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Plus de la moitié des établissements de garçons accueillent des filles au début des années trente

Conclusion du chapitre

I. La répartition homogène du coenseignement sur le territoire Une offre institutionnelle adaptée au

1. Plus de la moitié des établissements de garçons accueillent des filles au début des années trente

Avant d’observer la répartition des établissements en coenseignement, il est forcé de constater que le nombre d’établissements féminins est moins important que celui des garçons. L’écart est valable dans l’enseignement public comme dans l’enseignement privé. Ceci va de pair avec des effectifs élèves différents, les filles scolarisées dans le secondaire sont moins nombreuses.

a. La situation des établissements féminins dans l’entre-deux-guerres

Le désavantage structurel de l’enseignement féminin à l’échelle nationale s’explique tout d’abord par sa naissance tardive. Il ne s’est imposé qu’à la fin du XIXe siècle depuis la loi Camille Sée de décembre 1880. Ensuite, même si dans les

premières années le rythme des créations est rapide, Françoise Mayeur a montré comment les implantations se sont rapidement ralenties. Elle remarque que « jusqu’à la veille de la seconde guerre mondiale, s’instaure l’habitude, là ou un lycée ou

A partir du recensement de 1926, pour mieux situer les collèges dans leur environnement démographique j’ai relevé le nombre d’habitants de quelques villes petites et moyennes : - Carpentras, sous-préfecture du Vaucluse compte 11 805 habitants en 1926 [14 222 habitants en 1946 et 21 388 en 1968] ;

- Châtellerault, sous-préfecture de la Vienne, académie de Poitiers : 17 720 habitants ;

- Castelsarrasin sous-préfectures du Tarn-et-Garonne académie de Toulouse : 7 546 habitants (Montauban préfecture avec 28 000 hab.) ;

- Moissac en Tarn-et-Garonne, académie de Toulouse : 7 435 habitants ; (Montauban préfecture, Castelsarrasin sous-préfectures) ;

- Bayeux, sous-préfecture du Calvados, académie de Caen : 7 351 habitants ; - Autun, sous-préfecture de Saône-et-Loire, académie de Dijon : 14 119 habitants.

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collège ne semble pas, pour quelque raison que ce soit, possible dans l’immédiat, [le choix est] d’installer des cours secondaires240 ». Il semble que les administrateurs et

édiles politiques (hommes) prennent les décisions les moins onéreuses. Et, ils sont soutenus par une opposition qui a : « l’idée que l’enseignement nouveau était ruineux pour les finances publiques241 ». Pourtant les coûts des nouvelles implantations sont

réduits, comme le prouve l’usage des crédits d’investissements et de fonctionnement242.

Face à ces investissements économes, les promoteurs et promotrices de l’enseignement féminin observent la discrétion. Leur stratégie consiste à avoir le moins d’exigences possibles, notamment financières, pour ne pas nuire au développement de nouvelles structures. En fait, les conditions matérielles et d’hygiène des locaux féminins sont très loin d’être convenables, même si certaines édifications ex nihilo sont présentées comme de grandes avancées au « risque de faire oublier que les constructions ont attendu parfois des années avant de s’édifier et […] ont souvent commencé dans des locaux très imparfait 243 ». Le succès de

l’enseignement féminin secondaire n’a pas été anticipé par les gestionnaires de la vie publique. Françoise Mayeur dit qu’: « au bout de quinze à vingt ans selon les endroits, la brusque croissance des lycées et collèges, le besoin d’enseignement secondaire féminin dans les villes où jamais on y avait pensé, ont surpris244 ». L’administration

centrale ne s’attendait pas à un afflux important de nouvelles élèves. Mais, le rythme annuel des créations est freiné par le souci d’étaler les crédits de l’État, ce qui participe aux lenteurs administratives. Les municipalités aussi, ont la même préoccupation de limiter les dépenses à leur charge. Elles préfèrent projeter la réalisation d’un lycée plutôt que d’un collège parce qu’il leur demande un investissement communal beaucoup plus lourd. Néanmoins « A la veille de la guerre il est peu de départements qui n’aient au moins un établissement de jeunes filles, sis le plus souvent, mais pas toujours, au chef-lieu245 ». Il apparaît donc que les forces

publiques, bien que poussées par l’afflux d’élèves filles, limitent leurs efforts

240 Françoise MAYEUR, L’enseignement secondaire des jeunes filles sous la Troisième République,

Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1977, p. 163.

241 Ibid., p. 166. Françoise Mayeur utilise le terme « économe ».

242 Ibid., p. 166 et 167, exemples de gestion des budgets d’établissements féminins. 243 Ibid., p. 167.

244 Ibid., p. 168. 245 Ibid., p. 168.

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financiers sans réelle volonté de rattraper le retard pris par rapport à l’offre scolaire des garçons. Les édiles sont partagés entre le devoir de répondre à la demande d’instruction secondaire des filles de la bourgeoisie républicaine et l’impression que les dépenses qu’elle nécessite pour son développement n’ont pas à devenir prioritaires. Ce qui n’est pas le cas lorsqu’il est question de l’instruction républicaine des garçons.

b. Le nombre d’établissements secondaires dédiés aux garçons

En 1930 les inspecteurs généraux Roustan et Gastinel remettent au ministère un rapport246 sur l’état de l’enseignement secondaire en France. Ils décrivent très

clairement son organisation générale, chiffres à l’appui en ce qui concerne les années allant de 1928 à 1930. Pour ce qui est du nombre des établissements, ils annoncent un total de 557 établissements secondaires publics en 1929, dont 197 féminins et 360 masculins. L’annuaire statistique de 1928 compte quant à lui un établissement masculin de moins (359) et 166 collèges et lycées de jeunes filles auxquels il faut rajouter les 39 cours secondaires dédiés aux jeunes-filles, ce qui donne six établissements féminins de plus que dans le rapport. Force estde constater que l’offre scolaire pour les filles est presque moitié moins importante que pour les garçons à l’échelle du secondaire dans le public.

Cependant les chiffres de l’Annuaire statistique de la France de 1928, chiffres repris par Antoine Prost247 ou Jean-Pierre Briand et Jean-Michel Chapoulie248 tout

comme par les auteurs du rapport de 1930, malgré les quelques écarts qui correspondent aux variables249 annuelles, ne sont pas le reflet de la réalité en ce qui

concerne le nombre de collèges municipaux de garçons. En effet grâce aux listes

246 AN, F17 17500, « École unique 1924-1925 ; Enseignement secondaire 1922-1939; surmenage

scolaire 1929 – 1930 ».

247 Antoine PROST, Histoire générale de l’enseignement et de l’éducation en France L’école et la

famille dans une société en mutation, T. 4, Paris, Perrin, 2004, p. 243.

248 Jean-Pierre BRIAND et Jean-Michel CHAPOULIE, L’enseignement primaire supérieur et le

développement de la scolarisation prolongée sous la Troisième République, Paris, INRP/CNRS, 1992, p. 18 et 19.

249 Annuaire statistique de la France 1928, tableau VII indique et comptabilise les établissements

secondaires de garçons. 1913 : 343 établissements (sans l’Alsace-Lorraine) ; 1919 : 338 établissement (sans l’Alsace-Lorraine) ; 1921 : 368 établissement (nouvelles frontières) ; 1925 : 369 établissements ; 1927 : 361 établissements. L’année 1929 est considérée comme une année d’étiage avec les effectifs les plus faibles sous effet de la réduction des naissances de la 1ère Guerre

Mondiale et la gratuité qui n’est pas encore appliquée (gratuité appliquée pour les classes de sixième à partir de 1930).

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répertoriées manuellement250 par les services de l’enseignement secondaire du

ministère de l’Instruction Publique dans le cadre de décomptes effectués en 1927, confirmées par les listes établies dans les différents rapports annuels de chaque académie, ce ne sont pas 360 mais 417 (voir 431 avec l’Afrique du Nord) établissements masculins qui couvrent la France de façon homogène comme le montre la carte de France (carte II-1).

L’écart n’est pas négligeable puisque cela représente 58 établissements supplémentaires à la fin des années vingt par rapport aux chiffres publiés nationalement dans l’Annuaire statistique rétrospectif de la France. Ce surplus touche non pas les 124 lycées d’État (avec l’Afrique du Nord) dénombrés dans le cadre de l’enquête de 1932 que le ministère gère directement, mais plutôt les établissements communaux moins bien répertoriés. En effet, l’Annuaire statistique de la France est une collection251 qui regroupe dans un seul volume les statistiques

de différentes branches économiques et sociales puis plus tard, industrielles252. Au

début, les statistiques étaient un ensemble de données numériques, brutes, sous formes de tableaux sans explications particulières, juste quelques lignes explicatives en tête de chaque chapitre. Il y a plusieurs sortes de tableaux : ceux qui donnent les résultats des années précédentes, ceux qui donnent des séries beaucoup plus longues dits rétrospectifs. La présentation initiale a évolué au fil du temps. D'abord, après 1891, les données sélectionnées ont été modifiées, ce qui a entraîné plus de notes explicatives et une augmentation du nombre de tableaux. Ensuite, pendant les périodes de guerre et quelques années après, il est arrivé que certains volumes ne contiennent que des données rétrospectives (1916-1918 par exemple) ou que des données annuelles (1923, 1925 par exemples). A partir du volume 1916-1918 des données des pays étrangers apparaissent dans les tableaux rétrospectifs. Cela permet de situer la France par rapport aux autres pays. La collecte numérique des données qui remontent au service des statistiques s’effectue auprès des différentes

250 AN F17 13951, liste établie manuellement, par le 1er bureau de l’enseignement secondaire en

1927 pour répertorier les « Elèves des écoles primaires admis gratuitement dans les lycées et collèges (réalisation de l’école unique) ». Ces listes nous ont servi de base de données afin de réaliser les cartes qui situent tous les collèges répertoriés.

251 Voir : Centre des archives économiques et financières CAEF,

http://www.economie.gouv.fr/caef/annuaire-statistique-france.

252 Pour l’enseignement primaire, voir Jean-Noël LUC, La statistique de l’enseignement primaire

19e - 20e siècles, politique et mode d’emploi, L’école à travers ses statistiques, Paris, INRP, économica, 1985.

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administrations centrales. En ce qui concerne le ministère de l’Instruction publique plusieurs conditions expliquent, en partie, la marge d’erreur constatée.

En effet, « dans l’ensemble disparate d’établissements que gère, à l’exception des Grandes écoles, le ministère de l’instruction publique253» les décomptes sont

compliqués. Parce que si la filière secondaire se distingue de l’enseignement supérieur en aval et du primaire en amont, l’administration du primaire, quant à elle, propose aussi une formation pour des élèves de plus de douze ans, au-delà du certificat d’étude. Cette formation correspond au cursus de trois puis quatre années d’enseignement primaire supérieur dans les Écoles primaires supérieures (EPS) et les Cours Complémentaires (CC). Il faut ajouter également l’enseignement technique qui vient d’être rattaché à l’Instruction publique en 1926. Il faut retenir que « Ces trois ordres d’enseignements [primaire, secondaire et supérieur] entretiennent des rapports complexes254» mais dépendent du même ministère. Donc l’administration de

l’enseignement secondaire se charge de gérer les lycées et les collèges communaux dont les établissements sont logiquement distincts pour les filles et les garçons.

Mais d’autres caractéristiques compliquent les statistiques. Par exemple le fait que la plupart des établissements secondaires accueillent des enfants dès l’âge de six, sept ans dans les « petites » classes numérotées de la 11ème à la 7ème qui correspondent aux

mêmes niveaux des classes de l’enseignement primaire (Cours élémentaire et Cours moyen). Cependant les programmes sont différents et non gratuit. Après la 7ème, les

élèves poursuivent « naturellement » leurs études secondaire dans le même établissement, de la 6ème à la terminale pour présenter le baccalauréat. A côté de ce

système, les établissements « supérieurs » du secteur primaire proposent un autre programme d’études moins longues. Selon Antoine Prost la situation au début des années trente n’a rien d’uniforme dans cette « logique d’établissements, en trois réseaux juxtaposés » aussi « il n’y a pas un système éducatif mais des établissements d’enseignement255» et chacun s’adapte aux situations locales :

Ces établissements étaient très différents les uns des autres. Les plus prestigieux, ceux des grandes villes, tiraient leur fierté des classes préparatoires aux grandes écoles ; ceux des villes moyennes s’enorgueillissaient de leurs résultats au baccalauréat ; dans les petites villes, […] ces collèges minuscules se préoccupaient

253 Antoine PROST, Histoire générale de l’enseignement …, op.cit., p. 232. 254 Ibid. p. 233

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de leur survie : pour attirer coûte que coûte les élèves, certains ouvraient des sections techniques ou s’annexaient une école primaire supérieure256.

La complexité du réseau des établissements avec de plus en plus de collèges communaux (ordre secondaire) ayant des EPS annexées (ordre primaire) expliquent en partie le manque de précisions des documents statistiques du ministère de l’Instruction publique. Il n’est pas en mesure d’avoir un total précis du nombre de ces collèges. D’autant que la gestion matérielle des établissements communaux concerne directement et uniquement chaque municipalité. Aussi, le bureau de la Direction de l’enseignement secondaire du ministère ne cherche pas à faire l’addition de façon exhaustive des établissements secondaires publics. Tous ces paramètres expliquent la raison de cet écart de 58 établissements non répertoriés. Pourtant le ministère établit bien des listes d’établissements par académie afin de repérer, par exemple, le nombre d’« Élèves des écoles primaires admis gratuitement dans les lycées et collèges » (voir Illustration II-1 ci-dessous). Ce support et d’autres liste permettent de recenser 307 collèges métropolitains ou 307 collèges en comptant l’Afrique du Nord au début des années 1930.

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Illustration II-1 : Exemple de la liste de 1927 pour les académies de Grenoble et de Lille des « Élèves des écoles primaires admis gratuitement dans les lycées et collèges (réalisation de l’école unique) »,Source : AN F17 13951.

Le tableau II-1 récapitule le nombre des établissements secondaires de garçons. Certains collèges disparaissent entre 1926 et 1954 (année de référence) pour des raisons économiques. De fait, le comptage du nombre de collèges communaux n’apparaît réellement qu’après 1945. Même les tableaux statistiques produits par le

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Bureau universitaire des statistiques257 (BUS) depuis 1933 ne permettent pas de

retrouver cette donnée pour la première moitié du XXe siècle.

Tableau II-1 : Le nombre des établissements secondaires de garçons et le coenseignement dans l’entre-deux-guerres

La collecte des données sur les établissements dédiés aux garçons a servi de base pour établir les cartes qui resituent l’ensemble métropolitain. La localisation sur le

257 BUS, Bureau universitaire de statistiques créé en 1933 sous le patronage du ministre de

l’Éducation nationale Anatole de Monzie. Le Bureau universitaire de statistiques et de documentation scolaire et professionnelle (BUS) fonctionna jusqu’en 1970, date de création de l’ONISEP qui absorba ses fonctions. Les archives du BUS furent, en 1973, regroupées aux Archives nationales et classées dans la sous-série 63 AJ « Bureau universitaire de statistiques et de documentation scolaire et professionnelle ». Elles fournissent des informations allant de 1923 à 1970 (avec 145 articles). Cette histoire du BUS donne, d’ailleurs, encore davantage de valeur à l’enquête de 1932 retrouvée dans le carton F17 1465, puisque celle-ci ne rentre pas, chronologiquement, dans les attributions du BUS. Depuis son origine en 1933 jusqu’à la création en 1966 d’un service statistique au ministère, le BUS sera chargé de réaliser des enquêtes exhaustives du type recensement.

1930 (1926-1932) Etablissements secondaires de GARCONS Etablissements en COENSEIGNEMENT PART des établissements en COENSEIGNEMENT LYCÉES de la Métropole

Lycées d’Algérie et Tunis (les collèges non comptabilisés) 120 4 104 2 [Alger et Tunis] 86,6 %

Sous-total des LYCÉES 124 106 85,4 %

COLLÈGES de la Métropole Collèges des départements d’Algérie 300 7 139 nr 46,3 %

Sous total COLLÈGES 307 139

TOTAL MÉTROPOLE 420 243 57,8 %

TOTAL Métropole + Algérie + Tunisie

431 245

Collèges disparus entre 1926 et 1936 5 5 [Condé/Escaut (59); Mortain (50) ; Pont l’Évêque (14) ; Sablé (14) ; Sées (61)]

Collèges disparus entre 1926 et 1954

13 [Condé/Escaut (59); Mortain (50) ; Pont l’Évêque (14) ; Sablé (14) ; Sées (61)] + [La Rochefoucauld (16) ; Beaufort-en-Vallée (49) ; Baume-les-Dames (25) ; Josselin (56), Cassel (59) ; Sablé- sur-Sarthe (72)] + [Pertuis (84) ; Le Luc (83)]

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territoire métropolitain des lycées et collèges montre l’homogénéité de la répartition et par conséquent de l’offre scolaire.

En ce qui concerne l’enseignement privé le rapport Roustan et Gastinel de 1930, comptent 850 établissements secondaires qui ne sont pas soumis aux règlements et au contrôle de l’État. Ce nombre est confirmé par les tableaux statistiques du BUS258.

« La plupart sont dirigés par des prêtres comme elles l’étaient avant la loi sur les Congrégations (1901), par les ordres religieux259 », mais en règle générale ils se

modèlent aux programmes pour préparer leurs élèves au baccalauréat260. Nous

constatons donc que le nombre d’établissements privés est important. D’après les auteurs, ils peuvent survivre avec de faibles effectifs. Et, même s’il n’est pas précisé combien de ces établissements sont dédiés aux filles et combien aux garçons, ils nous donnent l’idée de la réelle concurrence entre public et privé. Cette rivalité de l’enseignement privé conduit, voir impose, un certain nombre de décisions politiques prises au cours des années 1920 et 1930 dont celles d’accepter le coenseignement dans les établissements de garçons afin de répondre à la fois aux demandes des familles mais aussi de sauver les collèges concurrencés par leurs homologues du privé. Les rapports annuels des académies répètent très régulièrement leurs inquiétudes et les difficultés liées à cette concurrence pour justifier la nécessité de renforcer l’offre scolaire de leurs collèges publics. Telle la situation du lycée Félix Faure de Beauvais dans l’Oise avec ses 199 élèves en 1928 pour qui :

[…] c’est le plus faible effectif avec celui de Vendôme. On y fait de l’agriculture d’hiver (31 élèves) terminé(e)s en mars. C’est un des plus beaux de l’Académie par la situation et les constructions, mais il subit la forte concurrence de l’école professionnelle et de l’enseignement libre261.

258 Ac’ADoc, cote TS 1558, « 1920-1964, évolution du nombre d’établissement privés depuis

1920-21 ». Les données ne sont pas renseignées pour les années scolaires allant de la rentrée 1926 à juin 1930. Cependant pour l’enseignement secondaire il est indiqué 713 établissements privés en 1926 et 1 011 en 1930-1931 (plus 12 333 écoles primaires !). L’évaluation du rapport Roustan et Gastinel proposant 850 établissements secondaires rentre bien dans cette fourchette.

259 AN, F17 17500, « École unique 1924-1925; Enseignement secondaire 1922 - 1939; surmenage

scolaire 1929 – 1930 », rapport Roustan et Gastinel.

260 Karen OFFEN, « The Second Sex and the Baccalauréat in Republican France, 1880-1924 »,

French Historical Studies, no 3, 1983, p. 252 à 288, « within a few years of the reform of the

baccalauréat and the final separation of church and state, some private Catholic girls’ school had begun preparing their pupils for the classical bac. », p. 272.

261 AN F17 13929 « rapports annuels académique 1924-1928 ». Beauvais et Vendôme dépendent

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Partout ailleurs en France la question est soulevée à répétition dans les dossiers académiques concernant la concurrence de l’enseignement privé catholique. Prenons l’académie de Grenoble, alors que la région n’est pas marquée par des pratiques religieuses fortement ancrées. Le recteur écrit ainsi en 1926 au ministère pour demander une dérogation dans le cadre le la circulaire du 26 août pour le collège de garçons de Vienne dans la vallée du Rhône au sud de Lyon :

La Ville de Vienne qui compte 25 000 habitants ne dispose d’aucun établissement public d’enseignement secondaire pour les jeunes filles ; Il en résulte que les familles désireuses de faire préparer le baccalauréat à leurs filles doivent, quelles que soient leurs convictions, placer celles- ci dans l’établissement du « bon Accueil » qui, de ce fait, a pris un essor considérable.

Des familles sincèrement laïques sont ainsi contraintes de recourir, pour l’éducation de leurs enfants, à une école complètement placée sous l’influence du clergé262.

En effet les établissements privés, le plus souvent catholiques, ont pris en main une partie de l’enseignement secondaire féminin. « De fait, les écoles catholiques secondaires, en petit nombre encore, jouèrent la carte du baccalauréat263 » puisque

dès la fin du XIXe siècle les congrégations développent leurs établissements et

« constituent une concurrence d’abord victorieuse à l’enseignement d’État, notamment pour l’éducation des jeunes filles des classes moyennes et supérieures264 ». Mais combien de jeunes sont concernés ? Combien de filles et de

garçons bénéficient d’un enseignement secondaire au milieu de l’entre-deux- guerres ?

262 AN, F17 14165, Admission des jeunes filles dans les établissements de garçons. Demandes des

conseils municipaux, 1917-1939, sous dossiers concernant les délibérations municipales qui sollicite l’admission des filles dans leurs collèges municipaux ; académie de Grenoble, ville de Vienne.

263 Voir Offen Karen, « The Second Sex and the Baccalauréat in Republican France, 1880-1924 »,

French Historical Studies, no 3, 1983, p. 252 à 288. 264 Ibid., p. 200.

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c. Les effectifs d’élèves dans le public et le privé

La comptabilité des effectifs élèves, également publiée annuellement dans

l’Annuaire statistique de la France265, apparaît plus méthodique266 que celle du

nombre d’établissements. Les différentes sources consultées se rejoignent sensiblement, les unes arrondissant les chiffres, les autres faisant des propositions à l’unité. (Voir tableau comparatif , Tableleau II-2, ci-dessous).

Le rapport267 Roustan et Gastinel proposent des analyses chiffrées intéressantes en

se fondant sur les effectifs des élèves du secondaire de l’année 1929, tant du public que du privé. Ils ne précisent pas leurs sources qui ne semblent pas celles données au service des statistiques de l’Annuaire. En premier lieu ils font remarquer deux caractéristiques particulières du secondaire français confirmées par les historiens de l’éducation. D’une part avec ses sept années d’études et ses deux baccalauréats le niveau d’enseignement secondaire est élevé, d’autre part les effectifs des jeunes collégien-ne-s et lycéen-ne-s sont plutôt faibles au regard des 41 millions d’habitants de la population française. Ce qui revient à la démonstration développée par Jean-

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