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La question des traitements et du cadre de l’accompagnement

II. ETAT DES LIEUX DES RECHERCHES INTERNATIONALES SUR LE

2.2 Distinctions, caractéristiques des comportements sexuels abusifs commis par des adolescents

2.2.7 La question des traitements et du cadre de l’accompagnement

a) La question du cadre de l’accompagnement : l’accompagnement de la justice « La psychanalyse du criminel a des limites qui sont exactement celles où commence l’action policière, dans laquelle elle doit refuser d’entrer. C’est pourquoi elle ne s’exercera pas sans peine, même là où le délinquant juvénile, par exemple, bénéficie d’une certaine protection de la loi. Mais c’est précisément parce que la vérité qu’elle cherche est la vérité du sujet qu’elle ne peut que maintenir la notion de responsabilité, sans laquelle l’expérience humaine ne comporte aucun progrès »

(Jacques Lacan, 1950 ; Prémisse à tout développement de la criminologie, Autres écrits, p 125)

La prise en compte par la justice des adolescents auteurs de violences sexuelles dépend de la loi en vigueur dans le pays et de ses modalités d’application qui peuvent différer d’un pays à un autre.

Le comportement sexuel abusif de l’adolescent est un acte transgressif agressif qui, en France, s’inscrit dans la loi dans la catégorie des crimes et des délits.

L’ordonnance du 2 février 1945, relative à l’enfance délinquante, consolidée par différentes lois telles que celles de mars 2007 et d’août 2014, encadre les sanctions pénales et les mesures éducatives.

En France, la majeure partie des adolescents auteurs de violences sexuelles bénéficient de mesures spécifiques éducatives et d’injonctions de soins qui sont effectuées à la demande du Procureur de la République ou bien du juge des enfants. Ces mesures s’effectuent en collaboration avec les structures d’aide éducative et judiciaire de la jeunesse (PJJ). L’adolescent condamné doit engager une démarche de soins. En cas de refus, suivant la peine encourue, il prendrait le risque de l’incarcération ou bien du placement en CEF (centre éducatif fermé). Du fait notamment du peu de centres de soins spécialisés en France, il a toutefois le libre choix du thérapeute (psychologue ou psychiatre).

Les mesures sont variables en terme de durée et sont dépendantes du jugement prononcé (de 6 mois en moyenne à 2 ans). Il est à noter que cela conditionne parfois la durée des soins, car certains adolescents ou familles, sans véritable demande de soins préalables, vont appuyer leur investissement thérapeutique sur cette durée prescrite. Le temps est donc parfois compté pour que les thérapeutes puissent mettre en place des actions de soins qui soient opérantes pour l’adolescent.

L’accompagnement par la justice reste prépondérant dans la prise en charge du jeune. En effet, bien que les cliniciens doivent assurer cette fonction d’énonciation de la Loi et des interdits, ils ne peuvent l’assumer seuls. Berger (2012) énonce le fait que « les sujets violents n’arrivent à

penser que lorsqu’on arrête leurs actes ». La plupart des cliniciens approuvent maintenant cette

nécessité d’être soutenu par la loi dans leur pratique, tels que (Bourg, Aymonier, 2015) : « on a

commis l’erreur de croire que la psychiatrie pouvait soigner seule certains comportements déviants en se passant du judiciaire » (…) pas de réflexivité à espérer sans ce coup d’arrêt préalable ». Pour appuyer ces propos, ces cliniciens évoquent le concept « d’identité narrative

» (de Garapon, Salas, 1995) qui illustre l’association du travail de la psychiatrie et de la justice dans ces situations. Cela traduit « le travail nécessairement personnel que la justice et la

psychiatrie aident chacune à leur place ». La justice apporte déjà une « première contrainte de sens » qui s’impose au sujet. La justice, donne ainsi un point de départ à la prise en charge du

jeune, par la sanction judiciaire, qui fait alors office de « fonction tiers », qui énonce l’interdit, interdit insuffisamment intégré par le sujet ; qui contribue à ce que le jeune puisse prendre en responsabilité l’acte qu’il a commis, et qui l’engage dans une mesure de réparation vis-à-vis de la victime : « la sanction judiciaire constitue bien une réponse médiatisée par la parole à une

rupture du lien interhumain qu’est l’infraction. En ce sens, elle vient se mettre en position « tierce » entre l’agresseur et la victime. En effectuant au sein de la procédure une sorte

d’interprétation « symbolique » de l’acte, une mise en sens, elle opère en relais de ce tiers « paternel » qui n’a pu fonctionner pour le délinquant »22 (Savinaud, Harrault, 2015).

C’est cette première offrant ce que l’on pourrait nommer « un méta-cadre », va permettre le travail de sens propre au sujet, par la thérapie. « Puis la poursuite de l’action judiciaire passe

par la réinsertion, par la responsabilisation, par le réengagement, par la capacité donnée au sujet de se réapproprier son histoire, d’intégrer l’acte qu’il a commis dans sa propre histoire, bref de reconstituer sa propre cohérence narrative »23 (p 149). C’est également par la

reconnaissance des injustices que l’adolescent aurait lui-même au préalable subi (traumatisme développemental, condition humaine), que le jeune va donner du sens, un fondement à son acte répréhensible. Dès lors, ce sont alors les notions de « justice relationnelle » (Boszormenyi- Nagy) qui s’appliquent : « le changement de regard sur soi va alors ouvrir la voie à la

responsabilisation et aider au dessillement du regard sur la victime ».

La mesure d’accompagnement imposée, participe alors à l’engagement du jeune dans les soins, et à la constitution d’une alliance avec les thérapeutes. Ce méta-cadre favorise ainsi « un

environnement favorable aux soins » (Ciavadini, 2009). Ce dispositif de soins créé qui articule

les interventions de différents services (protection judiciaire, de l’enfance, pédopsychiatrie ou service psychologique), introduit la notion d’interdisciplinarité et de la nécessité d’un travail «

d’inter-contenance » (Ciavadini, 2003, travail de lien entre les différents intervenants autour du

jeune pour assurer une cohérence de prise en charge). Ce cadre apporté est alors au bénéfice de l’apport d’une sécurité pour chacun des professionnels intervenants, ainsi que pour le jeune et sa famille.

b) La question des traitements

En France, du fait du peu de centres de soins spécialisés dans la prise en charge des adolescents auteurs de violences sexuelles et du peu de professionnels formés dans ce domaine, la question des soins mis en œuvre reste à l’état d’émergence. Nous pouvons citer bien sûr certains centres identifiés tels que ceux de l’Antenne de la Garenne-Colombe, le centre EIDO sur Paris (Lemitre) ainsi que l’unité du psychotraumatisme de Besançon (CHS de Novillars, service du Dr Fremy). Pourtant, le besoin de développer une prise en charge spécialisée est importante notamment au regard des nombreux passages à l’acte sexuels récurrents d’adolescents au sein

22Savinaud, Harrault, 2015) Savinaud, C. Harrault, A. (2015). La prise en charge des adolescents agresseurs sexuels : le sujet et/ou la loi ? In

les violences sexuelles à l’adolescence. Faits de société ou histoire de famille ? (Sous la direction de Savinaud, C. Harrault, A. Petite collection

Enfances & Psy, Erès : Toulouse, p 210. 23 Op.cit., p 149

des établissements médico-sociaux, cela en raison de la convergence de facteurs de risques multiples présentés par les jeunes accueillis et qui en favorisent leur manifestation. Lorsque l’on est amené à échanger avec les professionnels du monde sanitaire, médico-social, ce qui reste encore aujourd’hui plus facile à réaliser sur un plan officieux24 (Bernard, Cuynet, 2014), ceux- ci expriment leurs difficultés et le sentiment de se sentir débordés par le déferlement périodique de ces problématiques et traduisent le fait qu’ils se sentent insuffisamment formés d’un point de vue pratico-clinique pour prévenir et prendre en charge ce type d’évènements. Dans la majorité des cas, lorsque le passage à l’acte sexuel de l’adolescent est repéré et signalé, les adolescents sont orientés par une mesure de justice au sein des services de la protection judiciaire de la jeunesse. Bien souvent, soit les soins sont effectués dans ces dits-services, soit s’il existe un service de soins spécialisés dans le domaine, un partenariat peut alors se mettre en place pour que l’adolescent puisse bénéficier de thérapies plus adaptées.

Aborder pour les professionnels cette problématique avec l’adolescent serait loin d’être simple : Pascal Roman, Magali Ravit, (2010) dans une de leur recherche évoquent cette difficulté : «

les professionnels (de la protection judiciaire de la jeunesse) reconnaissent une difficulté, de leur part, à aborder avec les adolescents les faits de nature sexuelle qui leur sont reprochés, alors qu’ils ne rencontrent pas la même difficulté lorsqu’il s’agit de faits de violence non sexuelle, ou d’autres transgressions ».25

Cette difficulté s’associe avec des problèmes rencontrés dans la clinique avec des patients dont la caractéristique est bien souvent la limitation de leur capacité de mise en travail. Ces difficultés ont pu faire l’objet de réflexions de différents chercheurs tels que Minary, Ansel, Mariage, Boutanquoi, (2010) ; Minary, Ansel, Bourg, Boutanquoi, Parra, Mariage (2015) sur les moyens les plus appropriés pour prendre en charge ces adolescents : « nombre de professionnels les

prenant en charge, dans le cadre des suivis socio-judiciaires et des obligations de soin, se trouvent souvent démunis devant leurs attitudes de mutisme, de manque d’implication, voire de refus de tout dialogue (…)les éducateurs de la Protection Judiciaire de la Jeunesse éprouvent eux aussi des difficultés particulières vis-à-vis de ces jeunes accusés pour abus sexuels ; s’ils reconnaissent l’intérêt qu’ils aient accès à un soin psychique, ils ne savent pas comment les y préparer, ne sachant pas vraiment en quoi cela consiste réellement (…) c’est la raison pour laquelle des praticiens, en France comme en Europe, cherchent d’autres options de travail. Par

24 Ce sujet restant toujours très tabou à l’heure actuelle dans les institutions en France, cf. Bernard, Cuynet (2014). Les enfants aux comportements

sexuels problématiques à l’épreuve du silence institutionnel. Le Divan Familial, 2014/2 (n°33). 61-74

25 ROMAN, P. RAVIT, M. (2010). La subjectivation de l’agir sexuel violent à l’adolescence : les apports d’un questionnaire d’investigation

clinique dans la rencontre de l’adolescent », Sociétés et jeunesses en difficulté, n°10 | Automne 2010, document 6, mis en ligne le 01 septembre 2010, consulté le 24 mai 2016. URL : http://sejed.revues.org/6867

exemple, en substituant au cadre individuel un abord thérapeutique groupal, ou en mobilisant d’autres références que celles psychodynamiques. De telles expériences donnent généralement lieu en France à d’intenses controverses autour des questions de légitimité et de pertinence ».26

Face à la complexité de ces prises en charge, il existe, un souhait de la part des cliniciens, sur le plan national et international, de développer des modèles de compréhension intégrant les différentes étiologies repérées, prenant en compte l’angle de vue conscient et inconscient de la problématique, bien qu’il puisse exister des réticences de la part de professionnels, tout courant théorique d’affiliation confondu.

Globalement, il faut rappeler que le traitement d’un adolescent auteur de comportements sexuels abusifs répondrait à deux objectifs principaux :

- Le premier, sur un plan social, est celui d’éviter le risque de récidive.

- Le deuxième, sur un plan thérapeutique, est de prendre en compte et de traiter la souffrance psychique du jeune auteur, en l’aidant à avoir une compréhension de lui- même, de mettre en sens l’acte qu’il a commis, d’être en empathie vis-à-vis de la victime et de développer en lui les ressources qui lui permettront d’éviter ces comportements, mais aussi de mieux se construire en tant qu’un adulte.

Il faut savoir que d’une manière générale, les traitements chimiothérapiques sont peu mis en place pour cette problématique chez ces adolescents.

Les thérapies existantes sont axées sur le versant de l’esprit, et s’inscrivent alors, d’un point de vue théorique, dans le champ conscient ou bien inconscient de la problématique. Voici les différentes approches thérapeutiques dont nous avons connaissance dans le domaine.

b.1 PERSPECTIVES CONSCIENTES DE LA PROBLEMATIQUE 27

● b.1.1 Approche cognitivo-comportementale

Elle permet l’enseignement des habiletés sociales alternatives selon une séquence établie à caractère éducatif. Cette approche vise la réduction des cognitions et des comportements antisociaux tout en augmentant les cognitions et les comportements pro-sociaux. L’adolescent

26 MINARY, J-P. ANSEL, D. MARIAGE, A. BOUTANQUOI, M. (2010). Jeunes en difficulté et auteurs de violences sexuelles : comment les

aider sans violence ? », Sociétés et jeunesses en difficulté, n°10 | Automne 2010, document 2, mis en ligne le 01 septembre 2010, consulté le 23 mai 2016. URL : http://sejed.revues.org/6825

27 DESJARDIN, S. (rédigé par) (2012). Programme transversal pour les adolescents ayant commis une infraction à caractère sexuel. Guide de

se responsabilise par rapport à ses comportements. L’approche cognitive comportementale touche également l’abandon des attitudes et des comportements délinquants ainsi que l’acquisition des habiletés intra et interpersonnelles pro-sociales (cf. guide de soutien à la pratique, Montréal).

▪Cette approche peut comprendre des ateliers de groupe : - Atelier de développement des habiletés sociales

- Ateliers de développement d’alternatives à la violence

- Ateliers de développement des habiletés visant la résolution de problèmes - Ateliers de gestion du stress

▪ Cette approche peut comprendre des outils utilisés en entretien individuel : - contrat comportemental (pour susciter l’engagement de l’adolescent)

- une grille d’auto-observation (pour accompagner le jeune dans la prise de conscience de ses pensées et émotions)

- entretien de prévention de la récidive (pour aider le jeune à éviter des situations à haut risque de passage à l’acte en prenant connaissance de son « cycle délictuel » correspondant à un enchaînement de pensées, d’émotions qui crée des situations à risque, et l’aider à développer des stratégies alternatives).

▪ Approche familiale : thérapie cognitivo-comportementale familiale (entraînement à des techniques d’apprentissage et de modification de comportements, gestion des émotions, résolution de problèmes, entraînement aux habiletés sociales pour l’ensemble des membres de la famille).

● b.1.2 Approche motivationnelle

Alors que l’intervention judiciaire constitue un outil de motivation externe, l’idée ici est de développer la motivation interne au sujet. C’est une méthode de communication directive et centrée sur le client, utilisée pour augmenter la motivation intrinsèque au changement par l’exploration et la résolution de l’ambivalence. Il s’agit d’une approche qui se veut incitative tout en étant la moins « confrontante » possible. Elle permet de respecter les limites et le rythme du client. Dans cette lignée, nous pouvons citer un outil connu, le « Good lives model » (Ward, Maruna, 2007). Cette approche serait complémentaire aux thérapies cognitivo- comportementales.

● b.1.3) Ateliers issus d’autres approches

Des ateliers ont été mis en place dans l’objectif de mettre en travail des domaines de compétence spécifiques. Nous pouvons citer les ateliers suivants :

▪ De développement de connaissances et d’habiletés en matière de sexualité ▪ De développement du jugement moral

▪ De développement de l’empathie

▪ De développement de connaissances visant la réduction des méfaits ▪ De développement de l’expression et de la créativité

● b1.4) Soutien aux parents

Il existe également des ateliers de soutien destinés aux parents, tels que les groupes éducatifs pour les parents, groupes d’entraide, qui peuvent avoir recours également à l’approche motivationnelle.

● b1.5) Approche familiale dans un autre domaine d’approche : la thérapie systémique. La thérapie systémique a été employée dans la clinique des adolescents auteurs de violences sexuelles, son utilisation a notamment été développée par Monique Tardif. Selon cet auteur, la pertinence d’intervenir auprès de ces familles réside dans le soulagement de leur détresse, la nécessité de réduire les facteurs de risque, et un rehaussement des facteurs de protection. Les forces de l’approche systémique seraient d’élaborer une vision plus globale du problème, d’inclure les parents dans le traitement et de réduire l’intensité émotionnelle. Les objectifs sont orientés de façon à traiter les problèmes persistants tels que la difficulté à établir des frontières relationnelles, à défusionner et à disposer d’une communication correcte et efficace. Le travail au sujet des secrets familiaux permettrait d’aborder sous l’angle du processus de communication des évènements traumatiques et la situation d’abus sexuel, en donnant aux membres la responsabilité d’améliorer la communication familiale. Dans son application, la thérapie systémique pourrait se moduler à des conditions d’application d’intensité variable, et s’échelonner dans un temps limité. Elle se base sur une évaluation clinique du fonctionnement familial, qui est complétée par l’utilisation d’un génogramme (tracé graphique synthétisant des informations sur trois générations).28

b.2 PERSPECTIVE INCONSCIENTE DE LA PROBLEMATIQUE ● b.2.1 Approche psychanalytique, psychodynamique

« Cette approche repose sur la reconnaissance de l’inconscient comme pouvant parfois guider nos actions, sentiments, pensées et être à l’origine de certains conflits internes qui peuvent créer de l’angoisse et des symptômes en chacun de nous et affecter la façon dont nous entrons

28 TARDIF, Monique. (2012) Les interventions auprès des familles, du symptôme au système. In La délinquance sexuelle des mineurs.

en relation avec les autres. Des extensions de cette méthode ont été élaborés, tant en Europe qu’en Amérique du Nord afin de s’adresser à une population plus diversifiée et à différentes problématiques. Ces prolongements sont appelés les psychothérapies psychanalytiques ou psychodynamiques.

Les psychologues de cette approche utilisent souvent une méthode proche de la psychanalyse et une pensée psychanalytique tout en adaptant le cadre de la thérapie (fréquence, durée, nature des interventions). Les objectifs de ce type de psychothérapie sont très variables d’une personne à l’autre mais ont pour point commun la recherche de compréhension de soi et des autres, de mise en sens de ce qui habite la personne, au travers du dialogue thérapeutique auquel contribuent le thérapeute et le patient. L’exploration des relations passées significatives et de l’histoire est souvent de mise afin de mieux comprendre ce que vit la personne dans le présent, en tenant compte de son parcours, de la continuité de son existence. La dimension relationnelle et la contribution du thérapeute font partie intégrante du processus de changement».29

b.2.1.1 Approches individuelles de type psychothérapie analytique.

Dans le traitement des adolescents auteurs de violences sexuelles, cette approche a fait l’objet d’aménagements psychothérapiques, car a dû être prise en compte le fait que cette population se trouve bien souvent dans l’incapacité de s’engager directement dans un processus réflexif (empêchement dans l’affect et la représentation de l’acte, dû à des défaillances du point de vue des capacités de symbolisation). Le professionnel peut alors se trouver en difficulté pour mettre en travail la problématique s’il en reste à une application classique de la psychanalyse. A cet effet, pour favoriser la rencontre avec l’adolescent, un outil a été créé le QICCAAIS (Questionnaire d’investigation clinique pour les adolescents auteurs d’infractions à caractère sexuel, Roman, 2008, 2010), c’est un questionnaire clinique, inspiré et adapté du QICPASS (version pour adultes, Ciavaldini, 1999). Cet outil : « autorise, dans une forme d’emboîtement, le

soutien des subjectivités de l’adolescent et du professionnel. Ce soutien du processus de subjectivation de l’adolescent passe, en effet, par le soutien de la subjectivité du professionnel engagé dans l’accompagnement de l’adolescent dans ce travail d’évocation de l’intime ouvert par la scène sexuelle transgressive

(…) Il permet également une évaluation de la personnalité de l’adolescent, de son environnement, et des agirs dans lesquels ils se trouvent engagés. »30

b.2.1.2 Approche groupale - Groupe de parole

Face parfois à la difficulté des adolescents à se mettre en pensée, des thérapeutes ont pu élaborer des médiations facilitatrices, intégrant à la fois modélisation du champ cognitif et modélisation de la théorie psychanalytique groupale. Nous pouvons ainsi citer le dispositif de parole qui utilise un média jeu à visée thérapeutique, spécifiquement conçu pour les adolescents auteurs de violences sexuelles dénommée « conduite accompagnée» (Smaniotto, Schillinger, Reveillaud, Félicier, 2015), destiné à faciliter l’émergence d’échanges spontanés des adolescents sur des questions personnelles et intimes (famille-amitié- sexualité-violences sexuelles).

- Médiation photolangage.

C’est une médiation psychothérapique créé en 1965 par des psychologues et psychosociologues lyonnais (France) qui par le support photo, cherche à favoriser les processus associatifs, c’est-à-dire la mise en marche de l’activité de