• Aucun résultat trouvé

Évolution de l’édition de 1985 à nos jours

III. 1.3 Les réponses des intellectuels

a) Le rapport conflictuel entre livre et argent

Lors de différentes rencontres littéraires où étaient réunis des écrivains comme Salim Hatubou, Patrice Ahmed Abdallah, Ibrahim Barwan, des chercheurs comme Msa Ali Djamal Mohamed Ahmed Chamanga, Mahmoud Ibrahime, considérant que l’état était à l’origine de l’inflation du prix des livres sur le territoire, nombreux soulevaient la question d’un partenariat avec ce dernier pour la promotion des œuvres littéraires aux Comores. Les taxes douanières étant importantes, les répercutions se font automatiquement sur le montant des ouvrages, les rendant inaccessibles aux autochtones. En effet, à la douane, pareil à n’importe quel objet dédié au commerce, les ouvrages subissent différentes taxes. Comme nous le signalions plus haut, au vu des moyens dont dispose l’archipel, les techniques rudimentaires d’imprimerie ne répondent pas aux besoins éditoriaux. La fabrication d’un livre s’avérant alors trop onéreuse, en plus d’être contraignante, certains éditeurs impriment les textes en France pour ensuite les importer et pouvoir les distribuer dans les îles. Et ce même lorsqu’ils sont domiciliés aux Comores, à l’exemple de Komédit.

Pour les autochtones, acheter un livre devient alors un luxe. Les élèves qui seraient l’une des premières cibles, dans une logique de promotion de cette littérature, se trouvent eux, dans l’impossibilité de se les procurer. Il est assez difficile de lire puisque acheter des manuels s’avère hors de prix. Et même lorsque des oeuvres sont affichées dans les programmes scolaires, les élèves doivent également passer par l’étranger en envoyant leurs listes aux différents parents susceptibles de les aider. Ils n’achètent donc pas aux libraires locaux qui, paradoxalement et malgré tout, restent moins chers, même après répercussion des droits de douanes. Tel est l’engrenage matériel dans lequel se retrouve englué le domaine du livre aux Comores. Ces problèmes ont comme conséquence première, l’enfermement du livre dans une sphère élitiste et aisée. Plus dramatique encore, ils entraînent la stagnation de son développement avant que celui-ci n’ait pu prendre son essor et induisent, malheureusement, une diminution du lectorat potentiel.

A terme, confronter le domaine du livre aux nombreux obstacles à surmonter ne fera qu’accroître les inégalités entre les différentes couches de la société. Si acheter les manuels scolaires et les livres au programme se trouve être une démarche trop onéreuse, comment une personne de classe moyenne pourrait-elle s’acheter un livre pour le plaisir ? Soilih Mohamed Soilihi souligne à ce propos:

134

« Encore faudrait-il que le fiscaliste comorien adhère à une mesure de simple sens qui voudrait que le livre ne soit plus taxé à la vente comme un produit de luxe, là où sa production devrait bénéficier d’une subvention pour le rendre à la portée de chaque lecteur et lectrice potentiel(le). Amen ! » 162

Si peu réussissent à lire pour le plaisir, la majorité elle se contente de ce qui est obligatoire. Dans un tel contexte, l’accès à la lecture reste assez marginalisé et le plaisir de lire ne peut se développer.

Nul doute que dans ce contexte d’enlisement, où l’intérêt de la chose littéraire apparaît comme complètement atrophié, le peuple peine à se constituer une réflexion et à mener une réflexion sur son devenir. Si aliéner les principes démocratiques, bannir le droit à la pensée autonome c’est brûler les livres, comme le souligne le roman Fahrenheit 451, ne pas proposer cet accès à l’habitude de la pensée autonome, c’est aussi rendre perméable, un peuple, à des principes totalitaires sans que celui-ci ne s’en aperçoive. Aujourd’hui, toutes les tentatives politiques ou associatives visant à installer une vraie démocratie aux Comores se heurtent sans cesse à l’égo démesuré d’un président refusant par tous les moyens possibles, de quitter le siège suprême. Il en fut ainsi pour Ahmed Abdallah Sambi, comme il en a été pour Ahmed Abdallah, Ali Soilih et la liste est longue. Et malheureusement, le peuple enfermé dans des considérations urgentistes ne parvient pas à s’approprier les questions de son devenir, et subit, en marge des enjeux politiques, un niveau de vie et des incertitudes qui ne cessent d’accroître.

b) Les problèmes de promotion : production, publication, diffusion

Les Comores n’ayant, durant de trop longues années, disposé d’aucune maison d’édition propre, il s’avérait impossible de publier et par conséquent, difficile de procéder à la diffusion de ses textes.

Ainsi, les difficultés d’édition engendrant des difficultés de diffusion, la littérature Comorienne s’est trouvée confrontée à un problème majeur de cloisonnement absolu entravant la bonne marche d’une possible promotion. Par conséquent, l’un des plus grand obstacle que rencontre la littérature comorienne provient avant tout de cette difficulté à se promouvoir, à émerger à la surface dans un contexte où la concurrence est rude et où le public, le lectorat, est à la fois novice et disparate.

162 Soilih Mohamed Soilih, La littérature comorienne, historique et thématique, in Tarehi n°5, Mars-Avril-Mai 2002, p.49

135 Alors, même si parfois certains auraient souhaité publier leurs manuscrits, ils n’y parvenaient pas et beaucoup continuent jusqu’aujourd’hui de les conserver dans leurs tiroirs. En témoignent les poètes rencontrés par Carole Beckett lors de ses recherches sur la poésie comorienne. Comme elle l’explique elle-même dans son introduction, la plupart des aspirants poètes rencontrés lui confiaient avoir égaré une partie de leurs manuscrits, rangés sans grande conviction de-ci de-là. Comme beaucoup d’autres, la sud Africaine reste convaincue du dommage que ces pertes créaient dans cette littérature en balbutiements. Nous ajouterons qu’en plus des pertes, l’idée d’écrire en vain est certainement à l’origine d’un effet pervers chez les aspirants écrivains. Cela a pu générer un certain découragement car, pourquoi écrire puisque jamais personne ne pourra lire les écrits ? Ecrire sans penser être lu, c’est écrire pour soi or écrire pour soi, peut sembler limiter pour un futur écrivain. Il y a donc mise à mal des vocations car quasiment mortes dans l’œuf.

Par conséquent, le pays subit un immense retard quant à sa production littéraire. On a longtemps pensé que peu écrivaient mais il serait plus juste de se demander pourquoi. Ce retard dans les possibilités éditoriales nous donne quelques réponses assez viables quant à la maigre quantité d’œuvres dont disposaient les Comores. Le roman Et la graine d’Aboubacar Ben Saïd Salim, publié près de 15 ans après avoir été achevé, renforce cette déduction.

D’une manière ou d’une autre, le peu de publications poussait automatiquement les auteurs à garder leurs écrits pour eux- mêmes, et peut-être pire, les dissuadait d’écrire. Nous pensons alors que ce retard trouverait ses fondements dans ces nombreux problèmes : publication, diffusion, manque de motivation et par la même d’inspiration.

Passée l’étape cruciale de l’édition, le problème de la diffusion vient se greffer à son tour sur la promotion de cette littérature à deux vitesses. Le livre étant enfin publié, l’éditeur se trouve ensuite confronté à la question de la distribution. Où et comment vendre ce livre ? Aux Comores, quatre librairies sont répertoriées : La bouquinerie à Anjouan, la Maison des Livres à Mamoudzou (Mayotte), La Maison du Livre à Moroni et la Librairie du Nord à Mitsamiouli en Grande Comore. Mais il est parfois impossible de trouver certaines références notamment celles des auto éditeurs. En France, le problème reste tenace et ce n’est que depuis peu que l’on peut se procurer des ouvrages d’auteurs comoriens auprès de certains libraires spécialisés. On compte essentiellement la librairie Anibwe. Située en plein centre de Paris, elle distribue les ouvrages publiés pa r Komédit. Pour les autres éditeurs, De la Lune ou Coelacanthe, les démarches auprès d’autres structures vont bon train. Selon Mahmoud Ibrahim, fondateur des éditions Coelacanthe, des accords sont en discussion avec la FNAC

136 pour permettre la distribution de ses ouvrages. A en croire les différents échanges, il leur faudra continuer à démarcher les librairies spécialisées pour espérer une meilleure visibilité. Mais là encore, ces complcations ne concernent que les ouvrages publiés chez des éditeurs comoriens. En effet, encore une fois, L’Harmattan tire son épingle du jeu. Ses publications sont vendues au sein de la librairie du même nom. Il suffit donc de se rendre au 16, rue des Ecoles pour trouver tous les ouvrages concernant la littérature comorienne et édités chez lui.

Quant aux autres livres, les choses ont, durantt très longtemps, été extrêmement compliquées et aujourd’hui encore, le problème continue de se poser de façon permanente car à cette question épineuse de l’édition, s’ajoute celle du lectorat potentiel. En publiant une œuvre, toute maison d’édition aussi engagée soit elle souhaite et s’attend à ce que ce livre soit lu donc acheté. Pour cela, il faut réussir à cerner le lecteur, afin de cibler les œuvres. Or il n’existe pas de lieu en France où l’éditeur peut aisément aller à la rencontre du lecteur potentiel. Celui-ci est généralement éparpillé dans des manifestations culturelles, des journées à thème, des rencontres villageoises. L’éditeur doit finalement se démener seul pour approcher d’éventuels acheteurs.

Ainsi, dans les débuts, le moyen le plus fiable était celui de la débrouille axée sur le démarchage par la vente que l’on pourrait appeler be to be. Puisque les lecteurs ne pouvaient aller vers les écrivains, les écrivains devaient se rendre auprès des lecteurs. Pour cela, une méthode apparemment simple, fut testée : tenir des stands lors des journées culturelles. Les livres étaient alors exposés et vendus lors des nombreuses manifestations culturelles organisées par les toutes aussi nombreuses associations de la diaspora comorienne en France. Pourtant, malgré cette approche, le lecteur se montrait hésitant face au livre et les ventes ne se concluaient que difficilement. Il arrivait même souvent que l’éditeur reparte avec tout le stock apporté.

De plus, la tenue de ces stands était très contraigante. Ceux-ci nécessitaient une présence en continue tout au long de la manifestation. Une implication à la fois physique, matérielle et morale de la part de l’éditeur et des auteurs publiés, qui, au vu de la fréquence des événements leur demandait de se démultiplier. A terme, selon les propos de plusieurs d’entre eux, le découragement, la fatigue et l’usure prenaient le pas sur leur détermination et leur volonté. Il fallut donc repenser la rencontre avec le lecteur.

Une autre approche fut mise en oeuvre par les éditeurs : la vente par correspondance. Il s’agissait et il s’agit toujours d’attendre que le lecteur se manifeste en prenant contact avec

137 l’éditeur en vue d’une commande, de lui proposer un rendez-vous afin que celui-ci puisse vous rencontrer et permettre la transaction. Tout comme la première, cette technique offrait peu d’avantages et beaucoup d’inconvénients dont un obstacle majeur : elle induisait l’idée d’un lecteur déjà averti et ayant l’expérience de la lecture. Dans ce cas précis, il était en mesure d’être au fait de la production/édition en littérature comorienne et d’amorcer une démarche pour se procurer l’ouvrage souhaité. Or compte tenu des difficultés d’informations existant, le problème de diffusion restait identique. L’éditeur s’est vite rendu compte que même en allant à la rencontre du lecteur, celui-ci se montrait frileux à l’idée de la lecture, et les ventes, dans ces cas se voilaient de la phrase « c’est toujours mieux que rien ».

Après ces tentatives moyennement fructueuses, l’idée de cibler le lecteur en proposant des rencontres entre éditeur, auteur et lecteur, dans le cadre de salons du livre ou de dîner promotionnel, est apparue plus efficace. Amorcées par Komédit, relayée par De la Lune et Kalamu des îles puis reprise par Coelacanthe, ces rencontres connurent quelques succès.Nous avons pu nous même être conviée à ces différents événements et constater la répercussion immédiate et plutôt positive sur les ventes des titres. Lors de la sortie de la pièce de théâtre,

Le notable répudié, un dîner littéraire réunissant certains intellectuels et des amoureux du

livre en avait tout bonnement boosté les ventes. Le principe ayant été que tous les convives repartent avec leur livre, dédicacé par l’auteur, en l’occurrence, Patrice Ahmed Abdallah. Cette méthode avait été réappliquée pour la parution du recueil de poèmes de Saindoune Ben Ali. Là aussi, le résultat fut positif et encourageant. Cependant, comme nous l’avons signalé plus haut, tout cela demandait une présence constante de l’éditeur et de ses partenaires, aussi bien en amont qu’en aval ce qui, au final s’est avéré, semble-t-il, beaucoup trop contraignant et donc décourageant. La question que tous se posent : comment être au four et au moulin à la fois et espérer tout en occupant une autre fonction, un au autre métier, pouvoir tout gérer ? Au vu des discussions avec Mohamed Ahamed Chamanga, le résultat aujourd’hui laisse pressentir beaucoup d’amertume et de déception. Enfin, toutes ces expériences promotionnelles aux résultats mitigés, certains éditeurs dont Komédit, paraissent soulagés que les tractations et le démarchage auprès de librairies spécialisées ou non aient pu aboutir à la vente des titres d’auteurs comoriens dans des conditions plus viables et confortables. Et il s’agit là d’un très grand pas en avant.

L’un des premiers points clés fut la structure Comores Mag, fonctionnant comme une sorte de dépôt vente. Créée par un jeune entrepreneur, Ben Amir Saadi, à Marseille. À

138 l’origine, association loi 1901, ComoresMag fut pendant un temps un lieu incontournable pour tout amateur des Comores. On y trouvait répertoriées toutes les bonnes adresses, tous les ouvrages concernant les Comores existant, notamment les publications de l’éditeur Encres du Sud. Cette association a donné naissance en 1999, à ComoresMag, un magazine comorien d’information qui tenta de fidéliser les lecteurs par la mise en place d’abonnements. Malheureusement, comme le stipule son directeur, dans l’édito du numéro 13 « Le manque d’expérience et de moyens n’ont pas permis de répondre au succès suscité » par le magazine. L’idée de fidéliser le lecteur par le biais d’un abonnement, afin de lui donner envie de lire représentait un défit qui faillit aboutir. En l’espace de deux mois, l’équipe put comptabiliser près de 500 abonnés, ce qui, dans ce contexte, était inespéré. Mais quelques mois plus tard, cette jeune équipe d’étudiants dût interrompre son activité, laissant sans nouvelle les abonnés. A devoir être sur tous les fronts, l’équipe n’a pu honorer ses engagements et ses promesses d’un numéro par mois durant une année. Très vite, ils furent dépassés.

Depuis, les choses se sont plutôt améliorées et aujourd’hui, nous comptons cinq adresses de distribution, dont la plus récente, la librairie Anibwe à la fois librairie et éditeur spécialisée dans les littératures francophones. Située en plein cœur de Paris, son accessibilité et son ouverture permettent de redonner une véritable chance aux livres présents sur leurs rayons et aux auteurs comoriens d’être à la portée de tout lecteur curieux. Evidemment, celle-ci ne jouit pas de la renommée de l’Harmattan. Et tous les ouvrages n’ont pas la chance du roman Goma, polygame à la Courneuve, écrit par Ibrahim Yakoub. Celui-ci a réussi le challenge d’être publié en 2008 aux éditions Buchet Chastel qui comptent plus de 950 titres.

Nous reviendrons sur le livre Goma, polygame à la Courneuve plus loin.

c) Du désir de promouvoir à la création de maisons d’éditions

Comme nous le signalions, L’Harmattan a ouvert les portes des rayons littéraires aux lettres comoriennes. Cependant, encore une fois, seuls quelques chanceux ont la possibilité d’être publiés chez l’éditeur. De plus, les auteurs résidants aux Comores ne peuvent se faire éditer. La question de la sélection et de la publication restent alors cruciales. Les aspirants écrivains d’une part et surtout quelques intellectuels d’autre part, s’interrogent fortement sur les moyens de diffuser leurs propres textes. Aboubacar Saïd Salim tente alors un premier essai en créant les éditions Cercles Repères en 1998. Il publie comme nous le verrons, son roman

Et la graine… cette même année. S’ensuivront deux autres ouvrages à portée historique et

139 de fiction littéraire. Or si ce premier essai ne fut pas concluant, il semble faire échos auprès des autres intellectuels et auteurs, notamment Salim Hatubou qui crée Encres du Sud en 2000. Une année charnière dans le développement de cette littérature car, dès ce moment-là, la vague des éditeurs comoriens, implantés en France, s’amorce.

Nous retrouvons ci-dessous une liste des différents éditeurs liés aux Comores et publiant des auteurs comoriens, avec la volonté de participer à la promotion de cette littérature.

140

Listes des éditeurs

Editeurs 1984-2011 Editeurs 1984-2011

L'Harmattan

40 Klamba éditions 2 Komedit

37 Orphie 2

Les éditions du Baobab

7 Via Valeriano 1 Les éditions de la lune

8 B'WI 1

Kalamu des iles

2 Albin Michel 1 Encres du Sud

8 Edition le manuscrit 3 Edition du cygne

1 Naive 1

Encres vives 2 Edilivre 1

Les Belles pages 4 Plumes libres 1

Edition Hélices 1 Fleuve et Flamme, INALCO 3

Les éditions Coelacanthe 3 Editions A3 1

Udir 2 Le serpent à plumes 1

Bilk & Soul 2 Sens et Tonka 1

Collection Sajat 2 CNDRS 1

Cercles repères 1 Gfcasdvi 1

Kwanzaa éditions

1 Les éditions caribéennes 1 Buchet Chastel

1 Librairie gallerie racine 1 Française Truffaut

1 Grand Océan 1

Print express

141 Cette liste présente l’ensemble des éditeurs ainsi que le nombre de publications d’auteurs comoriens parues depuis leur création. Tous ces éditeurs ne sont pas comoriens (Kwanzaa éditions, Edilivre, Orphie…), au contraire, ils sont majoritairement étrangers aux Comores. Mais sur les 37 cités ici, 11 sont comoriens, un peu plus d’1/3.

- Komedit

- Les éditions de la lune - Encres du Sud

- Kalamu des iles

- Les éditions Coelacanthe - Bilk & Soul

- Cercles repères - Plumes libres - Editions A3 - Les Belles pages - Gfcasdvi

Ces éditeurs comptent 68 titres sur les 151 références. Si l’on y ajoute ceux publiés grâce à internet et au numérique (Print Express, les Editions du Manuscrit), cela ramène le tout à 76, soit ½. On constate alors que les répercussions liées à la création d’éditeurs comoriens indépendants sont immédiates. En proposant de réelles perspectives de publications, elle a permis une plus grande divulgation des ouvrages et offert une visibilité aux écrits d’auteurs originaires des Comores. Bon nombre de ces maisons d’éditions sont le résultat d’une réflexion entre chercheurs (Komédit, éditions de la Lune), d’écrivains (Kalamu des îles, Cercles Repères, Les Belles Pages, Encres du Sud…). Il a donc fallu une appropriation du problème de l’édition par les auteurs comoriens eux-mêmes et une volonté claire de palier à ces manques.

Les plus grandes maisons d’édition : Komédit et les Editions de la Lune, se diversifier pour survivre

Face à ce handicap fortement grandissant, une association comorienne, l’ADLC (Association pour la Diffusion du Livre Comorien), s’est entourée de chercheurs afin de réfléchir aux moyens de faire éclore la littérature comorienne. Quelques intellectuels se sont penchés sur la question et le réveil des mentalités qui s’était amorcé dans les années 80 se répercute encore et en 2001 naît Komédit. Il s’agit d’une maison d’édition comorienne dont la

142 priorité concerne essentiellement, par la publication d’œuvres comoriennes, la promotion du livre comorien.

Le graphique suivant permet de visualiser en couleur l’impact réel produit par la création de maisons d’éditions comoriennes. Seuls sont représentés les éditeurs ayant plus de 7 références de différents auteurs comoriens dans leur catalogue. Et en effet, les publications par Komédit (en rouge) permettent d’observer une nette progression du nombre d’ouvrages publiés en 10