Entrepreneur et entrepreneuriat Une approche processuelle
5. Le processus entrepreneurial le modèle de BYGRAVE.W et HOFFER .C.W
Lorsqu’on fait une lecture des travaux de ces auteurs depuis leur premier article (1992), il ressort que leur réflexion est à considérer comme une recherche de rupture avec l’approche par les traits de personnalité. Ces auteurs proposent, au travers des questions, de monter la différence entre une approche basée sue l’entrepreneur et une approche centrée sur le processus. Le tableau suivant présente les type de questions auxquelles la recherche s’efforce de répondre dans les deux approches.
Tableau18. Les questions de recherche qui fondent les deux approches en entrepreneuriat
Centrées sur l'entrepreneur Centrées sur le processus entrepreneurial
Qui devient entrepreneur ? Qu'est-ce qui permet de percevoir les opportunités d'une manière efficace et performante ?
Pourquoi devient-on entrepreneur ? Quelles sont les tâches clés pour créer avec succès de nouvelles organisations ?
Quelles sont les caractéristiques des entrepreneurs qui réussissent ?
Dans quelle mesure ces tâches sont-elles différentes de celles mises en œuvre pour diriger avec succès ? Quelles sont les caractéristiques des entrepreneurs
qui échouent ?
Quelles sont les contributions spécifiques de l'entrepreneur à ce processus ?
Source BYGRAVE.W et HOFFER .C.W, Theorizing about entrepreneurship, p16
Selon ces auteurs, la réorientation vers des problématiques axées sur le processus permet de
sortir du fondamentalisme imposé par l’approche par les traits299. Les chercheur sur les traits qui
297 BYGRAVE.W.D et HOFFER.C.W, op ct, p17
298 PATUREL R et LEVY-TADJINE.T., de la validité scientifique des modélisations en entrepreneuriat, L’Harmattan, « Marché et organisations », N° 6, 2008, pp 15 -29, p 25
299HERNANDEZ É–M, L'entrepreneuriat comme processus, Revue internationale P.M.E. : économie et gestion de la petite et moyenne entreprise, 8, n° 1, 1995, p 107-119, p 109
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distinct l’entrepreneur du reste de la population ont suivi le même cheminement que l’ensemble des chercheurs en sciences de gestion. Mais ils ont développé une conception très unitaire du concept abordée selon une logique unique. Il s’agit de distinguer les caractéristiques permanentes du succès, la bonne façon de procéder il s’agit comme du one best way en gestion du one best man en entrepreneuriat. La recherche du profil du créateur qui réussit est caractéristique de cette démarche300.
En plus BYGRAVE et HOFFER considèrent que la recherche en entrepreneuriat devait suivre le développent qu’a connue le domaine du management au début des années 1980 lorsque ce dernier a changé d’objet de recherche allant de la fonction des managers vers les processus
stratégiques dans les organisations301. La recherche dans le domaine de l’entrepreneuriat doit
selon ces auteurs prendre l’entrepreneur comme objet de rechercher, non pas pour identifier ces caractéristiques individuelles mais pour cerner cette fois-ci ce qu’il fait, c'est-à-dire ses actes. La figure suivante montre l’analogie faite avec le rôle des mangers pour analyser le rôle de l’entrepreneur302.
Figure 14. L’analyse des processus comme objet d’analyse dans le management et l’entrepreneuriat
Source BYGRAVE.W D & HOFER C.W 1991, theorizing about entrepreneurship, p 15 et 16
Sur la base du développement de la littérature sur la notion de processus en gestion et sur les activités des entrepreneurs, ces auteurs défissent le processus entrepreneurial comme "l’ensemble des fonctions, des activités et des actions qui sont liés à la perceptions des opportunités et la
300HERNANDEZ É–M , L'entrepreneuriat comme processus, p 108
301 BYGRAVE.W D & HOFER C.W,op ct, p 14
302 BYGRAVE.W D & HOFER C.W 1991, theorizing about entrepreneurship, entrepreneurship theory and practice , 1991, N°16 VOL 2,pp 13 t 22, p 13 et 14
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création d’une organisation pour exploiter ces opportunités"303. En vertu de cette définition, l’entrepreneur n’est pas seulement un personnage doté de caractéristiques spécifiques mais un
individu qui perçoit une opportunité et crée une organisation pour l’exploiter304. Le résultat final
sur qui doit se focaliser la recherche est l’événement entrepreneurial (entrepreneurial event) qui se manifeste dans la création d’une organisation.
5.1Ce qui doit être étudié dans le processus entrepreneurial
Partant de cette définition, ces auteurs proposent neuf aspects qui sont les éléments constituant
d’une conceptualisation du phénomène305. Le processus entrepreneurial est :
- un acte initié par une volonté humaine - intervient au niveau individuel (entreprise)
- un phénomène qui implique des changements pour l’individu - un phénomène qui implique une discontinuité
- un processus holistique - un processus unique
- implique une variété d’antécédents
- processus qui génère des résultats très sensibles aux conditions initiales de ces antécédents
5.2 Le processus entrepreneurial dans une logique déterministe
Selon cette acception, BYGRAVE.W, dans un article plus récent, défini le processus entrepreneurial, tout en restant rattaché à la définition proposé en 1992 avec HOFFERS.C.W comme un ensemble d’étapes et d’événement qui se succèdent. Ces étapes sont, l’idée ou la conception de l’activité projetée (conception of the business), l’engagement dans le processus (triggering opérations) et l’implantation et la croissance de cette activité (implémentation and growth). BYGRAVE.W formalise cette définition en mettant en relief de facteurs critiques (antécédents) qui dirigent le développement de l’activité de l’entrepreneur selon les différentes étapes selon cet auteur "as with most human behavior, entrepreneurial traits are shaped by personal attributes and environment"306.. Le schéma suivant résume les principaux résultats qui
interviennet dans un processus entrepreneurial307.
303 Involves all the function activities and actions associated with perceiving opportunities and the creation of organization to
pursue theme
304 An entrepreneur is someone who perceive an opportunity and creates an organization to pursue it
305 HOFER C.W et BYGRAVE W.D. Researching Entrepreneurship, entrepreneurship theory and practice, vol. 16,1992, p. 91-100,p 93
306 BYGRAVE, W. D. The entrepreneurial process. In W. D. Bygrave & A. Zacharakis (Eds.). The portable MBA in
entrepreneurship, . ,2004, 490 pages, pp 1-27, p 5
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Tableau 19. Le processus entrepreneurial le modèle de BYGRAVE W.D 2004
Source BYGRAVE, W. D. The entrepreneurial process., 2004,p 3
Dans ce modèle il est clair que le point focal reste l’individu dont la fonction principale est la participation dans les différents résultats attendus du processus entrepreneurial CARTON R.B. HOFER C.W. MEEKS M.D résume bien cette idée :" BYGRAVE & HOFER (1991) proposed that the focus of the field of entrepreneurship change from the focus on the characteristics of the entrepreneur to the characteristics of the entrepreneurial process. By focusing on the process, entrepreneurs are identified by their participation in the process,308 Nous souhaitons rester dans cette conception du processus entrepreneuriale. Partant de cette position nous envisageons dans le titre qui suit d’expliciter le sens empirique du processus entrepreneurial. il s’agit en effet de décliner ce processus en un certain nombre d’étapes. Mais là aussi on pourrait facilement constater l’instabilité des conceptions des chercheurs sur les étapes critiques qui structurent ce processus.
6. Le processus entrepreneurial une approche empirique
Le processus entrepreneurial a été défini dans le cadre de l’approche basée sur les résultats dont il faudrait à présent les identifier. Ces résultat permette de concevoir comment se décline empiriquement le processus entrepreneurial. L’examen de la littérature permet de retenir quatre qui ont fait une relative unanimité chez les chercheurs, la propension entrepreneuriale, le déclenchement du processus entrepreneurial, l’émergence organisationnelle et la survie ou le
308
CARTON R.B. HOFER C.W. MEEKS M.D the entrepreneur and entrepreneurship: operational definitions of their role in society, p 2
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développement de l’entreprise crée. Le schéma suivant met en relief les étapes du processus entreprenariat que nous envisageons de développer.
Figure 15. Les principales étapes le processus entrepreneurial
Source auteur
6.1 La propension entrepreneuriale
Sur le plan sémantique, le mot propension signifie un penchant, une inclination à faire quelque chose309. La définition appliquée au phénomène de l’entrepreneuriat ne s’éloigne pas de ce sens. FAYOLLE.A considère que la propension entrepreneuriale est inclination, un penchant à
s’engager dans une démarche entrepreneuriale310.Pour LEARNED.K.E, la propension
entrepreneuriale correspondrait à une étape où la combinaison de certaines caractéristiques psychologiques (motivation, attitude) et d’une expérience professionnelles augmentent les probabilités pour qu’une personne affiche une intention et s’engage dans la voie de
l’entrepreneuriat.311 . Pour un auteur comme TOUNES.A, la propension dans le domaine de
l’entrepreneuriat est une phase de sensibilisation à la création d’une entreprise312. Autrement dit,
elle correspond à un moment où l’individu grâce notamment à certain antécédents devient sensible à un projet personnel d’entreprise. Cet auteur propose dans un schéma la position de cette étape dans le processus entrepreneurial ou ce dernier se décline en quatre phases, propension, intention, décision et acte d’entreprendre.
309 Dictionnaire Larousse
310 FAYOLLE.A., FAYOLLE A, (2000), "Des propositions épistémologiques et méthodologiques pour repositionner les recherches en entrepreneuriat", Actes de la journée de l'IRG, Université Paris XII, Epistémologie et méthodes en Sciences de
Gestion, pp. 401-420,p 411
311 LEARNED. K.E "What happened before the organization? A model of organization formation", Entrepreneurship Theory and
Practice, vol. 17, N° 1, pp 39-48,p40
312 TOUNES.A., L’intention entrepreneuriale : théories et modèles, p 3 (II) Déclenchement de l‘acte d’entreprendre (III) Emergence de l‘entreprise (IV) Survie / développement (I) Propension Entrepreneuriale
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Figure16. Phases la propension à l’entrepreneuriat dans le processus entrepreneurial selon TOUNES.A
Source : TOUNES.A., L’intention entrepreneuriale : théories et modèles, p 3
6.2 La propension comme une phase distincte de l’intention
Globalement, on pourrait considérer que la phase de propension entrepreneuriale comme une phase où son présent des entrepreneurs potentiels dont leur intention est latent. Le schéma précédent met en relief le fait que la propension est une étape qui est distincte de l’intention et cela pour au moins deux raisons essentielles. D’un coté, la phase de sensibilisation à la création d’entreprise, il n’y a pas encore un projet clair, mais seulement une possibilité de se lancer dans un projet. D’un autre coté, il n’y a pas également un processus de recherche d’informations pour débuter une réflexion sérieuse su ce peut être l’activité dans le future. Ce processus comme le montre ce schéma commence dans la phase d’intention où l’individu commence à structurer son projet. Par conséquence, la propension peut se transformer en intention par l'existence d'un projet d'affaire, plus ou moins formalisé, et l'engagement personnel dans le processus de création d'entreprise.313 De ce fait on pourrait déduire que parmi les entrepreneurs potentiels peut sortir des entrepreneurs présentent une intention si des situations de déplacement favorables ou défavorables se présentent. C’est pourquoi dans l’analyse économique de cette phase, les auteurs considèrent la phase de la propension entrepreneurial commun facteur de prédiction de l’engagent réel dans l’entrepreneuriat.
6.3 Importance empirique de la phase de propension
BLANCHFLOWER D.G.et al sont les auteurs qui ont mis en évidence l’importance de cette phase dans un article publié en 2001. Tout d’abord, ces auteurs mesurent empiriquement le volume de ces entrepreneurs dans un pays donné par des enquêtes qualitatives (ISSP,
313 TOUNES.A., ., L’intention entrepreneuriale : théories et modèles, p 4 Composante du processus Mise en œuvre Propension entrepreneuriale Intention entrepreneuriale Décision D’entreprendre Acte d’entreprendre Existence d’une idée ou d’un projet
plus ou moins formalisé - Recherches des informations et conseils Sensibilisation : perception de la création d’entreprise comme futur possible
- Formalisation du projet : opportunité validée par un plan
d’affaire - Mobilisation des ressources financières et logistiques - Démarrage "physique" de l'activité - Réalisation des premiers produits ou services
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International Social Survey Programme). Dans le questionnaire utilisé, la question qui permet de déterminer la présence des individus dans cette phase est la suivante : "Suppose you were working and could choose between di!erent kinds of jobs. Which would you prefer:1) being an employee, being self-employed?"314. Sur la base de l’estimation des entrepreneurs latent et du nombrer réel des auto employés dans23 pays de l’OCDE entre 1997 et 1998, les auteurs concluent qu’il existe une corrélation positive. Dans les pays présentant un haut niveau d’entrepreneurs potentiels est les pays qui affiche un taux élevé de personnes qui travaillent pour leur propre compte (indépendant ou employeurs. Pour qui l y est cette relation positive s, les auteurs mettent en relief l’importante de l’âge est de l’accès au ressources financières comme facteur qui agissent comme des contextes favorable à ce passage entre l’entrepreneuriat
potentiel et le réel315. En 2005 le même constat est fait par GRILO I. et THURIK R., dans l’analyse des
variables affectant l’entrepreneuriat latent et l’entrepreneuriat réel. Le premier est mesuré par lap probabilité qu’un individu de déclarer une préférence pour l’auto emploi parmi toutes les
catégories de l’emploi316. Ces auteurs trouvent dans la comparaison des données des 15 pays
européen et des Etat Unies que la phase de l’entrepreneuriat latent est importante car elle détermine, toute chose égale par ailleurs le niveau des personnes qi se lancent dans la création de leur propres entreprise. Elle met également à nue la faiblesse des systèmes les d’incitation de
types administratives et financières contexte dans les économies317.
7. Le déclenchement du processus entrepreneurial
Ce titre discute l’étape que nous considérerons comme le deuxième résultat auquel le processus entrepreneurial devra aboutir le déclenchement du processus entrepreneurial. L’hypothèse dernière l’existence de cette étape dans le processus entrepreneurial se résume dans les propos de GARTNER.W
"Starting a new business is an intentional activity that involves ongoing effort in order to attain the desired consequence".318 . il ressort de ces propos qu’il une double comosante de ce déclenchement, une intention ( intentional activity) qui est accompagné par des actions concrètes (ongoing effort) de la par de l’entrepreneur. La littérature a préposé plusieurs modèles dont nous chercherons à présenter ceux qui sont les plus connus. Il existe plusieurs modèle par ce
314 BLANCHFLOWER D.G.et al Latent entrepreneurship across nations, European Economic Review, N° 45,2001,pp 680-691,p 681
315 BLANCHFLOWER D.G.et al ., idem,p 683
316 GRILO I. et THURIK R., Latent and Actual Entrepreneurship in Europe and the US: Some Recent Developments, International Entrepreneurship and Management Journal 1, 2005,pp 441–459, p 442
317 GRILO I. et THURIK R., idem,p 455
318 GARTNER.W.B . A., conceptual framework for describing the phenomenon of new venture, the academic of management review, Vol10, N°4? 1985,pp 696-706,p 700
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cette étapes comme le fait souligner BRUYTA.C est complexe pour celui qui en est l’acteur est
difficile à conceptualiser pour l’observateur et cela au moins pour cinq raisons 319:
1. hétérogène dans la mesure où il n’y a pas de façon unique de le déclencher. il est peut être déclenché d’une manière consciente (planifiée) ou inconsciente (non prévue) 2. Correspondant à des logique différentes : le fat de déclencher le processus peut suivre
une logique de rupture pour l’individu (incident, innovation ) ou dans une logique discontinu (reprise d’une entreprise existante)