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DÉVELOPPEMENT DE LA PRODUCTIVITE ET DE LA

DEUxIEME PARTIE : PILIERS DE LA STRATEGIE

3.2. DÉVELOPPEMENT DE LA PRODUCTIVITE ET DE LA

PRODUCTION AGRICOLES

129.L’agriculture représente une composante majeure dans la transformation structurelle de l’économie ca-merounaise. En effet, l'augmentation de la producti-vité du secteur agricole devra impacter positivement les filières industrielles notamment l’agro-industrie. De plus, cela contribuera non seulement à l’amélioration de la sécurité alimentaire mais aussi à générer des revenus et des emplois supplémentaires dans l’écono-mie.

130. Les actions entreprises en vue du développement du secteur rural en général et de l’agriculture en par-ticulier ont permis quelques améliorations bien que de nombreuses difficultés subsistent. En 2017, 16% des ménages souffrent d’insécurité alimentaire avec une situation plus prononcée en milieu rural (22,2%).

131. La mise en œuvre des politiques publiques dans ce secteur a fait face à des difficultés d’ordre straté-gique, notamment le fait d’avoir retenu des solutions communes aux différents types d’acteurs en charge de la production du secteur (Exploitations Familiales Agricoles, les Moyennes et les Grandes Exploitations) et d’avoir multiplié les programmes et projets dédiés au secteur en l’absence d’un ciblage adéquat et d’une coordination insuffisante par les services compétents.

En effet, le secteur rural est caractérisé par la pré-dominance des Exploitations Familiales Agricoles (EFA) dont les capacités de production sont limitées par le faible accès au crédit et aux intrants (engrais, se-mences améliorées, services vétérinaires de qualité, technologie, etc..), l’utilisation des techniques rudimen-taires et artisanales, l’enclavement de certains bassins de production conduisant à d’importantes pertes post-récolte, ainsi que le vieillissement des populations ru-rales. Quant aux moyennes et grandes exploitations, elles restent confrontées aux difficultés d’accès aux grandes superficies, un faible lien aux entreprises et évoluent dans un environnement des affaires non fa-vorable (sécurité foncière et contractuelle).

132. Ainsi, les principaux défis à relever en vue du développement de ce secteur sont : (i) la structuration des interprofessions ; (ii) l’accès aux technologies à forte productivité et la vulgarisation des résultats de

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la recherche agricole ; (iii) la formation des produc-teurs aux techniques culturales modernes ; (iv) la mé-canisation agricole et le lien fonctionnel avec les agro-industries ; (v) l’adaptation aux effets du Chan-gement Climatique (CC) ; (vi) la compétitivité tant sur le marché national et régional qu’international ; (vii) la résilience face aux fluctuations des prix ; et (viii) le rajeunissement de l’âge des agriculteurs et l’émer-gence d’une classe de jeunes entrepreneurs agricoles..

133. Face à cette dynamique, le Gouvernement réaffirme son option de mener une révolution agri-cole. L’objectif est de moderniser le secteur, d’ac-croître sa productivité, de créer des emplois et par là améliorer les niveaux de vie et de réduire la pau-vreté en milieu rural, à travers la hausse de la pro-ductivité par l’intensification des activités agroindustrielles et la modernisation des exploita-tions agricoles tirées par la demande des industries agroalimentaires. Pour ce faire, le Gouvernement entend prendre des mesures conduisant à l’amélio-ration du climat des affaires dans le secteur agro-pastoral et notamment : (i) accroître la productivité, la production et la compétitivité des produits agri-coles (végétale, sylvicole, animale et halieutique) ; (ii) faciliter l’accès à la terre, aux équipements et infrastructures de production ; (iii) structurer et ren-forcer les capacités des acteurs du secteur.

134.Pour l’atteinte de ces objectifs, une attention par-ticulière sera accordée à certaines filières prioritaires dont une partie servira principalement au dévelop-pement de l’agro-industrie (riz, maïs, cacao/café, coton, sucre, huile de palme, hévéa, banane-plantain, bois, lait, anacarde), qui sont sources de devises et constituent des matières pour les agro-industries ainsi qu’aux produits vivriers (sorgho, manioc, pomme de terre, poisson, miel) qui concourent à la satisfaction de la demande des ménages en produits alimentaires sur les marchés nationaux et sous régionaux. En outre, le Gouvernement entend promouvoir le développement des produits agricoles de niches (indication géogra-phique tels que poivre de penja, miel d’oku et pro-duits de l’agriculture biologique) et une meilleure exploitation des produits forestiers non-ligneux.

3.2.1. Accroissement de la productivité, de la production et de la compétitivité des produits agro-sylvo-pastoraux et halieutiques

135.L’accroissement de la productivité, de la

produc-tion et de la compétitivité des produits agro-sylvo-pastoraux et halieutiques va s’appuyer sur : (i) la pro-motion d’une approche par filière structurée autour des chaines de valeurs agropastorales et halieutiques, tout en tenant compte des spécificités liées aux diffé-rentes zones agro-écologiques ; (ii) le soutien de l’ac-cès aux intrants ; (iii) la promotion des technologies les plus efficientes ; et (iv) la vulgarisation des résul-tats de la recherche.

136. S’agissant de la promotion des chaines de va-leurs agropastorales et halieutiques, le Gouverne-ment entend : (i) encourager la constitution des moyennes et grandes exploitations agricoles autour desquelles seront structurés les autres acteurs de la fi-lière, en amont et en aval ; (ii) encourager la structu-ration des acteurs en vue de la mise en place de l’interprofession par filière ; (iii) mettre en place un système d’informations sur le marché intérieur et à l’exportation (prix, normes à l’exportation, critères de qualité, etc.) ; (iv) de renforcer le cadre de concerta-tion impliquant tous les acteurs du secteur (Gouverne-ment, société civile, secteur privé, partenaires techniques et financiers, ONG et instituts de re-cherche).

137. Pour ce qui est de l’accès aux intrants, il s’agira:

- Pour la production végétale :(i) d’intensifier et de valoriser les partenariats publics-privés pour développer des systèmes industriels de pépinières à haut rendement ; (ii) d’encourager les grandes et moyennes exploitations à développer leurs pro-pres pépinières auxquelles auront accès les petits producteurs périphériques ; (iii) de réhabiliter le réseau de fermes de multiplication, de promotion et de diffusion du matériel végétal et aménager de nouveaux espaces de production de semences de grande consommation ; (iv) de construire des usines de fabrication d’engrais chimiques et autres produits de traitement ; et (v) d’intensifier en fi-nançant de manière adéquate la recherche agri-cole menée par l’IRAD.

- Pour la production animale et halieutique :(i) de veiller à la sélection des races animales et des es-pèces alevins productifs et adaptés à l’environne-ment local ; (ii) de produire et veiller à la bonne distribution des aliments (provendes) et des pro-duits vétérinaires de qualité, permettant une crois-sance optimale des espèces animales et halieutiques à un coût abordable pour le

produc-teur local ; (iii) d’encourager des Partenariats Pu-blic-Privé pour la production industrielle et la dis-tribution des intrants nécessaires à la production animale et halieutique (espèces animales, alevins, provende, etc.) ; et (iv) de développer la re-cherche sur les espèces animales et le protocole d’aliments.

138. En complément, les autorités entendent, de ma-nière transversale : (i) veiller à l’assurance et au contrôle qualité des intrants agricoles (semences, en-grais, produits phytosanitaires, produits vétérinaires, aliments pour bétail et poissons, géniteurs améliorés, etc.) produits et commercialisés ; (ii) faciliter la créa-tion de réseaux de distribucréa-tion ; (iii) contrôler la bonne application des règlementations en vigueur sur les en-grais, les pesticides, les produits vétérinaires.

139. Concernant la promotion des technologies les plus efficientes et la vulgarisation des résultats de la recherche,il s’agira de : (i) mettre en place un sys-tème d’information ayant notamment pour mission de promouvoir les technologies les plus efficientes ; (ii) favoriser l’entrée en relation contractuelle des instituts de recherche et des acteurs de la production à grande échelle des intrants agricoles ; (iii) orienter prioritairement la recherche agricole sur les filières prioritaires ; (iv) assurer le financement public adé-quat de la recherche dans le secteur agricole.

3.2.2. Accès à la terre, aux équipements et infrastructures de production

140.Dans la perspective de la mécanisation agricole, le Gouvernement entend intensifier ses actions : (i) d’accès à la terre ; (ii) d’accès aux équipements de production ; et (iii) d’amélioration des infrastructures de production en milieu rural.

141. En ce qui concerne l’accès à la terre, le Gou-vernement fera aboutir le processus de réforme fon-cière dans le but de faciliter les investissements agricoles et industriels tout en apportant aux promo-teurs des projets, la sécurité juridique nécessaire à un retour d’investissement. Par ailleurs, le Gouvernement entend élaborer le code rural, le code pastoral et la loi d’orientation agro-sylvo-pastorales et halieutiques afin de mieux encadrer les activités dans ledit sec-teur.

142.Le Gouvernement entend également procéder à l’aménagement des grands espaces hydroagricoles, pastorales et aquacoles, qui seront attribués

priori-tairement aux grandes et moyennes exploitations, pour les filières agropastorales prioritaires retenues (riz, maïs, cacao/café, coton, canne à sucre, noix de palme, hévéa, banane plantain, bois, lait, bovine lai-tière, bovin viande, poisson, crevette, anacarde). A cet effet, les autorités veilleront à la cohérence entre les interventions d’aménagement, d’attribution et de mise en valeur des terres.

143. Pour l’accès aux équipements de production, le Gouvernement entend, dans le domaine de l’agri-culture et de la sylvil’agri-culture : (i) veiller à la fonction-nalité des pools d’engins régionaux ; (ii) faciliter la mise à la disposition des organisations des produc-teurs, des tracproduc-teurs, du matériel de battage et de dé-corticage et de tout autre matériel susceptible d’aider à accroître la production ; (iii) réhabiliter et doter les fermes semencières notamment en chaînes de condi-tionnement des semences et plants ; et (iv) mettre en place des unités de conservation, de stockage et de transformation des produits agricoles.

144. Dans le domaine de la pêche et de l’aquacul-ture, il s’agira d’améliorer les équipements et infra-structures de production et de transformation, de conservation et de mise en marché des produits ha-lieutiques à travers : (i) des appuis techniques et lo-gistiques aux pêcheurs et aquaculteurs (filets de pêche, barques, etc.) ; (ii) la dotation des transforma-teurs des produits halieutiques en matériels et équi-pements de séchage et de fumage de poissons ; (iii) la mise en place des petites unités de froid et équi-pement des acteurs en caisse isothermes dans les zones à forte production halieutique ; (iv) l’aménage-ment des centres d’alevinage et des parcelles aqua-coles dans les plans d’eau intérieurs et en mer pour leur mise à disposition aux privés ; (v) l’aménagement des points de débarquement dans les principaux plan d’eaux et pêcheries ; (vi) le renforcement de la sur-veillance afin de mieux gérer la ressource halieutique dans la zone économique exclusive.

145.Dans le domaine de l’élevage, les autorités s’en-gagent à : (i) poursuivre la construction des Stations d’Impulsion pour la Modernisation des Elevages (SIMEL) et les rendre opérationnelles ; (ii) construire des pôles de production, de transformation, de conservation et de stockage des produits d’élevage ; (ii) développer des réseaux de laboratoires d’analyse et de fabrication des médicaments vétérinaires ; (iii) poursuivre la construction des abattoirs, des aires d’abattage, des entrepôts frigorifiques et des parcs de vaccination ; (iv) aménager des aires

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lique pastorale, des écloseries, des débarcadères, des centres de collecte et de traitement de lait.

146. S’agissant de l’amélioration des infrastruc-tures d’accompagnement,le Gouvernement accom-pagnera les Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD) dans l’entretien, la réhabilitation et l’aménage-ment des routes/pistes communales, l’aménagel’aménage-ment des réseaux d’irrigation, la construction des infrastruc-tures de commercialisation et de stockage, l’acquisi-tion par les structures d’encadrement (SEMRY, UNVDA, etc.), les technopoles et les CTD des engins adaptés aux écosystèmes, l’amplification des actions d’amé-nagement des espaces Hydro-Agricoles (HA), des bas-fonds, des champs fourragers et des couloirs de transhumance. Par ailleurs, le Gouvernement procé-dera à l’aménagement des centres d'alevinage, des étangs piscicoles et des retenues d'eau à divers usages.

3.2.3. Structuration et renforcement des capacités des acteurs

147.Le Gouvernement envisage de promouvoir : (i) la création sous l’impulsion des CTD, dans les princi-paux bassins de production, des Sociétés Coopéra-tives de Développement regroupant des organisateurs des producteurs (EFA, GIC et autres organisations) afin de faciliter l’accès des producteurs aux intrants, d’améliorer la productivité agricole et le cadre de vie des producteurs ; (ii) la finalisation de l’arrimage de la loi nationale régissant le secteur coopératif à l’acte uniforme OHADA sur les sociétés coopératives ; (iii) la mise en place d’un système d’information sur l’agri-culture et notamment les opportunités de marché, de partenariat et de financement. En outre, les autorités entendent mettre en place un système de financement adéquat de l’agriculture et développer des nouveaux modes de financement adaptés à l’agriculture comme le warrantage, qui vise à réduire les problèmes ponc-tuels des producteurs en mettant à leur disposition, pour une petite partie de leur production, des res-sources financières et en stockant tout ou une partie de cette production.

148.En ce qui concerne le renforcement des capacités des acteurs, les actions de l’Etat porteront sur : (i) la poursuite de la formation spécialisée dans les filières agricoles prioritaires dans les différents ordres d’en-seignement ; (ii) l’amélioration de la fonctionnalité des centres de vulgarisation chargés d’encadrer les producteurs tels que les postes agricoles, les centres zootechniques et vétérinaires, et les centres régionaux de professionnalisation agropastorales.