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Chapitre 1 : Généralités sur la peste porcine africaine (PPA)

1. Agent pathogène

1.10. Répartition géographique et épidémiologie de la PPA

Découvert initialement au Kenya en 1921 par Montgomery (Figure 11), le virus de la PPA a ensuite été mis en évidence dans la majorité des pays d'Afrique australe et d'Afrique de l'Est (Figure 11), considérés comme le berceau de la PPA, excepté le Rwanda, le Burundi, l'Ouganda, le Botswana, la Namibie et les pays du nord-est. La maladie est clairement enzootique au Kenya, en Zambie, au Malawi, en Angola, en Afrique du Sud et au Mozambique. En Afrique du Sud, l'émergence de la PPA en 1951 puis en 1973 après des périodes inter-épizootiques de 12 et 10 ans, respectivement, suggère fortement l'existence d'un cycle sauvage de transmission du virus permettant son maintien entre les périodes d'épizootie

(Pini, 1975). Au contraire, en Angola, il est supposé que la persistance du virus serait plutôt

due à une perte de virulence chez ce dernier du fait de son importante circulation entre porcs domestiques, entraînant ainsi son établissement à long terme au sein des cheptels porcins

(Plowright 1981, Vehlo 1956).

La situation épidémiologique de la PPA en Afrique Centrale est moins claire puisque la maladie n'a été rapportée qu'en République Démocratique du Congo (ex-Zaïre) et en République du Congo. Aucun cas n'a été déclaré depuis 2005 (Figure 12) en République centrafricaine et au Gabon tandis que des foyers y avaient été précédemment observés.

années 1980 (Figure 11). Dans ces pays, la PPA a diffusé dans la majorité des élevages porcins et y est devenue enzootique (FAO, 1998). Pour l'instant, les facteurs responsables de l'endémisation de la maladie dans cette région ne sont pas connus. L'existence d'un cycle sauvage semble peu probable et les experts sont plutôt en faveur d'un manque de suivi dans les mesures sanitaires de contrôle empêchant l'éradication de la maladie (FAO, 1998). En outre, des introductions sporadiques et uniques ont été rapportées au Soudan, au Tchad, et à Sao Tomé à la fin des années 1970 et 1980 (Sanchez-Botija, 1982). Enfin, une nouvelle période d'émergence a eu lieu en Afrique de l'Ouest dans les années 1990 et 2000 en Côte d'Ivoire, Bénin, Togo, Ghana et Burkina Faso (FAO 1997, 1998, 2000 ; OIE 2005). La PPA n'avait jamais été observée auparavant dans ces pays. Une récente étude génétique a prouvé que les isolats responsables de ces foyers étaient apparentés à ceux collectés dans les années 1950 lors de la première vague de PPA en Afrique de l'Ouest (Bastos et al 2003), suggérant qu'un foyer enzootique aurait bien été maintenu dans la région pendant au moins 10 ans.

La PPA a été introduite en Europe à partir des années 1950 et jusqu'à la fin des années 1970 (Figure 11). Elle est apparue tout d'abord au Portugal en 1957 (Figure 11) avec une mortalité atteignant 100% des animaux infectés. La maladie est réapparue dans ce même pays en 1960 et a touché aussi l’Espagne (Figure 11) (Sanchez-Botija, 1982) pour y persister jusqu’en 1993 et 1995, respectivement. Diverses études menées à cette époque ont confirmé la présence d'une tique molle ornithodore, Ornithodoros erraticus, dans les élevages porcins, responsable à priori du maintien du virus de manière endémique (Perez-Sanchez et al, 1994). Un nouveau foyer a été observé en 1999 au Portugal (OIE, 2000) mais il s’agissait d’un foyer isolé rapidement maîtrisé. Les deux pays sont désormais déclarés indemnes de PPA depuis les années 2000.

Lors de sa première introduction sur la péninsule ibérique, la maladie a diffusé de l'Espagne en France en 1964, à Madère en 1965, 1974 et 1976, en Italie en 1967, 1969 et 1993 (Manelli

et al, 1998), à Malte et en Sardaigne en 1978, en Belgique en1985, et aux Pays-Bas en 1986

(Figure 11). Tous ces pays d’Europe sont parvenus à éradiquer la maladie, hormis la région de la Sardaigne en Italie (Arias et Sanchez-Vizcaino, 2002a).

De l’Europe, la PPA a été introduite dans les îles Caraïbes et en Amérique du Sud créant des épidémies à Cuba en 1971 et 1980, en République Dominicaine en 1978, à Haïti en 1979 et au Brésil en 1978 (Figure 11). Elle a été éradiquée du continent Américain et des Caraïbes.

Plus récemment, la PPA a été introduite à Madagascar en 1997 (Figure 11) à partir de la côte est-africaine (Gonzague et al, 2001). La première épizootie de PPA est apparue mi-1997 dans la région de Taolagnaro (Fort-Dauphin) au sud-ouest du pays. Elle s’est ensuite propagée très rapidement vers d’autres régions, notamment vers les Hauts Plateaux, entraînant une forte mortalité porcine allant jusqu’à 90% (Rousset et al, 2001). Le diagnostic de la maladie a été confirmé en décembre 1998, à partir d’échantillons envoyés par le CIRAD au laboratoire CNEVA à Maisons-Alfort (France) (Roger, communication personnelle, 1999). Outre cette confirmation, l’analyse phylogénétique de la souche malgache a permis de montrer que la PPA aurait été vraisemblablement introduite à Madagascar à partir de la côte Sud Est de l’Afrique, du Mozambique (Bastos et al, 2003). La PPA s’est ensuite étendue dans tout le pays et y est devenue enzootique. Bien que les causes de cette endémisation ne soient pas complètement connues, la propagation de la maladie repose très certainement sur le manque de moyens pour permettre un diagnostic et un contrôle efficaces à Madagascar. La PPA se caractérise actuellement par l’apparition régulière mais sporadique de foyers dans de nouveaux élevages ou dans des élevages ayant déjà été infectés mais avec un taux de mortalité plus faible (Costard, données non publiées).

En 2007, la maladie a touché une nouvelle île de l’Océan Indien, la République de Maurice (Figure 12), provoquant ainsi une épidémie importante (Lubisi et al, 2009). Enfin, entre avril 2007 et août 2008 de nouveaux foyers de PPA ont été détectés en Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan et Russie (OIE, 2007, 2008). La maladie semble s'y maintenir depuis cette date malgré les mesures d'abattage massif pris dans ces pays.

Figure 12 : Situation et statut épidémiologique de la PPA dans les pays africains pendant les 4 dernières années (2005 - 2008)

Chapitre 2 : Les réservoirs naturels et les