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6. Résultats

6.2 Résultats relatifs au thème Effets perçus pour l’élève intégré

Le tableau 4, ci-dessous, rend compte des résultats relatifs à l’évaluation des bénéfices de l’intégration scolaire pour l’élève en situation de handicap par les parents d’élèves tout venant. Nous souhaitions examiner, d’une part, si les parents considéraient que l’intégration était bénéfique pour l’élève intégré et, d’autre part, s’ils faisaient une distinction entre les bénéfices sociaux et scolaires pour ce dernier.

Tableau 4 : Effets perçus pour l’élève intégré

Total des réponses données : n = 84 = 100 % D’accord Pas

d’accord

Non-réponse Sociaux

1(+) L’intégration favorise le développement social de l’élève en situation de handicap

intégrée dans la classe de mon enfant. 14 0 -

19(+) L’intégration améliore les compétences sociales des élèves avec une déficience

intellectuelle. 12 2 -

29(+) Une classe ordinaire aide à préparer les enfants avec une déficience intellectuelle

à vivre dans notre société. 11 - 3

34(+) L’intégration d’un enfant avec une déficience intellectuelle favorise son

sentiment d’appartenance à la communauté. 14 0 -

Scolaires

2(+) L’intégration favorise les apprentissages scolaires de l’élève en situation de

handicap. 13 1 -

18(+) Les élèves avec une déficience intellectuelle peuvent faire des progrès scolaires

dans une classe ordinaire. 12 2 -

Intégration bénéfique Intégration non bénéfique Non-réponse

Totala : 76/84 = 90 % 5/84 = 6 % 3/84 = 3 %

Légende. En jaune = affirmations issues de la première partie du questionnaire ; en vert = affirmations issues de la seconde partie du questionnaire ; (+) = affirmations positives

a Les pourcentages ne somment pas exactement à 100 du fait des arrondis.

La grande majorité des réponses données sont positives au thème (90 %), ce qui suggère que les parents considèrent, de manière générale, que l’intégration est bénéfique pour l’élève intégré. En outre, il semble que les effets de l’intégration sont vus comme bénéfiques non seulement sur le plan scolaire, mais aussi sur le plan social.

Les entretiens ont toutefois révélé que les parents mentionnent souvent d’abord, et principalement, les bénéfices sociaux de l’intégration. En effet, lorsqu’ils devaient se prononcer sur ce que l’intégration peut apporter à l’élève intégré, les parents avec lesquels nous nous sommes entretenu ont spontanément relevé des éléments propres à la dimension sociale du développement de l’enfant, certains ne traitant des apprentissages scolaires qu’à l’instant où nous leur posions expressément la question.

Concernant les bénéfices sociaux, les parents relèvent avant tout l’occasion pour l’élève en intégration d’interagir avec des enfants tout venant, ce qui favorise son sentiment d’appartenance à la communauté :

Je trouve que ça leur apprend à vivre comme tout le monde (Couple, p. 17, l. 545-546) ;

Comme ça elle apprend qu’est-ce qui est le niveau de vie d’une personne normale (Nicole, p. 4, l. 110-111) ;

je veux pas dire qu’on les met à l’écart d’habitude, mais elle est toujours euh… ben, ouais, elle est quand même mise un petit peu à l’écart malgré tout. Donc là, c’est peut-être un sentiment de se sentir comme les autres des moments

(François, p. 7, l. 220-223).

L’intégration est également l’occasion de relativiser la notion de handicap ou du moins d’un changement de perspective pour l’ensemble des personnes concernées. Plus précisément, elle permet de considérer que le handicap est avant tout social et qu’il peut être dépassé. Denise a exprimé cette idée en de très beaux termes :

Le bénéfice principal c’est de se dire que le handicap n’est qu’une contrainte de l’accès aux choses ordinaires et que ce n’est pas du tout un empêchement. C’est juste qu’il faut développer des trésors d’imagination, de motivation aussi, et que tout est accessible, ou presque. Enfin, tout est accessible, je pense. (Denise, p. 5, l. 144-147)

Les parents ont eu plus de difficultés à discerner les acquis scolaires de l’élève, moins intuitivement évaluables que les acquis sociaux. Ceci peut s’expliquer par le fait qu’il est nécessaire, à cette fin, de connaître plus en détail la déficience dont est porteur l’enfant et de posséder davantage de connaissances sur l’enseignement donné et le programme suivi.

François remarque par exemple : je vois pas exactement quel est son handicap. Je sais qu’elle a une machine pour parler, il y a pas mal de trucs… donc je peux pas vraiment dire qu’est-ce que ça lui apporte (François, pp. 7-8, l. 231-232).

Cependant, tout comme le démontrent les résultats du questionnaire, lorsque nous avons évoqué les apprentissages scolaires dans nos entretiens, plusieurs parents ont estimé que l’élève pouvait progresser dans ce domaine et que l’intégration était adéquate. Marie constate par exemple :

elle a quand même des capacités, et pis elle a fait quand même beaucoup, beaucoup de progrès cette fille depuis l’école enfantine. Alors je me dis que peut-être ça la stimule bien. Pis que ça lui fait envie aussi d’apprendre des choses parce que les autres les font. Alors je pense que ça c’est stimulant. (Marie, p. 16, l. 523-526)

Couple estime que l’élève doit toutefois être soutenu dans ses apprentissages : Moi je trouve qu’ils peuvent aussi, s’ils trouvent quelqu’un, à la longue, qui s’occupe peut-être un petit peu plus d’eux. Mais moi je trouve qu’ils ont toutes leurs chances aussi de pouvoir suivre quelque chose (Couple, p. 4, l. 103-106).

Seule Denise s’est interrogée sur les acquisitions scolaires possibles pour l’élève :

quand j’ai vu la lourdeur du handicap, je me suis dit : qu’est-ce que, scolairement, elle arrive à retirer ? Au niveau du relationnel ou de la vie, c’était évident, mais au niveau scolaire est-ce qu’elle arrive à faire quelque chose ? (Denise, p. 7, l. 211-214)

Elle a poursuivi en questionnant l’objectif principal de cette intégration scolaire en remarquant : Je pense que scolairement elle n’avance pas au même rythme que les autres enfants. En fait elle est restée dans la classe. Donc je me suis dit probablement que l’ancrage social est plus important que les acquis scolaires (Denise, p. 7, l. 228-230).

Ce dernier point est intéressant. En effet, il semble demeurer, dans les projets d’intégration, une tendance à privilégier un objectif social, avec une intégration en classe ordinaire de faible fréquence et un maintien en institution devant favoriser les apprentissages scolaires et le développement général de l’enfant. La situation d’intégration de notre étude, avec un taux de présence de l’élève de 10 périodes par semaine, en est un exemple. Nous verrons par ailleurs, dans l’étude du thème considérations sur l’intégration scolaire, que la grande majorité des parents que nous avons interrogés considèrent qu’il est nécessaire que cette dualité de prise en charge persiste pour permettre de répondre au mieux aux besoins de l’enfant en situation de handicap.

6.2.1 Effets perçus pour l’élève intégré selon la variable expérience

Les données présentées dans le tableau 5, ci-dessous, suggèrent qu’il existe une différence dans l’évaluation de ce thème par les parents avec et sans expérience.

Tableau 5 : Effets perçus pour l’élève intégré selon la variable expérience

Avec expérience (N = 9) questionnaire ; (-) = affirmations négatives ; (+) = affirmations positives

a Les pourcentages ne somment pas exactement à 100 du fait des arrondis.

Nous constatons en effet que les parents avec expérience ont un avis plus partagé que les parents sans expérience (affirmations 19, 29 et 18). Le coefficient de Cramer est de 0,24, ce qui suggère qu’il existe une relation, qualifiée de moyenne, entre la variable expérience et l’évaluation des effets perçus de l’intégration pour l’élève intégré.

Cette différence pourrait s’expliquer par le fait que les parents avec expérience ont une représentation plus concrète de la déficience et du handicap. Pierre relevait ainsi lors de notre entretien : Quand on a un contact, quand on est plus en contact avec des gens qui sont handicapés, on a plus de connaissances, plus de savoirs de qu’est-ce qu’ils ont besoin, que quand on est à côté de tout ça (Pierre, p. 2, l. 42-44). Il nous semble par conséquent possible que ces parents évaluent avec davantage de nuance que les parents sans expérience les

avantages qu’une classe ordinaire peut représenter pour le développement social et scolaire de l’élève en situation de handicap.

6.2.2 Effets perçus pour l’élève intégré selon la variable genre

Aucune différence n’a été constatée dans l’évaluation de ce thème par les mères ou par les pères.

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