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Chapitre 2 : Le livre jeunesse

5. Promotion de la littérature de jeunesse

La promotion de la lecture chez l’enfant de moins de trois ans trouve ses racines dans le cadre de la politique nationale pour la petite enfance renforcée par le protocole d’accord du 15 juin 1989 sur l’éveil culturel et artistique du jeune enfant. Ce protocole soutient les initiatives menées depuis le début des années quatre-vingt (Le Gall, 2007) par des associations comme Promolec, ATD Quart Monde ou ACCES. Ce soutien de l’Etat s’appuie sur un projet de développement plus global de l’accueil de la petite enfance en favorisant la formation aux dimensions d’acculturation chez l’enfant.

5.1. Les associations

Il existe de nombreuses associations, tant au niveau local que national, œuvrant pour la promotion du livre jeunesse et à plus grande échelle pour la lutte contre l’illettrisme. Citons, à

titre d’exemples, les réseaux associatifs nationaux soutenus par la fondation SNCF16 dans le cadre d’une convention renouvelée tous les trois ans :

Association pour favoriser l’égalité des chances à l’école, l’APFEE L’agence « Quand les livres relient »

« Lire et faire livre »

Association de la fondation étudiante pour la ville

ACCES, Actions culturelles contre les exclusions et les ségrégations, fondée en 1981 par trois psychiatres psychanalystes français, Diatkine, Bonnafé et Lainé, regroupe différents acteurs (psychologues, travailleurs sociaux, enseignants, bibliothécaires ) et tient un rôle clé dans l’enclenchement de la dynamique autour de la lecture aux bébés en mettant l’accent sur le rôle «social » de la lecture et de la culture (Le Gall, 2007), en étant souvent précurseur d’actions mises en places sur les lieux d’accueil des jeunes enfants.

5.2. Les actions

Partant de nos différentes lectures, pratiques professionnelles et connaissances du réseau autour du livre jeunesse, notamment sur le territoire lyonnais, un inventaire des différentes actions mises en place auprès des différents publics permet de rendre compte de la richesse et de la diversité des dispositifs existants.

5.2.1. Les bibliothèques

L’histoire de l’entrée du tout-petit à la bibliothèque commence avec la restructuration du CAFB17 dans les années soixante, permettant l’apparition des bibliothécaires jeunesse (Le Gall, 2007). L’essor des sections jeunesse dans les bibliothèques remonte aux années

16 Plaquette Prévenir l’illettrisme un engagement majeur de la fondation SNCF, accessible en ligne directement

via l’adresse

http://www.fondation-sncf.org/images/stories/pdf/Brochure_Fondation_SNCF/Livret2-Prevenir_A4web. Ou sur le site de la fondation SNCF http://www.fondation-sncf.org/

soixante-dix. Le rôle du bibliothécaire pour enfants se profile, s’affine, s’affirme dans une dimension éducative, en prenant soin de ne pas interférer, et ne pas s’identifier à la position de l’institution scolaire.

5.2.1.1. Bibliothèque « intra-muros »

Dans sa distinction et le clivage voulu avec l’institution scolaire, le choix de la bibliothèque est de promouvoir la lecture jeunesse non pas dans sa dimension didactique mais dans celle du plaisir (Le Gall, 2007). Plusieurs dispositifs sont organisés au sein des bibliothèques pourvues de sections Jeunesse :

Un lieu, salle ou espace, entièrement dédié à l’accueil des enfants de moins de trois ans et leurs parents avec un matériel approprié, des tapis au sol pour les enfants ne se déplaçant pas en marchant, des bancs en mousse pour s’installer, lire un livre, le manger, le jeter… et des bacs de rangement à hauteur d’enfant pour qu’ils puissent être acteurs de la recherche de l’objet livre, désiré, choisi en fonctions de critères propres à l’enfant et loin des dictats de l’adulte lecteur.

Des temps de lecture organisés et planifiés par les professionnels des bibliothèques, qui lisent des livres aux enfants…et aux parents.

Toutefois, le tout-petit représente le public visé mais n’est pas l’acteur direct de sa venue en section jeunesse. Nous pouvons faire l’hypothèse (comme certaines associations), que les parents venant sur des temps collectifs de conte ou sur les sections jeunesse sont déjà habitués à l’objet livre et ont une relation plutôt « sereine » avec cet objet. Comment viser alors les parents qui de premier abord ne se rendraient pas dans les bibliothèques ? ….Amener la bibliothèque aux parents !

5.2.1.2. Bibliothèque « hors les murs »

Une recherche menée en 1998-1999 par Bonnaccorsi (2001) autour d’une lecture marginale, la lecture de rue, laisse apparaître que la distance à parcourir jusqu’à la bibliothèque représente une barrière non pas physique mais sociale et culturelle. Les associations « Lire à Paris » et « ACCES » impulsent la rencontre de l’enfant, de sa famille et du livre en se rendant dans les lieux n’ayant pas de lien direct avec le livre mais où l’on peut rencontrer des familles avec de jeunes enfants. Les actions des bibliothèques « hors les murs » se développent à destination du public accueilli en PMI18, partenariat intéressant pour toucher les enfants de familles les plus en difficultés économiques (Le Gall, 2007). Une personne sensibilisée à la promotion de la lecture se rend dans un centre de PMI avec une valise comprenant des livres pour les jeunes enfants et parfois des livres à destination des parents. Les livres sont lus aux bébés et les parents sont souvent interpellés par l’intérêt très précoce de l’enfant pour le livre. Une attente se crée quant à ces séances de lecture et permettent progressivement aux parents d’« oser » aller à la rencontre du livre en lisant un album à leur enfant, en tournant les pages, en regardant les images.

5.2.2. Auprès des professionnels de la petite enfance et des EAJE19

Intervenir auprès des parents n’est pas suffisant lorsque l’on s’intéresse à l’ensemble des personnes en contact quotidien avec l’enfant, assistants maternels (seule ou en RAM20) ou professionnels de la petite enfance travaillant en Halte-garderie, Multi-accueil ou EAJE. Bien que l’apport du livre chez le tout-petit ne soit plus à démontrer, seules les Educateurs de Jeunes Enfants bénéficient d’un module sur l’activité de lecture partagée dans le cadre de la formation initiale. Les bibliothécaires proposent donc des formations continues, plus ou moins longues, plus ou moins théoriques, sur le livre dans le développement du jeune enfant. De plus, des temps en bibliothèque avec les enfants peuvent être organisés en partenariat avec les structures en faisant la demande, permettant au groupe d’enfants d’aller à la rencontre du livre, objet support de nombreuses constructions au fil du développement de l’enfant.

18 Protection Maternelle et Infantile

19 Nous utiliserons le sigle EAJE pour évoquer les Établissements d’Accueil du Jeune Enfant.

Chapitre 3 : Construction de l’objet chez