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6. Résultats

6.7 Intégration vécue vs pratique de l’intégration scolaire en général

Dans notre revue de littérature, nous avions présenté des recherches ayant démontré que les parents se positionnaient plus favorablement vis-à-vis de l’intégration scolaire lorsqu’ils en avaient eux-mêmes fait l’expérience (Balboni et Pedrabissi, 2000 ; Miller et al., 1992 ; Peck et al., 2004). Nous souhaitons compléter ce constat en examinant si les parents évaluent plus positivement une situation d’intégration vécue que l’intégration scolaire comme pratique éducative en général. Ce point fait référence à notre deuxième question de recherche : Existe-t-il une différence entre l’attitude des parents vis-à-vis de la situation d’intégration vécue et celle vis-à-vis de l’intégration comme pratique éducative en général ?

Notre questionnaire était constitué de deux parties distinctes : la première partie avait trait à la situation d’intégration vécue, alors que la seconde portait sur l’intégration scolaire en général d’élèves porteurs d’une déficience intellectuelle. Les tableaux 23 et 24 ci-après nous permettent de répondre à notre question en observant si l’une ou l’autre des deux parties du questionnaire suscite davantage de réponses favorables chez les parents.

Tableau 23 : Situation vécue

3(+) L’intégration de l’élève en situation de handicap apporte un enrichissement pour

le développement social de mon enfant. 14 0 -

4(+) La présence de l’enfant en situation de handicap dans la classe de mon enfant

permet la création de liens d’amitié entre les enfants avec et sans handicap. 13 1 - 5(+) L’intégration de l’enfant en situation de handicap dans la classe développe chez

mon enfant une plus grande acceptation de la différence. 14 0 -

7(-) L’attention que l’enseignante doit porter à l’élève en situation de handicap

intégrée dans la classe se fait au détriment des autres élèves. 4 10 -

8(+)

La présence de l’élève en situation de handicap dans la classe de mon enfant n’empêche pas l’enseignante de répondre correctement aux besoins de tous les élèves.

13 1 -

9(-) L’intégration de l’élève en situation de handicap dans la classe de mon enfant

freine l’avancement du programme. 2 11 1

10(+) La qualité de l’enseignement et des apprentissages n’est pas réduite par la

présence de l’élève en situation de handicap dans la classe. 13 1 -

11(-) L’élève en situation de handicap démontre plus de comportements inappropriés

qu’un autre élève. 7 6 1

12(-) Je m’inquiète davantage du comportement en classe de l’élève en situation de

handicap que du comportement des autres élèves. 2 11 1

13(-) Il est difficile de maintenir la discipline dans la classe de mon enfant à cause de

la présence de l’élève en situation de handicap. - 13 1

Légende. En jaune = affirmations issues de la première partie du questionnaire ; (-) = affirmations négatives ; (+) = affirmations positives

Les pourcentages indiquent que les parents sont, dans leur ensemble, très favorables à la situation d’intégration dans la classe de leur enfant (85 % de réponses favorables). En outre, peu de non-réponses sont constatées. L’intégration de Sophie semble donc être très bien perçue par les parents d’élèves de la classe.

9 Il s’agit d’affirmations dont la réponse ne permettait pas de déterminer si elle exprimait un avis favorable ou défavorable vis-à-vis du thème étudié : 6. L’enfant en situation de handicap placée dans la classe de mon enfant demande plus d’attention et de temps à l’enseignante ; 21. Un enfant avec une déficience intellectuelle a des difficultés à gérer les rythmes et les règles imposés par une classe ordinaire ; 33. Les enfants avec une déficience intellectuelle et les enfants sans déficience se ressemblent plus qu’ils ne sont différents.

Tableau 24 : Pratique de l’intégration scolaire en général

Les enfants avec une déficience intellectuelle devraient avoir l’opportunité de suivre une scolarité ordinaire, dans les mêmes classes que les élèves sans

20(+) Seriez-vous d’accord que votre enfant travaille à la même table qu’un enfant

avec une déficience intellectuelle ? 14 0 -

22(+) Il est normal que l’enseignant propose des adaptations de rythme pour les

enfants en intégration. 12 1 1

23(-) Les élèves avec une déficience intellectuelle font davantage de progrès

scolaires dans les classes spéciales que dans les classes ordinaires. 7 4 3

24(+)

Les compétences sociales des élèves avec une déficience intellectuelle s’améliorent davantage dans les classes ordinaires que dans les classes

spéciales. 8 3 3

25(-) Seriez-vous réticent à ce que votre enfant joue avec un enfant avec une

déficience intellectuelle durant les récréations ? 3 11 -

26(-) Seriez-vous réticent à ce que votre enfant se lie d’amitié avec un enfant avec

une déficience intellectuelle? 2 12 -

27(-) Les personnes en faveur de l’intégration d’enfants avec une déficience intellectuelle dans les classes ordinaires ne se préoccupent pas assez de la qualité de l’éducation cantonale.

2 7 5

28(-) Les comportements inhabituels des enfants avec une déficience intellectuelle

sont imités par les enfants de la classe. 4 10 -

29(+) Une classe ordinaire aide à préparer les enfants avec une déficience

intellectuelle à vivre dans notre société. 11 0 3

30(-) Les classes spéciales préparent mieux les enfants avec une déficience

intellectuelle à vivre dans notre société que les classes ordinaires. 7 2 5

31(+) Si j’étais le parent d’un enfant avec une déficience intellectuelle, je

souhaiterais qu’il soit intégré dans une classe ordinaire. 10 3 1

32(-) Si j’étais le parent d’un enfant avec une déficience intellectuelle, je voudrais

qu’il soit dans une classe spéciale. 7 5 2

34(+) L’intégration d’un enfant avec une déficience intellectuelle favorise son

sentiment d’appartenance à la communauté. 14 0 -

35(+) L’intégration permet aux enfants sans handicap de développer des

comportements d’entraide et de solidarité. 14 0 -

36(+) J’espère que dans le futur les écoles intégreront davantage d’enfants avec une

déficience intellectuelle. 13 1 -

37(-) Il est nécessaire de mieux connaître les effets de l’intégration avant qu’elle ne

devienne une pratique courante. 12 1 1

Favorable Défavorable Non-réponse

Totala : 182/266 = 68 % 60/266 = 22 % 24/266 = 9 %

Légende. En vert = affirmations issues de la seconde partie du questionnaire ; (-) = affirmations négatives ; (+) = affirmations positives

a Les pourcentages ne somment pas exactement à 100 du fait des arrondis.

Bien que nous observions 22 % de réponses défavorables, les parents sont plutôt favorables à la pratique de l’intégration scolaire en général (68 % de réponses favorables). Le nombre de non-réponses est en outre relativement élevé (9 %).

Les pourcentages totaux des deux tableaux indiquent une tendance des parents à évaluer plus positivement les affirmations relatives à la situation d’intégration vécue (85 %) que les affirmations faisant référence à l’intégration scolaire en général d’élèves avec une déficience intellectuelle (68 %). Le coefficient de Cramer est de 0,20, ce qui suggère qu’il existe une relation faible à moyenne entre la position des parents et la partie du questionnaire

considérée. Plusieurs raisons nous semblent à même d’expliquer cette différence d’appréciation.

Premièrement, la situation d’intégration vécue est familière et concrète pour les parents, à l’inverse de la situation décrite dans la seconde partie du questionnaire, qui peut susciter davantage d’interrogations. Les questions que les affirmations de cette partie soulèvent peuvent alors mener les parents à répondre avec plus de réserves. Ainsi, plusieurs parents ont relevé dans les entretiens que l’adéquation de l’intégration dépendait de la situation. Simone explique par exemple :

Mais, c’est comme si on veut faire de l’apprentissage par l’expérience, on va se dire, ça s’est bien passé là, du coup, on va continuer. Mais c’est pas aussi simple que ça quoi. Parce que ça s’est bien passé là, pis il se trouve qu’avec un autre enfant les besoins sont pas les mêmes, les enseignants sont pas les mêmes, le groupe classe n’est pas le même et euh… ça peut coincer. (Simone, p. 17, l. 539-543)

François remarque également : Mais après c’est toujours la même chose, là il y a une élève et pis tout se passe bien. Peut-être que c’est chaque fois au cas par cas (François, p. 1, l. 13-14).

Deuxièmement, la situation d’intégration vécue se déroulant bien, les parents ont tendance à l’évaluer très positivement. D’ailleurs, tous les parents interrogés par entretien ont relevé la qualité de l’intégration. L’absence de référence à une situation concrète et positive pour répondre à la seconde partie du questionnaire peut avoir amené les parents à évaluer moins positivement l’intégration en général.

Troisièmement, enfin, la formulation et la nature de certaines affirmations de la seconde partie du questionnaire ont pu contribuer aux résultats constatés. Comme nous l’avons vu, plusieurs affirmations ont donné lieu à des non-réponses, ce qui illustre la difficulté qu’ont eue certains parents à se situer pour ou contre celles-ci. En outre, les difficultés d’interprétation et de compréhension ont pu conduire des parents à donner des réponses négatives alors même qu’ils se positionnaient de façon favorable vis-à-vis de l’intégration scolaire. Ainsi, comme nous l’avons vu précédemment, il est fort possible que les affirmations 25 et 26 aient été mal interprétées. Or, sur un si petit nombre de répondants, chaque réponse a un impact considérable sur le résultat final.

Quoiqu’il en soit, bien que les parents affichent une plus grande retenue vis-à-vis de l’intégration scolaire en général, les résultats indiquent qu’ils se situent, dans leur majorité (68 % de réponses favorables), en faveur d’une telle intégration d’élève atteints d’une déficience intellectuelle, ce qui est très réjouissant.

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