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Le choix des épreuves projectives familiales

VI. METHODOLOGIE

6.2 Le choix du recours à la médiation par la trace figurative

6.2.1 Le choix des épreuves projectives familiales

L’épreuve de génographie projective familiale (Cuynet 1999) et l’épreuve du dessin de la maison de rêve (Cuynet, 2001) sont des outils d’investigation et de diagnostic spécifiques à

l’objet familial, qui s’appuient particulièrement sur l’étude de l’image inconsciente du corps familial (Cuynet, 2005, 2010), notamment à travers la forme de l’enveloppe constituée. Offrant une vision de la structure interne du groupe, c’est en ce sens que ces outils projectifs permettent « une radiographie de la structure inconsciente familiale », sorte de cliché, à un instant « T », révélateur au moment de la passation, de la structuration et de la dynamique des liens groupaux au sein de la famille. La théorie sous-tendant leur utilisation est d’ordre psychanalytique familial.

C’est par le mécanisme de la projection de son monde intrapsychique groupale, sur l’espace extérieur, et notamment sur la feuille support du dessin, que la famille va être sollicité : « L’acte

de tracer mobilise les pulsions sensorielles du corps et qui rendent la page blanche analogue à une surface sensible faite de projections des différents membres de la famille dans leur interfantasmatisation. A travers le dessin libre, ils construisent un corps métaphorique familial»163 (Cuynet, 2015). La projection étant définie comme : « une opération par laquelle

le sujet expulse de soi et localise dans l’autre, personne ou chose, des qualités, des sentiments, des désirs, voire des objets, qu’il méconnait ou refuse de lui »164 (Laplanche et Pontalis, 1967,

Vocabulaire de la psychanalyse, Paris : PUF).

163 CUYNET, P. (2015). L’arbre généalogique en famille. Médium projectif groupal. Paris : Editions In Press. Collection psycho, p 26. 164 LAPLANCHE, J. PONTALIS, J. (2007). Vocabulaire de la psychanalyse (1967) Paris : PUF.

En ce sens, ces épreuves projectives codifiées seraient à la clinique groupale familiale dans une perspective d’étude trans-psychique, ce que les épreuves projectives du Rorschach et du TAT sont à l’étude psychodynamique individuelle dans une perspective d’étude intrapsychique. La génographie projective familiale rendent plus compte de l’étude de l’image du corps inconsciente familiale dans une vision diachronique (structuration des liens familiaux), et l’épreuve du dessin de la maison de rêve (« spatiographie familiale ») à une vision synchronique (dynamique des liens familiaux).

Le schéma suivant illustre cette idée :

b) Schéma montrant les axes temporels de l’image inconsciente du corps familial ; position des médiateurs projectifs ; arbre généalogique ; maison de rêve (diffusé avec l’autorisation du Pr Cuynet)

Selon Patrice Cuynet (2005)165 :

« Sur l'axe diachronique se retrouve la dimension générationnelle et l'héritage psychique qui se transmettent dans la constitution des liens identitaires de filiation. La corporéité s'exprime par les

165 CUYNET, P. (2015). L’image inconsciente du corps familiale. Le Divan Familial. 2005/2 (n°15), 43-58.

Image du corps familial TEMPS Axe diachronique

Axe synchronique

Transmission inter- et transpsychique

Imagos –Figures originaires – Fantasme originaire Liens de filiation –Consanguinité

) endogamie ( Dessin de l’arbre généalogique Projection groupale d’enveloppe

Inter-fantasmatisation familiale

Groupalité psychique (être –se tenir ensemble) Espace -Corps -Habitat

Inter-relation de contenants

Inter-subjectivité Structure topographique de liens psychiques d’alliance –avunculaire (exogamie) Dessin de la maison de rêve

mythes et les fantasmes que véhicule l'imaginaire collectif de la famille. L'épreuve du dessin libre familial de l’arbre généalogique, « génographie projective familiale » en serait une sorte de médium projectif et transitionnel. Dans notre schéma, l’arbre généalogique spatialise les liens héréditaires et identitaires par le biais d’une image du corps fantasmatique nécessaire au processus de construction de l’identité moïque. La dimension diachronique des processus inter et transgénérationnels est mise en évidence par l’essence structurale même de l’arbre généalogique. La nature groupale et générationnelle qu’induit le dessin généalogique met la famille dans une disposition régressive de rêve et de fantasme, qui lui permet de projeter les lignes de force de sa structure inconsciente dynamique, topique et économique dans une représentation de son image du corps.

Sur l'axe synchronique : l’épreuve projective du dessin libre de la maison de rêve, « Spatiographie familiale », sollicite et condense les projections du moi-peau et les liens

structuraux du corps familial. L'image du corps serait le résultat des liens intersubjectifs. Les relations narcissiques et objectales se révèlent donc dans une dialectique spatiale du temps présent. »

Ces deux épreuves projectives familiales ont fait l’objet d’une recherche à l’Université de Franche-Comté à laquelle nous avons participé activement en tant que membre de l’équipe de recherche (Cuynet, Mariage, Sanahuja, Bernard, Schwailbold, Mortet, pour l’équipe principale; 2011- 2015) pour la finalisation de ces épreuves en tests groupaux spécifiques à la famille. Chaque épreuve dispose maintenant de fiches de cotation, permettant l’analyse clinique et l’analyse statistique pour la mise en œuvre d’études quantitatives auprès d’un groupe clinique, ainsi que d’une grille d’aide à l’analyse pour l’interprétation des données des dessins (Publications : Cuynet, 2015, Cuynet sous presse, 2017). Ces épreuves font l’objet chaque année d’enseignements dans le cadre de travaux dirigés auprès des étudiants en psychologie à l’Université de Franche-Comté, ainsi que de formations auprès des professionnels psychologues cliniciens dans le cadre de séminaires, au sein desquels nous intervenons. Nous avons par ailleurs en parallèle, développé nos compétences cliniques dans l’utilisation et l’analyse de ces outils, en participant préalablement à une recherche universitaire en Franche-Comté sur le thème de « famille, obésité et adolescence » (recherche financée par la fondation de France) d’une part, et en intégrant régulièrement ces épreuves à notre pratique clinique quotidienne d’autre part. Nous pensons donc disposer d’une bonne maîtrise de ces outils, du point de vue de leur connaissance conceptuelle et clinique. Nous allons maintenant les présenter chacun.

A. L’épreuve de génographie projective familiale (Cuynet, 1999)