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Le champ de recherche en communication publicitaire : pluralité et complexité

1.1.1. Corpus et protocole de codage

1.1.1.4. Protocole de codage

Une fois le corpus constitué, il fallait enclencher une seconde phase de l’analyse de contenu qui consiste à établir une procédure de traitement des données :

« Traiter le matériel, c’est le coder. Le codage correspond à une transformation-effectuée selon des règles précises-des données brutes du texte .Transformation qui ,par découpage, agrégation et dénombrement, permet d’aboutir à une représentation du contenu, ou de son expression, susceptible d’éclairer l’analyste sur des caractéristiques du texte qui peuvent servir d’indices. » (Bardin 2003 :135)13 La procédure de codage devrait permettre à l’analyste d’accéder à la « signification non immédiatement visible »des textes (Robert et Bouillaguet 2002 :28)14.L’opération fondamentale consiste à élaborer des catégories, qui, pour être opératoires, doivent selon les mêmes auteurs répondre à quatre qualités majeures :

« la pertinence, qui « se mesure à leur capacité de tenir un équilibre entre le reflet scrupuleux du corpus et l’expression de la problématique »(2002 :29) ;

12 Bardin Laurence(1975) : « les mécanismes idéologiques de la publicité », Paris, Delarge. (2003) : « L’analyse de contenu », Paris, PUF.

13 .Bardin, 2003, op.cit.

14 Robert André D.,Bouillaguet Annick(1997) : « L’analyse de contenu »,Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? »(3271).

39 l’exhaustivité, en vertu de laquelle « tout le corpus pertinent doit se trouver enregistré dans la grille »(2002 :29) ;l’exclusivité, en vertu de laquelle « les mêmes éléments de contenu ne doivent pas appartenir à plusieurs catégories »(2002 :30) ; l’objectivité, qui « se reconnaîtrait au fait que plusieurs codeurs bien informés de la problématique enregistreraient les unités du corpus dans les mêmes catégories » (2002 :30).

Afin d’élaborer une grille qui, d’une part répondrait aux quatre critères, et d’autre part s’accommoderait avec l’objet de notre recherche, nous avons été conduits à consulter plusieurs enquêtes qualitatives qui se sont intéressées à la représentation publicitaire des sexes. Parmi les recherches, qui de part la pertinence de leurs résultats, nous ont servi de modèles d’analyse de contenu, on peut citer (Dyer 1982 ; Defrance 1986 ou C. Herne 1993).De toute évidence, la qualité scientifique de ces travaux était incontestable, car elle nous a permis d’acquérir une assise à la thématique de la femme, dans les médias algériens. Cependant le seul élément qui, à notre avis, avait failli à ces enquêtes, c’était le critère de l’exhaustivité, car non seulement, le cadre géographique de la recherche était restreint, mais aussi le nombre des formes de discrimination ciblées par l’analyste était, relativement réduit.

Pour parvenir à combler cette lacune, nous avions, finalement opté pour la méthodologie utilisée par le Projet Mondial de Monitorage des Médias (GMMP) que nous avons jugée plus pertinente, car non seulement elle vise plusieurs pays, mais cible aussi différentes formes de discrimination, à base de sexe, de religion, de race ou d’ethnie.

Lancé en 1995, ce projet s’est fixé comme objectif l’étude, dans plus de 70 pays, de la représentation des deux sexes dans les actualités. D’origine canadienne, cette pratique de l’analyse de discours consiste à relever, à partir de différents types de textes (surtout médiatiques), des contenus dans le but de déceler diverses formes de discrimination : sexuelles, religieuses, ethniques, etc.

Sommairement, cette méthode consiste à répertorier, la manifestation masculine et féminine, à travers les informations radiophoniques et télévisées. Les personnes inventoriées sont inscrites dans des grilles de codage, puis elles

40 sont décrites, en fonction du sexe, de l’âge, des propos collectés, de l’activité, de l’origine ethnique, etc.

C’est à partir de la collecte de ces informations que l’analyste va, non seulement pouvoir statuer sur la représentation des deux sexes. Mais aussi de décrypter le genre du journal ou de la chaine, le positionnement de l’éditeur ou du diffuseur de l’information.

Comme le précise Muzet, chaque corpus exige une grille qui lui convient :

« Il n’existe pas de grille d’analyse universelle. Tout corpus appelle un ensemble de descripteurs plus ou moins spécifiques. Et surtout, toute nature de message, télévisuel, radiophonique, image fixe, appelle ses propres dimensions et critères de qualification. […]Chaque médium appelle ses propres descripteurs […]. […] l’analyste n’a pas d’autre choix que de partir de la matérialité première, originelle, des messages qu’il considère : ceci suppose des concepts chaque fois adaptés et une certaine proximité, une connivence avec le matériau analysé. » (Muzet 1983 :105-106)15

Désirant faire de notre travail une étude qualitative, qui d’une part répondrait aux quatre critères de la pertinence, de l’exhaustivité, de l’exclusivité ainsi que de l’objectivité exigés par Robert et Bouillaguet. Et d’autre part, appliquerait la méthodologie du Projet Mondial de Monitorage des Médias Médias(GMMP).Nous avons jugé opportun de recourir aux services du logiciel SPSS16, qui nous a semblé l’outil le plus adéquat pour élaborer une grille d’analyse dans le domaine des études sociales.

En effet, après avoir réuni tous les questionnaires qui ont été soumis à notre groupe témoin, nous étions passés à la phase de codage des données.

Il fallait saisir toutes les réponses, sans exception aucune. Ce travail nous avait permis d’obtenir une base de données qui reflétait des statistiques obtenues, suite au croisement des données avec les variables .À première vue, ces

15 Muzet Denis(1983) : « Formes, informations, émotions. Pour une analyse de contenu qualitative et quantitative des formes, des contenus et des effets des messages publicitaires », in Sémiotique II, Paris, IREP, pp.95-107.

16

SPSS (Statistical Package for the Social Sciences) est un logiciel utilisé pour l'analyse statistique. C'est aussi le nom de la société qui le revend (SPSS Inc). En 2009, la compagnie décide de changer le nom de ses produits en PASW, pour Predictive Analytics Software1 et est rachetée par IBM pour 1,24 milliard de

dollars2.

41 statistiques nous ont révélé une signification qui n’est, certes pas totalement claire. Cependant les opinions et attitudes recueillies, auprès de notre échantillon représentatif constituaient des indices pour le dénombrement de plusieurs catégories :

a- une large catégorie qui ignorait, totalement l’objet de notre recherche, b-une catégorie qui est attirée par la thématique mais qui, hésite pour répondre à certaines questions

c- les codeurs qui étaient bien informés de la problématique, ainsi que leurs entourages étaient, fortement impliqués, dans l’analyse à partir des premières questions.

La mise en valeur de ces trois sous-groupes, ne nous avez pas étonné, car nous savions, pertinemment que la thématique de la femme dans les médias constituait un sujet nouveau dans une société qui commence, à peine à saisir le fonctionnement du discours publicitaire.

Par ailleurs, cette ignorance de l’emprise psychologique du phénomène publicitaire sur le consommateur algérien, nous a poussés à transgresser le caractère objectif de la recherche pour coder notre questionnaire de telle façon que la questionnée qui ignorait presque totalement le fonctionnement du discours publicitaire, lors des premières interrogations, puisse vers la fin du questionnaire, non seulement apprendre à réinterroger une annonce publicitaire, à travers un nouveau regard critique, mais surtout s’impliquer dans la modification des stéréotypes dévalorisants qui ont, pendant très longtemps, accompagné le personnage de la femme en Algérie.

Effectivement, le questionnaire mis en place avait englobé quatre phases distinctes :

A-Tester la connaissance de notre population, concernant l’impact du phénomène publicitaire, en Algérie. (Les trois premières questions).

B-Imprégner les questionnées de notre objet de recherche. (4ièmeet