• Aucun résultat trouvé

V. Analyse du corpus

37 E : ah oui mais je pense que le caractère des chinois// des jeunes chinois n'est pas pareil

comme les français. les français sont plus ouverts et ils peuvent mmm faire ce qu'ils veulent.

81

39 E : comme moi, je dois faire ce que ma maman m'a dit. je n'ai pas d'autre choix. mmm pour

moi en fait j'aime bien// je préfère le piano mais ma maman m'a dit que « non tu dois apprendre

le violon parce que ta sœur a déjà appris le piano ». mmm oui donc je n'aime pas le violon mais je l'ai appris. presque dix ans (rire) (Annexe 11, E8.)

Enfin, la bise française16 engage naturellement la discussion, surtout parmi les personnes interrogées qui sont en France depuis peu de temps. Selon Meng Xiaomin (2009), ce signe de salutation de tous les jours pour les Français, est réservé aux amoureux en Chine. Il s’agit d’un élément intime. E6 et E7, en France depuis 2011, confirment les affirmations de Meng Xiaomin en qualifiant la coutume française de « choquante », « bizarre » et « embarrassante ».

179 E2 : euh par exemple on ne fait jamais le// mmm embrasser. 180 E1 : faire la bise!

181 C : ah oui la bise. 182 E2 : oui mais en france// 183 E1 : ah oui ça c'est choquant. 184 C : au début c'était difficile?

185 E1 : oui on oublie toujours. on n'a pas l'habitude de faire la bise. 186 C : oui je vois.

187 E2 : c'est pas en fait difficile de faire la bise mais c'est un peu bizarre pour moi (rire) 188 E1 : quelques fois c'est très embarrassant. on sais pas comment faire. (rire)

189 C : en chine vous//

190 E1 : on fait juste comme ça (salue avec sa main et rit) 191 C : (rire) oui je vois. dans ma culture on fait comme ça aussi. 192 E1 : la bise est très intime. (Annexe 10, E6 & E7.)

Pour conclure, d’autres éléments culturels en France surprennent les étudiantes chinoises interrogées. Cependant, elles gardent un esprit ouvert face à ces situations culturellement

16 Le site web Bonjour Shanghai écrit sous la rubrique « Coutumes à respecter en Chine – ce qu’il faut faire ou ne

pas faire » : « Eviter surtout les embrassades, ou de prendre un Chinois, même un ami dans les bras (ceux-ci sont

encore très pudiques), à la façon italienne de dire bonjour, car cela les mettra très mal à l'aise et ils vous le feront sentir. Eviter aussi les bises. »  http://www.bonjourshanghai.net/informations-chine/coutumes-a-respecter-en-

82

différentes et cherchent à s’adapter à la société d’accueil. Ainsi, aux vues de ces interprétations, je considère également la seconde hypothèse validée. Les contacts avec la famille d’accueil favorisent l’acquisition d’une compétence interculturelle et aussi d’une compétence pluriculturelle. Grâce à ces contacts, les étudiantes chinoises interrogées portent un regard plus ouvert sur la société française et cherchent à s’intégrer dans le pays d’accueil.

4.3. Une dimension émotionnelle

Pendant l’enquête, un indicateur qui n’apparaît pas dans les hypothèses s’est invité dans presque chaque témoignage : la dimension émotionnelle. Huit étudiantes sur dix s’impliquent personnellement et fortement dans leurs discours. Le choix d’une famille d’accueil ne se limite donc pas aux motivations purement linguistiques ou à la curiosité de découvrir une autre culture, il s’agit également de découvrir la notion de famille dans le pays étranger. La famille d’accueil procure également du réconfort contre la solitude et de l’aide dans la vie quotidienne ainsi que dans les démarches administratives.

105 E : mmm parce que mmm en fait je ne suis pas très indépendante, je veux avoir l'ambiance

de la famille en france. sinon je suis très seule oui. je souhaite ils sont comme ma famille pour moi. (Annexe 11, E8.)

99 E : [...] donc oui ils m'ont beaucoup aidé et ils m'ont aimé aussi. c'est comme des membres

de ma famille maintenant. c'est très très proche. (Annexe 9, E5.)

62 E : quand on est en france on pense toujours à la famille en chine donc mieux que je trouve

une famille en france. comme ça je peux me sentir un petit peu comme être en chine comme être à la maison. [...]

76 E : oui c'est très bien par exemple on ne sent pas d'être seul, on ne sent plus d'être seul, c'est

la première raison et après elle m'a beaucoup aidé sur mes études. je trouve que le semestre dernier j'ai bien réussi et il y une partie c'est grâce à elle. oui après grâce à elle je peux connaître plus de choses sur la culture française [...] (Annexe 7, E3.)

83

E5 et E3 expriment même de la gratitude : J’ai fait des progrès et la plupart c’est grâce à

eux ; j’ai bien réussi et il y a une partie c’est grâce à elle. Dans le discours d’E4, l’importance de

la notion de famille pour les Chinois est plus explicitement exprimée :

93 E : oui c'était du confort, c'était très important. quand même la famille, la notion de famille

pour nous les chinois c'est très important. moi parce que je vis dans une famille monoparentale

la famille c'est vraiment important. un jour je vais me marier c'est sur je vais avoir ma famille. donc famille d'accueil tu vois le mot famille d'accueil. dans le pays il y a une famille qui

t'accueil qui// c'est comme une famille. s'il y a des choses que// je peux appeler à n'importe quel

moment tu vois si j'ai des problèmes. [...] (Annexe 8, E4.)

Elle continue :

95 E: oui mmm au début c'est interculturel, je vais découvrir la culture française, eux ils vont

découvrir ma culture mais après ça devient// c'est pas pour un objectif, c'est pas non plus mmm c'est vraiment HUMAINE, c'est la relation humaine. oui c'est pas pour un objectif. (Annexe 8,

E4.)

76 E : [...] il y a la relation de confiance. je dis ce que je ressens et quand je vais pas bien c'est

eux qui me proposent des solutions, qui me soutiennent moralement. (Annexe 13, E10.)

Comme expliquent E4 et E3, la composante familiale est très profonde en Chine et elle est envisagée différemment en France. D’ailleurs, certaines étudiantes se sont interrogées sur les maisons de retraite en France, comme mentionné dans le chapitre précédent. E8 (annexe 11) décrit : « [...] dans ma famille d'accueil mmm la dame n'habite pas avec sa maman, elle a déjà 82 ou 83 ans mais c'est déjà plus âgée mais jusqu'à maintenant mamie fait la cuisine par soi-même mais je ne comprends pas pourquoi elle n'habite pas ensemble. en chine on habite ensemble pour bien soigner mamie. mmm. pour + ce cas je ne comprends pas. et je pense qu'en france les enfants ne sont pas très proches avec ses parents. » Ces remarques portant sur la relation distante

et éloignée entre les enfants et les parents dans les familles françaises ressortent dans cinq entretiens sur dix. Cela étonne les étudiantes chinoises.

84

La dimension émotionnelle touche également la vie quotidienne : la famille d’accueil aide l’étudiante à s’installer dans sa nouvelle vie. Ces aides sont importantes quand l’étudiant étranger se trouve loin de son pays et loin de son cercle social habituel.

138 E2 : je pense qu'elle est comme ma famille, si j'ai des malades, elle va m'aider de consulter

un médecin. (Annexe, E7.)

92 E : [...] puis quand je suis malade il y quelqu'un qui// elle ne m'occupe pas vraiment mais

elle s'inquiète, elle dit « est-ce que veux aller voir un médecin, nous pouvons t'emmener » et

puis// il y des conforts. (Annexe 5, E1.)

170 E : euh en français mais aussi dans la vie, ils m'aident beaucoup. + et euh quand je veux

acheter l'assurance complémentaire mais je sais pas comment faire, ils m'aident. ça me compte

beaucoup. (Annexe 6, E2.)

La dimension émotionnelle semble très importante pour les étudiantes chinoises interrogées. La relation avec la famille d’accueil évolue au fil du temps vers une relation de confiance même si les motivations de départ sont principalement culturelles et linguistiques. Cela permet de favoriser également le développement de la compétence interculturelle car en établissant des liens de confiance avec des natifs, les étudiants en mobilité se sentent souvent plus rassurés car ils ont pu pénétrer dans la bulle « fermée » des autochtones.

85

Outline

Documents relatifs