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Chapitre5 : La démarche du ‘’Projet Urbain’’ à travers quelques expériences

5.2 L’expérience Française :

5.3.1 Les origines de la démarche du ‘’Projet Urbain en Espagne’’ :

La pratique du projet urbain autant que processus de planification urbaine en Espagne est l’aboutissement d’une longue évolution de la pensée urbanistique. Cette dernière se matérialise par de profondes mutations et changements dans la substantielle du panorama urbanistique espagnole.

En effet c’est a partir des années 80, que le projet urbain présente les modalités d’aménagement des villes, notamment, le contexte politique et juridique, l’orientation des projets, les choix d’utilisation de l’espace et l’évolution du tissu urbain. Cette pratique marque la remise en question et la fin des outils d’urbanisme utilisés à l’époque.

5.3.1.1 La remise en question des outils d’urbanisme, cadre historique et législatif de la

transformation :

La moitié des années 70, marquait le début des réformes urbanistiques en Espagne. Cette dernière a été déclenchée par un double phénomène :

Ø La réforme de la loi du sol (la législation sur l'aménagement territorial et urbain) qui prend forme à la fin du régime franquiste, d'une part.

Ø Les premières élections municipales en 1979 dans le cadre du retour à la démocratie, d'autre part.

Rappelons encore que l'aménagement de l'espace était encadré par une loi datant de 1956, visant à articuler la croissance des villes avec le développement économique des "Trente glorieuses".

Cette loi est d’esprit très centralisé, elle stipulait :’’ pour les villes de plus de 50.000 habitants, l'obligation de préparer un plan général d'aménagement. Pourtant, faute de moyens, seulement 600 communes sur un total de plus de 8.000, parviendront à l'élaborer, contrastant avec la forte pression d'urbaniser due à l'arrivée massive de populations rurales vers les villes.’’9 De ce fait, des opérations qui, normalement, auraient dû être entamées après l'approbation de plans généraux, vont être réalisées en le précédant, généralement avec des systèmes de promotion privée, générant un peu partout des quartiers dépourvus d'infrastructures ou d'équipements de bases nécessaires.

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www.urbanisme.equipement.gouv.fr/cdu/acceuil/bibliographies/Espagne/Espagne.htm , réforme de l’outil urbain en Espagne.

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Les plans d'urbanisme de cette époque, s'inspirant par ailleurs des modèles anglo-saxons. Ces derniers étaient conçus comme des outils prospectifs, fixant un zonage élémentaire en fonction de coefficients de croissance prévus pour les différentes fonctions (habitat, activités, tertiaire, etc.) sans déterminer une structuration spatiale bien précise. Celle-ci était reportée à la phase des projets partiels, conçus, s'alignant sur la tendance générale à privilégier l'urbanisme de

tours et de barres dérivés d'une interprétation simpliste des principes du mouvement moderne. La loi de 1976 était donc une réponse aux nombreuses défaillances et manques de la

planification d’époque. Cette loi a restructuré la pensée urbaine par une multitudes de changements notamment :

Ø Le développement de l’aménagement urbain par l'articulation et l'équipement de différents secteurs des villes. Ce dernier devenait une priorité.

Ø L’introduction de mécanismes très variés de programmation et de gestion, ainsi que de fabrication et de contrôle des opérations d'urbanisme, situant finalement les plans généraux des villes espagnoles à un point intermédiaire entre les SDAU et les POS. Ø La définition d’éléments structurants (systèmes de communications, espaces verts,

équipements communautaires). leur réalisation est programmée sur deux périodes de quatre ans afin de permettre de coordonner les investissements publics (correspondant notamment aux prévisions ministérielles) et privées.

Ø Pour les secteurs constitués, en dehors des normes pour les nouvelles constructions dans le diffus, des plans spéciaux pourraient être définis pour leur protection ou leur restructuration.

Ø En ce qui concerne les nouvelles opérations à prévoir, les plans d'aménagements introduisent deux nouveaux cas de figure : les sols urbanisables programmés et les sols urbanisables non programmés. Les premiers devraient être l'objet d'élaboration des plans partiels fixant leur structuration, programme, planning, le bilan financier des équipements, les charges et bénéfices des propriétaires, ainsi que les systèmes d'expropriation en cas de non respect des délais d'urbanisation fixés. Des études de détail$ pourraient les cgmpléter, au besoin, dans la définition plus précise des projets. Les deuxièmes constitueraient une réserve dont on fixerait les lignes générales.

La mise à disposition de tout cet arsenal opérationnel va coïncider avec la reprise en charge par les municipalités de leurs politiques d'urbanisme, suite aux élections locales de 1979 et la naissance de la pratique du projet urbain.

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Les années 80 vont marquer une période décisive pour l’apparition de la pratique du projet urbain en Espagne. En effet au sein de cette période, les changements et les réformes vont s’accentuer. Ces réformes concernent d’une part les structures municipales et d’autre part les plans d’aménagement.

Dans un premier temps les changements concernaient l’amélioration de la gestion des projets urbain entamés. Cette dernière représentait l’une des préoccupation constante de ces années.

Dans ce sens les communes devaient rassembler dans une même structure deux structures autonomes et souvent en concurrence. Ces dernières étaient impliquées dans la réalisation des programmes d’urbanismes municipaux.

Ainsi les services chargés des études et de la rédaction des plans d'urbanisme, et les services responsables des travaux publics vont être rassembles pour plus d’efficacité, et de cohérence. Les communes vont désormais gérer les différentes opérations qui concernent les projets urbains, de la période de leur conception jusqu'à leur exécution.

C’est ainsi et avec une volonté d’unifier et de diriger les procédures administratives vers des objectifs explicites d’interventions physiques dans la ville, que tout le ‘’Service d’Urbanisme et d’Infrastructure’’ s’est réorganiseé en Espagne.

En ce qui concerne l’évolution de la pensé urbaine et des outils d’urbanisme durant cette période, on peut remarquer la précision de deux écoles de pensée :

Ø ‘’la première privilégie une vision globale, celle des plans généraux dans lesquels devraient s'emboîter toutes les actions successives,

Ø la deuxième prône pour des interventions par projets partiels, se méfiant des inerties administratives des plans généraux pour la résolution efficace de problèmes concrets.’’10

Face à ces deux visions, une nouvelle génération de plans d’aménagement et un ensemble de projet vont voir le jour répondant à deux logiques différentes :

Les premiers, sont ceux des plans d’aménagement . Ces derniers vont être entamés en 1979 par les municipalités de nombreuses villes qui prenaient le pouvoir. Ils avaient comme dénominateur commun la préoccupation d'une définition de la forme urbaine, tournant la page de l'approche fonctionnaliste des décennies précédentes.

Le point de départ est une perception de la ville comme un ensemble disloqué, avec des périphéries séparées des centres ainsi que des quartiers très déstructurés par la spéculation

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récente. Les plans d'urbanisme doivent avoir donc comme finalité essentielle de réparer ces ensembles, de les " coudre " et de les compléter avec des espaces bien calibrés. Pour atteindre cet objectif, ces plans reposaient sur un ensemble de principes :

Ø L'échelle préférentielle pour atteindre cet objectif est celle des éléments structurants : des rues, des carrefours et d'autres dispositifs routiers à concevoir comme des protagonistes de l'espace public et non uniquement comme des infrastructures de circulation étrangère aux tissus urbains ; des places, parcs et jardins qui constitueront des espaces à part entière et non des aires résiduelles de verdure autour des constructions Ø Pour casser l’homogénéité des aires résidentiels il fallait créer des équipements et des

services, afin de développer une certaine diversité dans ces espaces.

Ø Améliorer le processus de décision, en effet la programmation des éléments structurants par les municipalités se faisait sur des bases concrètes, permettant de communiquer simultanément aux habitants les choix adoptés.

Ø L’instauration d’une approche intégrative qui va mettre en place de nouvelles pratiques de maîtrise d’ouvrage urbaine. Dans cette logique Les éléments structurants seront conçus pour répondre à plusieurs sollicitations et non pas suivant une vision par thèmes séparés agissant chacun selon ses propres logiques. La résolution d'un nœud de circulation, par exemple, pourra concerner à la fois les services chargés des routes, des espaces verts et des équipements, le plan permettant de prévoir dès le départ une action conjointe de ces services.

Ø Donner de l’importance à la dimension temporelle, cas si les plans d'aménagement partent d'une approche globale, ils ne considèrent pas le territoire comme un tout homogène où il faut agir partout de la même manière. Ainsi Pour restructurer l'ensemble urbain, il est proposé de choisir des cibles stratégiques qui puissent avoir un impact dans la transformation et la recomposition à terme des aires environnantes.

Ø Enfin il faut donner de l’importance aux friches obsolètes et interstices, C'est à partir de ceux-ci, perçus au début comme éléments négatifs, que pourra se focaliser l'action publique avec une double volonté de requalification spatiale et de création d'équipements. Le Plan de Madrid est le plus représentatif de cette démarche.

La deuxième tendance, celle des projets, s’aligne quand à elle sur les principes suivis par Barcelone11. Ces principes peuvent se résumer dans les points suivants :

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Ø Le refus d’ une démarche pyramidale partant du plan général pour arriver aux actions ponctuelles. Ainsi face au plan général d'aménagement apparaissent les projets d'urbanisation, les études des alignements et des gabarits, les règles d'occupation du sol et des volumes, seuls instruments pour une configuration réelle de la ville.

Ø Privilégier la reconquête de la ville par une multitude d'interventions locales agissant en premier lieu sur les espaces publics. Celles-ci prendront plus d'envergure au fur et à mesure les programmes vont devenir plus complexes (nouvelles centralités, création de voies rapides périphériques, réhabilitation de la vieille valle).

Ø Enfin si ces programmes ne sont pas intégrés dans une structure d'intervention hiérarchique, ils sont cependant conçus en termes d'une réflexion globale sur la ville. ainsi la ville de Barcelone même si elle suivait une stratégie par programmes autonomes, disposait d'un plan général métropolitain approuvé, constituant un cadre de référence.