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Les trois grandes périodes historiques des Comores comme étapes d’établissement d’une littérature écrite pour les îles

D’APPARITION DE LA LITTÉRATURE ÉCRITE

II.1. Écriture et littérature, une combinaison aux abords complexes complexes

II.1.1 Les trois grandes périodes historiques des Comores comme étapes d’établissement d’une littérature écrite pour les îles

a) L’écriture sous les sultanats

Au cours de nombreux siècles, les Comores ont connu de grandes mutations politiques. Avec les différents peuplements des îles, les mœurs communes à chaque peuple d’immigrants décrivaient un nouveau système d’établissement des puissances dominantes. Les lignées de rois et reines reconnus sous l’appellation des Fe et Bedja87 cédèrent la place aux titres de sultans vers le XVIème siècle, donnant lieu à une réorganisation du pouvoir. Durant cette période qui s’étendra jusqu’au XIXème siècle, les grandes lignées matriarcales,

hinya, se livrent parfois des combats fratricides en vue de conquérir de nouveaux territoires et

d’y établir leur influence et leur suprématie. Cette période de tensions n’a pourtant pas empêché la créativité artistique, les sultans favorisaient l’art et la littérature. Moussa Saïd Ahmed le précise dans ses recherches en les nommant « les sultans batailleurs et poètes », rectifiant ainsi le surnom simple de batailleurs88 donnés aux sultans par certains chercheurs du début XXème siècle. Il apparaît que plusieurs d’entre eux vouaient une grande considération et un profond respect au monde de l’art et à la littérature en particulier. Ils entretenaient dans leurs cours, des poètes, des conteurs, des orateurs et des chanteurs itinérants.

87 Appellation désignant anciennement les rois et reines et personnages importants d’un groupe dominant. Ceux-ci étaient désignés suivant le système traditionnel de l’époque.

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Titre de l’ouvrage d’un administrateur français Urbain Faurec, L’archipel aux sultans batailleurs, publié en 1941 puis réedité par Promo AL Camar n°8, Décembre 1969. CERSOI, Aix-en-Provence. Ce tritre devenu un qualificatif courant, est sujet à de nombreuses controverses. Repris par de nombreux chercheurs dont Jean Martin, éminent spécialiste de l’histoire des Comores, il souligne l’aspect excessivement belliqueux des premiers chefs comoriens, les sultans. Un aspect de plus en plus nuancé -comme dans l’ouvrage de Damir, Boulignier et Ottino, Histoire d’une lignée royale à la Grande Comore- voire contredit par les nouveaux chercheurs historiens ou anthropologues qui y voient une tentative de caricature de l’ensemble comorien.

78 Le sultan Ntibe Trambwe Mlanao, dit Mbae Trambwe 89, tenait ce double rôle de sultan et d’intellectuel. Personnage très cultivé, il affectionnait particulièrement les lettres. Il descendait d’une famille de lettrés. Son père, le sultan Ntibe Mlanao du Bambao et sa mère Mmadjamou binti Msafoumou de Ntsudjini étaient tous deux de grands poètes. Le sultan Mbae Trambwe a laissé derrière lui plusieurs poèmes et adages dont certains ont été compilés dans le recueil Mbae Trambwe, Poèmes, Pensées et Fragments90.

Il est dit qu’un autre sultan, Abidi du Domba, réunissait sa cour tous les soirs et ensemble, ils se laissaient aller au plaisir des belles phrases, des jeux de mots, des devinettes. Durant de longues soirées de récitations, ses hôtes concourraient au perfectionnement de la récitation (tadjwid) du Saint Coran. Cette forme de lecture très prisée, fait encore aujourd’hui l’objet, de toute une formation dans les madrassas du monde entier (Al Azhar). En ce sens, lorsque le sultan Abidi organisait ses soirées de récitation, il contribuait pleinement à promouvoir la littérature, bien que celle-ci ne soit pas encore écrite. Il est à l’origine de nombreux idzoza (énigmes) et il est dit que ses contemporains reconnaissaient en lui de grands talents de conteurs. De plus, les sources de Moussa Said Ahmed ajoutent à ce sujet qu’il « n’admirait un guerrier que si celui-ci savait manier avec délicatesse le shinduantsi (éloquence traditionnelle).», que nous traduisons par rhétorique de la généalogie.

C’est donc dans l’oralité que se manifestait l’art de la parole. Le mot prenait alors tout son sens et ceux qui savaient s’en servir pour instruire et plaire restaient dans les mémoires. Le XVIIIème siècle est marqué par l’importance de ces manifestations orales. Bien que jusqu’aujourd’hui, l’art de la parole soit toujours aussi prisé et vivant, certains poètes en faisaient, à cette époque, leur arme et leur gagne pain. Les poètes philosophes au XVIII ème siècle : Mnaidjimba Chari, Mbae Trambwe, Youssouf Djindoni91 ont laissé derrière eux des

shaîri (genre poétique très apprécié au XVIIIème siècle).

Alliant sagesse et rhétorique, discours et poésie, ils séduisaient par la beauté de leurs textes et leur adresse dans la joute verbale.

De cette période, date de nombreux adages, de hadisi, de proverbes et autres formes de déclinaisons littéraires. Ainsi, « aux genres classiques (poésies, maximes, contes etc.),

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Le terme de Mbae signifie grand-père. Il traduit ici l’esprit de raisonnement, le pragmatisme et met en avant la sagesse du Sultan.

90 Damir Ben-Ali, Chami- Allaoui Masseande, Mbae Trambwe, Poèmes, Pensées et Fragments, CNDRS, Moroni, 1990

91 Se référer aux travaux de Moussa Saïd Ahmed dans lesquels il propose une présentation succincte des poètes ainsi que quelques textes. pp.189-203

79 s’ajoutèrent des figures de pensées telles que le tafsiri l’Kur’ani, traduction commentée du Coran. » Ceux sont ces mêmes genres que l’on retrouve aujourd’hui, à l’écrit.

Or, l’écriture demeurant très marginale, seuls quelques textes de poètes tel que Al Habib Bin Soumeit de son vrai nom Sayyid Omar bin Ahmad bin Sumeit(1886- ?) ont pu jouir d’une publication, non pas aux Comores mêmes, mais au Kenya et au Yemen. Celui-ci, fils du grand Sheikh Ahmad bin Sumeit, a vécu à Madagascar où il y a enseigné les sciences liées à l’Islam, occupé les fonctions de Kadhi à Pemba (Zanzibar) puis de grand kadhi sur cette même grande île arabo-swahilie. C’est au terme de sa vie professionnelle qu’il est rentré aux Comores où il continua, vraisemblablement à dispenser son savoir. Il fut reconnu comme le plus grand poète de son temps, en Afrique Centrale, par le très grand ‘alim Sheikh Abdallah Bin Saleh Al-Farsi,92 qui a fortement marqué l’histoire religieuse des Comores. Ainsi, si Al Habib bin Sumeit a pu jouir de cette forte notoriété au delà des frontières des îles de la Lune, c’est aussi parce qu’il n’ a que très peu vécu dans l’archipel. Son statut de grand religieux attesté par les différentes fonctions occupées donnaient caution à sa parole et ainsi, permettait à ses textes d’être reconnus et donc édités en vue d’être conservés. Nous ne pouvons malheureusement pas en dire autant pour les différents poètes restés dans les îles ou ceux qui n’occupaient aucune fonction ni étatique, ni religieuse. Cela nous permet aussi de déduire que l’écriture, même dotée de qualités stylistiques, conservait avant tout un aspect fonctionnel et instructif.

b) L’écriture sous le protectorat et la colonisation : une organisation disciplinaire et instructive à deux vitesses, l’école et le chioni

Par contre, il ne semble pas en être de même quant à la période de la prise de pouvoir par la France sur les îles. Les difficultés rencontrées par les sultans durant les différentes étapes de la colonisation des Comores n’ont laissé de traces que dans les chroniques anciennes.

Dès le début du XIXème siècle (peu de temps après les invasions malgaches (1793-1810) qui éprouvèrent profondément les Comores), de grandes colonies comme Madagascar pour la France, ou Zanzibar pour le Royaume uni formaient des puissances coloniales dont l’influence permanente se répercutait sur le paysage politique de l’archipel ainsi que sur son statut. C’est ainsi que les îles basculèrent d’état autonome, en protectorat, puis en colonie sans oublier le lien de dépendance à Madagascar. Ces changements de statuts s’officialisaient

80 essentiellement par les nombreux traités signés entre les colons français ou anglais de passage dans les îles et les sultans. A partir de ces traités, l’instabilité régnante ne fit que s’accroître. Les Comores devinrent la proie d’importantes tractations douteuses de la part de certains sultans désireux de prendre le contrôle des îles avec pour la plupart, l’aide des français. À Ngazidja, le sultan Saïd Ali fut nommé sultan de toute l’île par un traité de 1892 dont l’article 2 stipule que « sont également supprimés les sultanats particuliers du Bambao, Itsandra, Mitsamihuli, Mbude et MBadjini. Le sultan Saïd Ali régnera sur toute la Grande Comore »93. Ce traité annule l’organisation propre de l’île. En imposant un seul sultan, il ne tient aucun compte des lois et des codes de transmission du pouvoir tels qu’ils sont établis. Il met aussi à mal le système de répartition des terres. Les sultans ont alors à cœur de protéger leurs biens en faisant valoir leurs droits sur leurs territoires. Les textes datant de cette époque étaient écrits par les sultans dans le but de faire acte de propriété pour les terres que la France voulait leur retirer. L’ouvrage de Moussa Saïd Ahmed fait état de l’impact négatif provoqué par l’épisode de la légation de tous les pouvoirs au sultan Saïd Ali et qui a beaucoup marqué les esprits. Certains poètes-chanteurs de l’époque, les wapvanzi, Kari Ismaël ou Ipvesi Mgomdri, en firent le récit dans leurs textes.

Comme le souligne Pechmarty, outre ces rares productions orales, les écrits datant de cette période sont pour la plupart des textes officiels établis pour les besoins du législateur.

Le chioni

Et en regardant de près l’évolution de la littérature écrite aux Comores, on ne peut que s’arrêter sur des questions apparemment hors de propos puisqu’elles ne devraient plus avoir lieue et pourtant, elles sont bien là.

La littérature comorienne subit un retard considérable par rapport aux littératures africaines ou encore celles de l’Océan Indien. On constate que durant de longues années, les comoriens n’ont pas eu accès à la moindre instruction. Non qu’il n’existât pas de sciences à acquérir car les peuples qui ont dominé et formé le pays disposaient chacun d’une langue et de l’écriture. Pour ce qui est des peuples bantous, nous savons que le swahili était leur principale langue, et le swahili est une langue qui s’écrit. Même si comme aux Comores, les peuples de langue bantoue sont pareils à la majorité des peuples d’Afrique, des peuples de l’oralité. Mais comme nous le savons aussi, le comorien n’est pas une variante du swahili, c’est une langue voisine.

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81 En ce qui concerne les sultans, on leur prête, et ce n’est pas faut, des origines arabo-persiques, shiraziennes. L’arabe est une langue très ancienne et dont l’écriture existait depuis bien des siècles avant que ces arabo-persans ne parviennent aux îles. Il y a donc eu, de cet héritage, la création de structures permettant l’accès à certaines sciences notamment à l’écriture.

Ces structures, appelées chioni (littéralement, au cœur du livre), sont les écoles coraniques qui offraient aux enfants un minimum d’instruction et un premier contact avec l’arabe. On y enseignait et continue d’y instruire, et ce dès le plus jeune âge, le Coran. Les enfants apprennent essentiellement à le lire, mais aussi à l’écrire. Cet apprentissage de l’arabe, instauré comme obligatoire, se construit autour de trois étapes liées à une répartition des sourates du Coran. Les plus petits (trois à six ans) sont initiés à la lecture à partir du Kurasa (livre ou fascicule allant des lettres de l’alphabet arabe et comprenant l’intégralité du juzz Amma94). La première partie du Kurasa permet aux élèves d’apprendre à reconnaître puis à assembler les lettres toujours dans un souci de complexification qui l’amènera à savoir et maîtriser la lecture des versets coraniques. La seconde partie est constituée du juzz Amma et inclue la Fatiha, jusqu’à la sourate an-Nabà’. Au sortir du Kurasa, l’élève est jugé apte à entrer dans le monde des plus grands. Il sera alors initié au Mushaf qui représente l’intégralité du Coran. Et lorsqu’un enfant a pu parcourir, lire et relire intégralement le Mushaf trois fois, alors son apprentissage est sanctionné par une lecture publique appelée Hitima et ses efforts récompensés par une cérémonie du même nom « Pveha Hitima » où, mis à l’honneur, lui et ses camarades, ses pairs, recevront des cadeaux, les félicitations et les honneurs d’usage. En règle générale, cette consécration a lieu vers l’âge de neuf - onze ans, parfois huit, ou encore, mais exceptionnellement, six ou sept ans. Cette fête est vécue et ressentie comme un sacre, et permet l’entrée symbolique de l’enfant dans la vie adulte religieuse. C’est aussi à partir de ce moment que l’enfant intègre une deuxième phase d’apprentissage axée non plus autour de la lecture et de la récitation des versets, mais sur la compréhension des actes et du fait religieux. En plus de la lecture, les foundi( professeurs) leur dispensent aussi des cours de leçons de vie, de conduite et de bienséance. A travers les différents livres servant d’étapes référentielles à la vie de l’homme (le Babou, le Rissala …), on enseigne aux wanazioni (les élèves), les

94 Il s’agit de la trentième partie du Coran. On pourrait apparenter le terme de juzz à chapitre. Ce juzz comprend les 37 plus petites sourates du Coran tels que la dernière, an-Nâss (Les Hommes) qui compte 6 versets, Al-Falaq (l’aube naissante) qui en compte 5 et Al-Ikhlâss (la Fidélité) seulement 4. En plus de la longueur des sourates, la brièveté des versets rend l’apprentissage plus simple pour les enfants. Le juzz s’ouvre sur les sourates les plus longues dont la première An-Nabà’ (la Nouvelle). Mais toujours dans un souci de simplification, il sera lu et appris dans un ordre décroissant et ainsi An-Nâss sera vu en premier et An-Nabà’ en dernier afin de permettre aux enfants d’intégrer petit à petit la lecture complexe et de retenir par cœur les sourates. La sourate Al-Fatiha (la Liminaire) étant incontournable, elle servira de base lors de la première lecture. Elle est donc comprise dans le Kurasa comme première sourate sans pourtant faire partie du juzz.

82 fondements de la religion musulmane, les préceptes et les lois relatives à tout bon musulman ainsi que les règles d’une bonne hygiène de vie.

Dans aucun des cas, malheureusement, l’accent ne sera mis sur l’apprentissage de la langue elle-même. Cet apprentissage étant toujours subordonné à une connaissance pointue de la religion, cela peut expliquer comment le comorien lambda parvient aisément à lire et réciter le Coran sans pour autant en comprendre un mot. Il arrive même souvent qu’il sache l’écrire mais ne puisse réutiliser l’alphabet arabe que dans le contexte d’une transcription du

shikomori. Ce qui explique que certains des manuscrits dont dispose le pays soient écrits en

swahili ou même en comorien selon un mode de transcription qui utilisait la graphie arabe. Aujourd’hui encore, lorsqu’une personne âgée écrit une lettre, elle emploiera les lettres arabes « l’aliphbe » pour s’exprimer en comorien. Pour appuyer notre propos, citons Jean Louis Joubert:

« L’école coranique constitue, jusqu’à l’indépendance, l’élément fondamental, sinon exclusif du système éducatif comorien. Elle reçoit la quasi-totalité des enfants d’âge scolaire. Elle leur inculque d’abord les rudiments de l’écriture arabe, puis les initie à la lecture du Coran avant de les familiariser avec la subtilité des dogmes et des rites musulmans. Cette école coranique reste un facteur essentiel de socialisation : elle fournit aux enfants les valeurs et les modèles pour leur intégration dans la vie de la communauté. Une réforme, entreprise en 1978, a tenté d’harmoniser les pratiques et les niveaux très disparates selon les six cents établissements répartis dans l’archipel. Mais l’archaïsme et les routines de la pédagogie restent bien difficiles à extirper. »95

Il est tout à fait impressionnant de constater à quel point le système éducatif proposé par les zioni (écoles coraniques, pluriel de chioni) est structuré sans qu’il n’y ait au préalable de directives ministérielles incitant à une cohérence des enseignements. Et de voir que ce sysème apparaît tout aussi efficace dans le but fixé qu’inefficace dans le principe d’instruction. Car en effet, cet apprentissage donne des bases génératrices de valeurs communes, éduque et forme l’identité spirituelle des jeunes comoriens et permet aussi de déceler les enfants précoces. Pourtant, il est assez regrettable si ce n’est incohérent, que dans cet objectif (faire en sorte que chaque comorien sache lire le Coran) l’apprentissage de la langue paraisse aussi limité. Nous disons « paraître » et pourtant, il suffit d’ouvrir les yeux, de discuter avec des comoriens pour voir à quel point, il est limité. Car lorsqu’on compare le nombre important d’enfants qui entrent et qui sortent des zioni et le nombre d’individus

83 capables de se réapproprier les connaissances acquises au cours de près de 8 années d’enseignement obligatoire et de pouvoir les réinvestir dans un autre contexte, le résultat est désastreux. Pour le vérifier, nous avons demandé à une cinquantaine de personnes autour de nous, ayant régulièrement fréquenté le chioni, de nous traduire et d’écrire en arabe « Le soleil s’est levé et la vie est belle » et seulement deux d’entre elles, un imam et un fundi, en ont été capables.

Malheureusement, la première des explications est très simple : la réappropriation et la réutilisation des connaissances hors contexte religieux ne font pas partie des objectifs tacitement subordonnés aux zioni. Ainsi, ceux-ci axent l’instruction essentiellement sur la connaissance du Coran et du fait religieux. Il ne s’agit pas tant de produire des éléments ou des individus capables de lire, de comprendre et de produire un énoncé donné dans une langue donnée, en l’occurrence l’arabe, mais de fabriquer des citoyens capables de réciter et de procéder à la transmission, non du discours-message religieux, mais du fait et du texte global coranique. On ne trouvera jamais dispensé dans un chioni, des cours de grammaire, de conjugaison, des cours d’expression orale ou de vocabulaire. Il est impossible qu’un élève soit amené au sortir du chioni, à effectuer une rédaction, une explication de texte ou autre en guise de devoirs. Seuls quelques initiés, souvent de jeunes étudiants pourront, à l’issue de ces formations initiales et en justifiant d’un très bon niveau, fréquenter les Madrassas où là, au contraire, l’apprentissage très poussé s’axe autour de divers savoirs, toujours subordonnés à la religion musulmane et sa pratique, mais avec en plus, une approche plus concrète de la langue arabe. Ce n’est qu’à ce stade très avancé que des jeunes auront alors accès aux cours de grammaire et d’expression écrite. Ainsi, tandis qu’à l’âge de huit ans, les enfants reçoivent des cours de « Tadjwid » 96, quelques jeunes et moins jeunes adultes apprennent ce qui pourrait sembler, du point de vue de l’enseignement en occident, le b.a.-ba.

Nous justifierons cette approche tout du moins particulière par l’importance que revêt la religion aux Comores et sur la méconnaissance de certains dogmes notamment le hadith qui stipule que la science et sa quête n’ont pas de limites, et que tout bon musulman se doit de chercher à connaître, à se réapproprier le savoir et ce, quitte à partir vers des contrées très éloignées. Aux Comores, on privilégie une théorie selon laquelle, le Coran est la nourriture du croyant. Dans le contexte comorien, cette théorie est perçue dans son sens le plus terre à terre. Ainsi le Coran doit être su afin de se prémunir contre les châtiments de la tombe et de s’élever

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Cours de lecture et de récitation axés sur la bonne manière de réciter le Coran en fonction des accents. Une bonne lecture du Coran fait du récitant, une personne respectée car la communauté comorienne met une pointe