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4.1 Les orientations et les conditions de participation du programme Sport-études

4.1.3 Résultats de l’analyse des données qualitatives

Pour ficeler notre analyse des orientations et des conditions de participation du programme Sport-études, nous puisons dans les entretiens de groupes menés auprès de quinze participants afin d’offrir un éclairage additionnel aux constats émergeant des deux sous-sections précédentes. Ainsi, nous abordons les contenus d’entrainement, l’identification des élèves- athlètes, la structure d’organisation du programme Sport-études ainsi que le rôle des entraineurs au sein de celle-ci. Nous espérons que ces informations qualitatives permettent de mieux saisir le contexte du programme Sport-études.

Organisation du programme Sport-études

Après une activité brise-glace en début d’entretien, nous avons demandé aux participants de nous décrire une journée typique de leur semaine – en l’occurrence, un mercredi! Nous cherchions ainsi à mieux comprendre à quoi ressemble le quotidien d’un élève-athlète.

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D’ordre général, deux tendances se dégagent en fonction du nombre d’entrainements quotidiens. D’abord, pour les participants n’ayant qu’un seul entrainement comme F_volleyball, sa journée se résume à : « […] durant l'année scolaire, je me lève à 6h, je pars

de chez nous vers 7h... si je ne rate pas le bus, j'arrive vers 7h30... hmm, ensuite je dîne et on part vers 13h, souvent on a de la musculation de 14h à 15h, et de 15h30 à 17h30 on a du volleyball puis là je rentre en bus... puis c'est ça ». À l’opposé, certains participants ont

mentionné avoir un entrainement additionnel, comme F_karaté nous l’explique : « Ben moi

dans le fond, je me lève à 6h15, je déjeune, je vais à l'école, à midi je mange, à 13h j'ai mon sport, je finis à 16h après ça je m'en vais chez nous, je soupe, le mercredi j'ai' ben je fais mes devoirs après avoir soupé, le mercredi j'ai un entrainement de 20h à 21h45, je retourne chez nous, je prends ma douche et je vais me coucher ». Il semble que le nombre d’entrainements

quotidien varie selon plusieurs facteurs tels la discipline sportive, le niveau de performance, l’équipe pour laquelle un joueur s’aligne ou encore le moment de la saison.

Autrement, nous avons questionné les élèves-athlètes sur des changements observés dans l’organisation de leur quotidien et nous avons eu peu de réponses, mis à part pour G_soccer_3 qui mentionne qu’« en secondaire 1, les vendredis, ont avait congé puis après, chaque jour on

s'entrainait » ou G_baseball_1 qui, en « secondaire 1-2-3 on s'entraine le matin et on va à l'école en après-midi. Là c'est le contraire et après ça on change ». Outre ces changements, il

ne semblait pas y en avoir d’autres, notoires.

Outre la structure du programme Sport-études, il est intéressant de noter que la composition des groupes-classes exclusifs comporte son lot de défis logistiques, et ce, particulièrement pour les sports d’équipe et pour les filles. Par exemple, les filles de soccer de secondaire 5 sont jumelées avec les garçons de secondaire 3. Pour expliquer cette situation, F_soccer_1 nous explique qu’elles ne sont tout simplement pas assez de filles pour avoir un groupe d’entrainement de leur niveau et du même sexe : « Ben avant, y'a des secondaires 4 aussi, pis

l'année passée, y'avait des 5. Là nous ne sommes que 3, mais y'en as une qui s'est blessée, donc elle n'a pas joué de l'année. Elle ne vient plus, elle s'est fait opérer. Donc il restait nous deux, puis on trouvait ça plate. Surtout que les secondaires 3 gars ne sont pas du même niveau que nous c'est sûr. On trouve ça un peu plate ». Autrement, le portait du hockey féminin

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semblait être différent jusqu’à récemment, avec l’ensemble des filles du secondaire 1 à 5 dans la même équipe. F_hockey nous l’explique : « nous autres avec le hockey c'est secondaire 1 à

5 dans le même groupe. Du moins, c'était ça quand j'étais en secondaire 1-2-3 ça été ça. Vu qu'on n’était pas assez de filles, ils ont changé - on est rendu avec des gars. Mais sinon c'était secondaire 1 à 5 les filles ensemble. Secondaire 1 à 3 quand tu es plus jeune ça te permet de t'améliorer beaucoup plus de jouer avec des plus vieilles ». Questionnée à propos de la

nouvelle structure, elle nous donne plus de détail sur sa réalité sportive : « on est 10-12 filles

de secondaire 3 à 5 qui sont ensemble avec un groupe de secondaire 4 de garçons et il y a quelques jeunes de secondaire 1 qui sont avec nous, des plus jeunes. On est comme séparé ».

Ces situations particulières ne semblent pas s’appliquer aux élèves-athlètes des autres sports. Soulignons cependant que le volume des groupes diffère grandement d’un sport à l’autre. Par exemple, ils sont 11 dans un groupe de snowboard contre 100 dans un groupe de baseball.

Conditions d’entrainement

Afin d’avoir une meilleure idée de la façon dont les élèves-athlètes remplissaient les quinze heures hebdomadaires minimalement consacrées aux activités sportives, nous avons questionné les participants sur leurs conditions d’entrainement. Sans entrer dans tous les détails, nous souhaitions comprendre ce qui était inclus dans leur pratique sportive, ce qui a évolué avec le temps, ce qui change au cours d’une saison ainsi que leur perception de ces conditions d’entrainement et la conciliation avec le volet scolaire.

Le premier constat est clair et sans équivoque, les conditions d’entrainement spécifiques au sport observées sont propres à chaque discipline sportive. D’une part, pour certains sports comme le ski de fond, la saison joue un rôle déterminant sur le contenu d’entrainement, comme l’indique F_skidefond : « Quand on n’est pas en hiver, on peut s'entrainer n'importe

où pas mal. L'après-midi c'est plus relax, on fait de la course ou du vélo, puis le soir c'est soit de la course ou du ski à roulette que l'on fait, puis ça c'est à St-Bruno ou à Montréal ».

Constat similaire pour les joueurs de soccer qui plutôt que jouer dehors pendant l’hiver, pratique le futsal, un dérivé de leur sport qui se joue en gymnase ou encore, du volleyball de plage à l’extérieur lorsque le printemps arrive. Outre les différences observées en fonction de la saison, on note que la composition des groupes a également des impacts sur le contenu

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sportif. Par exemple, pour F_hockey, le fait de ne pas avoir d’équipe de filles modifie substantiellement le contenu de travail : « Nous avec les filles, on a pas d'équipe de hockey

avec [mon école]. Les gars ont le midget espoir par exemple donc on ne peut pas aborder les aspects tactiques du hockey. Ce sera plus les habiletés personnelles. Donc c'est sûr qu'il nous a appris beaucoup là-dessus ».

Autrement, au-delà de la pratique spécifique du sport, la plupart des élèves-athlètes semblent avoir un suivi en préparation physique, c’est-à-dire du travail non spécifique au sport, mais hautement complémentaire comme de la musculation. Pour G_baseball_1, la venue d’un préparateur physique semble être le bienvenue : « On avait un préparateur qui est arrivé

en secondaire 2. Quand on était en secondaire 1, on n’avait pas de préparateur physique, donc c'est les coachs qui faisaient les entrainements et ils ne savaient pas trop quoi faire… Ils se rendaient compte que c'était trop dur après qu'on l'ait fait ».

En plus des entrainements spécifiques au sport et de la préparation physique, il semble que les joueurs de soccer bénéficient également de cours de préparation mentale. Le contenu de ces cours n’est pas tout à fait clair, G_soccer_4 parlant de : « de nutrition, de psychologies, de

tactiques du volet sportif », se montrant même très critiques à l’égard de ces cours : « Nous c'est juste que c'est mal utilisé. On écoute des matchs et faut dire combien de passes qu'il y a ». Fait intéressant à noter, malgré les critiques acerbes formulées par G_soccer_4, un

échange intéressant sur l’utilité de ces cours est venu l’idée d’un curriculum sportif inter-sport différent. En effet, contrairement à son collègue, l’une des élève-athlète aurait aimé avoir de tels cours :

« Moi justement dans mon programme, j'ajouterais de la nutrition puis du mentale. Tu

sais, même le monde aux olympiques, ça fait genre 20 ans qu'ils font leur sport, ils ont un psychologue sportif, une nutritionniste, ça t'aide tout au long de ta carrière de sport, peu importe à quel niveau que tu es, donc moi je pense que c'est quelque chose qui devrait être dans tous les sports, ce qui n'est pas le cas présentement. C'est sûr que ça peut faire une différence ». (F_skidefond)

Pour conclure la discussion sur les conditions d’entrainement, nous avons demandé aux participants quels étaient les impacts observés ou encore, l’évolution de ces conditions au

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cours des années. Pour F_karaté, le constat est assez clair, référant à son niveau de performance : « Moi ça parut à mon dojo dans mon club à Verchère, ça parait que tu as plus

d'entrainement que les autres. Quand tu passes de trois heures d'entrainements par semaine à 18h, ça parait ». Abondant dans le même sens, G_judo a tout de même souligné que les

conditions d’entrainement au sein du programme Sport-études ne sont pas à sous-estimer : « Parce que j'ai passé de deux entrainements de 1h30 par semaines à deux entrainements de

1h30 par jour. Ç’a été dur ça ». Identification des élèves-athlètes

Plus tôt, nous avons décrit les critères et mécanismes en place pour identifier les élèves- athlètes susceptibles de participer au programme Sport-études. Bien que la question dix-huit du questionnaire en ligne avait pour but de valider le statut des participants au programme Sport-études, nous avons constaté une méconnaissance de ce dernier. Conséquemment, nous avons cherché à savoir comment les participants à nos entretiens de groupe avaient été sélectionnés pour faire partie du programme Sport-études.

À notre grand étonnement, il semble que les joueurs de soccer participants à notre enquête ne sont pas reconnus comme des élèves-athlètes du programme Sport-études, mais bel et bien dans une concentration sport qui bénéficient des mêmes conditions de participation, comme nous F_soccer_1 : « Parce qu'il est en développement le programme. Comme là ils viennent de

rajouter le sport-études, nous, nous sommes des concentrations […] Eux qui sont en bleus sont des Sport-études, eux qui sont en rouge sont des concentrations, mais il n'y a que le secondaire un et deux en sport-études » ! Questionné à savoir s’ils voyaient des différences,

G_soccer_5 nous a répondu que le : « Sport-études c'est subventionné par le gouvernement,

pis tu vas avoir de l'argent. Mais nous, on a pas ça en concentration ». Chose certaine, ce ne

semble pas être quelque chose d’apparent comme le souligne avec précision F_soccer_1 : « c'est depuis cette année que ça parait parce que moi, je ne savais même pas qu'on était une

concentration avant cette année… on était tous pareil avant ». Nul besoin de souligner que

cette situation est pour le moins particulière puisque les participants identifiés par la direction scolaire pour prendre part à nos entretiens de groupe devaient être des élèves-athlètes du programme Sport-études. Est-ce qu’on confond leur statut réel avec celui de ces élèves-

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athlètes reconnus en vertu des conditions de participation identique ? Dans le cadre de nos entretiens, cette situation ne s’appliquait qu’aux joueurs et joueuses de soccer, mais peut-on penser que cela pourrait s’appliquer à d’autres soi-disant élèves-athlètes?

Au-delà de cette situation particulière, nous avons sondé les participants pour mieux comprendre comment ils avaient été sélectionnés pour être admis dans ce programme Sport- études. Pour les joueurs de soccer, F_soccer_1 nous dit que pour être admis au Sport-études : « il faut que tu sois en CDR [Centre de développement régional]… genre le AAA… faut que tu

sois dans les meilleurs joueurs au Québec ». On a un son de cloche différent pour

F_volleyball et F_skidefond qui ont simplement été sélectionnés par leurs entraineurs. Cette dernière nous partage son expérience : « Ben moi du ski, j'en fais depuis que je suis vraiment

jeune puis mon équipe de ski, Montériski, j'étais déjà dans le club depuis secondaire 2, en même temps que je faisais du triathlon en S-É. […] Mais y'a pas de test à faire, n'importe qui peut rentrer dans le programme de ski... dans le fond c'est notre coach qui décide ».

Supervision et encadrement des entraineurs

Comme nous l’avons expliqué plus tôt, le volet sportif du programme Sport-études est généralement confié à un mandataire externe, qui ne fait pas nécessairement partie de la structure scolaire. Pour démêler le tout, nous avons questionné les élèves-athlètes à ce sujet, souhaitant mieux comprendre dans quel cadre ils interagissaient avec leurs entraineurs.

D’abord, l’organigramme des entraineurs diffère d’un sport à l’autre. Pour les joueurs de soccer, on parle plus d’une équipe d’entraineur comme le souligne G_soccer_4 : « Y’a un

coach pour le mental, y'en a un pour le physique et un pour le terrain, la tactique sur le jeu. Pis, ben, les coachs du terrain peuvent être des coachs locaux aussi, donc ça se peut que ton coach qui t'entraine au sport-études soit le même que celui dans ta ville ». Renchérissant sur

ce commentaire, G_soccer_2 nous partage sa perception de ses entraineurs : « Celui sur le

terrain est sur le terrain… fait qu'ils ne travaillent pas vraiment ensemble ». Si on se tourne

vers le volleyball, on parle également d’une équipe d’entraineurs qui semble également ne pas travailler conjointement : « Je dirais que notre coach de volleyball et de musculation travaille