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1.1 Pratique sportive chez les jeunes

1.1.3 La pratique sportive « d’excellence » chez les jeunes

Plus tôt, nous exposions comment le sport chez les jeunes se faisait de plus en plus en contexte organisé. Les vertus potentielles associées à ce type d’activité ainsi que certains changements sociaux ont été avancés pour expliquer ce changement. Maintenant, bien que la pratique sportive organisée soit de plus en plus associée à un développement positif du jeune, des préoccupations émergent à l’idée de voir le sport chez les jeunes s’institutionnaliser, être surencadré et mettant l’emphase principalement sur le développement des compétences sportives, et ce, généralement au détriment du développement personnel (Côté & Fraser- Thomas, 2016). Dans les prochaines pages, nous discutons des raisons de cette tendance ainsi que des risques qu’elle pose.

Une nouvelle tendance

Notamment en raison de l’engouement pour les évènements mondiaux tels les Jeux olympiques, le Superbowl ou encore la médiatisation du sport (Janelle et Hillman, 2003), il semble que l’atteinte de l’expertise sportive, c’est-à-dire la production d’une performance sportive supérieure sur une longue période de temps (Starkes, 1993), est hautement considérée à notre époque. Certains prétendent que la popularité grandissante du sport professionnel au sein de la culture générale a modifié la perception que l’on a du sport et des possibilités qui s’y rattachent (Coakley, 2009; Gould et Carson, 2004). Dans les faits, cet intérêt pour le sport professionnel, grandement propulsé par les médias, amène les jeunes à s’identifier aux grands

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athlètes de ce monde et à les imiter tout en permettant aux parents d’offrir l’opportunité à leur enfant d’exceller dans le sport. En réponse à ce changement de perception, le sport chez les jeunes semble de plus en plus s’institutionnaliser. On associe quelques conséquences potentiellement néfastes à cette tendance.

D’abord, cette situation aurait notamment comme effet de brimer l’accessibilité du sport organisé aux jeunes provenant de milieu défavorisé (Coakley, 2009), puisque les programmes sportifs sont de plus en plus compétitifs, intensifs, orientés sur la performance et surtout coûteux (Côté et Fraser-Thomas, 2011; De knop, Skirtsad, Engstrom, Theeboom, et Wittock, 1996). Pour reprendre les objectifs du sport chez les jeunes cités plus tôt, cette trajectoire sportive pourrait donc compromettre l’objectif de participation induite à la pratique sportive chez les jeunes. Ensuite, il semble que plusieurs mythes et croyances sont colportés par certains praticiens œuvrant dans le sport chez les jeunes, particulièrement lorsque ceux-ci sont dans une démarche vers l’expertise sportive (Gould et Carson, 2004). La prédictibilité du succès à long terme basée sur les performances prépubères, la philosophie du « plus c’est mieux » ou encore la nécessité de sacrifier le plaisir inhérent à la pratique sportive afin d’atteindre les plus hauts sommets sont quelques exemples de mythes utilisés par des organisations sportives voulant identifier et développer la prochaine génération d’athlètes professionnels (Gould et Carson, 2004).

Visiblement, cette institutionnalisation du sport, que l’on pourrait appeler la pratique sportive dans un but d’expertise sportive, semble être exposée à un ensemble de retombées potentiellement négatives pour le participant. Ici-bas, nous discutons justement de celles-ci. D’abord, nous parlons des diverses initiatives pour identifier le talent tant recherché dans ces programmes sportifs, ensuite, de l’orientation de ces programmes, ce qui, rappelons-le, est l’un des facteurs déterminants de l’expérience sportive et du développement positif de l’athlète (Coakley, 2011) et finalement, les retombées développementales associées à la pratique sportive dite intensive.

17 Détection du talent sportif

Un des premiers éléments caractéristiques de ces programmes sportifs axés sur l’aspect performance est leur propension à vouloir « détecter le talent sportif ». Ainsi, malgré toutes les évidences qu’offre la littérature par rapport à l’inefficacité des méthodes d’identification du talent avant la puberté, beaucoup de parents de jeunes sportifs croient que le talent peut être découvert et développé en jeune âge (Baker, Cobley, et Schorer, 2012; Gonçalves, Rama, et Figueiredo, 2012; Gould et Carson, 2004). En effet, plusieurs programmes sportifs ayant pour but de favoriser le développement du talent et l’atteinte de l’expertise visent à offrir des conditions optimales de développement tels que des entraineurs hautement qualifiés et un environnement à la fine pointe de la technologie (Cobley, Schorer, et Baker, 2012). Dans la littérature, on identifie un tel programme comme un Programme de Détection et Développement du Talent Sportif (PDDTS). Pour reprendre les propos de Cobley, Schörer et Baker (2012), la première des deux prémisses des programmes de DDTS, est que le talent est identifiable et donc par extension, mesurable. Par contre, la complexité et le nombre de facteurs très élevés qui infèrent sur le talent sportif mine notre compréhension des qualités nécessaires pour éventuellement atteindre l’expertise sportive. La deuxième prémisse fondamentale aux programmes de DDTS est que les performances faites à l’âge adulte peuvent être prédites par des performances faites en bas âge. Sur cette question, plusieurs chercheurs se sont prononcés voulant qu’il est très hasardeux, voire contre-productif, de se baser sur des performances réalisées avant la puberté pour prédire le succès futur (Baker, 2003; Vaeyens, Güllich, Warr, et Philippaerts, 2009). D’ores et déjà, puisqu’il appert que les deux prémisses de base ne sont pas robustes à l’épreuve de la science, il y a certainement matière à soulever des doutes sur la validité et surtout l’efficacité des programmes de DDTS. Pour appuyer ces propos, on peut penser à l’étude de Barreiros et coll. (2014) qui s’est intéressée à la prédictibilité du succès sportif en bas âge vers le succès international à l’âge adulte. Répertoriant tous les participants et participantes d’une cohorte d’équipes nationales portugaises de quatre sports différents, les chercheurs ont conclu que seulement le tiers des 395 athlètes répertoriés ayant été sélectionné sur l’équipe nationale junior ont réussi à faire le saut sur l’équipe nationale niveau senior. Ces constats renforcent l’idée que le succès à l’enfance ou l’adolescence (ici identifié par la sélection sur l’équipe nationale junior) n’est pas

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un prédicateur fiable du succès à l’âge adulte (ici identifié par la sélection sur l’équipe nationale senior).

Approche par spécialisation hâtive

Lorsqu’on parle de programmes sportifs axés sur la performance chez les jeunes, on fait généralement référence à une approche par spécialisation hâtive. Cette approche se caractérise par quatre paramètres distincts : (1) début de la pratique sportive à l’enfance (2) l’enfant s’engage dans la pratique d’une seule discipline sportive (3) un niveau de concentration et d’entrainement très élevé dès l’entrée dans le sport, ainsi que (4) la participation à des compétitions (Baker, Cobley, & Fraser-Thomas, 2009).

Cette approche s’inspire notamment des travaux sur la pratique délibérée d’Ericsson, Krampe et Tesch-Römer (1993). Ceux-ci ont en effet amené une nouvelle conception du développement de l’expertise qui a influencé non seulement le milieu scientifique, mais également la communauté sportive en général (entraineurs, athlètes, médias, etc.) et ce, bien que leur étude fût conduite avec des joueurs de violon ! En sommes, ces auteurs soutiennent que l’atteinte de l’expertise serait en grande partie imputable au nombre d’heures de pratique spécifique à une activité. Leur contribution au champ d’études est notamment d’avoir conceptualisé cette pratique spécifique comme relevant de la pratique délibérée, c’est-à-dire de la tâche consciente et organisée d’actions ou d’enchainements d’actions dans le but d’améliorer une performance à venir. Cette pratique consume du temps et de l’énergie, le plaisir n’est pas inhérent à l’action et la motivation à pratiquer réside dans l’atteinte d’une performance future. Selon des tenants de cette approche, la pratique délibérée est nécessaire et suffisante pour atteindre l’expertise (Ericsson, Prietula, & Cokely, 2007). Bien qu’Ericsson et ses collaborateurs (1993) ne l’aient pas dit de façon succincte dans leur étude, la règle voulant que 10 000 heures ou dix ans de pratique délibérée sont nécessaires à l’atteinte de l’expertise a gagné en popularité (Epstein, 2013; Baker, Horton, Robertson-Wilson, et Wall, 2003; Baker et Horton, 2004; Williams et Ford, 2008). Brièvement, l’approche de la spécialisation hâtive sous-tend qu’un athlète devrait se spécialiser dans une seule discipline sportive dès son jeune âge et valoriser la pratique délibérée, avant toute autre forme de pratique. Bien que la spécialisation hâtive s’est avérée être efficace pour atteindre l’expertise sportive,

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particulièrement dans certaines disciplines sportives où le pic de performance est avant la puberté, telle la gymnastique artistique (Law, Côté, et Ericsson, 2008), ou encore lorsqu’un sport est prédominant dans une culture, comme le soccer en Angleterre ou le hockey au Canada (Williams et Ford, 2008), on y associe plusieurs risques. Par exemple, les conditions de participations relatives à cette approche comporteraient des dangers pour la santé des jeunes (Wiersma, 2000), des risques plus élevés de décrochage sportif (Jessica Fraser-Thomas, Côté, et Deakin, 2008; Wall et Côté, 2007) et d’épuisement sportif (Brenner, 2007). Bref, plusieurs chercheurs remettent en doute cette approche pour diverses raisons. D’abord, elle ne semble pas être garante de l’atteinte de l’expertise, mise à part pour une infime portion des participants (Côté et Abernethy, 2012; Côté, 1999; Gonçalves, Rama, et Figueiredo, 2012; Malina, 2010). Ensuite, puisqu’elle ne procure pas un plaisir immédiat et qu’elle est épuisante, la pratique délibérée mine la participation sportive – immédiate et à long terme – des jeunes. Également, elle peut avoir des conséquences négatives sur développement personnel des jeunes (Baker, 2003; Côté et Fraser-Thomas, 2011; L. Wiersma, 2000). Ainsi, on note que l’approche par spécialisation hâtive est en adéquation avec deux des trois visées du sport chez les jeunes que nous avons présentées plus tôt (Côté & Hancock, 2016).

Retombées développementales

À plusieurs moments dans le présent travail, nous avons exposé que les retombées associées à la pratique sportive étaient généralement le fruit de l’interaction d’un ensemble de facteurs. Dans cette section du travail, nous nous intéressons particulièrement aux effets de la pratique sportive intensive sur le développement d’un athlète. Maintenant, avant d’aborder les impacts de la pratique sportive sur le développement, il convient de spécifier qu’au-delà des impacts usuels sur les plans psychologique, physiologique et social qui s’opèrent à l’adolescence, ce qui caractérise un jeune dans une démarche d’atteinte de l’expertise, c’est que chaque journée soit perçue comme une étape de l’engagement à long terme dans le sport compétitif (Brettschneider, 1999). Dans ce cadre, la participation sportive devient prépondérante et régulatrice de la vie des athlètes et la spécialisation sportive est ce moment dans le temps où l’on considère qu’un athlète s’engagera dans cette démarche (Capranica & Millard-Stafford, 2011). Le moment de la spécialisation, dépend généralement du programme

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sportif ou encore, des exigences de la discipline même. Successivement, nous présentons les risques puis les bénéfices associés à ce type de pratique.

Risques

D’entrée de jeu, il faut souligner que la plupart des effets néfastes reliés à la pratique sportive intensive ont lieu lorsque le jeune se spécialise hâtivement dans son sport. Pour plusieurs raisons, l’approche de la spécialisation hâtive, brièvement décrite et critiquée dans la section précédente, peut miner le désir de l’athlète à adopter la pratique sportive comme mode de vie (Brenner, 2007). En nous inspirant du cadre de référence du National Research Council

and Institute of Medicine (2002), nous explorerons les risques associés à la participation

sportive intensive, particulièrement chez les jeunes, selon les dimensions physique, psychologique et sociale.

Au niveau physique, la pratique sportive intensive peut mener aux blessures d’usure, c’est- à-dire à des dommages microtraumatiques aux os, tendons ou muscles, causés par un stress répétitif (Brenner, 2007; Malina, 2010). Les jeunes sont particulièrement concernés, puisque le corps en maturation ne peut soutenir la même quantité de stress qu’un adulte. De plus, il semble que plus le niveau de compétition augmente, plus le jeune athlète est à risque de blessures, particulièrement dans les sports individuels et dans une approche de spécialisation hâtive (Oliver, Lloyd, et Meyers, 2011). Ces conclusions sont validées par Law, Côté et Ericsson (2008), qui ont également observé que le niveau de santé global des gymnastes artistiques expertes diminuait au fil de leur participation. Comme rapporté par Baker et ses collègues (2009), certains chercheurs ont associé la pratique sportive intensive à une altération de la poussée de croissance et de la maturation, mais à ce jour, aucune relation de cause à effet n’a été prouvée (Malina et al., 2013).

Au niveau psychologique, la pratique sportive peut être perçue négativement par les jeunes lorsqu’ils sentent de la pression pour gagner, ainsi que s’ils se perçoivent incompétents ou nuisibles pour l’équipe (Fraser-Thomas et Côté, 2009; Fraser-Thomas et al., 2005). On associe également le sport de compétition avec une hausse de stress et d’anxiété à la performance (Committee on Sports Medicine and Fitness, 2000). Autrement, les athlètes engagés dans une

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démarche d’excellence sont plus à risque du syndrome de surentrainement, également appelé épuisement sportif. Celui-ci se définit par un ensemble de changements physiques, psychologiques et hormonaux qui mènent à une diminution des performances sportives (Brenner, 2007). En effet, une pratique excessive, particulièrement délibérée, et un stress chronique seraient des facteurs de risque à l’épuisement sportif (Campitelli et Gobet, 2011; Martens, 1993). Coakley (1992) amène un point de vue fort intéressant, en associant ce phénomène non seulement aux caractéristiques individuelles de l’athlète, mais également au contexte social du sport de haute performance, insistant sur les buts poursuivis par les parents et les entraineurs, ainsi que la grande pression exercée sur les athlètes, particulièrement lorsqu’ils sont adolescents. Ayant peu d’information sur celui-ci, il y a lieu de se questionner sur les buts poursuivis par les agents socialisants (parents, entraineurs, athlètes, etc.) qui font partie de ce contexte. Sinon, il semble y avoir un lien entre la pratique intensive du sport et certains problèmes alimentaires, particulièrement dans les sports où l’aspect esthétique est jugé, comme la gymnastique ou le patinage artistique (Committee on Sports Medicine and Fitness, 2000). Donnelly (1993) associe cela aux comportements excessifs que peuvent parfois démontrer certains athlètes d’excellence. Finalement, partant de la prémisse que les jeunes engagés dans une démarche d’expertise valorisent hautement leur sport, une succession d’échecs sportifs peut miner leur estime de soi et leur motivation (Martens, 1993). Ultimement, cela pourrait affecter le plaisir relié à la pratique sportive et les éloigner du sport momentanément ou de façon permanente (Baker et al., 2009). À ce titre, une des conséquences observées de la spécialisation hâtive est une hausse du taux de décrochage sportif (Baker, 2003; Butcher, Lindner, et Johns, 2002; Wiersma, 2000). Dans la section précédente, une des observations de Perreault (2005) faisait état du taux de décrochage assez élevé pour les élèves de secondaires 4 et 5. Les raisons évoquées étaient diverses et nous remettons en question le fait qu’être dans une discipline sportive unique pendant une longue période de temps peut avoir une incidence.

Au niveau social, Donnelly (1993) a rapporté qu’au terme d’entrevues menées avec 45 athlètes d’excellence récemment retraités, plusieurs avaient mentionné connaître des difficultés dans la conciliation des exigences sportives et des relations sociales. Par exemple, l’absence de vie familiale, des problèmes financiers et le manque d’indépendance à

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l’adolescence sont ressortis comme obstacles rencontrés. Dans les relations avec leurs pairs, certains athlètes ont mentionné ne pas avoir eu assez d’occasions de prendre part aux activités normales d’un adolescent, comme faire la fête ou être avec des amis. Les propos rapportés par ces athlètes renforcent l’idée de Malina (2010) que cette pratique sportive accentue l’isolement social de l’athlète à une période cruciale de son développement, soit l’adolescence. En effet, en raison de l’engagement en temps et en énergie, il appert que certains jeunes athlètes échouent à développer un ensemble de compétences sociales et deviennent très centrés sur eux-mêmes (Martens, 1993). Autrement, bien qu’elles n’aient pas été effectuées sur des athlètes dans une démarche d’expertise, une recherche sur le développement social d’une vingtaine d’athlètes d’âge scolaire secondaire de quatre sports différents (basketball, volleyball, soccer et badminton) suggère que la pratique sportive nuirait à l’adoption de valeurs morales positives (Camiré et Trudel, 2010). Une autre recherche, cette fois effectuée sur des joueurs de soccer au Québec avance que la pratique sportive normaliserait des comportements jugés agressifs (Gendron, Frenette, Debarbieux, et Bodin, 2011). Dans ces deux études, l’environnement et l’entraineur sont identifiés comme facteurs d’influence principaux au développement social de l’athlète. Ces conclusions sont cohérentes avec celle de Rutten et ses collèges (2006), qui estiment que 7% des comportements antisociaux sont causés par des éléments spécifiques de l’environnement, comme les comportements valorisés par l’entraineur.

Bénéfices

Dans la section précédente, nous avons convenu que lorsqu’un programme sportif adopte des visées de participation, de performance et de développement personnel, des bénéfices développementaux peuvent être observés. Cela est vrai même dans les programmes sportifs qui visent l’excellence (Fraser-Thomas & Strachan, 2015). Ainsi, au terme d’entrevues avec 45 anciens athlètes d’excellence, Donnelly (1993) a conclu qu’au-delà des risques inhérents à la pratique sportive intensive, la plupart des athlètes considèrent, en rétrospective, que leur carrière sportive a été une expérience positive et à refaire. Cette conclusion nous interpelle puisqu’ultimement, toutes les formes de pratique sportive devraient favoriser le développement et le bien-être de ses participants, que ce soit sous la forme récréative ou compétitive (Siedentop, 2001). Comme exposé plus tôt, certaines approches telles la

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spécialisation sportive hâtive peuvent être nuisibles au développement physique, social, et psychologique de l’athlète. À l’opposé, les approches axées sur la diversification des moyens d’action en bas âge et une spécialisation progressive semblent à la fois répondre aux besoins développementaux des jeunes ainsi qu’aux objectifs de performance (Côté, Baker, & Abernethy, 2007). Reprenant à nouveau la typologie du NRCIM (2002), nous exposons les bénéfices associés à la pratique sportive, particulièrement dans un contexte de poursuite d’excellence.

Au niveau physique, en plus des bénéfices sur la santé associés à la participation sportive et reconnus par tous, les jeunes engagés dans une démarche d’expertise développent un ensemble de compétences motrices générales ou spécifiques. Cela est particulièrement vrai pour les jeunes athlètes qui diversifient leur pratique sportive dès leur entrée dans le sport afin d’acquérir des habiletés différentes (Côté et al., 2007). Bien que la recherche n’ait pas encore validé le concept de transférabilité des compétences d’un sport vers un autre, certaines évidences portent à croire que certaines de ces compétences générales seraient transférables (Côté, Baker, & Abernethy, 2003). Qui plus est, lorsque la pratique sportive est bien encadrée, des bénéfices sont observés en terme de croissance et de développement moteur (Fraser- Thomas et al., 2005).

Au niveau psychologique, toujours en fonction des exigences propres à leur discipline sportive, les jeunes athlètes développeront en tout ou en partie la capacité à se fixer des buts, à autoévaluer leurs performances, à utiliser l’imagerie mentale, à bien s’organiser, à être dévoué, à contrôler leur attention et gérer les distractions, à conjuguer avec la pression et avoir une conscience de soi développée faisaient partie de ces compétences (Bailey et al., 2010). Ces compétences ont également été identifiées comme déterminantes dans l’expertise sportive (Abbott & Collins, 2004; Orlick & Partington, 1988). Outre être nécessaire dans l’atteinte de l’expertise sportive, celles-ci seraient également transférables dans la vie en général (Danish, Forneris, Hodge, & Heke, 2004). Bien entendu, au-delà de ces compétences spécifiques, la pratique sportive compétitive peut entre autres contribuer à une hausse de l’estime de soi et du sentiment d’auto-efficacité (Fraser-Thomas et al., 2005), en plus de favoriser la résilience (Treasury, 2007).

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Au niveau social, le sport peut-être un véhicule pour promouvoir le développement social puisque l’athlète aura plusieurs opportunités d’interagir avec des jeunes et des adultes, dans des contextes et des lieux différents (Martens, 1993). À l’instar du développement des compétences motrices, les jeunes athlètes qui optent pour une diversification des activités en début de parcours sportifs sont exposés à plusieurs contextes et plusieurs individus, ce qui en soi leur permet de développer certaines compétences sociales (Côté et al., 2003). Parmi celles- ci, la coopération, la responsabilisation, l’empathie, le contrôle de soi et l’affirmation de soi ont été identifiés par Côté et Hay (2002a). Parallèlement à cela, Chelladurai (2011) a fait un lien entre le développement du leadership et la poursuite de l’excellence, affirmant que la démarche pour atteindre l’un, était semblable à l’autre. Au-delà des compétences, la participation sportive peut également contribuer à créer un réseau d’amis, tel que le rapportent plusieurs anciens athlètes d’excellence lors d’entrevues (Donnelly, 1993).

Résumé

Bien que la liste des risques et des bénéfices associés à la pratique sportive intensive ne soit