• Aucun résultat trouvé

Y peut faire référence, également, à un lieu notionnel

II. LES CAPACITÉS RÉFÉRENTIELLES DE Y

1. DU POINT DE VUE DE LA SIGNIFICATION

1.1. Quatre types de relation locative

1.2.2. Y peut faire référence, également, à un lieu notionnel

C'est le cas des exemples 42 et 43 qui montrent, le premier, un événement, aquella contienda auquel les deux occurrences font référence ; le second, un accident naturel, tremor.

Aquella contienda et tremor sont conçus comme une circonstance, c'est-à-dire un cadre à l'intérieur duquel on se représente un ou plusieurs êtres.

Dans les sept exemples qui vont suivre l'espace de référence évoqué par y est un lieu notionnel et l'être qui s'y loge est un être abstrait :

46) Grande tuerto le han tenido, sabésmolo todos nós ;

alcaldes sean d'esto el conde don Anrrich e el conde don Remond e estos otros condes que del vando non sodes.

Todos meted í mientes, ca sodes coñoscedores, por escoger el derecho, ca tuerto non mando yo.

Cantar de mio Cid, v. 3134-3138

Ici, grand tuerto est l'espace de référence et mientes l'être qui s'y loge, í est anaphorique et ne fait que rappeler le lieu déjà mentionné.

47) e dixo a Sençeba : -Cata que manifiestamente veras quando entrares al leon estar agachado contra ty e moviendo los pechos, e catandote muy fuertemente, e feriendo con la cola en tierra, e abriendo la boca e boçeçando, e rrelamiendose e aguzando las orejas, e sepas que no tienes ay al synon muerte e aperçibete e non te engañe. Dixo Sençeba : -Sy yo viere al leon en la manera que tu dizes non dudare en ello.

El libro de Calila e Digna, manuscrit B, p. 110, 1915 48) Dixo Digna : -Sy tu vieres al leon, quando a el entrares e lo vieres agachado contra ty, moviendo los pechos e catandote muy firme, e firiendo con la cola en tierra, e abriendo la boca e bostezando, e rrelamiendose, e aguzando las orejas, sepas que te quiere matar, e aperçibete, e non te engañe.- Dixo Sençeba : Sy yo viere con el leon lo que tu dizes non avre y dubda.

El libro de Calila e Digna, manuscrit A, p. 110, 1660

L'exemple 47 tiré de El libro de Calila e Digna présente l'intérêt de la comparaison entre deux manuscrits de la même œuvre écrits à des dates différentes. En effet, la version de la partie supérieure du livre correspond au manuscrit B, écrit vers la fin du XVe siècle et celle de la partie inférieure au manuscrit A, écrit vers la fin du XIVe189. Or, à la place du y du manuscrit

189 El libro de Calila e Digna, édition de John E. Keller et Robert White Linker, MCMLXVII, Madrid, CSIC.

Dans la section la edición presente de l'introduction, page XXXV, il est dit : publicando el texto de A en la mitad superior, y el de B en la mitad inferior de cada página, ... Il nous semble qu'il s'agit d'une erreur et que c'est le manuscrit B qui occupe la moitié supérieure et le manuscrit A celui de la moitié inférieure. En effet, d'une part, page XXXIV de cette introduction les auteurs disent que le manuscrit A, así llamado el más viejo, que no contiene la Introducción de 'Abdulla ben al-Muqaffa', or, lorsqu'on regarde cette édition on constate que c'est le manuscrit de la partie inférieure qui ne présente pas l'introduction de 'Abdulla ben al-Muqaffa ; d'autre part, page XXXVI,

65

ancien on constate, dans la version postérieure, la mention en ello, c'est-à-dire 'de ce que tu as dit', à savoir 'qu'il veut me tuer'. Y rappelle donc, un espace notionnel que l'on pourrait interpréter, comme dans le manuscrit B, en ello, mais cet ello est à son tour 'ce que tu as dit', à savoir 'qu'il veut me tuer'.

49) Et ella enuiol dezir que gela non darie por ninguna guisa, pues que su padre gela diera. Estonces sus uassallos del rey don Sancho conseiaronle que se fuesse pora Burgos et folgasse y ell yuierno, et que guissasse su companna de cauallos et de armas et de lo que ouiessen mester, et quando entrasse el uerano, que fuesse cercar Çamora. El rey don Sancho fizolo asi ; et enuio sus cartas dalli por toda la tierra, que fuessen todos ayuntados, caualleros et peones, en Sant Fagund el primer dia de março. Quando los de la tierra uieron las cartas que les enuiaua el rey don Sancho su sennor, non osaron fazer y al, ca maguer el rey don Sancho era moço assi que estonces le uinien las baruas, era muy fuerte et temienle mucho las yentes.

Primera crónica general, p. 505, 28

Ici, le sens de non osaron fazer y al, compte tenu du contexte, se comprend aisément comme 'ils n'ont pas osé désobéir ou bien ils n'ont pas osé s'opposer à la demande du roi'. Dans cet exemple y fait référence au contenu des lettres, c'est-à.dire à ce qui a été demandé par le roi : qu'ils (los de la tierra) se rencontrent le 1er mars à Sant Facund. Il faut donc comprendre : non osaron fazer en esta demanda (ou en ello) quelque chose de différent de ce qui avait été demandé. En esta demanda ou en ello est l'espace de référence rappelé par y et al, 'quelque chose autre', l'être qui s'y loge.

50) Sem quando fue de çient e dos annos despues del diluuio fizo a Arphaxat. E nonlo dixo assi Moysen en que erro y, pero que es poco que deuiera dezir de çient e dos annos era Sem. A esto dize mahestre Pedro, e suelta esta dubda: que costumbre fue dela Sancta Escriptura de poner los terminos delos cuentos, e por alguna cosa poca que uenga y del tiempo o mas o menos quelo sanctos Padres non fizieron y fuerça enlos annos, tanto que auien a coraçon de uenir conla linna delas generationes a aquel logar o tenien el coraçon e el talent, fascas s Sancta Maria e a Jhesu Cristo.

General estoria, p. 69, 18a

L'exemple 50 montre que le référent de y est toute une phrase. En effet, dans E nonlo dixo assi Moysen en que erro y, c'est-à-dire Moïse a commis une erreur en ne le disant pas. Y fait référence au fait de ne pas l'avoir dit, autrement dit l'espace de référence rappelé par y est non lo dixo assi Moysen.

51) E los egipcianos cauauan e fazien pozos por la ribera del Nilo por sacar agua limpia pora beuer, mas tal la fallauan toda como era ell otra del Nilo, esto es uermeia. Mas por tod esto el rey nin torno y cabeça nin daua nada por ello, segund dize Moysen

General estoria, p. 335, 27b

dans le chapitre Los manuscritos, les auteurs signalent la présence de dessins dans le manuscrit A, or, c'est également dans le manuscrit de la partie inférieure que l'on peut voir ces dessins et enfin, après l'introduction, page non numérotée du titre, lequel est : Calila e Digna Manuscritos B y A textos críticos. En ce qui concerne les dates des manuscrits voir chap. Los manuscritos, page XXXVI et XXXVII.

66

La mention nin torno y cabeça de l'exemple 51 constitue une expression que l'on trouve parfois, toujours avec le sens de ne pas changer d'avis. Ici, le Pharaon, malgré le miracle accompli par Moïse, n'autorise pas les Hébreux à sortir d'Egypte. Cabeça étant une métonymie pour idea, le sens de l'expression est donc ne pas changer d'idée par rapport à une idée antérieure. En espagnol l'expression est no cambiar de idea en algo. Ici, cet algo (quelque chose de non connu) est, en réalité, tod esto quelque chose de connu, puisque, tod esto réfère au fait de ne pas trouver de l'eau claire. Étant donné qu'il s'agit d'une phrase négative, la construction locative sera que dans l'espace de référence, aucune entité ne se logera. En effet, dans l'espace de référence évoqué par y, tod esto (se référant au manque d'eau à boire), aucune idée ne vient se loger, l'idée associée au verbe tornar exprimant, en fait, un changement, une modification. Donc, aucun changement n'interviendra dans la détermination du Pharaon.

52) E ell e sus fijos ministrassen siempre en la tienda del testimonio, e los otros del linage de Leui que uelassen e guardassen la tienda como Aaron lesmandasse, e fiziessen las otras cosas que y fuessen mester toda uia de guisa que nin se llegassen estos alos uasos del sanctuario nin ell altar, si non que morrien por ello, e que morrien otrossi Aaron e los sos con aquellos, si non si entrassen con el e gelo consintiessen ell e sus fijos, mas que fuessen essos otros enlas guardas dela tienda e enlas uigilias que se y fiziessen, et castigo los que ninguno estranno, esto es dotra ley, non ministrasse con ellos si non que morrie por ello.

General estoria, p. 648, 21b

L'exemple 52 montre également un espace notionnel qui est la garde et la surveillance de la tente et une entité qui s'y loge las otras cosas.

53) demas, sennora, que se temen que algunas dellas auran a fazer cosa por que podran caer en grand uerguença, e denosto de si, e desonrra de sus parientes, quelo oy yo esto".

Dixol essora Doluca: "Euas que te respondo, que pues ¿que conseio puedo yo y dar?"

Dixol ella: "Sennora, que tu como eres su reyna e sennora queles diesses suelta que casassen con quien quisiessen, segund que pudiessen cada unas".

General estoria, 415, 27a

Enfin, l'exemple 53 montre une construction assez fréquente avec le verbe dar. Dar consejo en algo implique que cet algo constitue un problème, un doute, c'est à dire une situation ou un état d'insécurité qui mérite que quelqu'un donne un conseil. Ici, étant donné que les nobles guerriers égyptiens sont morts dans la mer Rouge en poursuivant les Hébreux, les dames de la noblesse ne peuvent pas se marier avec des hommes de leur rang social. D'où la crainte de voir ces femmes tomber dans le déshonneur et entacher de honte leurs familles.

Donc l'espace évoqué par y est le problème évoqué par cette crainte et l'entité qui s'y loge est le conseio.

Dans tous les exemples que nous venons de voir, y fait référence à un lieu mental, notionnel, mais comme dans les cas présentés plus haut, y n'est rien d'autre que le rappel de quelque chose qui a déjà été mentionné.

67

1.2.3. Por y

La combinaison por y mérite une mention à part car, en plus des constructions locatives dynamiques de trajet, cette combinaison por y entre aussi dans des constructions de type causal. Ci-après nous présentons des exemples qui illustrent les deux types de construction.

Par ailleurs, cette combinaison représente 80,98% de toutes les constructions où y est associé à une préposition190.

Dans les constructions causales, y, pris tout seul, n'exprime pas la cause, mais fait référence à une proposition ou à un syntagme nominal et, de par l'action de por, dont un des emplois est d'introduire la cause, la combinaison por y produit un effet de sens causal.

La construction causale : une cause produit un effet. L'une ne peut exister sans l'autre.

Entre la cause et l'effet il s'établit une relation en vertu de laquelle la cause est un moyen par lequel le sujet de l'énoncé atteint un objectif visé ; autrement dit, une sorte de déplacement notionnel, figuré par la succession de la cause à l'effet. Y ne dit que le lieu notionnel qui, au moyen de por, va être à concevoir comme une cause.

En effet, en faisant un parallèle avec les constructions locatives, l'objectif visé est le point d'arrivée souhaité par le sujet de l'énoncé, autrement dit son point de destination et la cause le lieu de passage obligé pour l'atteindre, c'est donc un trajet non fondé sur un fait d'expérience, mais notionnel.

Voici deux exemples de y, l'un faisant référence à un lieu spatial, l'autre, notionnel, impliqué dans une relation causale :

1.2.3.1 Y PEUT FAIRE REFERENCE À UN LIEU MENTIONNÉ AUPARAVANT

54) E tantol amauan que tomaron una grand companna de los catiuos que trayen, et, medio dun rio que auie nombre Barsento que passaua por aquella cibdat, fizieron desuiar ell agua et mandaron le alli fazer su sepultura, et enterraron le alli muy noblemientre con muchas riquezas que metieron con el ; e pues que fue todo acabado muy bien, por encobrir el logar, tornaron de cabo ell agua por y que no sopiesse ninguno ell logar o yazie el rey Alarigo ;

Primera crónica general, p. 232, 24

Ils dévient le cours de l'eau pour enterrer le roi Alaric, puis ils défont ce qu'ils avaient fait à fin que l'eau retrouve son lit naturel. Ici, y fait référence à alli.

Il s'agit d'une construction locative avec un verbe de mouvement tornar et un espace évoqué par y, alli, associé à la préposition por qui lui confère le sens de lieu de passage : l'eau coule par ce lieu de passage.

190 Voir tableau (nº3) des prépositions, p. 207. Pour rappel : des 8.242 formes recensées dans l'ensemble de notre corpus, 162, soit 1,97 %, sont impliquées dans une construction avec préposition et verbe.

68 1.2.3.2POR Y DANS UNE RELATION CAUSALE

55) Et al cabo uino se pora Milan, et tanto se dio alli a malas costumbres, et a yr por su talente, non se castigando por los quebrantos que auie passados et por los males que ueye en la tierra, que lo mataron por y.

Primera crónica general, p. 169, 40

Por y, pourrait être glosé au moyen de por ello, por esta razón. Et la raison invoquée est celle qui s'exprime au moyen de à se dio alli a malas costumbres, et a yr por su talente, non se castigando por los quebrantos que auie passados et por los males que ueye en la tierra.

L'effet engendré – la mort – par cette cause est ici une conséquence du comportement de la personne dont le locuteur parle. Son comportement l'a amené à sa propre mort.

56) Et la reyna non lo allongo, et assi como se pudo apartar con el rey, fablo en este casamiento, et quandol mostro los bienes que por ello uernien en las yentes et los males que por y se desuiarien, et sobresso tantol sopo falagar de sus palabras et adulçearle, que gelo ouo de otorgar et que se farie el casamiento.

Primera crónica general, p. 683, 28

Dans cet exemple, c'est este casamiento qui est la cause aussi bien des avantages qui en découleraient, los bienes que uernien en las yentes, que des inconvénients qui en seraient à la suite écartés, los males que se desuiarien.

que por y est à comprendre : que por este casamiento, si ce mariage se réalisait. À noter également que les verbes impliqués uernien et desuiarien sont tous les deux des verbes de déplacement.

57) En el seteno anno, que fue en la era de dozientos et seys, auino assi que, por la persecucion que los emperadores fazien en los cristianos, uino tan grand pestilencia en toda la tierra, que destruyo muchas prouincias et mayormientre quebranto toda la tierra de Italia ; assi que se hermaron poc a poco todas las aldeas et los campos, que no moraua y ninguno.

Et de guerra otrossi no auien uagar a ninguna parte, ca eran muy grandes las guerras por toda tierra de Oriente, et por Illirico, et por Italia, et por Francia otrossi. E a todas partes tremie la tierra, et destruyense por y muchas cibdades.

Primera crónica general, p. 153, 25

por y : c'est-à-dire par le fait (pour la terre) de trembler, à cause des tremblements. Les tremblements font que beaucoup de villes soient détruites.

1.2.4. Y peut aussi faire référence à un lieu non expressément mentionné : la scène