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Deux propositions séparées

2. Quel est le rôle de the question is dans ces exemples ? Nous pouvons penser que, de

1.3.2.3.4 Deux propositions séparées

Nous pouvons maintenant passer aux exemples dans lesquels une proposition contenant un terme introducteur de la subordonnée interrogative et une proposition interrogative sont nettement séparées.

Ces exemples suivent le modèle suivant (nous nommons toujours S1 et V1 le sujet et le verbe de la proposition qui contient le terme introducteur de subordonnée interrogative) :

WH- + Op + S2 + V2 + ? S1 + V1. What did he do ? Nobody knew

Exemples :

- [1] Where could he be? Nobody knew, nobody could say anything about him.

All that the other boys knew was, that they had seen him tie his little sledge to a splendid big one which drove away (...). Nobody knew where he was, and many tears were shed. (...) At last, people said he was dead. (And 189)

- [2] They hinted at something wrong: but what? He could not tell.(Con 251) - [3] What sort of a companionship would that be? A wife must know. (Con 16) - [4] "Where's the blooming ship? Can you tell me? (Con 107)

Ici, la proposition qui comporte le terme introducteur ne fait pas partie de l’interrogative, dont elle est séparée par le point d’interrogation. Nous avons deux phrases distinctes, et il y a une ellipse de la proposition interrogative dans la deuxième (par exemple en [1], il y a ellipse de where he could be après nobody knew). Une question est d’abord posée, puis le locuteur / narrateur dit si la réponse est ou non

connue, ou devrait l’être, etc. Ceci est très net dans les dialogues (où il ne peut y avoir que deux phrases séparées) :

- [5] "But what, then, did the gypsies do?"

"I cannot imagine." (CD 46)

- [6] "Do you know who it was that we let into the house that day?"

"I have no idea." (CD 180)

(dans le deuxième exemple, nous avons deux interrogatives subordonnées - une dans chaque réplique -, la deuxième étant elliptique).

En [1], il y a une différence de sens entre Where could he be? Nobody knew. et

Nobody knew where he was. En effet, dans le premier cas, le narrateur pose une question (qui est en fait au style indirect libre : c’est ce que se demandaient les personnages), puis dit que personne ne peut y répondre, alors que dans le deuxième cas, il énonce un fait.

L’exemple suivant, même s’il ressemble à ceux que nous venons de voir, est cependant différent :

- [7] [The book which I have been compelled to write] Why compelled? it may

be asked. (Col 233)

Comme pour les exemples précédents, la proposition contenant le terme introducteur se trouve séparée de la proposition en wh- par le point d’interrogation. L’ordre des propositions est le même. Mais ici, il n’y a pas d’ellipse après asked : l’exemple n’est pas l’équivalent de Why compelled ? It may be asked why compelled. Nous avons en réalité un cas d’antéposition de la proposition interrogative. Il n’y a pas deux énoncés séparés, mais un seul. Pour appuyer notre hypothèse, nous pouvons remarquer la minuscule à it, qui montre bien que nous n’avons pas affaire à une nouvelle phrase. Nous aurions d’ailleurs très bien pu trouver une virgule à la place du point d’interrogation. La proposition interrogative est elliptique : il lui manque son sujet et probablement une proposition comme (why) did I say. C’est d’ailleurs l’avantage de

l’antéposition ici : elle permet d’avoir une interrogative non complète (si l’on veut remettre la proposition en wh- à sa place, il faudra rajouter un sujet et un verbe : It may

be asked why I said compelled et non ? ? It may be asked why compelled.)

1.3.3 CONCLUSION

Nous avons essayé dans cette partie de considérer différents schémas où une proposition interrogative est accompagnée d’une proposition contenant un terme introducteur de la subordonnée interrogative, afin de déterminer s’ils relevaient ou non de la subordination. Nous avons avant tout considéré comme subordonnées des interrogatives qui ne comportaient pas d’inversion sujet / auxiliaire : les interrogatives antéposées (What it was made of, I don’t know) ; les interrogatives sans support (What

the Moon saw) ; les interrogatives comprenant une inversion sujet / verbe (I found out in

which village stands the memorial to our fallen comrades). Nous avons vu qu’une proposition peut être subordonnée même si elle ne comporte pas de marques de subordination, en particulier dans les dialectes ou dans un anglais familier. C’est le cas avec des exemples de type I wonder will you understand me, où l’inversion est conservée. Ce n’est cependant pas ainsi que fonctionne normalement la subordination en anglais standard (sauf avec un be équatif, qui semble favoriser l’inversion du sujet et de be même dans les subordonnées). Nous avons également examiné des cas où il y avait un renversement des rôles entre la proposition subordonnée et la proposition matrice, comme avec Who would he be, I wonder ? ou Tell me, what would you do ?, qui peuvent provenir de cas de subordination. Dans ces exemples, c’est l’interrogative qui prend le pas sur la proposition contenant le terme introducteur de la subordonnée interrogative. Les exemples en the question is, what did he find ? sont plus problématiques, puisqu’ils pourraient être analysés ou non comme des cas de subordination. Il nous semble qu’il existe un rapport privilégié entre le substantif

question (et les termes équivalents) et la subordonnée interrogative. Les termes comme

question permettraient une interrogative qui conserve toutes les marques d’une proposition indépendante (y compris l’intonation) tout en remplissant une fonction syntaxique à l’intérieur d’une proposition matrice (c’est-à-dire en restant subordonnée). Enfin, nous avons mentionné des exemples où les deux propositions étaient nettement séparées, et où il y a ellipse après la seconde (Where could he be ? Nobody knew.).

Nous avons également tenté de voir quelles étaient les différences d’emploi entre les formes subordonnées et non subordonnées, et nous avons conclu qu’elles n’étaient pas toujours interchangeables. Des énoncés avec des subordonnées comme I’d like to know

what we are waiting for / I wonder what that forebodes sont avant tout des descriptions des pensées et des sentiments du locuteur tandis que les formes non subordonnées correspondantes (What are we waiting for, I’d like to know / What does that forebode, I

wonder ?) sont avant tout des questions posées à l’interlocuteur. Dans le premier cas (subordination), si le locuteur pose aussi la question à son interlocuteur, ce n’est que secondairement. La différence entre des exemples comme Tell me what they were doing

in the desert et Tell me, what were they doing in the desert ? est plus difficile à cerner, mais nous avons vu que les énoncés n’étaient pas toujours interchangeables.

1.4 CONCLUSION SUR LE CHAPITRE 1

Ce chapitre nous a permis de prendre contact avec certains aspects de la subordonnée interrogative. Nous en développerons plusieurs dans les chapitres qui suivent. Nous avons soulevé le problème de la définition de cette structure, qui varie encore beaucoup selon les linguiste. Nous avons décidé d’adopter la définition large de la subordonnée interrogative, qui recouvre plus que le simple discours rapporté (les termes introducteurs seront donc non seulement des termes comme ask, mais également comme know,

discover, etc.). Nous avons commencé à entrevoir le sémantisme de la subordonnée interrogative : elle ne correspond pas nécessairement à une question, mais peut représenter de façon plus générale un contenu abstrait. Nous trouverons confirmation de cette idée au chapitre 3.

Nous avons relevé l’existence de syntagmes nominaux (mis en évidence par les linguistes anglophones) qui fonctionnent sémantiquement comme des subordonnées interrogatives et que nous trouvons dans les mêmes contextes qu’elles (c’est-à-dire avec les mêmes verbes introducteurs). Il s’agit des questions cachées, que nous reverrons également dans le chapitre 3.

Enfin, considérant la subordonnée interrogative d’un point de vue syntaxique comme une proposition interrogative enchâssée à l’intérieur d’une proposition matrice, nous nous sommes penchée sur le problème de la subordination. Nous avons étudié en détail les différentes formes que pouvait prendre une proposition interrogative, subordonnée ou non, lorsqu’elle est accompagnée d’une autre proposition contenant un terme introducteur de la subordonnée interrogative, et nous avons vu dans quels cas elle pouvait être considérée comme subordonnée.

Les chapitres suivants continueront à explorer la subordonnée interrogative d’un point de vue syntaxique et surtout sémantique, en l’opposant à d’autres propositions en wh- qui peuvent avoir la même structure de surface. Nous commencerons par l’opposition avec la relative libre.

2 L’OPPOSITION SUBORDONNEE