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PROMOTION DE L’EMPLOI ET INSERTION ECONOMIQUE

Dans le document STRATEGIE NATIONALE DE DEVELOPPEMENT 2020 2030 (Page 102-106)

343.La situation de l’emploi est caractérisée par un sous-emploi dont le taux est passé de 70,6% en 2010 à 77,0% en 2014, soit une augmentation de 6,4 points, en décalage avec la trajectoire tracée dans le DSCE qui visait à le ramener en dessous de 50% à l’horizon 2020. La prolifération du secteur informel représente un des facteurs qui expliquent ce phéno-mène. En effet, il emploie environ 90% de la popula-tion active occupée. Par ailleurs, les données indiquent que la part des emplois créés par le secteur privé for-mel est en baisse, elle est passée de 4,8% en 2005

à 3,8% en 2010 ; pourtant, ce secteur est appelé à être moteur de la croissance.

344. Dans la stratégie de croissance et de l’emploi, les objectifs du Gouvernement ont consisté à réduire de manière générale la portion du secteur informel dans l’activité économique nationale. Le rapport ECAM-4 apprécie dès lors le taux d’informalité au ni-veau de 88,6 % en 2014, soit une baisse de 1,9 point en quatre (04) ans tel que présenté dans le graphique suivant.

Graphique 8 : Évolution du taux d’informalité (en %)

Source: EESI 1 et 2 ; ECAM 2, 3 et 4, INS.

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345.Les principales causes de la faible performance du marché du travail et du sous-emploi en particulier sont : (i) la faible capacité du secteur productif à créer des emplois décents ; (ii) l’inadéquation de la qualité de la main-d’œuvre par rapport aux ressources hu-maines demandées par l’économie ; (iii) le non-respect de la réglementation relative aux normes du travail par les entreprises.

346.Pour pallier les insuffisances sus évoquées, le Gouvernement a élaboré en 2017 une Politique Na-tionale de l’Emploi (PNE). Les principaux problèmes identifiés dans ce domaine sont entre autres : (i) la faible rentabilité de la croissance économique à la création d’emploi ; (ii) le faible impact des instruments de promotion de l’emploi et de l’auto-emploi ; et (iii) l’insuffisance des financements dans le développement des compétences. La Politique Nationale de l’Emploi (PNE) a pour objectif global de « Promouvoir le plein emploi décent au Cameroun, à travers l’élargissement et la valorisation des opportunités de création d’em-plois dans l’économie ». Cette politique repose sur les principes de base suivants : (i) la définition claire et précise du rôle de l’Etat ; (ii) la nécessité de la prise en compte de la préoccupation centrale qu’est la question de l’emploi ; (iii) la recherche permanente de la qualité de l’emploi et le respect des normes in-ternationales de travail ; (iv) la garantie de l’accès à l’emploi pour tous ; (v) la promotion et la protection du dialogue social ; (vi) la protection et la sauvegarde de l’environnement.

347.Dans le domaine de l’emploi, la SND30 vise à atteindre les objectifs suivants, par ailleurs priorisés au niveau de l’ODD 8 relatif au travail décent et à la croissance économique, en l’occurrence : (i) parvenir à un niveau élevé de productivité économique par la diversifica-tion, la modernisation technologique et l’in-novation, en mettant notamment l’accent sur les sec-teurs à forte valeur ajoutée et à forte intensité de main-d’œuvre ; (ii) promouvoir des politiques axées sur le développement qui favorisent les activités pro-ductives, la création d’emplois décents, l’entrepreneu-riat, la créa-tivité et l’innovation et stimulent la croissance des micro entreprises et des petites et moyennes entreprises tout en facilitant leur intégration dans le secteur formel, y compris par l’accès aux ser-vices financiers ; et (iii) parvenir au plein emploi pro-ductif et garantir à toutes les femmes et à tous les hommes, y compris les jeunes et les personnes han-dica¬pées, un travail décent et un salaire égal pour un travail de valeur égale.

348. Pour atteindre ces objectifs, les interventions se-ront articulées autour de six (06) axes : (i) la promo-tion de l’emploi dans les projets d’investissement public ; (ii) l’amélioration de la productivité, de l’em-ploi et des revenus en milieu rural ; (iii) la promotion de la migration de l’informel vers le formel ; (iv) l’in-citation à la création et à la préservation des emplois dans les grandes entreprises du secteur privé formel

; (v) la mise en adéquation formation-emploi et l’amé-lioration du système d’insertion professionnelle ; et (vi) la régulation du marché du travail.

5.1 PROMOTION DE L’EMPLOI DANS LES PROJETS D’INVESTISSEMENT PUBLIC

349.Le Gouvernement compte utiliser davantage le levier de la commande publique, notamment en ma-tière d’investissement, pour promouvoir l’emploi à tra-vers le développement des projets à Haute Intensité de Main d’Œuvre (HIMO), y compris les projets béné-ficiant de financements extérieurs. Ainsi, des directives générales en faveur de l’utilisation aussi large que possible de l’approche HIMO ainsi que des matériaux locaux seront désormais incluses dans les contrats aux prestataires retenus pour la construction des édifices publics (bâtiments à usage de bureaux, écoles, centres de santé, etc.), les travaux de cantonage routier, la réalisation des programmes d’habitat social et dans tous les projets dont la réalisation n’exige pas abso-lument des technologies de niveau élevé dans toutes leurs phases.

350.Un programme spécial de construction de routes communales carrossables en toutes saisons sera par ailleurs mis sur pieds en liaison avec les CTD, basé sur l’approche HIMO et des technologies innovantes à moindres coûts, de manière à couvrir ainsi en dix ans une partie de plus en plus importante du réseau des routes communales, l’objectif à terme étant de couvrir l’intégralité des 100.000 km de routes communales.

Le recours au Parc National de Matériel de Génie Civil (MATGENIE) et/ou au Génie Militaire pour la réalisation de ce programme spécial est envisagé et fera l’objet de décisions gouvernementales en temps opportun. Les CTD seront chargées d’encadrer les re-crutements des personnels réalisant les tâches HIMO dans ce programme.

5.2 PRODUCTIVITE AGRICOLE, EMPLOI ET REVENUS EN MILIEU RURAL

351. Le Gouvernement attend de la mise en œuvre de sa politique de renforcement de la productivité agricole, telle que décrite plus haut, la génération de nombreux emplois en milieux rural, plus décents et mieux rémunérés. Plus spécifiquement, le Gouverne-ment compte : (i) augGouverne-menter la croissance de la pro-ductivité agricole, pastorale et halieutique afin de stimuler la demande pour les biens et services non agricoles notamment à travers le développement et l’adoption des cultures améliorées, de la technologie en matière d’élevage, de pêche et d’aquaculture ; (ii) améliorer le climat d’investissement et le commerce en milieu rural ; (iii) développer les compétences des jeunes en milieu rural et créer une adéquation entre celles-ci et les emplois ; (iv) faciliter l’accès à la terre et aux plans d’eau ; (v) renforcer l’accès aux finance-ments assortis de conditions avantageuses ; (vi) déve-lopper de petites et moyennes entreprises rurales ; (vii) promouvoir les activités non agricoles en milieu rural notamment les emplois verts dans les secteurs tels que celui de l’éco-tourisme et/ ou de la préser-vation de l’environnement.

352. S’agissant en particulier des petits paysans et Exploitants Familiaux Agricoles (EFA), qui constituent plus des trois-quarts des producteurs agricoles, l’ins-trument principal prévu pour capitaliser au mieux les retombées escomptées de l’accroissement de la pro-ductivité et de la production agricoles est la Société Coopérative de Développement, qui permettra : (i) de faciliter l’accès des EFA aux intrants de qualité et aux petits équipements agricoles ; (ii) de servir de relai pour la vulgarisation des techniques agricoles plus productives et plus respectueuses de l’environne-ment ; (iii) d’organiser la commercialisation groupée des productions agricoles et sera ainsi en mesure de réaliser de meilleurs prix-producteurs, en évitant notamment les ventes bord champs ; (iv) de bénéficier -et pourra donc faire bénéficier à ses adhérents- d’un accès privilégié au crédit agricole, quel que soient les mécanismes de financement rural qui seront dévelop-pés ; (v) de faciliter, grâce à son rôle dans la com-mercialisation des produits du cru, l’implantation plus facile d’unités de première transformation des pro-duits agricoles près des lieux de production ; (vi) de faciliter le développement de l’assurance agricole et l’amélioration générale du cadre de vie en milieu rural. Au vu des missions sus-évoquées qui leurs seront assignées, le Gouvernement se donne pour objectif

d’aider à la création de Société Coopératives de Dé-veloppement dans toutes les communes du pays et d’en faire des instruments privilégiés d’implication des conseils municipaux élus dans le développement éco-nomique et social de leurs communes.

5.3 PROMOTION DE LA MIGRATION DE L’INFORMEL VERS LE FORMEL

353. Une étude sur la simulation de l’impact des po-litiques économiques sur l’emploi menée avec l’ac-compagnement technique du BIT a permis d’identifier la migration de la main-d’œuvre du secteur informel vers le secteur formel comme une des voies les plus parraines pour lutter contre le sous-emploi. En effet, la main-d’œuvre occupée qui est essentiellement logée dans le secteur informel (90%) et qui pour la majorité est affectée par le sous-emploi visible et da-vantage par le sous-emploi invisible suit l’activité éco-nomique. Cette dernière se résume pour le cas d’espèce aux petites unités de production informelle qui occupent la franche non négligeable de la main d’œuvre. Une stratégie efficace de réduction du sous-emploi consisterait donc à agir sur des leviers pou-vant permettre de promouvoir la formalisation des activités du secteur informel en levant réellement les goulots d’étranglement à l’entrepreneuriat formel.

Ainsi, conformément aux résultats de l’étude mention-née plus haut, une migration réussie des activités de l’informel vers le formel nécessite inéluctablement de mettre en place des mesures relatives aux questions du financement, de la fiscalité, de la garantie des débouchés, des procédures administratives et du cadre juridique.

354. L’essentiel du potentiel de la force de travail en zones urbaines est localisé dans des petites unités du secteur informel. En 2017, bien qu’il s’agisse là déjà d’une progression significative, seules 15 219 nou-velles PME ont été créées dans les Centre de Forma-lités à la Création des Entreprises (CFCE). Dès lors, la politique de l’emploi du Gouvernement en direction des zones urbaines vise principalement à libérer cette formidable énergie créatrice du secteur infor-mel, à la canaliser dans un premier temps vers les TPE, porte d’entrée dans le secteur formel puis à don-ner à cet étage supérieur constitué des Petites et Moyennes Entreprises plus d’attractivité, de produc-tivité et de compétiproduc-tivité, car c’est bien à cet étage des entreprises formelles que sont créés le plus d’em-plois décents et stables.

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355.A cet effet, cette nouvelle politique de l’emploi en milieu urbain se déploiera à travers las actions ci-après : (i) l’incitation à la migration massive des tra-vailleurs du secteur informel vers les Très Petites Entreprises (TPE) du secteur formel ; (ii) l’accompa-gnement spécifique des TPE en termes de fiscalité et d’accès au micro-crédit, afin de renforcer l’attrait de ce statut ; (iii) l’incitation des TPE à se transformer en PME/PMI, notamment par une simplification radicale des procédures administratives et un accès adapté des PME aux crédits bancaires ; (iv) la consolidation des dispositions d’accès réservé des PME/PMI à cer-tains marchés publics ; (v) la réforme du dispositif de sous-traitance pour en améliorer l’efficacité ; (vi) l’im-plantation accélérée des incubateurs d’entreprises dans les établissements d’enseignement, notamment dans l’enseignement technique et professionnel ainsi que dans l’enseignement supérieur ; (vii) l’aménage-ment du cadre légal et réglel’aménage-mentaire pour institution-naliser véritablement l’apprentissage et en faire un outil puissant d’insertion professionnelle des jeunes.

356. Pour accompagner le déploiement de sa nou-velle politique d’emploi en direction des TPE et PME, le Gouvernement veillera à : (i) promouvoir l’aména-gement de sites adaptés aux activités informelles, afin de réduire les conflits relatifs à l’espace urbain et éviter notamment l’encombrement des centres ur-bains par des commerçants ambulants ; (ii) aménager la fiscalité des TPE de manière à supprimer tout impôt et taxe à l’entrée de leurs professions ou au démarrage de leurs activités ; (iii) supprimer de ma-nière extensive et sans concession, toute exigence d’agrément et des frais y afférents à l’entrée d’une profession, sauf les cas dûment prévus par la loi ; (iv) soumettre au Parlement un projet de loi énumérant de manière limitative les professions dont l’exercice est soumis à un agrément préalable notamment celles relevant des domaines de la santé, de l’éducation, de la défense nationale et de la sécurité des biens et des personnes, de la collecte de l’épargne du pu-blic et la distribution du crédit ; (v) éviter de com-promettre le développement souhaité des établissements de micro-finance (EMF) par l’applica-tion d’une supervision bancaire intrusive, qui pourrait entrer en contradiction avec la liberté d’entrepren-dre, qui est un droit garantie par la Constitution du Cameroun.

357.Par ailleurs, afin de promouvoir le développe-ment de l’économie sociale qui apparait aujourd’hui comme une option pour booster la création des

ri-chesses et des emplois, le Gouvernement se propose de structurer les acteurs de ce domaine par le biais de la mise en réseau et de leur apporter des appuis nécessaires. Plus spécifiquement, il s’agira : (i) d’or-ganiser les acteurs de ce domaine en réseau dans les communes, par composante et par filière ; (ii) d’ac-compagner la professionnalisation des acteurs ; (iii) d’organiser des marchés coopératifs ; (iii) de mettre en place une plateforme de coopération multi-ac-teurs ; (iv) de renforcer les capacités managériales, entrepreneuriales et financières des acteurs ; (v) d’accroître le potentiel en matière de créativité et d’innovation ; (vi) de mettre en place un mécanisme de financement adapté au secteur ; et (vii) d’opéra-tionnaliser le programme national de développement de l’économie sociale.

5.4 CREATION ET PRESERVATION DE L’EMPLOI DECENT DANS LES GRANDES ENTREPRISES

358. Le deuxième Recensement Général des Entre-prises (RGE-2) a permis de dénombrer 209 482 uni-tés économiques en activité et exerçant dans un local professionnel fixe, reparties en 203 419 entreprises avec siège et 6 063 établissements. Le tissu productif est marqué par la prédominance des Très Petites En-treprises (TPE) et Petites EnEn-treprises (PE) qui représen-tent 98,5% de l’ensemble des entreprises. Les Moyennes Entreprises (ME) et les Grandes Entreprises (GE), quant à elles représentent respectivement 1,3%

et 0,2%.

359.La politique de promotion de l’emploi dans les grandes entreprises visera principalement à : (i) consolider les emplois déjà existants et inciter à la création d’emplois nouveaux et qualifiés, notamment par le biais de la commande publique, de la fiscalité et des programmes de mise à niveau des entreprises (et de leurs personnels) ; (ii) stimuler et encourager le dialogue social, afin d’améliorer les conditions de tra-vail des personnels employés et la prise en compte des questions de genre ; (iii) faire davantage respec-ter par les grandes entreprises le principe général de camerounisation de l’encadrement et par réciprocité l’exigence de promotion interne des cadres camerou-nais dans les groupes internationaux utilisant des ca-dres étrangers dans leurs filiales camerounaises ; (iv) mieux exploiter et valoriser les gisements d’emplois qu’offrent les économies «verte» et «bleue».

5.5 MISE EN ADÉQUATION

FORMATION-EMPLOI ET INSERTION

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