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6. Résultats

6.1 Résultats relatifs au thème Comportement

La dimension comportementale est un élément central dans l’acceptation par le parent de la situation d’intégration dans la classe de son enfant. Comme nous l’avons relevé dans notre revue de littérature, beaucoup de parents ne souhaiteraient pas qu’un enfant avec des

7 Rappel de nos questions de recherche n°1 et 3 : Les attitudes d’un adulte vis-à-vis de l’intégration scolaire sont-elles influencées par son expérience avec une personne situation de handicap ? ; Le genre du parent joue-t-il un rôle dans son attitude vis-à-vis de l’intégration ?

troubles du comportement soit intégré dans la classe (Peck et al., 2004 ; York & Tunidor, 1995 ; Kniveton, 2004). Les données de nos questionnaires relatives au comportement de l’élève en situation de handicap intégré dans la classe sont répertoriées dans le tableau 2 ci-dessous.

Tableau 2 : Comportement

Total des réponses données : n = 28 = 100 % D’accord Pas

d’accord

Non-réponse 11 (-) L’élève en situation de handicap démontre plus de comportements inappropriés

qu’un autre élève. 7 6 1

12 (-) Je m’inquiète davantage du comportement en classe de l’élève en situation de

handicap que du comportement des autres élèves. 2 11 1

Préoccupés par le comportement Non préoccupés par le comportement

Non-réponse

Total : 9/28 = 32 % 17/28 = 61 % 2/28 = 7 %

Légende : en jaune = affirmations issues de la première partie du questionnaire ; (-) = affirmations négatives

Les résultats indiquent que les parents ne sont, dans leur majorité, pas préoccupés par le comportement. Toutefois, 32 % des réponses données sont négatives au thème, ce qui suggère que le comportement de l’élève intégré dans la classe est un sujet qui peut inquiéter certains parents. Si une réponse positive à l’affirmation 11 ne signifie pas que le parent s’inquiète du comportement de l’élève, elle dénote toutefois qu’il y est sensible ; or sept parents sur les quatorze qui ont répondu à la question, soit la moitié, ont répondu par l’affirmative. Seuls deux parents ont signifié s’inquiéter davantage du comportement de l’élève intégré que de celui des autres élèves (affirmation 12). Il s’agit de Paul et Catherine.

Paul, au contraire de Catherine, faisait également partie des sept parents ayant donné une réponse positive à l’affirmation 11.

Les informations collectées dans nos entretiens permettent de préciser cette brève analyse.

Nous y avons trouvé confirmation de l’intérêt porté par les parents au comportement en général, non forcément en lien avec le handicap. En effet, comme le montraient Peck et al.

(2004), ce sont les difficultés de comportement, de façon générale, et non uniquement celles liées à l’élève en situation de handicap, qui inquiètent les parents. Les parents font ainsi la distinction entre les troubles du comportement et les besoins spécifiques, comme l’illustre le propos suivant : Moi je suis plus inquiète par les enfants qui ont des troubles du comportement que par les difficultés, les besoins spécifiques (Simone, p. 6, l. 172-173). Marie va dans le même sens lorsqu’elle relève :

C’est pas le handicap qui pose problème, c’est le comportement. […]. Alors je pense que c’est beaucoup plus lourd que des enfants qui ont des déficiences intellectuelles où franchement ils dérangent pas, sauf qu’ils demandent plus d’attention pour

l’apprentissage. Tandis que ceux qui sont… il y a des gros perturbateurs quoi. Alors ça pour moi […] j’ai plus de peine. (Marie, p. 10, l. 325-331)

Parlant de l’élève intégrée dans la classe de son fils, Marie souligne également : elle perturbe personne, elle est chou (Marie, p. 107, l. 469).

Néanmoins, Denise mentionne des comportements inappropriés que peut manifester un élève en situation de handicap et la difficulté que ceux-ci pourraient représenter pour la classe :

Oui, moi je pense que ça peut être stressant, oui. Si c’est un enfant qui a un comportement un peu erratique, un peu inattendu… […] Mais c’est vrai que s’il y a des choses un peu violentes, des cris, tout d’un coup des comportements… oui, il faut gérer, c’est… (Denise, p. 15, l. 486-490)

Ces divers propos confirment l’importance que peut revêtir le thème du comportement pour les parents d’élèves. Nous pouvons en déduire que si le comportement de l’élève n’est pas en adéquation avec ce qui est habituellement attendu en classe et qu’il perturbe la dynamique du groupe ainsi que les apprentissages des autres élèves, des parents pourraient émettre des réserves quant à la présence de l’élève dans la classe de leur enfant.

6.1.1 Comportement selon la variable expérience

Aucune différence n’a été constatée dans l’évaluation de ce thème par les parents avec ou sans expérience.

6.1.2 Comportement selon la variable genre

Les résultats présentés dans le tableau 3, ci-après, suggèrent l’existence d’une différence dans l’évaluation de ce thème par les pères et par les mères.

Tableau 3 : Comportement selon la variable genre Légende. En jaune = affirmations issues de la première partie du questionnaire ; (-) = affirmations négatives

a Les pourcentages ne somment pas exactement à 100 du fait des arrondis.

Nous observons que les mères expriment davantage d’avis favorables au thème (57 %) que les pères (50 %), ce qui indique qu’elles seraient moins préoccupées par le comportement de l’élève intégré que les pères. Le coefficient de Cramer est de 0,28, suggérant qu’il existe une relation moyenne entre la variable genre et l’évaluation du thème comportement. Comme nous l’avons expliqué, étant donné le nombre relativement restreint de répondants, nous ne pouvons pas attribuer de valeur significative à ce coefficient. Ce dernier révèle cependant que les différences constatées ne sont pas uniquement dues au hasard, mais qu’il semble exister une légère différence entre les deux groupes de répondants dans leur façon de se situer vis-à-vis du thème.

La différence entre les deux groupes apparaît principalement dans la réponse à l’affirmation 11 (en gras dans le tableau), relative aux comportements inappropriés que l’élève en intégration pourrait manifester en classe. Les mères, avec 43 % d’avis favorables et 43 % d’avis défavorables, sont partagées, tandis que les pères, avec 80 % d’avis favorables, considèrent dans leur grande majorité que l’élève intégré démontre plus de comportements inappropriés qu’un autre élève. Nous pouvons certainement lier ce résultat aux conclusions de Balboni et Pedrabissi (2000) : le fait que les mères sont, de façon générale, plus investies dans la scolarité de leur enfant et, ainsi, mieux informées de ce qui se déroule dans sa classe, pourrait constituer un élément d’explication. Autrement dit, les mères auraient une connaissance plus aigüe de la réalité de la vie de la classe que les pères et pourraient alors avoir constaté ou appris que l’élève ne manifeste pas davantage qu’un autre élève de comportements inappropriés. Deux constats de parents dans nos entretiens appuient cette

hypothèse. Concernant l’investissement des parents dans la scolarité de leur enfant, Marie remarque en effet :

il me semble que les pères ils sont peut-être moins impliqués maintenant encore n’est-ce pas ? […]. Je vois qu’il y a beaucoup de mères, quand même encore, qui sont peut-être plus impliquées dans la scolarité de leurs enfants. […]. Les pères ils voient ça peut-être de plus loin. (Marie, p. 44, l. 1474-1477)

Corroborant les conclusions de Balboni et Pedrabissi (2000), une mère relevait en outre être plus en faveur de l’intégration scolaire que son mari, François, car elle était mieux informée que ce dernier sur son déroulement. C’est par exemple elle qui s’était rendue aux réunions des parents d’élèves.

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