• Aucun résultat trouvé

Des réseaux de relations particulières jouent le jeu de la « coéducation »

Carte II-3 : Les lycées de garçons et le coenseignement en

II. Les familles à l’épreuve du coenseignement : les parents et leurs filles au collège ou au lycée de garçons

4. Des réseaux de relations particulières jouent le jeu de la « coéducation »

Les conditions d’enseignement général et classique ne sont pas forcément faciles d’accès pour les jeunes filles qui veulent achever des études secondaires jusqu’au baccalauréat. Le dispositif de la coinstruction chez les garçons devient la solution, notamment lorsqu’elles habitent loin d’un établissement féminin. C’est pourquoi des familles d’une même culture professionnelle s’organisent et défendent ensemble les intérêts de l’éducation de leurs filles. Les réseaux relationnels et professionnels permettent d’obtenir satisfaction dans un jeu d’équilibre entre besoins éducatifs et réglementation à respecter. Le cas des filles des officiers de la base militaire de Saint-Maixent dans les Deux-Sèvres illustrent la combinaison des interventions individuelles et collectives qui leur ont permis de trouver une place à côté des garçons.

a. Des familles de militaires464

Le général Rondenay directeur de l’École militaire d’Infanterie de Saint-Maixent, le ministre de la Guerre, le préfet des Deux-Sèvres, le principal du collège, et le Conseil municipal se mobilisent dès 1925 avant même que la première circulaire d’août 1926 soit émise. Ils agissent pour le compte des familles d’officiers militaires basées à Saint-Maixent dans les Deux- Sèvres465. En effet, « Les Officiers (au nombre d’une centaine, ayant presque tous de la famille)

et les Sous-Officiers de la garnison se trouvent dans l’impossibilité de faire parcourir sur place

463 Les familles de notaires et d’avocats selon leurs inclinations politiques et/ou religieuses rentrent dans la

catégories des familles qui préfèrent envoyer leurs enfants dans des institutions privées. Toutefois, à Carpentras, dans la seconde moitié des années trente et début quarante, le collège a scolarisé les trois enfants garçons et deux des quatre filles du notaire (Maître Falque) de la ville dont l’immeuble de l’étude et du domicile est mitoyen du collège Henri Fabre : rue du Collège ! Cependant, les enfants de cette famille de notaire n’est sans doute pas représentative de la population scolarisée dans les établissements publics et laïcs.

464AN, F17 14165, dossier de l’Académie de Poitiers. Échanges de correspondances diverses entre le 1er

septembre 1925 et le 14 octobre 1926.

175

à leurs filles le cycle entier des études secondaires466». Ils réclament « de donner aux jeunes

filles l’autorisation de suivre comme externes les cours du collège de garçons à partir de la classe de sixième467 » pour satisfaire le niveau culturel qu’ils souhaitent donner à leur

progéniture. Il y a bien une EPS de jeunes filles, mais les militaires gradés entendent donner à leurs enfants une formation plus prestigieuse que celle d’un niveau considéré comme primaire. Or, ils ne le peuvent pas pour des raisons financières. Payer les frais de scolarité, qui incombe encore à l’enseignement secondaire jusque dans les années 1930, gêne les familles parfois nombreuses d’officiers et sous-officiers, dont les soldes de l’État (selon les grades) sont modestes. Les conséquences nuisent à l’école militaire elle-même, voici ce qu’en dit le représentant du ministre de la Guerre :

Ceux d’entre eux qui en ont les moyens mettent leurs enfants pensionnaires dans les villes voisines : POITIERS ou NIORT ; les autres demandent leur changement et cette situation connue dans l’armée compromet gravement le recrutement des professeurs et des instructeurs de l’École Militaire d’Infanterie non seulement en quantité, mais même en qualité468.

Un autre aspect de la situation est évoqué par le principal du collège des garçons. Elle concerne le positionnement de l’institution scolaire vis-à-vis des relations qu’elle entretient avec l’autorité militaire, animatrice de la vie locale :

Les relations entre le Collège et l’École Militaire sont étroites et cordiales ; très souvent je dois faire appel à l’obligeance de Général RONDENAY ; ses laboratoires nous sont largement ouverts ; son matériel, ses professeurs et ses hommes sont constamment à notre disposition ; c’est ainsi que par exemple à l’heure actuelle, par suite de circonstances particulières, il me serait impossible d’assurer l’enseignement de la gymnastique, si M. le Général Commandant l’École Militaire ne m’avait offert spontanément pendant 6 heures par semaine – et à titre gratuit- un moniteur de l’École469.

Dans les premiers temps de la mobilisation, le ministère refuse de répondre favorablement à la réclamation. Puis elle s’est finalement soldée par l’autorisation en 1926 dans le cadre de la circulaire qui encadre le coenseignement dans les collèges. Toutefois le recteur recommande à la municipalité de se doter d’un établissement strictement féminin.

Les militaires ont fait pression sur les décisions administratives avec des arguments variés qui défendent leurs intérêts selon la situation de chaque interlocuteur (ministre, directeur de

466 AN, F17 14165, dossier de l’Académie de Poitiers. Échanges de correspondances diverses entre le 1er

septembre 1925 et le 14 octobre 1926. Lettre au nom du Ministre de la Guerre adressée au Ministre de l’Instruction Publique le 7 septembre 1925. Lettre en copie à Monsieur Vial le directeur de l’Enseignement secondaire au ministère.

467 Ibid. 468 Ibid.

176

l’école militaire, directeur du collège, parents militaires). Leur attachement à l’école publique révèle le républicanisme des gradés de l’armée française en tant que serviteurs de l’État. Mais la diversité des représentants montre également qu’à tous les niveaux ils ont, dans ce cas particulier, dépassé les conventions sociales de la séparation des sexes pour promouvoir l’ascension culturelle des filles.

b. La surreprésentation des familles d’enseignant-e-s

Le monde enseignant correspond à un autre type de réseau, moins formel que le corps militaire, mais généralisé sur l’ensemble du territoire. Quel que soit le niveau scolaire l’enseignant-e incarne la réussite par le diplôme ; l’institueur-trice, le/la professeur-e et toute la gamme des titres d’enseignant (répétiteur-trice, licencié-e, etc.) représentent l’École normale et l’Université. Il est assez logique de repérer une surreprésentation de demandes de dérogation dès 1926 pour les filles d’instituteurs et de professeurs.

Photo III-1. Lettre manuscrite d’un père de famille(M. de Champeville) pour l’admission de sa fille au collège de garçons de Carpentras, 30 septembre 1926

177

Ces derniers travaillent parfois dans les collèges où ils désirent inscrire leurs filles. Les autres suivent avec intérêt la scolarité de leur enfant tout en connaissant suffisamment les arcanes administratifs pour oser franchir le cap de la demande manuscrite individuelle. Parmi les lettres conservées au service de l’enseignement secondaire du ministère il y a celle du professeur de dessin du collège de Carpentras, Monsieur de Champeville. En 1926 sa fille Jacqueline est en âge de rentrer en sixième.

Malgré le soutien du principal qui plaidait également pour trois autres familles, elles n’ont pas eu gain de cause cette année-là pour les niveaux de premier cycle. L’effectif de 163 garçons dépassait la limite fixée à 150 par la première circulaire. De fait, les tableaux d’honneur permettent de voir l’existence de filles dans les grandes classes du collège de Carpentras. Elles brillaient en classe de Math-Élém. comme mesdemoiselles Jouvaut et Marrel. En première B on retrouve Mademoiselle Garçin. En 1924 c’était Mademoiselle Soulas, fille du professeur de mathématique portant le même nom, qui se distinguait au tableau d’honneur de la classe de Philosophie.

À Vic-en-Bigorre l’échange de correspondance à propos de l’enseignement pour des filles dont celle du directeur mérite aussi un détour470. Elle illustre l’importance que donnent des

pédagogues et éducateurs à l’éducation de leurs filles qui les poussent à transgresser les normes scolaires. Alors que l’autorisation a été refusée par le ministère huit jeunes filles dont « quatre sont filles d’universitaires » ont tout de même intégré le collège de garçons à la rentrée de 1926. Le principal, André Gouilly, se retrouve dans une situation délicate et doit s’impliquer personnellement pour parvenir à ses fins. En effet : « Renvoyer les huit jeunes filles (dont la mienne, et qu’en faire ?) serait désastreux pour ma réputation auprès des familles des jeunes filles et des autres. Où iraient-elles ? » expose-t-il dans une longue lettre de cinq pages adressées à une personnalité politique bien placée en capacité d’intercéder en sa faveur auprès du ministère. De plus ses relations avec le maire qu’il dit « d’un républicanisme très tiède » ne semblent pas faciles. Alors que lui-même se présente ainsi :

Je fais de la bonne politique républicaine, en faisant de la bonne administration universitaire, c’est à dire en assurant la prospérité de ma maison et en portant haut et loin dans la région le bon renom de l’Université. J’y réussis pleinement471.

470 AN, F17 14165, « Coéducation, 1917-1930 », dossier de l’académie de Toulouse.

471 Ibid., lettre du 21 novembre 1926. La lettre manuscrite s’adresse à « Monsieur et Cher compatriote », elle

ne donne aucun indice du statut de la personne interpellée. On comprend qu’elle a des relations politiques. Est-ce le député ? En tout cas ce n’est pas le sénateur Dupuy qui est lui-même désigné comme l’autre interlocuteur à qui s’est adressé le proviseur.

178

Il cherche donc des appuis, dont celui du sénateur Paul Dupuy472 pour qu’il intercède auprès

du ministère. Il use alors d’un stratagème pour éviter d’être en délicatesse avec la municipalité. Ainsi sous couvert d’un professeur de l’EPS annexée au collège, dont la fille est concernée par la décision, il rédige une lettre, mais « pour être franc [que] M. Tisné en l’occurrence n’est qu’un prête-nom ». Ce subterfuge lui permet de justifier les raisons de sa demande de « faveur exceptionnelle » qui légaliserait la présence des huit filles, dont la sienne, et d’au moins trois autres filles d’enseignants (universitaires), déjà réparties dans les classes du premier cycle du collège. En 1926 le collège a essuyé un refus mais en 1927 la situation se rétablie grâce à la circulaire du 4 janvier 1927. Finalement la délibération municipale du 1er février 1927 :

faisait connaître les nouvelles conditions dans lesquelles les jeunes filles peuvent être admises dans toutes les classes du collège de Garçons. […] Signale que les jeunes filles seront admises en différence du nombre maximum de 200 élèves du chiffre réel de la population momentanée473.

Les filles d’instituteurs et de professeurs apparaissent régulièrement dans les démarches administratives qui demandent les autorisations d’admission. Au collège de Vitry-le-François une série de cas individuels ne concernent que les enfants du personnel de l’établissement ou d’enseignants du premier degré474. Notamment Gilberte Peuchot qui est la fille de l’instituteur

du collège. Elle voudrait rentrer en classe de seconde B en tant qu’externe ce qui lui est refusé dans un premier temps en 1925. Deux prétextes justifient le refus : d’abord ce n’est possible qu’à partir de la classe de première ; ensuite elle n’aurait pas un niveau suffisant en latin. D’autres camarades sont dans une situation à peu près semblable, telles Mathilde Jobard et sa sœur qui sont les filles du professeur d’allemand du collège. Le principal dit d’elles : « Melles Jobard et Peuchot sont bien élevées, travailleuses et bien douées, je serai heureux de les recevoir parmi mes élèves » ce qui est devenu possible l’année suivante. Enfin Mademoiselle Ménétrier « fille d’instituteur, boursière d’internat au collège féminin » demande à rentrer en première B alors qu’elle « n’a pas 15 ans » dit le principal légèrement réticent d’autant que « sa force en latin n’est sûrement pas celle de première » et elle n’a pas commencé de seconde langue. Nous comprenons alors que le collège de jeune fille de Vitry n’a pas la capacité de les préparer au baccalauréat, mais seulement au diplôme. Or le problème de ces familles

472 Paul Dupuy (1889-1940), sénateur des Hautes-Pyrénées de 1910 à 1914, puis de 1920 à 1927.

473 AN, F17 14165, « Coéducation, 1917-1930 », dossier de l’académie de Toulouse. Délibération municipale

de Vic-Bigorre (inscrit ainsi sur la page administrative pré-imprimée de 1927) du 1er février 1927.

474 AN, AJ16 8679, « Admissions de filles dans les classes supérieures des lycées de garçons : instructions

179

d’enseignants qui veulent rendre leurs filles bachelières est d’ordre financier. Elles n’ont pas les moyens de payer tous les cours supplémentaires nécessaires à la préparation du baccalauréat si leurs filles restaient dans leur établissement féminin. Il n’est pas sûr non plus que les parents enseignants estiment la formation intellectuelle à la hauteur d’une préparation au baccalauréat. La seule solution pour répondre à leurs ambitions de formations reste la scolarité au collège de garçons. En contrepartie pour obtenir satisfaction, les familles s’engagent à assurer des leçons particulières pour faire rattraper le niveau de latin. La langue latine garde une place prépondérante dans la culture scolaire, elle est l’enjeu de la différenciation entre les sections classiques les plus prestigieuses et les sections modernes sans latin moins valorisante. Pour les filles la situation est toujours plus compliquée, car, à toutes les étapes de leurs scolarités même après la réforme des programmes de 1925, on leur prévoit un horaire allégé en latin ce qui les positionne d’emblée en situation d’infériorité vis-à-vis des garçons.

Au collège d’Avesnes (Académie de Lille) à proximité de la frontière belge, le principal, Monsieur Chordorge, se bat et obtient après un premier refus l’intégration de ses deux filles : Geneviève (3e A) et Renée (4ème A) et celle des filles d’un professeur (Anne-Marie Ravaux

(4ème A)) et d’un ingénieur (Mireille Chassagnon (5ème A)). Il n’oublie pas de mentionner le

milieu socio-professionnel dont elles sont issues. De fait, la situation locale est compliquée. Avec son homologue, la directrice de l’EPS de jeunes filles, ils constatent l’impossibilité à la fois matérielle et en termes de service des professeures d’ouvrir des sections secondaires dans l’EPS de jeunes filles. Ensuite la « situation » et les « moyens » de ces parents ne peuvent garantir ni « des leçons particulières durant plusieurs années » ni d’envoyer leurs filles en internat. Par contre son plaidoyer évoque l’injustice d’avoir des enfants filles au point d’évoquer le départ de M. Ravaux le professeur et de lui-même, le principal, pour être nommé là où il y a de l’enseignement secondaire pour jeunes filles :

Enseignants nous-mêmes les enfants étrangers nous verrons nos propres enfants privés du bénéfice de l’enseignement secondaire parce que nous avons des filles (M. Ravaux 3 et moi 2). Ce coup est d’autant plus dur que par suite d’efforts de mon personnel et de dévouement, l’effectif du collège quand j’ai pris le collège (y compris l’EPS) qui était en octobre 1924 en dessous des 160 et monté à près de 180 […]. M. Ravaux et moi-même, M. le Recteur, nous sommes profondément déçus : la question de l’avenir de nos enfants est en jeu.

L’injustice liée à une différence de traitement entre les élèves des deux sexes est évoquée en comparaison avec les origines étrangères de certains élèves. Il poursuit en évoquant son action pour concurrencer les écoles libres dans les valeurs de la démocratie et en demandant une mesure exceptionnelle en tant que membre de l’enseignement public. L’argument de la

180

coinstruction participe de façon assez récurrente à la défense de la laïcité chère au personnel enseignant et à ses administrateurs.

Au niveau supérieur de l’enseignement secondaire (CPGE) le nombre de pères et de mères issu-e-s du monde universitaire s’avère également important. Le dossier de l’académie de Paris intitulé : « admissions de filles dans les classes supérieures des lycées de garçons : instructions demandes 1925-1946 475» donne une série de 24 exemples de familles qui, entre 1929 à 1934,

veulent faire intégrer une classe préparatoire à leurs filles. Nous avons des renseignements sur leurs origines et situations professionnelles. Tout d’abord, le plus frappant est de rencontrer neuf mères de famille parmi les parents rédacteurs. Car de manière générale les mères sont quasi absentes de toutes les démarches administratives au regard de l’ensemble des sources consultées sauf lorsqu’elles sont seules à élever leurs enfants. Sur les neuf mères, deux se disent veuves dont Madame Hamsler, la mère d’Hélène. Or son mari, ancien de l’ENS, avait été professeur agrégé de Mathématiques à Louis-le-Grand avant d’être mutilé de guerre et de mourir en 1928. Quant à la mère de Claire Canque, elle est professeure agrégée au lycée de jeunes filles de Clermont-Ferrand. Sa demande permet de régulariser la situation de sa fille qui suit les cours de première supérieure476 à Henri IV depuis septembre 1934.

Parmi les jeunes filles qui prétendent étudier dans les grands établissements masculins parisiens plusieurs ne sont pas parisiennes. Par exemple en 1934, année la mieux représentée avec 19 cas de demandes et 18 acceptations dont huit au lycée Henri IV et onze à Louis-le- Grand, ce sont presque la moitié des jeunes filles qui arrivent de province. Trois filles viennent de Brest ou du Finistère, l’une de Besançon, l’autre de Rouen. Deux sœurs, Thérèse et Paule Meslier de Rocan, sont envoyées à Henri IV en 1933 et 1934 en tant que pupille de la Nation, par Madame Maurer qui écrit de Mégrine en Tunisie. Ou encore Georgette Campistron arrive de Dunkerque alors qu’elle est élève au lycée Faidherbe de Lille en première supérieure. Son père doit quitter Dunkerque, il vient d’être nommé à Orléans en tant que directeur d’agence du Comptoir national d’escompte de Paris, c’est pourquoi il demande qu’elle soit admise à Louis- le-Grand, car elle peut être logée chez sa grand-mère. De cette promotion de 19 jeunes filles

475 AN, AJ16 8679, « Admissions de filles dans les classes supérieures des lycées de garçons : instructions

demandes 1925- 1946 ». Entre 1925 et 1934 ce sont 32 dossiers conservés concernant l’académie de Paris dont celui des familles de Vitry-le-François.

476 Le terme désigne plus précisément la deuxième année qui était autrefois la seule qui existait

(officiellement « première supérieure »). La première année (officiellement « lettres supérieures »), qui s'est intercalée entre la terminale et la première supérieure.

181

qui prétendent à des préparations aux concours des écoles les plus prestigieuses, 13 d’entre elles ont des parents enseignant-e-s du primaire et du secondaire. Ce petit échantillon, tend à montrer à nouveau l’importance de cette catégorie professionnelle. D’une part les parents enseignants sont les mieux informés pour accompagner les stratégies de poursuite d’études de leurs filles. D’autre part les ambitions professionnelles qu’ils projettent sur leurs adolescentes sont sans doute moins genrées que pour d’autres parents ; d’autant que l’enseignement fait partie des carrières dignes et adaptées aux femmes aux yeux de l’opinion publique.

La catégorisation sociale des familles qui acceptent la gageure d’envoyer leurs filles faire des études chez les garçons est à mettre en parallèle avec la nature des projets d’ascension sociale et professionnelle que les adultes projettent sur leurs filles. Ces ambitions sont à la hauteur des situations sociales et professionnelles de la bourgeoisie cultivée à laquelle la plupart des familles appartiennent. Longtemps les projetions familiales concernaient surtout les garçons, désormais les filles peuvent espérer exercer une profession libérale, médicale ou d’enseignement.

Outline

Documents relatifs