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Le concept de rétablissement, que l’on appelle aussi recovery en anglais, a comme but de mettre en avant l’autonomie du patient. Selon Huguelet, médecin adjoint, chargé de cours, responsable du secteur Eaux-Vives du département de santé mentale et psychiatrie des HUG, ce concept « tire ses origines des traitements communautaires pour les addictions » (Huguelet, P., 2007, p.272).

La notion de rétablissement est directement en lien avec le concept d’empowerment. Le concept de l’ « empowerment » est issu de la charte d’Ottawa adopté en 1986 par l’OMS. Il promeut l’autonomie de la personne en ce qui concerne la gestion de la maladie, les décisions politiques qui le concernent, ainsi que l’application et l’investissement de la personne dans la mise en place d’un traitement.

Il s’agit de mettre au centre le patient et de le considérer comme un auteur et un acteur de son projet de soin. Ce dernier est actif dans sa propre prise en charge ce qui lui permet de se responsabiliser et de s’autonomiser dans les décisions et choix concernant sa prise en soin. Les soignants ne cherchent pas forcément la guérison mais visent plutôt une stabilité au sein de la communauté. Malgré la présence et la persistance de symptômes, la personne souffrant de troubles psychiques, peut vivre le plus adéquatement possible dans la société, permettant ainsi le retour à une certaine qualité de vie.

Le rôle de l’équipe soignante sera très important dans le processus de rétablissement puisqu’il va aider le patient à se redéfinir, à trouver un sens à sa vie et l’encouragera à aller au sein de la communauté.

Selon Davidson, psychologue et professeur dans le département de psychiatrie à Yale dans la Nord-Est des Etats-Unis : « Le rétablissement est un processus par lequel la personne reconstruit et développe de nouvelles interdépendances personnelles, sociales, environnementales et spirituelles dans sa vie. C’est un processus d’ajustements de ses propres attitudes, sentiments, perceptions et buts dans la vie, et, un processus d’autodécouverte, d’autorenouveau et de transformation » (Gendreau, F., 2009, slide 31).

Le rétablissement va favoriser l’autonomie de la personne, va lui permettre d’étoffer un réseau qui sera une ressource dans la prévention de rechute. Cette mise en place d’un réseau va permettre à la personne de se réintégrer dans la société et de construire des liens avec l’environnement extérieur.

Pour comprendre ce concept, il est important d’apporter une définition du réseau social. Il est défini comme étant un « réseau social est un ensemble d'entités sociales telles que des individus ou des organisations sociales reliés entre eux par des liens créés lors des interactions sociales » (Techno-science, 2011).

Le réseau est étroitement lié aux interactions sociales créées avec chaque individu. Néanmoins, il existe deux types de réseau :

Le réseau primaire : Il est constitué de liens sociaux proches reposant sur les affinités personnelles et se retrouve dans la vie quotidienne de la personne concernée.

Le réseau secondaire : Il fait référence aux services et aux institutions (services sociaux, professionnels de la santé).

Cette réinsertion sociale va permettre d’accueillir la personne dans la société malgré sa maladie. Il est important de préciser qu’il peut arriver que certaines traces de la maladie restent visibles, malgré la mise en place d’un traitement. De ce fait, la stigmatisation reste présente dans la réinsertion, dépendante de la pathologie de la personne, de son processus de guérison, de l’évolution de sa maladie, et d’autres facteurs.

Il existe certains réseaux à Genève, exposés dans le chapitre « Associations, foyers, centres », mis en place pour aider les personnes présentant des troubles psychiques. Ils ont comme but de favoriser l’intégration de ces personnes dans la société, la prise de contact avec l’extérieur et de partager leur expérience de la maladie avec d’autres personnes qui se trouvent dans la même situation.

La réinsertion sociale est associée à la réhabilitation psychiatrique. Selon Cnaan, professeur, le concept de réhabilitation psychiatrique est un « processus qui facilite le retour d’un individu à un niveau optimal de fonctionnement autonome dans la communauté. L’accent est mis sur l’intégrité et les forces de l’individu plutôt que sur sa maladie et propose une approche globale incluant la réadaptation au travail, le logement, les loisirs sociaux, l’éducation et l’adaptation personnelle » (Congiu Mertel, L. & Ducourant, O., 2012, slide 15).

3.6 Posture soignante

La prise en soin dans le domaine de la psychiatrie est très variée car les personnes et les manifestations de la maladie diffèrent d’une personne à l’autre. En effet, le vécu de la maladie peut être ressenti de manière plus ou moins difficile, ce qui demande une prise en charge individualisée et spécifique. Pour ce faire, il est important d’assurer un suivi adéquat pendant l’hospitalisation en gérant au mieux la crise psychique, en favorisant la compliance médicamenteuse et l’autonomie.

Il est important de créer un lien de confiance avec la personne soignée tout en ayant une distance thérapeutique adéquate. Le travail soignant est continuellement remanié pour explorer de nouvelles stratégies thérapeutiques, afin de ne pas avoir une prise en soins trop rigide. La créativité dans les soins est nécessaire pour trouver ce qui permettra au patient de ne pas être à nouveau hospitalisé.

La préparation à la sortie est essentielle, le but étant de permettre à la personne soignée d’avoir un réseau adéquat à sa sortie pour maintenir un suivi et une continuité thérapeutique.

3.6.1 Gestion de la maladie

En tant que soignant, la gestion de la maladie est parfois difficile. Elle est possible lorsque le patient est dans un processus d’acceptation, de compréhension de ces troubles et dans une optique de stabilité psychique. Au quotidien, le soignant va fournir les clefs permettant au patient de trouver par lui-même des ressources qui vont l’aider à gérer du mieux possible sa maladie.

« Le soin psychiatrique est l’ensemble des mesures destinées à soutenir ou à modifier le fonctionnement psychique du patient. Ces mesures l’aident à découvrir et à comprendre ses difficultés et à lui donner le moyen de les résoudre » (Merkling, J., 2010,

p.11). Pour cela, il existe des modalités thérapeutiques comme l’entretien infirmier, la contenance psychique, la création d’un lien de confiance entre autre. Il y a d’autres stratégies qui peuvent être mises en place pour prévenir les rechutes et les hospitalisations répétées qui peuvent faire appel à la créativité.

A travers ce chapitre, certaines méthodes utilisées dans le domaine de la psychiatrie seront mises en évidence, comme étant le reflet d’une créativité dans les soins.