, si on me permet une pointe d’humour, celle de passer à travers ce mémoire.

On dit souvent que chaque personne doit faire son propre chemin dans la vie. C’est sans doute bien vrai, mais comment savoir quel est son chemin? Tant de gens se mêlent de nous indiquer le chemin : parents, fratrie, éducateurs. « Voici ta place. » « Voici ce que tu dois faire. » « Voici comment se font les choses. » Et dans mon cas : « Tu n’es qu’une petite niaiseuse. » « Tu ne réussiras même pas ton secondaire. » « Tu ne mérites pas d’être vue, entendue. » Les enfants, parce qu’ils sont petits et vulnérables, ont besoin qu’on leur montre des chemins. Mais on oublie trop souvent de leur dire : « Pour le moment, c’est ton chemin. Quand tu seras plus grand, plus grande, tu pourras faire ton chemin. Tu sauras trouver les moyens pour le créer, ton chemin. » On leur dit trop souvent: « Passe par ici, et seulement par ici. » Les enfants ayant besoin de leurs parents, leur fratrie et leurs éducateurs pour survivre, ils ne peuvent que les croire. Alors, trop souvent, les enfants comprennent que le chemin qu’on leur a assigné, c’est le seul possible, et ce pour partout et pour toujours. On les a déviés du droit de chercher et de créer leur chemin.

Si trop souvent les parents, la fratrie, les éducateurs, indiquent des chemins restreints, dangereux, qui vont entraver le développement de l’enfant, c’est sans doute qu’eux-mêmes se sont vus indiquer de tels chemins. Plus tard, on peut arriver à comprendre pourquoi ils agissent ainsi. Plus tard, on peut peut-être même arriver à leur pardonner. Mais de comprendre, de pardonner plus tard, n’enlève rien au fait de la souffrance subie par l’enfant à qui on a fait comprendre par des paroles méprisantes ou des gestes violents qu’il n’a pas le droit d’être, qu’il doit passer inaperçu parce que sa présence embête. Le malheur des enfants n’est jamais merveilleux, malgré ce qu’affirme le titre de l’ouvrage de Cyrulnik.

Je perçois mon travail de psychothérapeute comme étant celui d’aider mes clients à se ramener dans leur « droit » chemin. Pas « droit » dans le sens de « rectiligne », car notre ligne de vie ne passe pas par les chemins les plus directs et les plus courts. Mais

« droit » dans le sens de « sans déviation ». Je veux encourager mes clients à ne pas dévier d’eux-mêmes, de leur essence, de leur unicité. Je veux les encourager à ne plus passer « via » les autres. Et si je sais de mieux en mieux offrir cet encouragement, c’est que je sais profondément, viscéralement, ce que ça veut dire de se ramener dans le chemin qui est le sien. J’en sais les défis, les souffrances, la noirceur, le désespoir. J’en sais aussi le courage, la détermination, l’ouverture à un univers qui peut être généreux et aimant. J’en sais finalement la lumière.

À l’occasion, je me suis demandée comment je me serais développée, comment je serais aujourd’hui, si je n’avais pas vécu « tout ça ». Je me suis déjà dit que si la réincarnation existe, je souhaiterais, bien sûr, naître dans une famille dont les parents sont aimants et bienveillants. Mais rien ne dit qu’il y aura réincarnation, alors je ne prends pas de chance. Dorénavant, et pour le reste de mes jours, je vais me donner ce que des parents aimants et bienveillants m’auraient donné. Je ne pouvais me fier à mes parents, à ma fratrie, à certains éducateurs, mais je suis devenue la personne la plus fiable par rapport à moi-même. Je ne me laisserai jamais tomber. Et ça, on peut s’y fier!

Tout au long de la rédaction de ce mémoire, je cherchais à « vérifier » si je pouvais me considérer comme résiliente. Je peux maintenant le proclamer à qui veut bien l’entendre : « J’ai survécu! Je vis pleinement et bellement. Oui, je suis RÉSILIENTE! »

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