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Réseau intra/extrahospitalier et suivi extrahospitalier

La collaboration active et régulière du réseau dans le programme de soin du patient se révèle être très avantageuse à long terme, puisqu’elle permet au patient de mieux gérer sa maladie et son quotidien. En effet, un réseau intrahospitalier et la mise en place d’un suivi extrahospitalier sont des ressources primordiales qui aideront la personne souffrant de troubles psychique à garantir et maintenir une stabilité psychique à long terme.

Les personnes interviewées nous parlent des différents réseaux qu’elles mobilisent régulièrement. Elles énoncent notamment les associations, les infirmiers, les éducateurs, les groupes de parole, l’équipe mobile, les amis, la famille et les proches.

Nous leur avons posé une question concernant le suivi ambulatoire en leur demandant de quel suivi ils avaient bénéficié à la sortie et quels étaient les professionnels qui comptaient pour eux.

Pierre nous répond : « Il y a eu le médecin, l’infirmier mobile, mais c’est l’équipe mobile qui compte le plus. Le but étant d’aller mieux et de reprendre une vie normale, une santé normale et sortir [!] On essaie surtout de trouver des solutions à mes problèmes quotidiens » (Entretien n°9). En parlant de l’équipe mobile, nous pouvons faire référence au suivi intensif dans le milieu qui a été mis en place par Charles Bonsack à Lausanne.

Les propos de Pierre confirment bien l’efficacité de l’équipe mobile qui, selon lui, est une grande aide au quotidien et sa ressource principale dans sa gestion de la maladie. Nous avons décrit les différentes missions du SIM dans le cadre théorique mais nous avons retenu que cette approche était conçue pour répondre de manière spécifique aux besoins des personnes présentant des troubles psychiques dans leur environnement.

Lorsque nous posons la même question à Laura, elle nous répond : « J’ai cette doctoresse qui est privée. Je vais au REEV, je vais à Paroles, chez un ami voir des films une fois par mois. J’aime bien discuter, rencontrer d’autres personnes. [!] J’aime aller au REEV, parce que j’entends d’autres personnes qui ont un peu ce genre de maladie, qui parlent de leurs voix. Ça m’aide d’entendre d’autres témoignages » (Entretien n°10).

Après les propos énoncés par ces deux personnes, nous pouvons mettre en avant l’importance de mobiliser des structures existantes et un réseau pour gérer la maladie psychique au mieux. Pour ces deux personnes ayant été hospitalisées à plusieurs reprises, ces différentes structures leur apportent une aide précieuse, un soutien et un partage avec les autres personnes présentant un trouble similaire.

Quant à Huguette, nous apprenons qu’elle évite à tout prix d’être en contact avec ces différentes structures psychiatriques : « je crois que je suis assez vaccinée [!] ça fait presque 20 ans que je ne vois plus de médecin » (Entretien n° 12). Elle semble être satisfaite de son réseau et tient à rester à l’écart des structures.

En synthèse, nous pensons que pour garantir une bonne prise en soin et permettre au patient de gérer au mieux sa maladie, la collaboration entre les différents réseaux est essentielle surtout lorsqu’il fait des allers-retours entre un établissement psychiatrique et son domicile. Durant les entretiens, les personnes interviewées nous ont peu parlé de leurs prises en soin intrahospitalières. C’est pour cette raison que notre analyse s’est plutôt portée sur les prises en soin extrahospitalières.

Gestion du traitement

La prise de traitement de manière quotidienne n’est pas quelque chose de facile et certains aspects de la maladie, tel que le déni, peuvent renforcer le sentiment d’incompréhension à prendre un traitement.

Cependant, nous savons qu’un arrêt de traitement peut engendrer l’apparition de symptômes, une crise psychique, suivie d’une décompensation psychique, ce qui va pousser le patient à retourner à l’hôpital.

Lors des entretiens, nous nous sommes intéressées à comprendre les différentes représentations liées aux traitements et si cela pouvait être une ressource dans la stabilité psychique. Lorsque nous posons cette question à Nicolas, il nous répond : « Il faut prendre son traitement tous les jours. Il n’y a pas de miracle » (Entretien n°11).

Deux autres interviewés sont en désaccord sur l’importance de prendre des traitements. Lorsque nous demandons à Pierre quels moyens il utilise lorsqu’il se sent moins bien, il nous répond que « ce ne sont pas les traitements » (Entretien n°9).

Du point de vue de Huguette, les traitements ne sont pas nécessaires : « dès que je pouvais arrêter, je le faisais. J’ai essayé de me reconstituer physiquement et psychiquement et passer le cap [!] Quand j’ai vécu le traitement, je dois vous dire que j’ai vécu comme anxieux, dépressif, hallucinant et suicidogène alors dites-moi où est l’aide » (Entretien n°12).

Nous trouvons intéressant de faire un lien entre ces propos énoncés par ces personnes et ce qui a été relaté dans notre cadre théorique. La compliance médicamenteuse dépend de plusieurs facteurs qui ont été décrits dans l’article « Observance du traitement en psychiatrie » d’Emmanuelle Corruble et Patrick Hardy (2003). Nous allons exposer les facteurs de non-compliance qui sont liés au patient et aux traitements dans le cas d’Huguette.

Selon Huguette, prendre un traitement n’a pas été bénéfique car cela lui a apporté beaucoup d’ennuis et a provoqué de gros impacts sur sa santé psychique et physique.

Un traitement peut causer des effets secondaires qui peuvent être handicapants dans la vie d’une personne souffrant de troubles psychiques. En d’autres termes, la personne ne comprendra pas forcément l’intérêt de prendre un traitement pouvant occasionner des effets secondaires, car souffrir d’une maladie psychique est déjà difficile à imaginer, à vivre et peut apporter de grosses souffrances.