• Aucun résultat trouvé

Islam et animisme : l’islam comorien, la religion des antithèses

IV/ LA SOCIETE COMORIENNE, POUR UNE APPROCHE PARA TEXTUELLE180 DE L’ESTHETIQUE LITTERAIRE

IV.1 Mœurs et coutumes d’une société de métissage

IV.1.1 Islam et animisme : l’islam comorien, la religion des antithèses

a) L’apparition de l’Islam

Selon une tradition orale, l’Islam aurait été importé aux Comores, par des comoriens partis s’initier à cette religion dès la mort du Prophète Muhammad (SAW). Par contre, les informations sur la manière dont ceux-ci en ont eu connaissance sont peu précises. Floues, elles font osciller le chercheur entre mythe et réalité. En effet, la majorité des ouvrages traitant du sujet restituent le même récit originel qui puise ses sources dans la tradition orale.

Il semblerait donc que, toujours selon cette même tradition orale, ces comoriens soient les Fe bedja Mambi et Fe bedja Mtswa Muyndza, descendant de Fesmaï, un des Bedja de Batsa (Itsandra). La version recueillie et retranscrite par un ancien administrateur colonial, Pechmarty explique que Mtwsa Muyndza (disciple de Mohamed Ben Othman à la Mecque) arriva en Arabie longtemps après la mort du Prophète Muhammad. Il y resta pour s’instruire et repartit quelques années plus tard répandre l’Islam auprès de ses compatriotes. Cette version renforce l’idée d’une arrivée de l’Islam autour du Xème siècle. Mais ce sont les fouilles archéologiques qui permettent une meilleure datation de son introduction, la faisant remonter un siècle avant. P. Verin souligne dans son ouvrage, les Comores, « A shanga, sur la côte d’Afrique, l’archéologue britannique Horton a découvert les restes d’une mosquée de petite taille construite en torchis vers l’an 800, au milieu d’un ‘coral’ bantou, en un temps où bien peu de Bantous s’étaient soumis à la loi du Prophète. Un siècle plus tard, la situation devait être bien analogue aux Comores ».

On attribue « au légendaire Mohamed Ben Othman, enterré à N’tasouéni »181 (ville de la grande Comore), l’introduction de la circoncision et de l’Islam dès le Xème siècle.

b) Pratique modérée de l’islam comorien.

On reconnaît aisément une certaine modération dans la pratique globale de la religion aux Comores et notamment la religion musulmane. Comme dans bon nombre de pays africains musulmans, les îles de la lune sont loin d’afficher une image rigoriste et

181 Cette idée est nuancée par l’imam et chercheur en linguistique Mohamed Soyir Kassim en ces termes : « Par ailleurs, il n’est écrit nulle part qu’un des enfants d’Uthman a quitté la péninsule arabique. La tombe considérée comme la dernière demeure d’un de ces enfants est donc une tombe très ancienne et dont plus personne ne connaît le propriétaire ou cellle d’un arabe que Mtswa Muyindza aurait convaincu de le suivre. », L’Islam

164 fondamentaliste de l’islam. Dès le premier contact, il est aisé de voir qu’elles répondent à l’explication de Dominique Sourdel qui, après avoir explicité ce qu’est l’Islam, à savoir renouvellement du pacte prééternel accordé par Allah à la postérité d’Adam, décrit la réalité du dogme confronté à la réalité des différents milieux et territoires rencontrés. Il dit ainsi : « Mais l’application de la Loi rencontra divers obstacles, coutumes locales, croyances populaires ou circonstances historiques, qui obligèrent presque toujours l’Islam à consentir en fait à des compromissions, que divers artifices vinrent justifier. Cet écart entre théorie et pratique, surtout sensible dans la vie familiale et sociale, apparaît déjà dans la vie religieuse. » 182

Ainsi, l’application de la loi islamique aux Comores s’est manifestement intercalée entre les coutumes traditionnelles pour ensuite se superposer à elles et enfin s’imposer sans toutefois les dominer. Il est vrai qu’aux Comores, bien que le pèlerinage à la Mecque soit su et accepté comme le 5ème pilier de l’Islam, les habitants le relèguent en arrière plan derrière l’accomplissement du Anda. Pour faire simple, il est commandé à tout musulman disposant des moyens financiers de faire son hadj (pèlerinage), mais aux Comores, les moyens financiers économisés sur une vie seront prioritairement employés pour la réalisation du Grand mariage avant l’accomplissement du pèlerinage. L’imam et doctorant Mohamed Soyir Kassim le rappelle en ces termes :

« L’Islam est dans ce pays africain arabisé (les Comores) un syncrétisme des traditions africaines et arabes d’une part et des prescriptions du Coran d’autre part. Partout la religion se plie aux règles d’une société qui lui a sans doute précédée. C’est peut-être cela qui fait de l’Islam comorien une religion de tolérance, loin des excès hyper médiatisés aujourd’hui. »183

Il souligne aussi en décrivant les trois vêtements permettant de préserver la femme selon les prescriptions religieuses :

« La femme comorienne connaissait le hidjab sous la forme du bwibwi et du shiromani et le voile sous la forme du leso. Ces tenues font partie de ses habitudes vestimentaires. »184

Elles sont en quelque sorte l’adaptation comorienne du voile et du nikab. Elles sont portées de la même manière, avec la même nonchalance et légèreté d’une île à l’autre. Depuis le début de l’ère musulmane aux Comores seules les dernières années ont vu les jeunes

182 SOURDEL Dominique, L’Islam, collection « Que sais-je ? », Paris, Presses Universitaires de France, 18ème édition corrigée, 1995, p.50

183

Soyir Kassim, L’Islam comorien entre traditions, sharifs et wahabites, in Tarehi n°10, juillet 2004, Savigny-le-Temple, Editée par l’association INYA, 2004, p.8

165 femmes porter le leso noué comme le voile islamique, décrivant ainsi une forme d’austérité et de rigueur jusque là inconnue des comoriennes. Les jeunes filles portant le leso de la sorte ont été surnommées de manière apparemment péjorative, les ninjas, en raison de la ressemblance entre le nouage du tissu ne laissant apparaître que le visage et la tenue noire des soldats japonnais, qui masque le visage et ne laisse généralement voire que les yeux. De même, ce surnom pouvait aussi s’adresser aux jeunes hommes aux comportements austères et aux propos rigoristes. Preuve qu’aux Comores, l’habitude n’est pas de rencontrer des femmes voilées de la tête au pied et des hommes à la grande barbe, image caricaturale et réductrice définissant l’islam fondamentaliste mais préconisée par une nouvelle génération appartenant à différents mouvements dont le wahhabisme.

D’une pratique sunnite dite modérée aux fondamentalismes sectaires

Aujourd’hui encore on soutient fermement que la religion musulmane, de rite Shaféite, est pratiquée par près de 99% de la population comorienne. Sophie Blanchy et tant d’autres affirment que «les comoriens sont tous musulmans sunnites de rites shaféites. »185 et cela près de dix ans après que le mouvement wahhabite ait entamé son implantation dans les îles. Bien qu’il s’inspire initialement des principes de l’école Shaféite, celui-ci puise ses origines de l’école Hanbalite, dissociée des préceptes de l’Imam Ach-Shafi’i dès sa création. Il faut donc nuancer ce constat cité comme une généralité en un fait immuable car aujourd’hui, on compte de plus en plus de groupes se revendiquant « vrais musulmans », par opposition à la majorité qui, taxée d’ignorante, ne dispose en tout état de cause, des armes pour justifier ses croyances. Ces groupuscules, même minoritaires attirent de plus en plus de jeunes comoriens. Ainsi, on distingue en premier lieu les wahhabites longtemps représentés par le foundi Kabir et en second lieu, beaucoup moins connus au grand jour, les ahmadyy dont le système d’accroche diffère totalement du premier courant. Les premiers prennent leur source de pays comme l’Arabie Saoudite et les seconds du Pakistan.

Le wahhabisme fut semble-t-il fondé vers 1745 par Mohammed ibn Abd el-Wahhâb (1703 - 1792). Il se veut être le prolongement du salafisme (courant s’identifiant comme authentique et inchangé en tant que continuité de la tradition initié par le Prophète

185 Blanchy Sophie., Autorité et pouvoir chez les Swahili, Le Pouvoir religieux aux Comores, Paris Khartala-Ifra,1998, p.181

166 Muhammad, (pbsl) et se revendique tel. Doctrine issue du hanbalisme186, elle préconise un retour à la stricte application du Coran à l’aide de la Sunna, sans le moindre ajout ni retrait. Ainsi, les wahhabites blâment et récusent fortement toute action qui leur paraît contraire à la stricte application de la sunna. Une pratique très communément répandue aux Comores comme la célébration ou culte des saints (walî) par le mawlid (fête commémorative en date d’anniversaire du saint ou du prophète) est qualifiée de bid’a ( innovation) et donc durement réprouvée dans la communauté wahhabite. Et en effet, à en croire les spécialistes du monde musulman et de l’Islam dont Dominique Sourdel, le culte des saints est :

« une innovation qui finit par être admise comme pratique canonique en vertu du consensus, après s’être répandue rapidement parmi les classes populaires. » 187

Et les wahhabites prônent un retour aux vraies sources. Apparentée selon eux à de l’associationnisme, elle fait du musulman qui la pratique un mécréant car innovateur. Outre ce culte des saints qui, s’il venait à être interdit aux Comores, modifierait profondément le mode de vie des comoriens, les wahhabites s’opposent aussi à ce qu’ils constatent comme une légèreté des mœurs. Ils jugent de façon extrêmement sévère la pratique de la religion dans les îles et s’élèvent farouchement contre les pratiques traditionnelles dont le anda qui selon eux, entraîne la déchéance du pays. La méconnaissance de l’arabe d’un grand nombre de savants traditionnels (les foundis) attise de leur part un profond mépris et il n’est pas rare d’entendre de jeunes wahhabites traités d’ignorant, un savant reconnu et plus âgé qu’eux. Ce mouvement, introduit principalement par les étudiants comoriens partis parfaire leur connaissance religieuse dans des pays comme l’Arabie Saoudite, impose une rigueur nouvelle à l’Islam comorien et tend à modifier le visage si modéré de cette religion telle qu’elle est vécue et pratiquée dans l’ensemble des îles.

Quant au mouvement ahmadyy, plus complexe et moins connu de la population, celui-ci a vu le jour au cours des années 90 notamment sur l’île d’Anjouan où, à en croire le secrétaire national waqf-e-naw (enfants dédiés), une mosquée Ahmadyy y aurait été construite. Toujours selon cette même source, le mouvement trouverait un écho très positif sur l’île de Mayotte ce qui signerait une bonne fois pour toute, la différence religieuse tant cherchée par les détracteurs d’une histoire commune entre Mayotte et le reste de l’archipel.

186 L’une des quatre écoles juridiques reconnues et attestées comme telle dans toute l’umma (communauté musulman). Fondée par Ahmad b. Hanbal (m.855) un ancien élève de l’imam ach-Chafi’i, l’école hanbalite se montrait elle-même opposée à tout principe de jugement qui n’était appliqué à partir du Coran et de la sunna, seules références reconnues et autorisées.

167 Ce mouvement ahmaddy, contrairement au wahhabisme et à bon nombre de courants issus de telle ou telle école, revendique une pensée originale et totalement dissociée des écoles juridiques (shaféite, malikite, hanafite, hanbalite) reconnues jusque là. La djama’at Ahmadyya, très présente en Afrique mais aussi à Zanzibar, reconnaît l’imam Mirza Ghulam Ahmad (1839-1908) comme étant à la fois rasul (messager) et nabi’ i ( prophète), le mahdi (l’imam Mahdi) et le massih (messie promis) tant attendu. Cette position tranche totalement des croyances et du consensus religieux qui, en effet, attend le retour du Messie Promis en la personne du prophète Jésus, fils de Marie. Pour les ahmadyy, le Messie Promis est incarné en la personne de leur imam Mahdi, il est venu et il est mort laissant à sa suite, les califes comme porteurs du message. Pour ces raisons, les adeptes de l’Ahmadyya sont dits mécréants, innovateurs et donc maudits par l’ensemble de la communauté musulmane et ce tout pays, et toute école ou courant de pensée confondus.

La piété consistant à venir en aide à son prochain par le biais de la création d’espace permettant le développement de l’être (écoles, mosquées), le mouvement ahmadyy, initie une progression lente mais réelle par l’application de ce principe humaniste. Il se veut être l’harmonisation et le renouveau d’un Islam pur, sincère et raisonnable, exempte de ce qu’ils identifient comme des mythes (la résurrection de Jésus par exemple). Par l’image de paix qu’il inspire et préconise, il séduit lui aussi, de plus en plus de jeunes comoriens. En France, le mouvement ne compte qu’une vingtaine de disciples acquis à la cause en l’espace de 10 ans. On peut donc y voir une progression moyenne de deux adeptes par an et en conclure à une avancée très lente si l’on compare aux autres groupes de l’islam. Cela se justifie par l’aspect paradoxalement hermétique d’un mouvement qui se veut ouvert. En effet, l’aspect assez restrictif de certaines pratiques peut décourager des volontaires. Pour exemple, il est fortement conseillé aux ahmadyy de ne se marier qu’entre eux et formellement interdit à une femme ahmadyy d’épouser un non-ahmadyy. Plusieurs raisons viennent justifier cette restriction mais le sentiment d’adhérer à une communauté élitiste et profondément sectaire persiste. Dans un monde de plus en plus ouvert, le principe qui impose de n’épouser qu’un musulman est déjà limité, si en plus ce musulman doit faire partie des 1000 ahmadyy de France, le choix paraît on ne peut plus limité. Pourtant, les jeunes comoriens ahmadyy ayant effectué le serment d’allégeance s’y plient sans peine, contrevenant ainsi à l’ordre communautaire qui impose le mariage entre personnes d’un même village. Partant de l’idée que tous les comoriens sont musulmans, la question de la religion ne se pose pas.

168 Principalement originaires de la région d’Itsandra en Grande Comore, ils défendent l’équilibre entre raison et foi dans les préceptes de celui qu’ils nomment l’imam Mahdi et s’opposent donc aux lois coutumières. Convaincus de la vérité dans la révélation du même imam, ils ont fait le choix d’agir continuellement en vue de la promotion-propagation de cette vérité. Pour cela, les postes non négligeables comme celui de secrétaire national tablir188 qui leur ont été octroyés les élèvent à des fonctions de haute responsabilité vis-à-vis de la

Djama’at (communauté). Car si l’un est chargé de propager la parole de celui qu’ils acceptent

comme le messie promis, à l’autre on a confié la mission d’éducation des enfants dédiés (les

waqf-e-naw) afin de contrôler-orienter leurs choix professionnels en partant des besoins de la

djama’at. A cela s’ajoute l’instruction coranique de ces mêmes enfants en vue de l’apprentissage du Saint Coran.

S’il est intéressant de souligner son impact aux Comores, c’est qu’à la différence des autres mouvements religieux, la doctrine ahmadyy est jugée contraire aux prescriptions du Saint Coran. Ce statut d’apostat est attesté par une loi interdisant formellement aux ahmaddy pakistanais de se rendre à la Mecque pour le pèlerinage. Des actions de bannissement sont entreprises par les membres des communautés villageoises dont sont issus, originairement, les jeunes comoriens représentants ahmadyy. Ces actions ne touchent pas seulement les jeunes eux-mêmes, elles visent aussi leurs familles respectives. Ainsi, l’interdiction d’assister au mariage d’une jeune femme ahmadyy a été prononcée par les notables du village de Sambambodoni (Itsandra) à l’encontre de toute la diaspora issue de ce même village. Cette interdiction fut source de conflit et d’elle, résulte une scission dont l’issue semble compromise.

Ces exemples ou ces réalités prouvent qu’aujourd’hui, il n’est guère plus possible de voir dans l’islam comorien une pratique uniforme. Et le temps suivant son cours, les Comores s’ouvrant de plus en plus vers l’extérieur, la tendance à des pratiques voire même des croyances nouvelles ne peut que se confirmer.

188 Ce poste est actuellement occupé par un jeune comorien du nom d’Omar Ahamed. Il est chargé, en tant que missionnaire, de propager la parole de Mirza Ghulam Ahmad, en France.

169

c) L’islam comorien une combinaison d’antithèses

Les règles et les lois inhérentes à cette religion fondent et codifient un grand nombre de règles de vie en société. Chaque comorien est imprégné par elle, et c’est autour d’elle que se rythme le cours du temps. L’espace temps partagé entre coutumes traditionnelles et rites religieux permet une pratique harmonisée de l’un ou de l’autre par un système d’interférences justifiant tel acte religieux ou inversement telle manifestation traditionnelle.

L’islam devient alors aux Comores la source d’un équilibre qu’il a lui-même codifié et auquel il s’est adapté. Ainsi, par le biais de cette même religion, seul discours légitimé aux Comores, on justifie des pratiques qui parfois apparaissent aux antipodes de la croyance ou des préceptes du Coran. Le recours à des pratiques que l’on qualifierait ou identifierait comme étant de la sorcellerie ainsi que la croyance en la survivance-puissance d’esprits malins capables de nuire et de décider de la vie des individus servent d’exemple à notre propos. Admettre qu’un djinn même musulman, qui n’est autre qu’une créature de Dieu, puisse avoir droit de vie et de mort, décider d’orienter la vie d’un individu à sa guise est contraire à la foie. Celle-ci met Dieu au dessus des hommes et aucun être aussi surnaturel soit-il ne peut s’imposer maître dans le corps, la vie, la réflexion et le devenir d’une autre créature.

En exemple, nous pouvons citer l’histoire d’une femme, Mama Sitty, dite enceinte durant près de trois ans car son djinn lui refusait la délivrance, c'est-à-dire l’accouchement. La croyance en la force supérieure de l’esprit était telle que malgré les échographies qui ne révélaient pas de bébé, la femme et ses concitoyens convenaient que, pour des raisons aussi obscures que la situation, le djinn ne souhaitait pas voir son hôtesse accoucher. Selon eux, il y avait une explication à la défaillance des machines, la force du djinn lui permettait de rendre invisible à l’œil nu, le bébé. De plus, à cette absence de preuves scientifiques de la présence d’un bébé s’opposaient une réalité visible et palpable, le ventre de Mama Sitty s’était arrondi au fil des mois et la certitude de sentir des mouvements ainsi que les coups triomphait lorsque les walimu consultés attestaient d’une présence réelle dans le corps. Bien plus surprenant, la majorité des habitants du village justifiaient cela par l’omnipotence divine et donc par la religion car comme le souligne Sultan Chouzour,

« le Comorien situe toutes ses pratiques en rapport avec les croyances sous le sceau de l’Islam. C’est ainsi que le recours aux walimus, aux djinns, etc., se fait au nom de l’islam. »189

189 Chouzour Sultan, Le pouvoir de l’honneur, traditions et contestations en Grande Comore, Paris, L’Harmattan, 1994, pp. 242-243

170 La religion, parce qu’elle est dogme et mode de vie, crée l’unité des îles Comores encore plus que la langue, la couleur et même au-delà du système organisationnel coutumier. Celui-ci varie en degré et en importance et se modifie sensiblement d’une île à l’autre. Même si les bases du système coutumier sont les mêmes, le système des classes d’âges ne revêt pas la même fonction à Ngazidja ou à Mwali, ce que nous verrons plus loin, tandis que le dogme religieux traduit une même trajectoire à Anjouan comme à Mayotte, Mwali ou Ngazidja. Les tenues vestimentaires liées au culte musulman et à la pratique religieuse sont les mêmes (koffia et kandu pour les hommes, leso, bwibwi ou shiromani pour les femmes. Ces tenues féminines sont en quelque sorte l’adaptation comorienne du voile et du nikab). Les naissances, les décès, les mariages, les divorces, sont pratiqués et célébrés de la même manière et seul l’impact de la célébration peut varier.

La religion est socle identitaire aux Comores. En témoigne l’île de Mayotte sur le