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3. Les sous-dimensions de la mobilité étudiante

3.2. La compétence interculturelle dans le contexte de mobilité

3.2.1. Qu’est-ce que la compétence interculturelle ?

L’acquisition d’une compétence interculturelle est soulignée dans le Cadre européen commun de référence pour les langues (désormais CECR) : « Dans une approche interculturelle,

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harmonieux de la personnalité de l’apprenant et de son identité en réponse à l’expérience enrichissante de l’altérité en matière de langue et de culture ». Selon le CECR (2001 : 9, 40),

dans le processus d’acquisition d’une nouvelle langue, l’apprenant n’acquiert pas deux façons étrangères d’agir et de communiquer : il devient plurilingue et apprend l’interculturalité. Les compétences linguistiques et culturelles relatives à chaque langue sont modifiées par la connaissance de l’autre et contribuent à la prise de conscience interculturelle, aux habiletés et aux savoir-faire. Ces compétences permettent à l’individu de développer une personnalité plus riche et plus complexe et d’accroître sa capacité à apprendre d’autres langues étrangères et à s’ouvrir à des expériences culturelles nouvelles.

Selon le Guide (2007 : 76-77), la création d’une compétence interculturelle a pour finalité la gestion des rapports entre soi et les autres. Il s’agit de sensibiliser l’individu en vue d’assurer la communication et la compréhension avec l’autre. Cela implique des savoirs au sens de connaissances relatives à d’autres sociétés ; des savoirs en tant que possibilité de développer ses connaissances sur une société à partir de ce que l’on connaissait et en faisant des recherches et en analysant l’information ; des savoirs en tant que capacités à donner du sens à des objets culturels en adoptant un point de vue interne ou d’un observateur extérieur ; des savoir être – en d’autres termes la capacité de suspendre ses jugements et de neutraliser ses représentations. Cette compétence interculturelle est donc « destinée à assurer une compréhension autre que

strictement linguistique, aussi exempte de malentendus que possible et marquée par une coopération bienveillante réciproque entre interlocuteurs de groupes différents ».

Dans le contexte européen, on parle également de la compétence plurilingue et pluriculturelle (Coste, Moore et Zarate, 1997 et 2009). Cette compétence cherche à construire une relation entre la notion de compétence de communication et les perspectives de maintien et de promotion d’un pluralisme linguistique et culturel :

« On désignera par compétence plurilingue et pluriculturelle, la compétence à

communiquer langagièrement et à interagir culturellement possédée par un locuteur qui maîtrise, à des degrés divers, plusieurs langues et a, à des degrés divers, l’expérience de plusieurs cultures, tout en étant à même de gérer l’ensemble de ce capital langagier et

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culturel. L’option majeure est de considérer qu’il n’y a pas là superposition ou juxtaposition de compétences toujours distinctes, mais bien existence d’une compétence plurielle, complexe, voire composite et hétérogène, qui inclut des compétences singulières, voire partielles, mais qui est une en tant que répertoire disponible pour l’acteur social concerné. » (Coste, Moore et Zarate, 1997 : 12.)

En ce qui concerne la mobilité étudiante, Kohler-Bally (2001: 6) utilise également la notion de compétence pluriculturelle, elle parle même d’une identité plurilingue. Selon elle, pendant son séjour, l'étudiant étranger va apprendre à gérer des situations de communication qui vont participer à la construction identitaire plurilingue. L'étudiant devient un acteur social qui découvre une culture différente de la sienne à travers les actes de communication. Il se trouve dans de nouvelles situations de communication liées à des données culturelles qu'il ne décode pas toujours.

En somme, la compétence interculturelle inclut des éléments de la prise de conscience d’existence d’autres langues et d’autres cultures, des éléments d’acceptation de la diversité et des savoirs dits « pures » sur une autre culture ou une autre société. Il s’agit également de neutraliser ses représentations et de supprimer ses idées stéréotypées en cherchant des informations sur la culture de l’autre. Tout le processus de l’acquisition d’une compétence interculturelle est basé sur l’idée où l’apprenant enrichit ses connaissances préalables : l’apprentissage d’une nouvelle langue et d’une nouvelle culture ne supprime pas la langue première de l’individu mais favorise le développement d’un individu plurilingue et pluriculturel.

La compétence pluriculturelle, quant à elle, englobe plusieurs compétences: celles de la maîtrise d’une langue et de la culture qui y est associée. Grâce à cette pluralité, l’individu construit un répertoire composite qui lui permet de mobiliser plusieurs savoirs, savoir-être et savoir-faire. En d’autres termes, il s’agit de construire un répertoire individuel où les savoirs, les savoir-être et les savoir-faire s’harmonisent. Quant à la compétence interculturelle, elle renvoie principalement à l’idée d’enrichir ses connaissances culturelles préalables.

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Dans cette étude, je me concentre sur l’acquisition de ces compétences en situation de mobilité étudiante. Dans ce contexte, les deux compétences – interculturelle et pluriculturelle – se mélangent. L’étudiant sera conduit non seulement à prendre conscience de la diversité et de la différence culturelle, mais également à inclure certains éléments de son nouvel environnement dans son répertoire culturel et linguistique. J’interprète donc la compétence interculturelle et la compétence plurilingue et pluriculturelle comme un ensemble d’éléments favorisant la communication et la compréhension d’altérité dans une situation où deux ou plusieurs cultures sont présentes. Comment les étudiants chinois s’approprient-ils cette compétence et la compréhension d’altérité dans une famille d’accueil ? Pendant une situation de communication, s’agit-il d’une simple politesse envers l’autre ou la culture de l’autre devient-elle véritablement un élément du répertoire culturel et linguistique de l’individu ?

3.2.1. La mobilité étudiante et la compétence interculturelle – une acquisition

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