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Cette étude a cherché à comprendre comment une famille d’accueil française favorisait le développement de la compétence de communication et de la compétence interculturelle pour des étudiantes chinoises en formation de FLE à l’Université du Maine.

A partir de mes expériences professionnelles antérieures et de ma propre mobilité à l’étranger, j’ai voulu savoir comment les contacts dans un cadre authentique favorisaient l’apprentissage du français pour ces étudiants qui recherchent une expertise de la langue française mais qui ont été peu sensibilisés à l’utilisation et à la communication orale pendant leurs apprentissages antérieurs de langues. En effet, la méthodologie d’enseignement ainsi que la culture éducative en Chine est davantage centrée sur l’écrit : ce qui pose en général certains obstacles pour les apprenants asiatiques lorsqu’ils doivent faire face aux méthodes communicatives plus courantes en Europe. Cette recherche avait donc pour objectif d’apporter des éléments de réponse à ce questionnement mais aussi à ceux concernant les motivations qui poussaient ces étudiants à rechercher une famille d’accueil.

Avant de commencer la recherche, j’ai établi un cadre théorique en expliquant le concept de la mobilité étudiante qui forme la base théorique de cette étude. Ensuite, j’ai explicité ses sous-dimensions : l’appropriation de la langue du pays d’accueil (la compétence de communication) et l’appropriation de la culture (la compétence interculturelle). J’ai également abordé le concept de l’insécurité linguistique car en cherchant des occasions pour communiquer en français, les étudiants chinois comme tous les étudiants étrangers en mobilité se tournent souvent vers les natifs en espérant accéder à la « langue correcte ».

Pour répondre à la problématique de la recherche, j’ai envisagé deux hypothèses de type associatif dont la première abordait la dimension linguistique :

H1 : En choisissant d’avoir une famille d’accueil française, les étudiants chinois

s’engagent dans un apprentissage authentique, non-guidé et informel dans le but de connaître la langue « authentique ». Le fait d’avoir une famille d’accueil contribue donc

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efficacement au développement des trois composantes (linguistique, sociolinguistique et pragmatique) de la compétence de communication chez l’apprenant et aide à développer son répertoire linguistique.

La deuxième hypothèse quant à elle, portait sur la dimension culturelle :

H2 : Les contacts avec la famille d’accueil favorisent l’acquisition d’une compétence

interculturelle et pluriculturelle chez l’apprenant et lui permettent une meilleure adaptation et intégration dans la société d’accueil (en France) en diminuant les idées stéréotypées sur la communauté d’accueil. Enfin, l’étudiant intègre certains éléments culturels dans son répertoire culturel.

L’analyse des données s’est portée sur un corpus de dix entretiens semi-directifs conduits avec des étudiantes chinoises ayant une famille d’accueil française. Pour compléter cette approche, j’ai également eu recours à la méthode d’observation directe. Ces phases d’observation ont enrichi cette étude mais elles n’ont été exploitées qu’en tant que données supplémentaires pour apporter des éléments de précision à la recherche.

Les deux hypothèses de recherche ont pu été validées suite à l’interprétation des données. Quant à la première, je peux confirmer que la famille d’accueil procure un cadre authentique d’apprentissage au sein duquel les étudiants jugent pouvoir apprendre une langue correcte et authentique. Les contacts avec la famille d’accueil contribuent au développement de la compétence de communication. A ce sujet, les apports linguistiques sont omniprésents et plus facilement mis en avant par les interrogées car les progrès sont plus visibles, mais il ne s’agit pas pour autant de reléguer au second plan les autres compétences. On peut donc effectivement confirmer que dans le cadre authentique les compétences sociolinguistique et pragmatique se développent parallèlement avec la compétence linguistique. On pourra également ajouter que la communication dans une famille favorise aussi le développement du répertoire linguistique de l’étudiant et lui permet de prendre conscience de son apprentissage. La première hypothèse a donc été validée.

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A partir des résultats relatifs à ma seconde hypothèse, on peut dire que les contacts avec la famille d’accueil favorisent les échanges culturels. Les énoncés font également émerger des éléments favorisant le développement d’une compétence interculturelle. En ce qui concerne la compétence pluriculturelle, les éléments sont moins explicites mais on pourra toutefois dire que la prise de conscience des coutumes et des manières de communiquer à la française sont partiellement adoptées par les étudiantes chinoises dans un désir d’intégration et de compréhension de l’autre. Aux vues de ces considérations, j’estime donc la seconde hypothèse également validée, en prenant toutefois en compte que les contacts avec la famille d’accueil ne sont pas la seule source des idées stéréotypées et que ces contacts améliorent le processus d’intégration tout comme les autres situations de communication de la vie quotidienne qui procurent également une expérience positive sur la communauté d’accueil.

En somme, pendant la période de mobilité, les étudiantes chinoises interrogées souhaitent avoir une famille d’accueil afin de pouvoir mieux connaître la langue et la culture du pays d’accueil et en conséquence, pouvoir s’intégrer à la société d’accueil. Ce choix est motivé par l’idée de trouver une certaine authenticité langagière et par l’envie d’améliorer leur compétence orale. Elles cherchent également une connaissance culturelle authentique pendant leur séjour à l’étranger au sein de leur famille d’accueil, au lieu d’un regard observateur et objectiviste. Enfin, le rapport essentiellement linguistique et culturelle au départ se développe souvent en relation de confiance où l’étudiante n’est plus seulement dans la famille pour apprendre mais aussi pour retrouver certains liens familiaux temporairement perdus à cause de la distance qui les sépare de leur pays d’origine.

Pour finir, je souhaite rappeler que ce mémoire de recherche a été rédigé dans le cadre du Master 2 FLE. Il a voulu mettre en valeur l’importance des familles d’accueil dans l’apprentissage de la langue du pays d’accueil. Pour élargir le sujet, il serait éventuellement intéressant de poursuivre ce travail en interrogeant d’autres étudiants chinois en master de didactique des langues, voire d’autres étudiants étrangers en mobilité. Ce cadre d’étude pourrait également être réalisé parmi les étudiants dont le français est la seconde langue comme par exemple un public maghrébin.

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Je tiens également à souligner que les étudiants étrangers en mobilité restent toujours très attachés à l’idée d’être en relation régulière avec un locuteur natif « idéal » et que cette représentation peut difficilement être altérée. En conséquence, il serait intéressant de prolonger cette étude vers un questionnement sur les représentations faites sur les locuteurs natifs – le concept de locuteur natif étant déjà un sujet large et complexe. D’ailleurs, cette question pourrait faire l’objet de plusieurs études toujours en cherchant à trouver des réponses pour la séduction des natifs : dans quel but les étudiants étrangers cherchent-ils un cadre authentique et d’où vient l’envie de découvrir l’univers de l’autre à travers des natifs, des locuteurs « parfaits » ?

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VII. Bibliographie

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