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Chapitre 2 : Etude du rôle des tiques molles ornithodores dans l’épidémiologie de la

3. Résultats

3.1. Présence de la tique O. porcinus spp dans les porcheries malgaches

3.1.1. Tiques collectées d’après le résultat de l’ELISA anti-tique dans les 3

zones d’étude

Cependant, 50 de ces échantillons ont dû être omis puisqu’ils provenaient d’abattoirs : par conséquent, l’origine des porcs n’était pas connue. Du fait de la réticence de certains éleveurs à faire visiter leurs porcheries au risque d’ une potentielle introduction de PPA, ainsi que de la destruction de bâtiments à la suite d’une épizootie de PPA, il n’a été possible de vérifier la présence de la tique O. porcinus spp que dans 35 fermes réparties comme suit : 23 fermes dans la zone de Marovoay ; 9 dans la zone d’Ambatondrazaka et 3 dans la zone d’Arivonimamo-Antananarivo (Tableau 2). Ces fermes ont fourni 33 sérums douteux et 2 positifs.

Tableau 2 : Protocole et résultats de l’échantillonnage pour la recherche des tiques dans les fermes de porcs des trois zones d'étude à Madagascar

Zones d’étude Echantillonnage Taille de l’échantillon Fermes visitées Intervalle de confiance Presence/ Absence tiques Communes /Villages EC ELISA + EC collection en 2000 3 2 3 2 0 + Ambohimahandry Mahitsy Antananarivo-Mahitsy EP supplémentaire - 3 0 Mahitsy Arivonimamo EA supplémentaire 9 Total =9 7 Total = 7 92% 0 Arivonimamo TOTAL 15

EC ELISA 17 9 0 Bejofo, Ambatosoratra Ambohimandroso Ambantondrazaka Ambaton-drazaka EA 9 9 8 9 Total = 35 2 7 5 7 Total = 21 50% 92% 84% 92% 0 0 0 0 Bejofo Ambatosoratra Ambohimamdroso Ambatondrazaka TOTAl 30 EC ELISA 39 23 0 Marovoay/Ankazomborona Andranofasika, Tsararano Marovoay EA 9 9 8 8 8 Total = 42 9 9 6 8 8 Total = 40 95% 95% 90% 95% 95% 0 0 0 0 0 Marovoay/Ankazomborona Manaratsandry Andranofasika Tsararano Bekobay/Tsilakanina TOTAL 63

Ce tableau montre les différents échantillonnages des fermes :

- un premier l’échantillonnage ciblé (EC) basé sur le test ELISA anti-tique et les collections de tiques précédentes

- un échantillonnage aléatoire secondaire (EA) dans les zones où les tiques n'ont pas été trouvées

3.1.2. Tiques collectées d’après les collectes historiques réalisées dans la zone

d’Antananarivo

Notre étude a confirmé la présence de tiques molles O. porcinus spp (Figure 28) dans une ferme (Figure 29) à Mahitsy dont les coordonnées géographiques sont : 18°45' 3' ' S et 47°20' 47' ' E. Cette ferme est la même que celle qui avait été trouvée infestée par Roger en 2000. Durant la période d’épizootie de la PPA en 2000, 70 porcheries ont été visitées par l’équipe de Roger pour la recherche des tiques molles Ornithodores : elles sont localisées sur le long de la route nationale allant d’Antananarivo à Mahajanga et autour d’Antananarivo-ville et au sud-ouest d’Antananarivo (Tsinjoarivo). Des tiques molles ont été trouvées dans deux sites : l’un à Mahitsy (30 km d’Antananarivo) dans une porcherie qui a servi également comme habitation humaine (Figure 29), et l’autre à Andralanitra (zone sub-urbaine d’Antananarivo). A Tsinjoarivo, des tiques collectées dans des porcheries ont été ramenées par un éleveur.

Nous avons trouvé également les tiques dans la porcherie à Mahitsy où Roger les avait collectées en 2000. Il s’agit d’un local au rez-de-chaussée, de 10 m2 environ et de 2,5 m de hauteur et dont les murs sont en terre battue. Le premier étage du bâtiment sert d’habitation. Le propriétaire élevait de porcs depuis 1987 dans ce local. Cette pièce a également servi pour d’autres éleveurs à partir de l’année 2000 comme lieu de passage provisoire des porcs (jusqu’à plusieurs dizaines) avant leur vente au marché local. Ces porcs pouvaient venir de plusieurs dizaines ou centaines de kilomètres (Maevatanana, Ambohitromby et Fenoarivo Be). Le propriétaire soupçonne les porcs provenant d’Ambohitromby, une zone à 355 km au Nord-Ouest de la capitale, d’être à l’origine de l’infestation des lieux par les tiques. Nous avons pu visiter cette zone au mois de juillet 2008 pour vérifier cette suspicion, mais aucune tique n’a été trouvée dans les cinq porcheries examinées. Il faut cependant noter qu’à Ambohitromby la plupart des porcs sont encore en divagation.

A partir de l’année 2004, le propriétaire de la porcherie à Mahitsy a décidé de ne plus mettre de porcs dans ce local, essentiellement à cause des tiques qui sont en permanence présentes en grand nombre et les désagréments chez les locataires humains du fait de leurs piqûres.

Les habitants de la maison connaissent parfaitement la tique et savent où la trouver. Avant le passage de la mission conduite par Roger en 2000, le propriétaire avait pris contact avec le technicien vétérinaire de Mahitsy (Richard Rakotobe) pour se plaindre de la présence de ces tiques et pour demander de l’aide pour s’en débarrasser. Il semble qu’une désinfection aux acaricides ait été réalisée par le vétérinaire après le passage de la mission mais apparemment cette opération n’avait pas permis d’éliminer les parasites.

Nous avons trouvé la plupart des tiques dans les fentes des murs sur 10 à 15 cm de profondeur et jusqu’à plus de deux mètres de hauteur. En revanche, très peu ont été retrouvées dans la poussière du sol, sol qui ne présentait pas d’anfractuosités ou de crevasses visibles. De très nombreuses exuvies de différentes tailles (larves à nymphes de dernier stade) furent observées au milieu des toiles d’araignées et des débris des murs. Des tiques mortes (sèches, cassantes) faisaient également partie des trouvailles extraites des fentes des parois.

Au cours de notre première visite, environ 216 tiques molles ornithodores vivantes, affamées, de différents stades ont été collectées. Une désinfection avec un acaricide (formulation aqueuse de cyperméthrine) a été appliquée quelques semaines plus tard à la demande du propriétaire et dans l’espoir de le soulager. Nous souhaitions aussi déterminer, lors d’un passage ultérieur, si le traitement avait fait disparaître ou non les tiques.

Deux mois plus tard, 87 tiques vivantes ont encore pu être récoltées en grande profondeur dans les fentes et les fissures des murs, notamment celles encore en partie recouverte de crépis. Dans ces mêmes anfractuosités, des centaines de tiques mortes ont été retrouvées. Trois désinfections successives avec le même produit ont été effectuées juste après cette collecte. Lors d’une nouvelle visite effectuée un mois plus tard, seules trois tiques molles vivantes très affaiblies et plusieurs mortes ont été récoltées. Il est difficile d’en déduire si le local est à présent indemne ou non de ces parasites car nous n’avons pas pu poursuivre ces opérations.

A partir de ces 303 échantillons vivants collectés dans ce local, un élevage de tiques ornithodores a été installé au laboratoire du DRZV/FOFIFA. Ensuite, beaucoup ont été tuées pour être conservées à -80°C avant d’être envoyées au CIRAD Montpellier pour l’analyse. Trois autres fermes distantes successivement de 5, de 50 et de 150 mètres de la porcherie infestée ont été examinées, mais aucune tique n’y a été trouvée (Tableau 2).

Figure 28 : 0rnithodoros porcinus spp de différents stades collectées lors de cette étude (De gauche à droite : Nymphe stade 3 gorgée, Nymphe stade 3, Nymphe stade 2 gorgée,

Nymphe stade 4, Nymphe stade 4 gorgée, Nymphe stade 5, adulte mâle, adulte femelle gorgée)

(Source : F. Stachurski)

La recherche de tiques dans les deux autres lieux (Andralanitra et Tsinjoarivo) trouvés infestés lors de la mission de Roger en 2000 a été impossible. A Andralanitra, la destruction récente des bâtiments d’élevage porcin a rendu impossible toute recherche. Comme les porcheries où les tiques ont été collectées par l’éleveur n’étaient pas bien précises géographiquement, aucune visite n’a pu être réalisée à Tsinjoarivo.

Dans les environs d’Antananarivo, à Arivonimamo (situé à 70 km de Mahitsy), sept fermes additionnelles ont été visitées mais aucune tique n'a été trouvée (Tableau 2). Cependant, la similitude des bâtiments et des pratiques d’élevage avec l’élevage de Mahitsy laissait suspecter un résultat équivalent.

3.1.3. Tiques collectées dans les zones de Marovoay et d’Ambatondrazaka où

aucune suspicion a priori n’était possible

Dans les zones de Marovoay et d'Ambatondrazaka, 5 et 4 communes (Tableau 2), ont été choisies respectivement pour l'échantillonnage aléatoire. Le nombre estimé de fermes dans chaque commune variait de 25-50 à 300-450 et le nombre prévu de fermes à examiner était de 8 ou 9 par commune.

Pour la zone de Marovoay, 40 fermes ont été visitées dans 5 communes au lieu des 42 prévues par le protocole d’échantillonnage, avec un intervalle de confiance pour la détection de tiques de 95%, sauf dans la commune d’Andranofasika où il n’était que de 90%.

Pour la zone d’Ambatondrazaka, 21 fermes ont été examinées au lieu des 35 prévues, avec un intervalle de confiance de 94% à 80% selon les communes et diminuant à 50% pour le village de Bejofo. Une épizootie de PPA s'est produite dans cette zone au cours de la période d'étude et a stoppé toute investigation sur le terrain pour des raisons de biosécurité.

Sur les 61 fermes visitées au total dans les deux zones, aucune tique n'a été trouvée (Tableau 2).