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L’article intitulé « Projet pour une stratégie nationale visant à protéger, à

promouvoir, à maintenir et à rétablir la santé psychique de la population en Suisse » écrit

en 2004 par Regula Ri"ka et Sabine Gurtner, doctoresses collaboratrices scientifiques à l’Office Fédéral de la Santé Publique, a été d’une grande utilité pour identifier les différents déterminants de la santé psychique. Certaines citations seront extraites de cet article.

Plusieurs déterminants de la santé psychique sont étroitement liés au fonctionnement psychique. Ils sont propres à chaque personne en fonction de leur statut, de leurs représentations et de leur culture entre autres. L’illustration ci-dessous, issue de l’article, permet de visualiser ces différents déterminants.

Déterminants de la personne :

Déterminants sociétaux :

(Tiré de : Ri"ka, R. & Gurtner, S., 2004, p.18)

Les déterminants de la santé exposés ci-dessus peuvent influencer l’état psychique de la personne. Ils comportent des déterminants propres à la personne, qu’ils soient biologiques, psychologiques ou sociaux. Pour favoriser une stabilité psychique, la personne doit avoir des ressources personnelles, matérielles et sociales à long terme, pouvant être sollicitées à tout moment pour faire face aux difficultés de la vie quotidienne : exigences professionnelles, sociales et personnelles. Cela demande donc une adaptation sociale et psychologique constante à la réalité quotidienne.

Il y a également des déterminants sociétaux qu’ils soient socioculturels, socio-économiques ou institutionnels. Cela prend en compte la politique de santé, le système socio-sanitaire et les assurances.

Déterminants biologiques

Chaque personne va interagir de manière différente avec l’environnement qui l’entoure. Cela est influencé par la constitution de l’être. En effet, chaque personne est constituée d’un patrimoine génétique qui lui est propre. Certaines personnes ont un terrain génétique pouvant favoriser l’apparition de maladies psychiques au cours de leur vie. Il est important de préciser que les facteurs biologiques ne concernent pas uniquement la génétique, mais également d’autres processus neurologiques et biochimiques. En effet, certaines personnes vont réagir différemment face aux traitements, aux aléas de la vie quotidienne, au stress par exemple, ce qui demande une prise en soin individualisée et une adaptation du dosage médicamenteux.

Déterminants psychosociaux

Selon Ri"ka et Gurtner (2004), « les facteurs psychosociaux ont trait au bien-être psychique, au sentiment de pouvoir maîtriser son existence (capacité de contrôle interne), et se rapportent également aux relations sociales dans le cadre de la famille, de l’école, du travail et des loisirs » (Ri"ka, R. & Gurtner, S., 2004, p.19).

Cette citation met en évidence l’interaction des personnes avec leur environnement et leur entourage. En psychiatrie, les proches et la famille peuvent être une ressource pour la personne et pour son bien-être. En effet, certains proches ont un rôle soutenant face aux difficultés de la vie quotidienne car ils peuvent apporter un réconfort psychique. De plus, les interactions sociales sont également importantes car elles vont permettre à la personne de créer des contacts, ainsi qu’un réseau mobilisable.

Déterminants socio-économiques

L’environnement et le contexte socio-économique jouent un rôle non négligeable dans la santé psychique de tout individu. En effet, selon Ri"ka et Gurtner (2004), « l’appartenance à la société engendrée par l’intégration au travail joue un rôle décisif pour la santé psychique (Illés, Abel, 2002) » (Ri"ka, R. & Gurtner, S., 2004, p.19). Cette citation montre l’importance d’une source de revenus régulière permettant d’assumer les besoins quotidiens d’un individu. Une activité professionnelle est une source de sécurité, d’utilité dans la société et de réalisation personnelle. Dans certaines situations, cette activité peut être source de stress et jouer un rôle dans l’apparition de troubles psychiques (surcharge de travail, haute responsabilité).

La santé psychique peut être perturbée en cas d’aléas sociaux et économiques, telle que la perte d’un emploi (renvoi, démission), qui peuvent entraîner une baisse des revenus et de la qualité de vie. Cela peut également péjorer des problèmes existants et augmenter la source de stress face à l’incertitude de l’avenir. Le chômage est un facteur de stress important dans notre société et l’importance de retrouver un travail peut augmenter l’état de stress, car certaines personnes doivent assumer les besoins d’une famille (nourriture, loyer).

Des conséquences psychiques peuvent alors apparaître comme un état anxieux ou une dépression et pousser l’individu à l’isolement. L’équilibre psychique est ainsi fragilisé et mène à long terme à une décompensation si des mesures ne sont pas prises. Christophe Dejours (2002), psychanalyste français et psychiatre ayant rédigé de nombreux écrits sur la psychodynamique du travail, souligne l’importance de la reconnaissance et de la sécurité au travail. Le cas échant, cela pourrait entraîner une souffrance au travail et ainsi mener à une décompensation psychique.

Il est important de préciser que certaines personnes vivent dans une situation d’extrême précarité et de pauvreté. Le risque de développer un déséquilibre psychique, voire une décompensation psychique, est ainsi augmenté. En effet, le stress, des conditions de vie défavorables, l’incertitude de l’avenir, une qualité de vie diminuée sont des éléments socio-économiques déterminant notre état psychique.

Déterminants socioculturels

Les déterminants socioculturels sont définis par l’appartenance à un groupe de population, ou à une culture dans laquelle certaines représentations, normes, idées, valeurs morales sont véhiculées. Ils vont définir la personne au sein de la société, son interaction avec cette dernière et orienter ses choix. Chaque individu est donc, acteur de sa vie tout en étant dans un processus décisionnel. En d’autres termes, tout être socialement construit est acteur dans une prise de décision qui peut parfois être en contradiction avec les valeurs de la société.

Selon les auteurs, « la diversification des valeurs et normes sociales peut être considérée comme une ressource en matière de santé psychique puisque l’espace de liberté pour décider de sa propre vie s’en trouve augmenté. Mais la perte rapide des repères recèle le danger que le lien social entre les êtres humains s’affaiblisse, entraînant par là même un danger accru d’isolement social (Papart, 2002) » (Ri"ka, R. & Gurtner, S., 2004, p.19).

De plus, la religion est également une source de réconfort et d’apaisement bénéfique à la santé psychique. Certaines personnes parviennent à surpasser certaines difficultés de la vie quotidienne par le biais de pratiques religieuses et spirituelles afin d’être en communion avec un être idéalisé.

La société est également un déterminant socioculturel pouvant influer sur la santé psychique des individus. Cela va dépendre des structures mises en place qu’elles soient psychiatriques ou non visant une qualité de vie satisfaisante afin de permettre à chaque être humain de se constituer et de s’épanouir pleinement dans la société dans laquelle il se trouve. « La protection, la promotion, le maintien et le rétablissement de la santé psychique sont fortement influencés par les connaissances et l’attitude de la société face à la santé et à la maladie psychique » (Ri"ka, R. & Gurtner, S., 2004, p.20).

Il s’avère essentiel de fournir à la population des informations par le biais de campagnes, d’affiches par exemple pour lever certains tabous concernant le domaine de la psychiatrie, afin de permettre un dépistage rapide et précoce de tous signes annonciateurs de trouble psychique et pour traiter rapidement et de manière efficace la maladie.

L’article met en évidence les méconnaissances de la population concernant la maladie psychique. Il est important d’éclaircir certaines représentations sur la psychiatrie qui sont lourdement influencées par la culture et les normes. En effet, quelques personnes éprouvent des difficultés à accepter la maladie psychique d’un pair ou d’un proche car ce dernier ne se conforme pas aux valeurs et aux normes sociétales. De nos jours, la psychiatrie est encore lourdement marquée par des stigmates, d’où la nécessité de lever certains préjugés.

Une meilleure connaissance de la population concernant la santé psychique permettrait donc aux professionnels de la santé d’avoir un rôle d’aidant en orientant la personne dans une structure de soin adaptée. La mise en place du programme Profamille qui a été discuté dans le chapitre « Prévention du syndrome de la porte tournante » montre l’importance d’intégrer les proches aidants en « les mettant au service de leur parent malade, ceci dans un projet cohérent de soins et d’accompagnement » (Corzani, S. & al., 2013, p.1).

Déterminants institutionnels

L’accès aux soins et à des professionnels compétents (psychothérapeutes, psychiatres, ou médecins) va avoir un rôle primordial, car il va permettre le rétablissement, mais également le maintien de la santé psychique. « L’accès à une aide appropriée

nécessite une palette d’offres différenciées et la coopération entre les services sanitaires, sociaux, d’aide à la jeunesse, d’aide aux handicapés, de la prévoyance vieillesse, etc. ainsi qu’avec la justice et la police » (Ricka R. & Gurtner S, 2004).

Pour cela, il est important d’informer la population sur les structures disponibles pouvant être sollicitées à tout moment, afin de prévenir une éventuelle décompensation psychique.

En synthèse, la santé psychique est influencée par de nombreux déterminants qui constituent chaque individu et qui peuvent être influés par la société actuelle. Cela montre ainsi l’importance des actions devant être entreprises pour maintenir cet équilibre fragile et ainsi éviter une crise psychique pouvant amener à une (re)hospitalisation.

3.5.2 Fonctionnement psychique