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Fonctions syntaxiques. La subordonnée interrogative fait partie des subordonnées

nominales, c’est-à-dire qu’elle peut assumer les différentes fonctions d’un nom : - Sujet : Whether she likes the present is unclear.

- Attribut du sujet : The problem is how he will react.

- Complément d’objet du verbe : I don’t know whether he finally managed to escape. - Complément prépositionnel du verbe : It depends on whether you agree or not. - Complément de l’adjectif : He was not sure whether he was right.

- Complément circonstanciel (de moyen) : We can’t judge by whether his hearts beats

or not.

- Complément de nom : We got into an argument about whether to go by sea or by air. - Apposition 15 : The main topic of this chapter - whether there is a universal

framework about early speech - ...

Dans tous ces cas, la subordonnée prend la place d’un syntagme nominal. Mais la subordonnée interrogative peut également, comme l’ont mentionné Bresnan et Grimshaw (1970, p. 332), se trouver dans des positions réservées aux propositions, et non aux syntagmes nominaux. Ces deux linguistes mentionnent care (*I don’t care

muddy shoes), mais nous pourrions ajouter It does not matter, never mind, be at a loss, etc : It doesn’t matter what he thinks (* It doesn’t matter his thoughts) ; Never mind

what he thinks ; I was at a loss what to do. Remarquons cependant que dans certains cas (par exemple pour care), il suffirait d’ajouter une préposition pour rendre l’énoncé grammatical avec un syntagme nominal : I don’t care about muddy shoes.

15 Nous dirons qu'un groupe nominal GN2 est en apposition à un autre groupe nominal GN1 lorsqu'il a le même référent et la même fonction syntaxique à l'intérieur de la phrase, et qu'il vient développer GN1. Cf. aussi 1.3.2.1.4.

Note : Les noms qui peuvent accepter une subordonnée interrogative sont de plusieurs types. Il s’agit soit de noms plus ou moins équivalents à question (problem, question,

issue, topic…), soit de noms verbaux ou de déverbaux (c’est-à-dire de noms formés à partir de verbes : understanding, knowing, argument, discussion, discovery…), soit d’expressions complexes qui pourraient être considérées comme des locutions verbales (have no idea, have no clue).

1.2.2 LE SEMANTISME DE LA SUBORDONNEE INTERROGATIVE

Nous aimerions ici commencer à analyser le sémantisme de la subordonnée interrogative. Les linguistes transformationalistes ont montré par des exemples syntaxiquement non ambigus que la subordonnée interrogative n’était pas nécessairement introduite par des verbes de questionnement, mais qu’elle pouvait également être complément de verbes tels que know, tell… (cf. 1.1.2). C’était l’un des buts majeurs de Baker, par exemple. Si la subordonnée interrogative ne se trouve pas seulement avec des verbes de questionnement, quel est son sémantisme ? Elle ne représentera pas nécessairement une question posée. Prenons le cas de tell. La subordonnée d’un exemple comme She told me who she was16 ne correspond pas à une question. Comme l’ont fait remarquer Garnier et Guimier pour l’énoncé She told me

which evenings she was free, la subordonnée ne représente pas une question que l’on aurait posée au discours direct (She told me : « Which evenings am I free ? »). Il en va de même dans l’exemple que nous proposons. L’énoncé ne veut pas dire « she told me « Who am I ? » ». Nous pensons que la subordonnée correspond ici à une information. Un énoncé commençant par She told me wh- se laisse à notre avis paraphraser par « elle

16 L’exemple ne peut être relatif puisqu’il ne se laisserait pas paraphraser par She told me the person

m’a donné une information », cette information correspondant à la valeur du mot en wh- (en l’occurrence, la valeur de WHO dans « she is WHO »). La paraphrase nous semble être pour cet exemple : « elle m’a donné la valeur de WHO dans « She is WHO » ». Contrairement à ce que nous avons avec I asked him who he was, qui se laisse paraphraser par « I asked him the question ‘Who are you?’ », la subordonnée interrogative représente ici non pas une question mais d’une façon plus générale un

contenu abstrait. Il en va de même avec le verbe know. Dans I know who she is, la

subordonnée représente de nouveau une information. I know wh- se paraphrasera, nous semble-t-il, par « je possède une information », cette information étant de nouveau la valeur de WHO dans « She is WHO ». L’énoncé se gloserait donc ainsi : « Je connais la valeur de WHO dans « She is WHO » ». La subordonnée interrogative ne représente donc pas, pensons-nous, nécessairement une question, mais elle peut exprimer plus généralement un contenu abstrait. Nous adhérons totalement à l’idée de Huddleston (1971) lorsqu’il explique que la question n’est qu’un cas particulier de la subordonnée interrogative (citons-le de nouveau : « the question is a special case of interrogative, but not the only case », cf. 1.1.2.3). Il est d’ailleurs significatif que certains linguistes (dont Quirk, Ohlander, et Huddleston) proposent de paraphraser des exemples du type I don’t

know wh- non pas par « (I don’t know) the question » mais par « (I don’t know) the answer to the question ». La subordonnée peut représenter une réponse à une question, c’est-à-dire une information. C’est un peu l’idée que nous retrouvons dans Jespersen (1954) (et après lui Quirk (1985)) lorsqu’il dit que la subordonnée peut être explicitement ou implicitement interrogative (cf. 1.1.1.3). Nous reprendrons et approfondirons ces idées dans le chapitre 3 sur les emplois des interrogatives et des relatives.

1.2.3 LES TERMES INTRODUCTEURS DE LA SUBORDONNEE INTERROGATIVE

Nous appellerons « terme introducteur de la subordonnée interrogative » le terme de la principale auquel est rattachée la subordonnée (le verbe dont elle est complément, etc.). Nous parlerons bien de « termes » et non de « verbes », car il peut s’agir d’un nom ou d’un adjectif aussi bien que d’un verbe (cf. 1.2.1, point 2. sur les fonctions syntaxiques). Plusieurs linguistes se sont penchés sur ces termes et en ont proposé une classification. A commencer par Baker (1968, chapitre VII, pp. 102 sqq.), qui propose un classement de ces termes en quatre catégories selon qu’ils peuvent se paraphraser par know (verbs

of knowledge = verbes de connaissance), decide (verbs of decision = verbes de décision), matter (verbs of import = verbes d’importance), ou depend (verbs of

dependency = verbes de dépendance)17.

Karttunen (1977, p. 6) propose neuf catégories : verbes de possession du savoir (verbs

of retaining knowledge : know, be aware, recall, remember, forget), d’acquisition du savoir (verbs of acquiring knowledge : learn, notice, find out, discover), de communication (verbs of communication : tell, show, indicate, inform, disclose), de décision (decision verbs : decide, determine, specify, agree on, control), d’hypothèse (verbs of conjecture : guess, predict, bet on, estimate), d’opinion (opinion verbs : be

certain about, have an idea about, be convinced about), de demande (inquisitive verbs :

ask, wonder, investigate, be interested in), de pertinence (verbs of relevance : matter, be

relevant, be important, care, be significant), de dépendance (verbs of dependency :

depend on, be related to, have an influence on, be a function of, make a difference to). Ces classifications donnent une idée de l’étendue des termes introducteurs de la subordonnée interrogative, même si elles ne recouvrent pas tous les termes possibles et

que certains termes sont parfois difficiles à classer dans telle ou telle catégorie.

D’autres linguistes ont tenté de déterminer le point commun entre tous les termes qui peuvent introduire des subordonnées interrogatives. Huddleston mentionne la compatibilité avec le notion de résolution d’une disjonction ou d’une indéfinitude (cf. 1.1.2.3). Karlberg parle (pour les interrogatives et les non interrogatives non relatives) du rapport avec know (cf. 1.1.1.4). C’est également ce que font Luelsdorff et Norrick (1979), qui classent tous les termes introducteurs de subordonnée interrogative selon différentes paraphrases comprenant toutes know. Ils nous fournissent ainsi une liste détaillée de ces termes, que nous reproduisons en annexe.

L’inconvénient des listes proposées est que les auteurs ne fournissent pas d’exemples associés à chaque terme. Nous proposons dans l’annexe 2 une liste d’exemples qui nous semblent interrogatifs et qui sont introduits par divers termes introducteurs que nous classerons ainsi : verbes (ou termes) de questionnement, verbes de connaissance, verbes de perception, verbes de discussion et de décision, verbes communication, verbes d’importance, verbes de dépendance, verbes de souvenir, et divers. Pour ce qui est du point commun entre ces différents termes, nous considérerons la question en 3.1.3.

1.2.4 LES QUESTIONS CACHEES