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Chapitre2 : Contexte de la genèse du Projet Urbain, réalités d’aujourd’hui

3.2 Réflexions autour du Projet Urbain :

Depuis deux décennies environs la notion de Projet Urbain a fait son apparition dans le langage architectural et urbanistique, pour qualifier essentiellement de nouvelles pratiques urbaines et une nouvelle approche de la ville. Cette dernière a connu une vogue considérable, et une utilisation massive par plusieurs disciplines et dans plusieurs contextes.

Au cour de notre recherche, on a pu constater une diversité de définitions et d’approches qui caractérisent le Projet Urbain. Ceci s’explique par l’appropriation de ce nouveau concept par les diverses groupes impliqués dans l’organisation de la ville.

C’est ainsi que le Projet Urbain chez les politiciens et les décideurs exprime « une politique locale », décentralisatrice, et chez les architectes- urbanistes il désigne « la conception d’un fragment de ville circonscrit », et enfin il renvoie « aux différentes opérations d’urbanisme » chez les organismes de réalisation.

Cependant le concept de ‘’Projet Urbain ‘’ est resté longtemps un concept flou, et mal défini. Certains spécialistes de l’urbain n’hésitaient pas à le désigner ‘’d’appellation à problèmes’’28.

Yannis Tsiomis (2002), a tenté d’expliquer cette situation, ‘’du fait que Le projet urbain ne peut pas se définir de manière monosémique, c’est une notion polysémique qu’il faut à chaque fois redéfinir’’29.

Pour Ariella Masboungi (2002, P :23), ‘’le Projet Urbain est flou parce qu’il y a confusions dans sa compréhension. En effet il y a une différence fondamentale entre son objet et celui du projet architectural ou du projet d’édifice’’30. Les deux notions sont parfois confondues

à tort.

28

Terme utilisé par Yannis Tsiomsi, apprendre à projeter la ville, le territoire le paysage, in Transcription de la conférence du 19 mars 2002 organisée à l’IFA Paris.

29

Idem.

30

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En effet, Le projet urbain vise avant tout la transformation d’un territoire et non la construction d’un édifice, aussi imposant soit-il, les connaissances qu’il permet, sont dans ce sens incomplètes et mal comprises.

Enfin, selon Frédéric Edelmann, (2002, P :53) ‘’…l’expression (Projet Urbain) traîne derrière elle l’ambiguïté du mot « Projet », qui peut désigner tour à tour un rêve sans lendemain, un but à atteindre pour lequel des moyens précis peuvent ou non être déployés, enfin un objet achevé, une réalisation »31.

Mais malgré tout, un consensus est établi c’est dernières années, il s’agit d’un processus d’une démarche qui sont là pour exprimer ce nouveau concept.

Le concept de ‘’Projet Urbain’’ s’est raffiné et s’est précisé par la suite pour les professionnels de l’urbain, les élus et les techniciens de l’aménagement. C’est un terme qui a pris un sens précis portant en lui une valeur stratégique, des objectifs assez constants, des enjeux et des dimensions connues. Car selon Frédéric Edelmann, (2002, P :53) « le Projet Urbain, quelle qu’en soit la fréquente complexité, a en tout cas un atout majeur : celui d’échapper à la vacuité des mots et d’offrir à l’inverses toutes les qualités du réel »32

.

3.2.1 Essai de Définition:

Le Projet Urbain est un projet qui renvoie avant tout à une nouvelle gestion de la ville, rompant avec la gestion traditionnelle, bureaucratique, linéaire, sectorielle et peu soucieuse des contextes locaux.

Et Il peut se définir également comme une nouvelle approche d’intervention spatiale, soucieuse d’intégrer les différentes dimensions de la planification et la ville, à savoir : la dimension urbanistique, sociale, économique, politique et culturelle.

Ariella Masboungi33 (2002, P :23) a essayé de définir le Projet Urbain comme étant : « une stratégie pensée et dessinée de la ville. Selon elle, il est une expression architecturale et urbaine de mise en forme de la ville qui porte des enjeux sociaux, économiques, urbains et territoriaux. » 34

31

Frédéric Edelmann, Le silence des agneaux, in projets urbains en France, op,cit. P : 53

32

Idem.

33

Architecte urbaniste en chef de l’Etat français. Elle est chargée de la mission Projet Urbain auprès du directeur général de l’urbanisme, de l’habitat et de la construction (ministère de l’Equipement). Elle y est responsable des ateliers Projet Urbain, dont les débats donnent lieu à des ouvrages publiés sous sa direction : Saint-Nazaire, les faubourgs, laboratoires de villes, penser la ville par le paysage,…etc.

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Cependant le Projet Urbain n’est pas une solution achevée mais une tentative d’amélioration, se distinguant de la planification, de la stratégie ou de la gestion qui appliquent à l’ensemble du territoire des catégories abstraites, programmatiques.

Dans ce sens, ‘’le projet urbain traite de l’aménagement de l’espace en termes concrets, s’intéressant quelle que soit l’échelle de leur représentation, à la forme et à la dimension du lieu’’35.

Dans cette optique, le Projet Urbain tend à exprimer les diversités et richesses des lieux, en intégrant les notions de composition et de contrastes urbains, en terme de volumes, de couleurs, de textures, d’odeurs, et de jeux de lumières. En somme le retour aux ambiances changeantes et aux spécificités de la ville traditionnelle.

Ce retour aux valeurs et ambiances du passé, exprimé dans le Projet Urbain, est une forme de résistance à la gestion traditionnelle et l’urbanisme fonctionnaliste et sectoriel qui caractérisait la planification des villes, et qui réduisait l’architecture à une simple production d’éléments standards et uniformes peu soucieux du contexte de leurs implantations.

C’est en fait une proposition de recomposition des logiques sectorielles qui régissaient la production de la ville moderne à travers la division et la spécialisation des tâches.

C’est dans ce contexte que la notion de projet urbain a fait son apparition et a pris forme dans la fin des années 70, spécialement en Europe, comme alternative à « l’urbanisme sectoriel ». Ayant comme souci majeur de rendre l’espace à l’usager, dénonçant la logique des secteurs, qui a engendré l’espace éclaté, et essayant de retrouver une qualité meilleure de la vie urbaine.

Par son retour aux valeurs du passé, le Projet Urbain tend à retrouver une architecture plus communicative et symbolique, qui puise ses ressources dans la ville traditionnelle, et tend à humaniser la ville contemporaine.

Dans cette nouvelle vision la ville doit être le produit de ses utilisateurs, et l’élaboration de ses projets doit impliquer tous les acteurs de la ville, publics, privés, techniciens, décideurs et habitants.

Cependant le Projet Urbain n’est pas un retour à la ville ancienne, mais une proposition de modernisation de l’appareil de production de l’espace. Au-delà d’une vision passéiste c’est une tentative d’amélioration du présent avec des moyens, des idées et des concepts, en harmonie avec les enjeux de notre époque, (enjeux territoriaux, sociaux, économiques,…etc.).

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De nouvelles notions de participation efficace, de négociation, de partenariat et de

concertation vont désormais caractériser cette élaboration. Ainsi la démarche du « Projet

Prbain » est susceptible d’offrir un cadre d’action évolutif et d’autorégulation, ouvert et efficace. Par son approche flexible, son processus ouvert et l’intégration de plusieurs acteurs à la fois, le Projet Urbain essaye de recréer les conditions nécessaires à une meilleure harmonisation des usages et la production de l’espace de la ville, et tend de retrouver une meilleure qualité de ses espaces. Ces derniers essayent désormais de s’approprier les usages et pratiques urbaines des habitants de la ville .

Enfin, il faut faire une distinction majeure entre le Projets Urbain, et le projet architectural ou d’édifice. Le projet urbain vise une amélioration urbaine et une transformation durable du territoire, en intégrant les différentes dimensions du site : urbanistique, social, économique et culturel. Le projet d’édifice quand à lui, se résume en une construction, à un édifice, sans enjeux majeurs, quelle que soit sa taille ou son échelle.

Cependant, cela n’occulte pas que le Projet Urbain fait appel à des projets architecturaux, à des infrastructures ou à des éléments urbains, comme les espaces extérieurs, les places et les jardins pour atteindre ses objectifs de départs.

Dans ce sens on peut citer l’exemple du tramway a Strasbourg, qui est utilisé comme outil de continuité urbaine. Le stade de France dans la plaine de Saint- Denis, qui a redonné vie à toute une région, ou le projet urbain du Cours Mirabeau à Aix-en-Provence en France. Ce dernier a essayé de retrouver l’esprit du lieu en revalorisant une artère centrale et principale de la ville.

3.2.2 Les objectifs du Projet Urbain :

« Le projet urbain doit devenir davantage une attitude qu'un savoir en soi. C'est une façon d'être ouvert sur le monde, de capter toutes les informations, d'être à l'affût de tout ce qui évolue dans la ville, dans le jeu des acteurs. Faire du projet urbain, c'est savoir prendre en considération cette évolution. »36

Le Projet Urbain est une réponse aux dysfonctionnements multiples des villes. Par sa stratégie il vise simultanément à un développement social, spatial et économique d’un site. Ce développement doit être durable dans le temps, efficace et pertinent.

36

Amina Sellali , “ Apprendre à projeter la ville, le territoire, le paysage ”, Transcription de la conférence du 19 mars 2002 organisée à l’IFA, Paris.

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Pour atteindre ces objectifs le projet urbain se manifeste en différentes interventions et s’applique à différents échelles de la planification. Mais au-delà de cette diversité il y a des constantes. En effet le projet urbain réorganise un territoire afin :