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L’enjeu du baccalauréat commande les adaptations réglementaires jusqu’au décret Léon Bérard

circulaire et notes de services

2. L’enjeu du baccalauréat commande les adaptations réglementaires jusqu’au décret Léon Bérard

A partir de 1921 les choses s’accélèrent en ce qui concerne le coenseignement dans le secondaire. Des circulaires se succèdent, elles encadrent le décret du ministre Léon Bérard du 25 mars 1924 relatif à la réforme du plan d’études des jeunes filles. Il leur ouvre enfin l’accès au baccalauréat sans conditions puisque les programmes scolaires sont désormais identiques pour les deux sexes. Les établissements secondaires féminins peuvent s’organiser pour proposer un cursus de préparation aux deux baccalauréats, celui de Philosophie et celui de Mathématiques élémentaires (Math-Élém.). Toutefois les filles gardent encore la possibilité de décrocher le « diplôme de fin d’études132». Il s’obtient à la

fin de six ans d’études secondaires. Il ne donne pas accès à l’enseignement supérieur ; or le baccalauréat demande sept années d’étude depuis l’entrée en sixième, avec un programme plus complet que celui du diplôme.

Avant même que la réforme ne soit décrétée des mesures d’ouvertures sont finalement proposées, à l’encontre de la position prise en 1917. Est-ce la fin des exceptions ? Pas tout à fait. Il n’empêche qu’elles poussent à revoir l’organisation des programmes féminins. Grâce aux rapports annuels des conseils académiques rédigés sous couvert des recteurs d’Académie il est possible de trouver des informations dont les Bulletins administratifs ne font pas forcément état. C’est le cas du rapport de l’Académie de Grenoble, confirmé par

132 Françoise MAYEUR, L’enseignement secondaire des jeunes filles sous la Troisième République,

…,op.cit. La loi Sée de 1880 « a prévu pour couronner l’enseignement secondaire féminin une sanction unique : un diplôme qui atteste que la jeunes filles a fait des études satisfaisantes et complètes dans un établissement régulier de l’État. », p. 125.

celui de l’Académie de Besançon qui, en décrivant la situation scolaire de 1921, nous apprennent qu’un texte est transmis cette année-là pour faciliter la scolarisation des filles en classes terminales. Le recteur de Besançon met en regard l’attrait du baccalauréat au détriment du diplôme destiné aux filles :

En même temps, on délaisse le diplôme qui fait pauvre figure et on achève de déserter les brevets primaires. A travers tout cela, se développe une pénétration croissante dans le régime secondaire masculin, où un nouveau point de contact vient d’être ouvert par une mesure accordant aux jeunes filles l’accès des classes de Mathématiques et de Philosophie dans les établissements de garçons133.

Cette circulaire est également rappelée par le recteur de Grenoble favorable au coenseignement :

[…] une circulaire ministérielle récente permet désormais l’accès des jeunes filles dans les établissements secondaires masculins, où elles pourront préparer la deuxième partie du baccalauréat et lorsque lentement la nouvelle organisation sera entrée dans les mœurs, les études féminines s’en trouveront grandement facilités. Mais il faudra du temps peut-être pour que cette coéducation soit partout acceptée134.

Conscient des réticences il signifie que ce régime ne peut être qu’exceptionnel, c’est pourquoi il rajoute : « au total une refonte des programmes secondaires féminins s’impose de toute urgence pour les adapter aux besoins nouveaux de notre clientèle135».

Les réponses aux besoins réclamés par les parents d’élève se cantonnent dans un premier temps aux seules classes de terminale, année ultime pour présenter le baccalauréat. Les mesures sous forme de circulaires sont confirmées chaque année et le regard intransigeant des membres de la Section permanente évolue. Ainsi le ministre Léon Bérard émet la circulaire du 23 octobre 1922136, à titre provisoire, mais en accord avec l'avis donné par la

section permanente du CSIP. La pression exercée par l’opinion publique justifie la circulaire, car « il y a un nombre de plus en plus grand de jeunes filles désirant, après leur première partie, suivre les cours de philosophie et de mathématiques élémentaires ». Plus pragmatiquement des raisons d’ordre économique interviennent de façon récurrente tout au long de l’entre-deux-guerres alors que les budgets des administrations nationales comme communales sont en difficultés c’est pourquoi :

133 AN, F17 13928 dossier « Conseil académique, rapport de 1922 sur l’année scolaire 1921–1922. Ens.

Secondaire ».

134 Ibid. 135 Ibid.

136AN, F17 14165, « Admission des jeunes filles dans les établissements de garçons. Demandes des

conseils municipaux, 1917-1939 », dossier « Coéducation - 1917-1930 » et BA n° 2500, 15 novembre 1922, p 481.

[…] dans beaucoup de petites villes, le nombre de ces candidates est trop restreint encore pour légitimer la création de cours spéciaux de philosophie ou de mathématiques élémentaires dans l’établissement féminin qu’elles fréquentent. – D’autre part, dans les mêmes villes, l’établissement de garçons a lui aussi souvent un effectif très réduit137

.

C’est ainsi qu’

à la demande de nombreuses familles, provisoirement, et sans créer un précédent pour les autres classes, les jeunes filles, en mathématiques et en philosophie exclusivement, quand leur nombre n’est pas suffisant pour justifier la création de cours particuliers, pourront être admises à suivre les cours de l’établissement de garçons138 .

En outre, le nouveau regard qui se profile rend compte d’une réalité propre à l’obtention du baccalauréat en projetant la continuité des études des filles à l’université, elles-mêmes mixtes depuis la fin du XIXe siècle139. Cependant, il n’est pas encore question d’élargir les

autorisations au niveau des classes de première même si :

On ne peut pas ne pas remarquer que dans un an ces jeunes filles devenues bachelières, suivront, sur les bancs de la faculté, les mêmes cours que les jeunes gens. Il n’a pas paru impossible d’avancer d’un an cette communauté d’études. […]140.

Néanmoins, la conclusion de la circulaire annonce clairement les objectifs de cette nouvelle expérience :

en obtenant à la fois un triple résultat : satisfaire les familles, réaliser une importante économie, tenter un essai pédagogique. Je vous serai reconnaissant de suivre de très près l’application de cette circulaire et de m’adresser, en fin d’année scolaire, un rapport à ce sujet141 .

137 Ibid. 138 Ibid.

139 Anne-Marie SOHN, « Les “relations filles-garçons” : du chaperonnage à la mixité (1870-1970) ».

Travail, genre et sociétés, n° 9, 2003, p. 91-109. P. 98 : « Si la première bachelière est admise à l’université de Lyon en 1863, le phénomène n’est mesuré qu’en 1889-1890, date à laquelle les étudiantes sont isolées dans les statistiques. En 1900, on ne compte que 401 inscrites soit 3% des effectifs mais 12% déjà en 1914. […]. Dès lors, leur présence ne fait que croître et embellir : en 1935, l’université compte déjà 28% d’étudiantes. » ; « En 1910, Lekke Rouvière est la première jeune fille reçue au concours de l’École Normale Supérieure. En 1923, elles sont trois et en 1928, le Conseil Supérieur de l’Instruction Publique reconnaît leur droit à y faire leur scolarité. » ; « Rappelons que les écoles normales supérieures d’Ulm et de Sèvres ne sont pas alignées avant 1938, d’où la pression des filles pour accéder aux filières réservées aux garçons. Dès 1905, elles sont admises à concourir aux agrégations masculines ». Voir aussi Carole LECUYER, « Une nouvelle figure de la jeune fille sous la IIIe République : l’étudiante », Clio. Histoire, Femmes et Sociétés, dossier « Le temps des jeunes filles » sous la direction de de Gabrielle Houbre, 1996, et Carole CHRISTEN-LECUYER, « Les premières étudiantes de l’Université de Paris », Travail, genre et sociétés, 4, 2000.

140 AN, F17 14165, « Admission des jeunes filles dans les établissements de garçons. Demandes des

conseils municipaux, 1917-1939 », dossier « Coéducation_ 1917-1930 » et BA n° 2500, 15 novembre 1922, p 481.

141AN, F17 13928, dossier « Conseil académique, rapport de 1922 sur l’année scolaire 1921–1922. Ens.

Le ministre Bérard a réellement le souci de promouvoir la scolarité des jeunes filles, il poursuit sa politique puisqu’avant même la fin de l’année scolaire, le 21 juin 1923, il adresse une nouvelle note aux recteurs d'Académie pour prolonger la circulaire d’octobre 1922142. Prolongation toujours « provisoire », toujours destinée aux élèves de terminale

voulant passer la seconde partie du baccalauréat, mais complétée par l’accès aux classes préparatoires puisqu’il a « décidé que les jeunes filles pourront être admises à suivre, dans les établissements d'enseignement secondaire de garçons, les cours préparatoires aux Grandes écoles où les femmes peuvent entrer143 ». Ceci nous rappelle les décisions prises

pendant la guerre, toujours d’actualité en 1923, même si nous savons que très peu de filles ont tenté leur chance dans ces grandes écoles144. Le ministre confirme sa décision par une

lettre adressée le 28 juin [1923] au recteur de l’Académie de Paris dans laquelle il lui demande de supprimer les cours préparatoires à l’École Centrale et à l’Institut Agronomique du lycée de jeunes filles Jules Ferry145 de Paris puisque :

La circulaire du 21 juin courant ayant spécifié que les jeunes filles pourront être admises à suivre, dans les établissements de garçons, les cours préparatoires aux Grandes écoles, il n’existe plus aucune raison de maintenir. […] En conséquence ces deux cours seront supprimés pour la prochaine année scolaire146.

Deux raisons motivent sans doute cette décision de fermeture. La première est de faire des économies en fermant la classe puisque les élèves peuvent se rendre dans un établissement masculin pour suivre les cours préparatoires ; la seconde découle de la première, éviter des concurrences entre classes préparatoires, cependant le choix se fait au profit des lycées de garçons.

Après les classes terminales puis les classes préparatoires c’est enfin au tour des classes de première que la nouvelle circulaire147 du 10 décembre 1923 est destinée en prévision de

142 AN, F17 14165, « Admission des jeunes filles dans les établissements de garçons. Demandes des

conseils municipaux, 1917-1939 », dossier « Coéducation 1917-1930 » (2 p.).

143 AN, AJ16 8679 « Admissions de filles dans les classes supérieures des lycées de garçons, d’élèves

non bachelières dans les classes de philo et de math., en mathématiques supérieures d’élèves pourvues du bac. Philo-sciences : instructions, demandes : 1922/1946 », sous-dossier intitulé : « 1925-1946, Q. de principe » (1 page).

144 Catherine MARRY, Les femmes ingénieures, une révolution respectueuse, Paris, Belin, 2004. 145 Voir Pierre PORCHER, Histoire du lycée Jules Ferry des arts domestiques à l’informatique, 1913-

2013, …, op.cit., p. 81-81. Cours créés par Anna Amieux.

146 AN, AJ16 8679 « Admissions de filles dans les classes supérieures des lycées de garçons, d’élèves

non bachelières dans les classes de philo et de math., en mathématiques supérieures d’élèves pourvues du bac. Philo-sciences : instructions, demandes : 1922 / 1946 », sous-dossier intitulé : « 1925-1946, Q. de principe » (1 page).

147 AN, AJ16 8679, « Admissions de filles dans les classes supérieures des lycées de garçons, d’élèves

la rentrée d’octobre 1924. Elle reprend et étend l’autorisation de la circulaire de 1922. En Première, les élèves préparent et présentent le baccalauréat - première partie - dont les épreuves sont communes à toutes les séries. Elle correspond à la sixième année d’études secondaires. Si le ministre dit « répondre au désir qui m’a été exprimé par de nombreux pères de famille », il préfère imposer des précautions « en raison du jeune âge des élèves ». Ainsi ce texte fixe la règle à laquelle doit se plier chaque famille individuellement et chaque établissement acceptant d’accueillir des élèves filles. Ces mesures imposent de passer par toutes les fourches caudines de la hiérarchie. En effet la demande rédigée par la famille doit recevoir l’avis favorable du conseil ou bureau d’administration de l’établissement que le proviseur ou principal convoque, puis à son tour il doit formuler un avis motivé à destination du recteur. Enfin, ce dernier doit traiter chaque cas individuellement en fonction des avis. Cette démarche s’est ensuite généralisée lorsqu’en 1926 les dérogations se sont étendues à toutes les classes de secondaires des collèges communaux. Elle demande alors un réel investissement de la part des parents et des équipes pédagogiques favorables à l’accueil de jeunes filles dans leurs écoles. Dorénavant la dynamique engagée est irréversible car les familles, les municipalités et les établissements ne se découragent pas pour faire progresser leurs filles. Même si l’on se doute bien que ces longues procédures ont freiné des démarches d’émancipation des parents les moins avertis.

Néanmoins Léon Bérard, ministre de l’Instruction publique depuis le 16 janvier 1921 jusqu’au 29 mars 1924, date d’un remaniement de Poincaré148 qui le remplace par Henri

de Jouvenel, a été la cheville ouvrière de ces différents textes ouvrant la voie à des pratiques de coenseignement. Il termine son mandat par le décret publié le 25 mars 1924, quelques jours avant son départ du ministère, sur la réforme de l’enseignement secondaire féminin. La réforme est imposée par décret et non par la loi. Léon Bérard contourne le système et le parlement en proposant un décret à la faveur d’une disposition de la loi de 1880149 qui admettait l’addition d’enseignements facultatifs à l’enseignement légal150. Il

évite ainsi le débat parlementaire qu’impose le vote d’une loi (qui est obligatoire si l’on

du bac. Philo-sciences : instructions, demandes : 1922 / 1946 », sous dossier « 1925-1946, Q. de principe ».

148 Raymond Poincaré est alors président du Conseil des ministres (15 janvier 1922-1er juin 1924.

Gouvernement Poincaré II et III). Il était président de la République du 18 février 1913 au 18 février 1920.

149 Loi, dite Camille Sée, du 21 décembre 1880.

150 Géraldine VALES-LE GUENNEC, « L’enseignement secondaire des jeunes filles à Paris et en banlieue,

veut réformer une loi existante). Après son départ du ministère, plusieurs décrets règlent l’application de la réforme jusqu’en 1931 et créent même un nouveau cadre légal.

La lecture du décret dit Léon Bérard est intéressante pour situer le contexte de son application dans lequel les problématiques posées par les situations de coenseignement se retrouvent. Par exemple la question des examens traitée par l'article 3 du décret dit : « A côté de l'enseignement sanctionné par le diplôme, il est institué dans les lycées et collèges, un enseignement facultatif dont la sanction est le baccalauréat ». Voilà le baccalauréat enfin reconnu comme relevant de l’enseignement féminin au même titre que pour les garçons. C’est l'article 4 qui règle le plan d’étude en imposant, aux filles, l’assimilation du programme masculin puisque : « Les programmes de l'enseignement des garçons sont intégralement appliqués dans l'enseignement facultatif prévu par l'article 3 ». Ils peuvent et doivent désormais s'appliquer dans les établissements de jeunes-filles. Mais l’usage du terme « facultatif » permet de garder dans la norme le diplôme de fin d’étude prévu par la loi de 1880. « L’enseignement facultatif » complète donc les cours dispensés pour le diplôme afin de préparer les filles à l’autre examen plus prestigieux et plus utile pour poursuivre des études : le baccalauréat.

Léon Bérard montre son intérêt pour faciliter l’accès aux études secondaires et supérieures des jeunes filles en étant l’auteur de la série de circulaires sur l’enseignement en commun entre 1921 et 1923. Il le confirme avec la réforme et sa volonté de trouver un équilibre qui cherchent à répondre aux contraintes du système éducatif de l’époque. Le décret et une partie du rapport que le ministre Léon Bérard a rédigés à l’intention du Président du Conseil justifient l’intérêt de sa réforme : «J’ai essayé dans cette réforme de répondre au double vœu des familles et de l’université : d’une part, maintenir un enseignement secondaire féminin qui, depuis 40 ans, a fait ses preuves ; d’autre part, faciliter aux jeunes filles qui le désirent un enseignement identique à l’enseignement secondaire masculin151 ». De fait, la réforme est attendue depuis plusieurs années. Elle

régularise ce que les membres de la Section permanente du CSIP réclamaient avec urgence en 1917 : la révision des programmes de l’enseignement féminin et par là même la régularisation du baccalauréat. Les projets de bac. spécial ou autres diplômes équivalents sont abandonnés au profit d’une assimilation et comme l’écrit le ministre :

151 Lydie HEURDIER, Antoine PROST, Les politiques de l’éducation en France, Doc’ en poche Regard

d’expert, 18, Paris, Documentation Française, 2014, texte n° 115, p. 103-105. Ils ont recensé de nombreux textes de lois, décrets réformes de 1806 à 2013 dont celui-ci.

Ce mouvement des jeunes filles vers les études secondaires masculines et vers le couronnement de ces études, le baccalauréat, a pris depuis une vingtaine d’années une intensité croissante : mais nos lycées n’ont pu, jusqu’à présent, employer que des moyens de fortune pour satisfaire au désir des familles. Le but du nouveau décret est de régulariser l’institution d’une section d’enseignement secondaire masculin dans tous les lycées, collèges et cours secondaires de jeunes filles152.

En fait le réel point d’achoppement depuis l’arrivée des filles « sur le marché du baccalauréat » est l’enseignement du latin et dans une moindre mesure du grec. Le latin, discipline reine des humanités, n’est quasiment pas enseigné dans les lycées féminins de Camille Sée153. Cette lacune empêche les jeunes filles de se présenter à n’importe quel

bac., sauf si elles compensent avec des cours particuliers payants. Aussi, la solution la moins onéreuse pour elles est de pouvoir suivre les cours de latin dispensés dans les collèges et lycées de garçons voisins de leur propre établissement. Ceci explique entre autres la pression exercée par les familles qui réclament l’accès à tous les savoirs pour donner à leurs futures bachelières les mêmes chances de réussite. Il n’empêche, grâce à la réforme les élèves vont recevoir un programme commun de six années dans les établissements féminins et « En plus de ce programme commun, les unes étudieront les langues classiques et seront conduites au baccalauréat comme leurs frères154» explique

Léon Bérard.

Cours commun pour toutes les filles de la sixième à la première, cours semblables à ceux des garçons quel que soit l’établissement masculin ou féminin, marque un traitement de plus en plus égalitaire entre filles et garçons. Nonobstant, les bouleversements ne sont pas radicaux. Dans les années vingt, il n’est pas possible d’imaginer l’éducation des filles sans leur inculquer l’apprentissage d’activités typiquement féminines. Léon Bérard le précise bien dans sa lettre d’accompagnement « que même celles qui prépareront le baccalauréat recevront encore leur part de culture proprement féminine155. » et c’est l'article 4 du décret

qui précise que « l'économie domestique, les travaux à l'aiguille et la musique font partie obligatoire de l'enseignement dans les lycées et collèges de jeunes filles156 ». Une autre

mesure particulière pour les filles, annoncée dans les articles 6 et 7 concerne un examen

152 Ibid.

153 Françoise LELIEVRE et Claude LELIEVRE, Histoire de la scolarisation des filles, Paris, Nathan, 1991,

p. 128. Des cours de latin facultatifs et payants ont été créés dans quinze lycées de jeunes filles dès 1902.

154 Lydie HEURDIER, Antoine PROST, Les politiques de l’éducation en France, Doc’ en poche Regard

d’expert, 18, Paris, Documentation Française, 2014, texte n° 115, p. 103-105.

155 Ibid. 156 Ibid.

obligatoire « à la fin de chaque année d'études pour passer dans la classe supérieure »; or ce n'est pas le même régime pour les garçons qui ne sont pas évalués annuellement sous forme d’examen. Le contrôle des connaissances apparaît plus strict pour les filles, comme s’il fallait s’assurer de la qualité des enseignées et des enseignements. De plus l’examen passé après la quatrième année « permet de délivrer un certificat d'études secondaires » (art. 7) et en sixième année elles peuvent obtenir leur diplôme de fin d’étude (art. 1 et art. 3). Donc les filles ont, à partir de la rentrée de 1925, le choix de préparer un certificat et/ou un diplôme de fin d’étude qui ne donne ni l’un ni l’autre accès à l’enseignement supérieur, et/ou le baccalauréat.

Cette réforme s’installe progressivement. Selon Géraldine Valès-Le Guennec, le baccalauréat dans les établissements féminins de Paris et sa banlieue n’entre dans la règle qu’en 1931157. Il n’empêche que le décret de 1924 a des répercussions importantes les

années suivantes sur la gestion de l’offre d’enseignement sur tout le territoire national. Chaque région, département, commune est plus ou moins bien doté d’établissements scolaires accessibles à tous ceux et celles qui désirent obtenir ce diplôme, sésame des études supérieures universitaires.

1. Les collèges communaux de garçons obtiennent des dérogations par

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