Dans l’optique d’un prolongement à cette étude, il serait intéressant qu’une prochaine recherche se fixe comme projet d’analyser les effets d’un ajustement de pratique dans les usages numériques d’un service d’orientation auprès de tous les sites scolaires (web, Facebook, intranet et groupes fermés) d’une école. Les ajustements proposés pourraient être guidés par le croisement des sources et des modes d’influences communautaires dans les intentions d’avenir des jeunes (Law, 1981). Également, la typologie des contenus d’OSP élaborée dans le cadre de cette étude pourrait servir de guide aux ajustements des usages. Cela nous amène à une étude de Sampson et Makela (2014) qui constatent que l’amélioration des services à la clientèle par l’usage des technologies en orientation dépend en partie de notre capacité à structurer adéquatement l’usage des technologies. En effet, ils notent que l’évolution des technologies est rapide, tandis que les pratiques professionnelles ont tendance à changer plus lentement (Sampson et Makela, 2014). Cet ajustement des usages du numérique nous semble donc pertinent à étudier. D’ailleurs, certains auteurs se penchent depuis quelques années sur ce sujet. En effet, que ce soit la formation des professionnels de l’orientation, le transfert de savoirs professionnels ou l’acquisition de nouvelles compétences, les recherches concernant les pratiques en orientation à propos de l’usage du numérique se multiplient (Abbott et al., 2008; Anthony, 2015; Bimrose et al., 2015; Bright, 2015; Haberstroh, 2010; Kettunen, Sampson et Vuorinen, 2015;Murphy et Mitchell, 2009; Nagel et Anthony, 2011). Dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre au Québec, connaissant le désir des professionnels de l’orientation d’obtenir une meilleure reconnaissance de leur profession, constatant la difficulté qu’ont les jeunes pour accéder à un conseiller d’orientation et devant l’expansion du numérique, nous croyons qu’il est utile de se pencher sur un meilleur usage du numérique en OSP dans les milieux scolaires.
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Conclusion
Le présent mémoire avait pour but de mieux comprendre l’usage des sites web et Facebook dans le domaine de l’OSP en contexte scolaire, particulièrement dans les établissements d’enseignement secondaire. Deux considérations ont été la base de notre motivation à effectuer cette recherche. D’une part, le développement des usages technologiques et numériques est fortement encouragé et engagé dans les milieux de l’éducation. C’est pourquoi tous les acteurs et services scolaires sont invités à y participer, dont les services et professionnels de l’OSP. Cependant, nous avons constaté que peu de travaux scientifiques concernent l’usage des technologies comme les sites web et les médias sociaux en milieu scolaire, de surcroit par les professionnels de l’orientation qui y travaillent, plus particulièrement dans les écoles d’enseignement secondaire. D’autre part, les adolescents actuels sont étroitement liés aux technologies numériques et sont reconnus pour en faire un usage quotidien. Parmi celles-ci, les sites web et les médias sociaux, en particulier Facebook, sont largement utilisés par eux. Pourtant, là aussi nous avons remarqué une pénurie d’études décrivant comment les jeunes font usage des sites web et Facebook, en lien avec leur OSP. En effet, à notre connaissance, aucune production scientifique ne s’est penchée sur l’usage des sites web et Facebook par les services et professionnels de l’orientation en milieu scolaire, auprès d’une clientèle adolescente. C’est pour ces considérations que nous avons effectué cette étude qui aborde l’OSP en milieu scolaire au Québec, les adolescents et leur relation à la technologie ainsi que les professionnels de l’orientation et leur usage des technologies.
Notre problématique a exploré plusieurs défis de l’OSP dans les écoles, des besoins auxquels répond la technologie chez les adolescents et des usages actuels des technologies par les professionnels de l’orientation. Ainsi, notre attention s’est portée vers les sites web et Facebook des écoles secondaires, puisque ces sites sont offerts par toutes les écoles, qu’ils sont ouverts à toute la communauté scolaire et à la population en général et que ces dispositifs numériques peuvent leur permettre d’interagir. Le problème rencontré a été l’absence de travaux scientifiques à ce propos, d’où notre intérêt à faire cette recherche.
L’objectif principal de ce mémoire consistait à explorer les usages, en OSP, des sites web et Facebook d’une commission scolaire francophone et d’établissements d’enseignement secondaire du Québec. Afin d’y arriver, quatre objectifs secondaires nous ont guidés :
122 1) Décrire les sites web et les sites Facebook;
2) Identifier le contenu numérique d’orientation scolaire et professionnelle (CNOSP) de ces sites;
3) Analyser les usages des contenus numériques d’orientation scolaire et professionnelle (CNOSP) au sein de ces sites;
4) Dégager des constats de ces pratiques numériques en orientation scolaire et professionnelle.
Notre cadre d’analyse comportait deux axes principaux. D’une part, l’OSP au sein du
Programme de formation de l’école québécoise (MELS, 2007) et, d’autre part, le modèle
des interactions communautaires dans les intentions d’avenir des jeunes proposé par Law (1981). Nous avons effectué une étude qualitative de type exploratoire et, comme technique de recherche, nous avons retenu l’étude documentaire puisqu’elle permet l’étude de documents numériques. La méthode de Paillé (2007) a été choisie à cet effet.
Notre corpus était constitué des sites web et Facebook d’une commission scolaire québécoise et de douze établissements d’enseignement secondaire. Au total, cette commission scolaire et ces écoles gèrent 13 sites web et 13 sites Facebook. La collecte de données s’est limitée à une année scolaire complète, soit du mois d’aout 2017 à juin 2018. Pour commencer, une sauvegarde de tous les sites a été effectuée, tout comme chaque élément web ou Facebook rencontré. Ensuite, afin de décrire les sites et leurs contenus d’OSP, une catégorisation induite des données a été effectuée. Cette catégorisation a permis d’établir 3 thèmes principaux comportant au total 12 catégories. Puis, cette catégorisation a généré 5 types de contenus d’orientation, en plus d’indiquer la visibilité des contenus d’orientation et les destinataires auxquels ils s’adressaient. Pour faire l’analyse des données, les étapes de l’analyse de contenu proposée par l’Écuyer (1990) ont été adoptées.
Pour les sites web, les principaux résultats ont montré que les contenus traitaient d’administration scolaire, de la communauté scolaire, de l’enseignement et de l’apprentissage répartis de façon relativement équivalente. Pour les sites Facebook, ce sont des contenus relatifs à la communauté scolaire qui dominaient alors que très peu portaient sur l’administration scolaire.
Très peu de contenus d’orientation scolaire ont été recensés, et ce, autant dans les sites web que sur Facebook. Les rares qui s’y trouvaient traitaient principalement d’exploration
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scolaire. Toutefois, les sites Facebook comportaient presque autant d’occurences de contenus d’exploration scolaire que d’exploration professionnelle. Du reste, les contenus d’orientation étaient difficiles à identifier puisqu’ils ne portaient quasiment jamais la signature des services ou des professionnels de l’orientation et qu’ils n’invitaient presque pas à les consulter.
Autant pour les sites web que Facebook, les contenus d’orientation avaient principalement pour destinataires le groupe « Adultes et jeunes » suivi par le groupe des « Adultes » exclusivement, laissant le groupe des « Jeunes » avec le moins de contenus d’orientation adressés à leur intention. Cela fait en sorte que ce sont les adultes qui sont principalement visés par l’orientation.
Les analyses ont conduit à quatre observations. La première montre que l’OSP au sein des sites web et Facebook a de la difficulté à s’acquitter de certaines fonctions. En ce sens, les CNOSP occupent une place très discrète au sein des sites et, du coup, ils offrent peu de possibilités d’interaction avec le jeune et les acteurs scolaires n’exercent ainsi qu’une influence mineure auprès des jeunes.. Parallèlement, la faible représentation de l’orientation compromet son intégration dans la culture numérique des jeunes. Elle diminue également les opportunités pour les jeunes de développer une culture où l’orientation occupe une place active, ce qui stimule peu les jeunes à se tourner vers les sites numériques scolaires afin de répondre à certains questionnements ou à leurs besoins en matière d’OSP.
La deuxième observation laisse à penser que la forme que prend l’orientation au sein des sites permet à peine de tirer profit des plateformes web et Facebook. D’abord, une sous- exploitation des sites est observée, non seulement dans les moyens techniques des plateformes, mais également dans la nature même des informations partagées qui pourraient être plus variées et pertinentes dans leur contenu. Cela ne cadre d’ailleurs pas avec les visées des autorités du milieu de l’éducation concernant l’usage du numérique. Ensuite une transmission fragmentaire d’information est observée. Selon Law (1981), l’information existe par l’interaction et par l’échange, ce qui permet l’observation de certaines habitudes, jugements, impressions et idées. Ce faisant, le sentiment d’appartenance des jeunes à une communauté scolaire numérique est difficilement encouragé. Enfin, en plus d’être pauvre en quantité, l’orientation est pauvre en qualité sur ces sites. Le peu de variété dans les informations transmises, le peu d’incitation aux explorations diverses et le peu de contenus d’orientation en général restreint passablement l’exploration d’horizons des jeunes.
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La troisième observation amène à considérer le fait que ce sont les adultes les principaux destinataires des contenus d’orientation. Malgré que la clientèle-cible des écoles secondaires soit les adolescents, les contenus d’OSP sur les sites mentionnés s’adressent surtout aux adultes. Même si les adultes occupent une place importante dans les services d’orientation, les contenus d’orientation devraient avant tout être dirigés principalement vers les jeunes. Cela a pour effet de n’offrir qu’un faible soutien aux jeunes, en ne considérant pas leurs besoins et leurs aspirations spécifiques. Bref, les rapports numériques se distancient des jeunes, puisqu’il y a peu de sollicitations, peu de communications et ainsi, peu de relations qui s’établissent entre les services d’orientation et les jeunes par le biais du numérique.
La dernière observation rend compte de la faible visibilité de l’OSP sur ces sites. D’abord, il est difficile de discerner si un contenu provient d’un service ou d’un professionnel de l’orientation et, par le fait même, il est donc difficile pour les visiteurs d’associer un contenu à de l’orientation scolaire. Ensuite, ce faible affichage génère peu d’échanges, et par conséquent, peu de permanence et de constance dans les échanges. Or, selon Law (1981), peu de permanence et de constance dans les échanges rend les interactions inefficaces pour jouer un rôle dans le concept de soi et dans les représentations sociales des jeunes comme des modèles possibles de soi qui pourraient les encourager à développer différentes perspectives vocationnelles. Enfin, il est difficile de reconnaitre un travail de collaboration et de partenariat de la part des services ou des professionnels de l’orientation avec d’autres acteurs scolaires au sein des sites. En plus de ne pas répondre aux visées éducatives des autorités gouvernementales (PAN, 2018; PFÉQ, 2007), cela contribue à ne pas encourager la participation de l’ensemble des acteurs scolaires à l’OSP en y joignant leur expertise. De ces analyses, trois grands constats sont tirés concernant l’usage des sites web et Facebook de l’OSP en milieu scolaire.
En premier lieu, l’orientation aurait avantage à occuper plus d’espace au sein des sites, ainsi qu’à s’identifier clairement, de telle sorte que tout visiteur serait en mesure d’y reconnaitre les contenus d’orientation et aurait la certitude que le contenu provient d’un service ou d’un professionnel. De même, ceci serait bénéfique pour la profession de l’orientation en améliorant la visibilité de l’expertise dont font preuve les professionnels de l’orientation, autant pour leur clientèle que pour les différents partenaires des milieux scolaires.
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En second lieu, les administrateurs et les formateurs de l’OSP tels que les différentes autorités de l’éducation, l’Ordre des conseillers et des conseillères d’orientation et les universités auraient tout intérêt à offrir un cadre pour l’usage du numérique. Puisque l’orientation au sein des sites scolaires à l’étude ne reflète pas de vision globale et spécifique, une organisation des services d’orientation numériques, un cadre éthique suffisamment clair et des formations complètes et adaptées seraient à envisager pour bonifier l’orientation en milieu scolaire.
En dernier lieu, il appert que les professionnels de l’orientation devraient se positionner davantage par rapport aux pratiques numériques en milieu scolaire. En ce sens, la faible participation des professionnels de l’orientation au sein des sites amène à réfléchir à la posture et à l’attitude qu’ils adoptent devant l’usage du numérique et à la volonté qu’ils manifestent à l’intégrer dans leurs pratiques.
Pour terminer, nous sommes amenés à considérer une future piste de recherche qui proposerait d’analyser des améliorations dans les pratiques numériques d’un service d’orientation auprès de tous les sites scolaires (web, Facebook, intranet et groupes fermés) d’une école secondaire. Les exigences gouvernementales exprimées par le PAN (2018) et le PFÉQ (2007), le modèle de Law (1981), ainsi que la typologie élaborée dans le cadre de notre étude, pourraient servir de guide pour ajuster adéquatement les usages numériques aux services et aux professionnels de l’orientation.
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