réseau social et réseau économique

Le lien entre le réseau social et le réseau économique a été envisagé dans la sociologie –

économique qui postule le rôle des réseaux sociaux dans la coordination marchande des

agents. Les liens sociaux interviennent dans la circulation de l’information, et leur densité favorise l’émergence de normes sociales qui contribuent à la régulation des échanges économiques⁵²². La question qui se pose est de savoir comment différencier les liens qui sont directement impliqués dans l’échange économique et les liens qui sont indépendants de cet échange et de quelle manière ces deux types de liens peuvent coexister. En d’autres termes, comme différencier un réseau social d’un réseau socioéconomique.

FERRARY.M et PESQUEUX.Y ont élaboré une matrice qui intègre deux paramètres essentiels pour rendre compte de la différence entre un réseau social pur et un réseau économique, le niveau se socialisation psychologique et la socialisation économiques.

Figure 26. Réseau social et réseau économique selon la nature de la socialisation

L’échange n’est pas socialisé il existe une indifférence total au partenaire

Ex : achat de journal achat sur internet,

achat de matière première

marché

L’échange est psycho-sociologiquement socialisé mais indifférence économique total au partenaire

Ex : parent, amis associations

Réseau social

L’échange est économiquement

socialisé mais indifférence

psychosociale au partenaire

Ex : médecin, coiffeur avocat Réseau économique

L’échange est économiquement et psycho-sociologiquement socialisé

Ex : les membres d’une famille ou des

amis gérant la même entreprise un ami banquier qui fait un prêt

Réseau socio économique

Source FERRARY.M., PESQEUX.Y., l’organisation en réseau, mythes et réalités, p161

521 DEGENNE.A., FORSE.M , op ct, p 7

522 FERRARY M ., Dynamique des réseaux sociaux et stratégies d’encastrement social, Revue d'économie industrielle, N°129 -130, 1er et 2ème trimestres 2010 , pp171-202, p171

Socialisation psychosociologique - + Socialisation Economique + -

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Après avoir exposé ce qui peut différencier les deux type de réseaux, il faudrait examiner de plus près ce qui se passe dans un réseau économique et identifie les propriété fondamentales Pour FERRAY.M et PESQUEUX.Y, il existe trois critères pour qu’un réseau économique se forme, l’interdépendance des agents, la proximité géographique et la temporalité des relations sociales

a. l’interdépendance des agents

Pour que les individus échangent, il faut qu’ils perçoivent un intérêt, une utilité à échanger. Cet intérêt se manifeste dans le fait que chaque individu détient une ressources qu’il est prêt é échanger et que les autres souhaitent acquérir. De ce fait la première condition d’existence du réseau économique est la complémentarité de ressources détenues par ses membres

interdépendants⁵²³ . L’exemple que l’on pourrait citer, est celui des financements informels qui

se pratiquent dans le cadre des business Angel. Ces derniers sont définis comme des

investissements effectués par un individu dans une entreprise créée et possédée par les autres⁵²⁴.

MASON.C.M., les définit aussi comme une personne qui a une grande valeur pour les autres par le fait qu’il investit ses propres ressources financières d’une activité économique ou une entreprise et dont il n‘a aucun lien familial ave les propriétaires et qui, après avoir fait cet investissement devient actif dans la gestion de l’entreprise comme étant par exemple un

conseiller ou un membre proche de la direction .⁵²⁵”.

De ce fait, les agents économiques se constituent en réseaux économiques pour optimiser leurs ressources individuelles et dans ce cas n’est admis dans le réseau qu’un détenteur d’une ressource526.

Le cas qui est généralement cité ici, est les réseaux informels qui se cristallisent dans la Silicone Valley entre des individus détenant des ressources et des compétences dans différents domaines (avocats, comptables, conseillers), les banquiers, les business Angel, le capital risque etc. Chacun détient une ressource qui a une valeur pour les autres, notamment lorsqu’ils se réunissent à l’occasion s’agit d’un projet d’entreprise.

Cet exemple comme le suggère certains économistes, montre que le réseau économique peut être représenté comme un graphe dans lequel des nœuds (individu, organisation ) sont liés par des connexion non dirigées c’est a dire que les flux de ressources et d’infirmation interviennent

523 FERRARY.M., PESQEUX.Y., l’organisation en réseau, mythes et réalités, 2004, PUF, 294 pages, pp 153

524 70 ,p 460

525 Notre traduction selon la définition de MASON.C.M., Public policy support for the informal venture capital market in Europe: a critical review, International Small Business Journal, vol. 27, 2009, issue: 5,p 536-556 " A high net worth individual,

acting alone or in a formal or informal syndicate, who invests his or her own money directly in an unquoted business in which there is no family connection and who, after making the investment, generally takes an active involvement in the business, for example, as an advisor or member of the board of directors”

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dans les deux sens, de l’individu ( du nœud ) et vers( l’individus). Le fait qu’elles sont non dirigées suppose qu’elle enferme une potentialité en matière de réciprocité dans l’échange.

Cette dernière ne peut donc émerger que lorsque les individus acceptent d’y faire partie527.

b. la temporalité de la relation d’échange dans le réseau économique

L’inscription de la relation d’échange dans la temporalité désigne le fait que les interactions se font selon une logique de jeux à coups répétés entre les mêmes agents et non dan une transaction unique telle que la postule la théorie micro économie néoclassique. La permanence de la relation permet de réduire les coûts liés à l’accès à l’information, car elle permet comme le

soulignaient FERRARY.M et PESQEUX.Y l’apprentissage social mutuel des acteurs528. Cet

apprentissage augmente les capacités des individus à anticiper et à détecter les comportements fiables émanant des autres et donc de réduire l’aléa moral lors de l’échange. Cette anticipation fait que plus l’agent acceptera de fournir les informations au cours de la relation plus pourra bénéficier en retour à de nouvelles opportunités, des informations et des ressources favorables à atteinte de ses objectifs. Il existe ainsi une sorte d’économie dans les moyens de contrôle des comportements des autres grâce à l’apprentissage social.

c. La proximité géographique des agents dans le réseau économique

Le titre précédant a explicité l’organisation du réseau économique dan le temps .le réseau économique s’organise aussi dans l’espace d’où le terme « géographique». En terme simple La Proximité Géographique est avant tout une affaire de distance. Dans son acception la plus

simple, il s’agit du nombre de mètres ou de kilomètres qui séparent deux entités. La Proximité

Géographique est neutre dans son essence529. Ce sont les activités et les perceptions humaines qui vont conditionner l’impact positif ou négatif et lui conférer ainsi une certaine utilité. C’est la manière dont s’en emparent les acteurs qui est importante. Ainsi, le fait que deux entreprises se trouvent localisées à une faible distance peut être ou non source d’interactions : ces deux entités peuvent aussi bien rester indifférentes qu’entrer en contact et l’on parle alors de mobilisation des potentialités de la Proximité Géographique. Mais cette mobilisation peut conduire à des résultats différents selon les actions entreprises.⁵³⁰

De ce fait, la proximité géographique désigne le rapprochement dans l’espace physique des agents qui sen liés dans un réseau économique. Ce rapprochement favorise la qualité des relations interpersonnelles puisque il réduit certain coûts liés à l’échange de l’information, au

527 JACKSON.M.O ., WATTS A., The Evolution of Social and Economic Networks, Journal of Economic Theory N°106,200, pp 265–295, p266

528 FERRARY.M., PESQEUX.Y., opct, p156

529 TORRE A., Jalons pour une analyse dynamique des proximités, Revue d’Économie Régionale & Urbaine, N° 3,2010, pp409 - 437,p 413

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contrôle. lorsque par exemple un fournisseur est installé dans la même zone géographique qu’un client , il a la possibilité de visiter ce dernier , d’avoir les nouvelles au sen s de feed back sur la qualité de son produit et d’un autre coté le client aura la possibilité de visiter son fournisseur , d’être en mesure d’évaluer le sérieux , les méthodes de travail , et la qualité de la gestion chez le fournisseur . Ces capacités seront relativement difficiles à réaliser dans le cas de l’éloignement géographique entre ces deux cocontractants.

Cependant la proximité géographique n’est qu’une dimension de la proximité car selon cette proximité peut concerner d’autres dimensions que le seul aspect physique. GROSSETTI M et , BOUBA-OLGA.O, par exemple distingue à travers une revue de la littérature sur la notion de proximité deux types qu’ils appellent la proximité de ressources et la proximité de coordination.

- La proximité de ressources

Les ressources pour l’individu sont certes utiles lorsqu’elles sont mobilisées activement mais aussi elles constituent une contrainte par les limitations qu’elles donnent à son action. Elle

est aussi un enjeu, puisqu’elle fait l’objet de recherches d’appropriation par les acteurs531.

Généralement on distingue deux types de ressources lorsqu’elles sont abordées dans le cadre des réseaux économiques de production, les ressources matérielles et les ressources cognitives. Proximité matérielle : les individus sont semblables ou complémentaires sous le rapport des ressources dont ils disposent (patrimoines, revenus, diplômes, statuts sociaux, etc.). Même si elle a été conçue par opposition à la proximité dans l’espace (il y a des liens entre les deux types de proximité, qui se retrouvent dans les contrastes socio-spatiaux: Exemple de complémentarité : les riches habitants des résidences fermées de Rio de Janeiro et leurs serviteurs qui résident à proximité.

Figure 27. Proximité spatiale et proximité de ressources

Source BOUBA-OLGA.O., GROSSETTI M., Socio-économie de proximité , p 9

531 BOUBA-OLGA.O., GROSSETTI M., Socio-économie de proximité, Revue d’Économie Régionale & Urbaine, N° 3,2008,pp311-328,p 7

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Proximité cognitive : elle renvoie à l’idée que dans un réseau économique, les individus enferment en eux certaines variables comme la langue, les valeurs, les normes, des routines, des conventions ou d’une manière synthétique toutes choses que l’on peut rassembler sous le terme de « ressources cognitives ». Ces ressource ont la principale fonction d’orienter les comportements de l’intérieur. Certain individus possèdent les mêmes ressources cognitives il existe donc une similarité dans leur présence dans le réseau mais aussi elles peuvent être distribuées d’une manière hétérogène assurant ainsi une fonction de complémentarité. Cette proximité concerne donc ce qui se passe dans la tête des acteurs et qui se concrétisent dans la réalité par des actions et des discours. La proximité cognitive n’est pas neutre par rapport à une proximité spatiale dans la mesure elles peuvent même se conjuguer, c’est le cas par exemple dans les districts industriels ou les milieux innovateurs. Le fait que l’on soit proche en termes cognitifs facilitera – argument souvent repris dans la littérature – la circulation des connaissances⁵³².

- La proximité de coordination

la coordination des activités économique dans un réseau économique peut relever soit de l’entreprise considérée comme une organisation centralisée et régulée par l’autorité), du marché qui regroupes les agents ayant des ressources de médiation décentralisé dont la régulation se fait pas les prix ou d’une forme hybride qui est la coopération qui constitue un dispositif de

médiation décentralisé régulé par le plan533 . Avec comme éléments de différenciation essentiels,

le caractère centralisé ou décentralisé de la décision, d’une part, et l’épaisseur institutionnelle d’autre part : l’épaisseur institutionnelle du marché est faible, celle de la coopération est plus importante534.