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Chapitre 4 : Les interactions

2. De la construction à la place des objets…

3.1. Le nombre d’interactions

3.1.1. Le nombre d’interactions en ateliers de lecture

21 enfants ont participé aux ateliers en situation « neutre » et 25 enfants en situation

« participative ». L’échantillon est composé de 13 garçons pour chacune des situations expérimentales, de 8 filles pour la situation « neutre » et 12 pour la situation « participative ». La forte mortalité de l’échantillon entre les trois premiers temps et le quatrième s’explique par le lieu d’accueil de ces enfants, les EAJE. En effet, les séances d’ateliers ont été organisées en groupe d’enfants et des dates ont été fixées au préalable. Il arrive fréquemment, pour raison de maladie essentiellement, que des enfants ne soient pas présents dans la structure.

Ainsi, peu d’enfants ont été présents sur l’ensemble des séances prévues dans le protocole. Les 46 enfants qui constituent l’échantillon sont ceux ayant participé à un minimum de trois séances. Le nombre moyen d’interactions initiées par l’adulte lecteur à l’enfant est de 150, tandis qu’en situation neutre il est seulement de 1,33. Cette forte dispersion est due au protocole lui-même, et se retrouve lors d’interactions de l’adulte au groupe d’enfants.

Figure 18: Nombres d'interactions lors des ateliers de lecture

L’étude des interactions initiées par l’enfant fait apparaître une forte différence entre les situations du protocole. L’ensemble des initiations par les enfants représente en moyenne 8,33 interactions en situation neutre, alors que nous en avons dénombré 6,6 fois plus, soit 54,75, en situation participative54. Le calcul du U de Mann-Whitney démontre l’impact significatif de la situation sur le nombre d’interactions (U=465.5, S=.000). L’enfant initie 2,92 séquences d’interactions à destinations de l’adulte lors du protocole participatif, allant d’une moyenne de 2,56 initiations lors du premier atelier à 3,48 dans le troisième. En situation neutre, ces mêmes interactions sont seulement égales à 0,40 par enfant.

54 Le nombre de séquences d’interactions initiées par l’enfant est consultable en annexe 29.

1,33 0,67 2,33 8,33 2 2 150 116,75 85,25 54,75 2,27 0,75 0 20 40 60 80 100 120 140 160

A→E A→Gpe Gpe→A E→A E→Gpe Gpe→E Neutre Participatif

Figure 19: Nombre d'interactions initiées par l'enfant et à destination de l'adulte lors des ateliers de lecture

Tableau 19: Calculs statistiques des rangs signés de Wilcoxon du nombre d'initiations des interactions par les enfants, en ateliers de lecture

Test des rangs signés de Wilcoxon Situation participative Situation neutre Tps 1 / Tps 2 W=113.5, S=.944 W=10.0, S=.256 Tps 2 / Tps 3 W=104.0, S=.419 W=6.0, S=.705 Tps 1 / Tps 3 W=45.0, S=.073 W=20.5, S=.262

Sept enfants diminuent les initiations de séquences d’interactions, avec une baisse moyenne de 1,43 séquence. Pour sept autres enfants, le nombre d’initiations reste stable entre les ateliers.

Le nombre d’interactions entre enfants est faible sur les deux modalités expérimentales, neuf interactions ont été comptabilisées pour les trois ateliers participatifs et six pour les neutres. Malgré ces effectifs limités,nous enregistrons une baisse de l’initiation de la communication à l’enfant entre le premier atelier et les suivants. L’enfant n’oriente pas son attention sur un autre enfant. Nous reprendrons ces éléments ultérieurement. Mais analysons aussi le nombre d’interactions portées par les temps enfant(s)/parent(s).

0 20 40 60 80 100 Tps 1 Tps 2 Tps 3 Participatif Neutre Linéaire (Participatif) Linéaire (Neutre)

La courbe linéaire de tendance montre une augmentation du nombre de séquences d’interactions initiées par les enfants dans la situation participative sur les trois premières séances, tandis qu’une tendance inverse peut être observée en situation neutre, avec une baisse du nombre d’initiation par les enfants. Ces observations ne sont pas statistiquement significatives [Figure 19] et l’influence de la situation n’est pas reconnaissable chez tous les enfants.

Si une augmentation est relevée entre les ateliers 1 et 3, elle ne concerne que 11 enfants, pour lesquels l’augmentation moyenne est de trois initiations.

3.1.2. Nombre d’interactions sur les temps enfant(s)/parent(s)

Sur la totalité des interactions observées et enregistrées, le nombre de séquences initiées par le parent est supérieur de plus du double au nombre de celles initiées par l’enfant. Il existe également un écart très important selon la nature de l’objet, jeu ou livre, et ce indépendamment de l’interactant ; le parent initiant moitié moins de séquences d’interaction dans la situation livre. Cet écart est davantage creusé chez l’enfant, initiant 3,75 fois moins d’interactions sur cette même situation.

Tableau 20: Nombre d'interactions en fonction de l’initiateur de la communication et de l'objet, sur les trois temps enfant/parent

Initiation Enfant Initiation Parent

Jeu Livre Jeu Livre

Tps 1 61 18 208 96

Tps 2 100 35 134 78

Tps 3 94 15 183 80

Total 255 68 525 254

323 779

Nous pouvons déjà amorcer l’hypothèse explicative que le texte, par l’oralisation qu’il suscite, représente pour le parent une parole adressée à l’enfant, diminuant la nécessité de sollicitation. Nous croiserons cette hypothèse avec l’étude approfondie des interactions enfant(s)/parent(s), mais au préalable intéressons-nous aux données croisées de ces deux protocoles expérimentaux,concernant le nombre d’interactions.

3.1.3. Données croisées sur le nombre d’interactions

Vingt-quatre enfants ont participé conjointement aux temps enfants parents et aux ateliers de lecture, onze pour la situation participative et treize pour la situation neutre. La participation aux ateliers n’a pas d’influence sur le nombre de séquences de communication initiées par l’enfant pour les jeux imposés, avec une moyenne de 3,45 initiations pour les enfants de la situation participative et 3,38 pour la neutre. La modalité de sollicitation en atelier modifie

l’intervention de l’enfant dans les interactions. La participation aux ateliers neutres engendre une baisse du nombre d’initiation dans les temps de livre imposé. Ainsi, les enfants du groupe participatif initient autant l’interaction lors des ateliers et des temps enfant(s)/parent(s). Les enfants du groupe neutre paraissent influencés par ce qu’ils vivent en ateliers, de ce qu’ils expérimentent de leur position d’écoutant « passif », et sont moins à l’initiative de l’interaction, la baisse moyenne étant de 1,23 par temps et par enfant, passant de 1,92 à 0,69 initiations.

Continuons l’extraction de nos données et leur analyse par les actions initiales, mises en place dans les toutes premières secondes des protocoles.