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Chapitre 3 : Etude du rôle de Potamochoerus larvatus dans l’épidémiologie de la PPA à

3. Méthodologie

4.2. Appréciation du risque de transmission du virus de la PPA aux porcs domestiques par

4.2.2. Appréciation de la probabilité d’émission du virus par les tiques molles

tiques molles O. porcinus spp a été caractérisée en croisant la probabilité de tous les évènements qui la constituent, c‘est-à-dire la probabilité de la présence des tiques dans les zones étudiées avec la probabilité que l’une d’elles soit infectée et avec la probabilité qu’elle soit infectante. Contact avec la tique infectée par la piqure Porc devient infecté Porc non infecté Porc domestique sain Pas decontact

4.2.2.1.Probabilité de présence de la tique molle O. porcinus spp dans les zones étudiées

La présence de cette tique molle a été enregistrée dans la zone Ouest et Nord-Ouest de Madagascar par différents auteurs depuis le début du XXème siècle (Lamoureux 1913 ; Néel

1949). Cependant, depuis les années 60, aucune tique n’a été signalée dans ces zones. En

outre, une récente recherche conduite par Roger dans la zone de Marovoay durant les premières épidémies de la PPA (en 1999) n’a révélé aucune présence de tiques (Roger,

communication personnelle).

Nos collectes de tiques molles dans les porcheries de cette zone ont donné un résultat négatif quoique le résultat du test ELISA anti-tique ait indiqué un contact éventuel entre les tiques molles et les porcs domestiques (Ravaomanana et al, 2010). Plusieurs facteurs ont été suggérés pour la disparition ou la quasi-extinction de la tique molle dans cette zone (cf. paragraphe discussion sur les tiques molles).

En se basant sur ces résultats et ces éléments, la probabilité de trouver une tique molle dans la zone de Marovoay a été caractérisée comme «faible », ou (F), correspondant à 5 sur l’échelle ordinale (Tableau 5).

Les mêmes espèces de tiques ont été signalées dans des porcheries dans la zone du Moyen-Ouest de Madagascar, à Mahasolo, à 150 km de la capitale par différents auteurs en 1963, en 1979 et en 1988 (Uilenberg, 1963 ; Uilenberg, 1979 ; Fontenille, 1988). A partir de ces dates, toutes les recherches ont échoué dans la détection de tiques (F. Rodhain, 1989). Dans la zone d’Antananarivo-Arivonimamo, zone située à 100 km de Mahasolo, des recherches de tiques molles dans des porcheries effectuées dans le cadre de notre étude ont été négatives, malgré la similarité des structures des porcheries dans cette zone avec celle infestée par les tiques à Antananarivo-Mahitsy. Selon les résultats du test ELISA anti-tique, il n’existait aucun contact entre les tiques molles et les porcs dans cette zone. Compte tenu de ces résultats, la probabilité de trouver une tique dans cette zone étudiée est classée qualitativement comme « extrêmement faible », ou (EF), correspondant à 3 sur l’échelle ordinale (Tableau 5).

Par contre, la recherche effectuée par Roger en 2000 (Roger et al, 2001) a révélé la présence des tiques molles O. porcinus spp dans une porcherie à Mahitsy dans la zone d’Antananarivo. Ce résultat a été confirmé par notre étude. Cependant, dans les autres porcheries visitées au voisinage de la porcherie infestée, aucune tique n’a été trouvée, ce qui peut être relié au mode de vie sédentaire de cette tique et à sa capacité de dispersion faible. Les conditions climatiques sont froides dans la zone des Hauts-plateaux où les tiques ont été collectées en

2000 et en 2007-2008. Ceci peut expliquer leur localisation réduite à une porcherie où elles devaient trouver un microclimat favorable à leur développement et un micro-habitat approprié à leur cycle de vie (Morel, 1969).

Dans ce cas, nous pouvons caractériser la probabilité de trouver une tique dans la zone d’Antananarivo-Mahitsy par le qualificatif « peu élevée » ou (PE), correspondant à 6 sur l’échelle ordinale (Tableau 5).

Dans la zone d’Ambatondrazaka, aucune étude n’a signalé jusqu’à présent la présence de ces tiques molles. Ce constat a été également confirmé par nos investigations dans plusieurs fermes (cf. chapitre II «rôle des tiques molles » dans la deuxième partie). Ainsi, la probabilité de trouver une tique dans cette zone est caractérisée comme « quasi-nulle » ou (QN), correspondant à la valeur 1 sur l’échelle ordinale (Tableau 5).

Le tableau suivant résume ces résultats.

Tableau 10 : Résumé de l’appréciation de la probabilité de la présence des tiques molles

Ornithodoros porcinus spp dans les zones d’étude

Zones d’étude Probabilité estimée de la présence des tiques

molles

Echelle ordinale

Marovoay Faible (F) 5

Antananarivo-Arivonimamo Extrêmement faible (EF) 3

Antananarivo-Mahitsy Peu élevée (PE) 6

Ambatondrazaka Quasi-nulle (QN) 1

virus d’une tique à une autre est trans-stadiale, transovarienne et sexuelle, la probabilité de transmettre le virus d’une tique à une autre est considérée comme « assez élevée ». C’est à partir de ces résultats que l’appréciation de la probabilité pour qu’une tique soit infectée a été caractérisée. Cette probabilité a été appréciée comme «assez élevée » ou (AE).

Cette probabilité représente donc l’appréciation de la probabilité d’infection de la tique dans la zone d’Antananarivo-Mahitsy et peut être aussi valable pour les autres zones dans lesquelles le virus de la PPA circule car, quelles que soient les zones de Madagascar où les tiques sont présentes, elles se concentrent toujours dans le milieu où elles peuvent trouver le micro-habitat et le microclimat appropriés à leur mode de vie. Par conséquent, le mode de transmission du virus chez les tiques ne change pas. De ce fait, la prévalence de la PPA chez les tiques dans les zones infectées ne pourrait pas être très différente de celle trouvée dans la zone d’Antananarivo-Mahitsy.

4.2.2.3.Probabilité pour que la tique molle O. porcinus spp soit infectante

Expérimentalement, le titre du virus dans la glande salivaire et le tissu des gonades est environ de 104 à 106 HAD50/mg chez Ornithodoros moubata (Kleiboeker, 1998) tandis que sur le terrain la quantité du virus trouvé dans les tiques infectées est plus faible, au maximum 104,3 HAD50/tique (Basto et al, 2006 ; Boinas, 1995). L’infection se fait par excrétion d’une certaine quantité de virus lors du repas sanguin des tiques molles sur les porcs domestiques. La tique excrète le virus dans le fluide coxal, les excréments malpighiens, les sécrétions salivaires et les sécrétions génitales femelles (Plowright et al, 1974 ; Greig, 1972). Les cellules épithéliales phagocytaires digestives sont le site initial de la réplication virale. Elles présentent la quantité maximale du virus 28 jours après l’infection (Kleiboeker, 1998). A partir de ces études nous avons qualifié comme « assez élevée » la probabilité pour qu’une tique soit infectante.

Dans le tableau suivant (Tableau 11) sont résumées les probabilités des différents évènements qui constituent la probabilité de l’émission du virus de la PPA par les tiques molles.

Tableau 11 : Résumé des probabilités de différents évènements constituant la probabilité de l’émission du virus par les tiques molles

Probabilités La tique soit présente

La tique soit infectée La tique soit infectante

Qualificatif « peu élevée » (PE) «assez élevée » (AE) « assez élevée » (AE) Echelle ordinale 6 7 7

La probabilité de l’émission par les tiques molles a été caractérisée en croisant toutes ces

probabilités présentées dans le tableau 11, selon la règle de croisement du tableau 6 : P= (PE)*(AE)*(AE) = (TF)

La probabilité de l’émission du virus par les tiques molles a été donc appréciée comme « très faible » ou (TF), correspondant à 4 sur l’échelle ordinale (Tableau 5).