• Aucun résultat trouvé

V. Analyse du corpus

14 E: mmm pour moi avant de venir ici j'ai déjà connu quelques français en chine parce que

notre prof est français. mais au début je trouve que beaucoup de stéréotypes positifs en france,

par exemple oui c'est un grand pays qui est très développé et les français sont totalement gentils et euh + <au début> on considère la vie française se passe toujours à paris comme ça

(C: ah oui) toute la vie c'est comme à paris, une grande ville comme ça. mais quand je suis

venue en france c'est une peu différent sur les images du début comme ça, c'est un peu différent. (Annexe 7, E3.)

Ces réactions confirment que le séjour en France et le contact quotidien avec les Français, comme l’appelle E10, ont permis de modifier les représentations que les informateurs se faisaient de la France avant leur arrivée. En effet, en référence au cadre théorique, les contacts avec les habitants du pays d’accueil favorisent la compréhension interculturelle parmi les étudiantes en mobilité.

Cependant, la différence de culture évoque également des malentendus, voire des inquiétudes parmi certaines interrogées. En effet, certaines mentionnent que malgré leur envie de s’intégrer, les préjugés et les stéréotypes15

de la part de la population d’accueil empêchent le contact compréhensif entre les deux. Il ne s’agit pas seulement des contacts dans la vie quotidienne en général mais même ceux dans la famille d’accueil, les débats sont parfois assez animés comme l’affirme E5.

15 Dans son ouvrage Les idées reçues, Ruth Amossy (1991 : 9-21) écrit le suivant : « Le stéréotype, c’est prêt-à- porter de l’esprit. -- En effet notre esprit est meublé de représentations collectives à travers lesquelles nous appréhendons la réalité quotidienne et faisons signifier le monde. » Autrement dit, ce sont les représentations

collectives qui forment le stéréotype. Elle écrit également que le stéréotype est l’image préfabriquée qui est toujours semblable à elle-même : celle que la collectivité fait monotonement circuler dans les esprits, dans les médias et dans les textes.

74

20 E : [...] avant je trouve que peut-être les français sont très ouverts comme ça mais quand je

suis venue en france je sais peut-être il y a quelques chinois qui font quelque chose qui fait choquer des français je sais pas trop mais je trouve que quelques profs, quelques français n'aiment pas trop les chinois <comma ça> donc j'étais un peu déçue au début. (C: mmm) mais grâce à ma famille maintenant ça va mieux. (les deux parlent en même temps) XXX (Annexe 7,

E3.)

83 E : [...] elle fait beaucoup d'activités, elle chant, elle peint elle fait beaucoup de choses mm

avec elle mmm elle n'est pas comme les autres français disons. elle a pas des préjugés elle a pas

beaucoup de préjugés sur la chine. ce qui m'embête ce que les gens qui ont déjà trop préjugés sur mon pays, ça s'il y a des stéréotypes ça je comprends mais des préjugés tu vois c'est pas pareil. en général ils mmm ils distinguent pas le pays et le peuple. [...] (Annexe 8, E4.)

113 E : non pas vraiment. parfois le monsieur critique un peu et je ne comprends pas. une fois il

parle des patrons d'un magasin asiatique et il m'a dit « oh les patrons chinois n'étaient pas très

gentils, ils n'étaient pas souriants » donc j'ai répondu « tous les vendeurs vendeuses françaises ne sont pas souriants ou gentils non plus ». c'est normal oui mais il a répondu « ils sont en france donc il faut s'adapter à la culture française, il faut être gentil » donc j'étais un peu en colère. (rire) (Annexe 9, E5.)

Visiblement, la communication entre les Chinois et les Français ne se déroule pas toujours dans une ambiance ouverte et compréhensive. Chacun a ses représentations et ses idées stéréotypées malgré leur envie de découvrir l’univers de l’autre. Comme précisé précédemment, les étudiantes chinoises interrogées s’engagent à avoir une famille d’accueil par envie de connaître la culture française. Même si les malentendus ne peuvent pas être évités, les familles s’engagent dans le même processus de découverte comme le souligne E4 dans son discours : « (...) en général les familles qui sont là euh c'est les familles qui sont ouvertes qui veulent

découvrir les choses. donc au moins au niveau d'esprit ils sont ouverts, ils veulent mmm comment dire ça// au moins ils ont envie// l'intention de découvrir donc même s'ils comprennent pas, ils vont essayer de comprendre (...) ».

75

4.2.2. Vers une compétence interculturelle

4.2.2.1. Les stratégies d’adaptation et de compréhension d’une autre culture

Les apports sur le plan interculturel permettent principalement des prises de conscience des différences culturelles et des stratégies d’adaptation. De plus, la découverte des cultures va dans les deux sens : l’étudiante découvre la culture française et les familles s’engagent à accueillir un étudiant chinois pour pouvoir apprendre quelque chose sur la Chine. Comme mentionné dans le chapitre précédent, ces découvertes évoquent parfois des malentendus, mais selon les étudiantes interviewées, la meilleure solution pour balayer ces incompréhensions entre la famille et l’étudiant est la communication et l’adaptation :

126 E : [...] plutôt je me suis rendue compte// parce que quand on n'a qu'une famille d'accueil

on pense que toutes les familles sont comme ça. [...] je me suis rendue compte que c'est vraiment

deux monde différents que chaque famille est différente. on peut pas généraliser la culture

comme ça, on peut pas généraliser un caractère d'un français à un caractère du people français. tout le monde est différent. (Annexe 5, E1.)

97 E : [...] il y a pas de problèmes non non je dirais non. je pense que la plus important c'est la

communication. si on veut que les autres comprennent il faut qu'on explique parce que bien

sûr qu'il y a des choses// [...] (Annexe 8, E4.)

194 E : il faut s'habituer (un petit rire) oui parce qu'en chine il y a une expression (parle en

chinois) c'est quand tu es en// dans un autre pays ou dans un autre endroit où la culture est

différent, tu dois t'habituer. c'est mieux de vivre plus librement. (Annexe 10, E6.)

Le témoignage d’E5 prouve que la rencontre ne se produit pas sans difficultés : au début les deux partis ont du faire face aux incompréhensions.

103 E: euh apporter c'est plutôt il faut euh il faut comprendre deux cultures différentes parce

que c'est difficile, surtout au début. euh au début je n'ai pas compris ce qu'ils disaient et ce qu'ils faisaient mais je n'ai pas demandé parce que euh c'est// je ne sais pas pourquoi mais ça//

76

peut-être oui je n'aime pas du tout// j'avais toujours l'impression de les déranger donc il y avait

la difficulté de communication. (Annexe 8, E5.)

Face à ces situations provoquées par des différences culturelles, les interrogées adoptent une attitude d’adaptation. L’élément typique qui caractériserait les Français selon E5 et les autres serait la franchise ce qui n’est pas une caractéristique prédominante dans la communication chinoise. Au début, la façon de couper la parole et la franchise française étonnent les Chinoises mais avec le temps, certaines d’entre elles ont intégré cette manière de communiquer dans leur répertoire culturel et communicationnel.

150 E : euh ++ les français coupent la parole quand ils discutent ensemble. LA ça m’a gênée

au début (C: mmm) parce que quand je parle quand je discute avec mes propriétaires, avec leurs

amis quand il y des visites, leurs enfants avec leurs enfants et ils coupent ma parole. en chine

c'est vraiment impoli, il faut attendre que ton locuteur finisse sa phrase et moi quand je parle

HOP ils coupent la parole! au début ça m'a vraiment blessée (C: mmm) et en plus COUpent ma

parole en me CORrigeant. ça ma BLESSE encore plus mais à la fin je me suis rendue compte que + ils ne l'ont pas fait exprès donc c'est aussi à moi de couper la parole donc maintenant je coupe HOP hop hop leur parole. (Annexe 5, E1.)

Outline

Documents relatifs