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LES PROJETS EGYPTIENS DE M'SE EN VALEUR DES TERRES

0.1...--,,...:2;::00; km

~ Canal d'irrigation en construction

u . . . . Canal projeté

~ Terres irriguées en 1952 f~::::'J Terres irriguéesàl'horizon 2015

d'irrigation, l'aspersion par exemple, efficace à70%mais qui n'est utilisée que sur 1/5e des terres en 1998.34 Il serait même possible d'introduire le goutteàgoutte, une technologie qui permet une efficacité de l'ordre de 90 %35, mais qui suppose de lourds investissements.

On mesure la révolution des mentalités que supposerait l'abandon de la gratuité de l'eau au profit d'une méthode d'irrigation certes pérenne et efficace, mais qui suppose un engagement financier considérable et un débours en fonction du volume réellement consommé ...

Envisager un tel programme suppose un courage politique important.

Le gouvernement égyptien se résoudra-t-il à franchir ce pas, comme le gouvernement jordanien semble décidé à le faire?

Pour l'heure, les autorités égyptiennes se sont lancées dans une politique de mise en valeur du territoire reposant sur l'exploitation d'aquifères fossiles. Elles invitent la population, moyennant des avantages substantiels, àvenir coloniser des villes nouvelles en plein désert, villes dont l'existence sera rendue possible par le pompage de nappes aquifères et d'eau du Nil. Le gouvernement prévoit ainsi de mettre en valeur, à court terme, 80 000 ha de terres agricoles près d'Oweinat ; 250000 ha dans le nord du Sinaï grâce aux eaux du Nil canalisées par les ouvrages Al-Salam (Northern Sinai Agricultural Deve/opment Program, NSADp); 100000 ha autour de trois oasis (Farafra, Dakhla, Kharga) ; et 200000 ha près de Toshka (programme National Project for Deve/oping Upper Egypt) dans le désert de l'Ouest (Fig. 4.3 page ci-contre). Il est déjà prévu que, lorsque les nappes du désert de Nubie seront épuisées, le pompage des eaux du Nil sera augmenté afin de compenser la disparition de cette eau. Les travaux de creusement du canal de Toshka ont débuté en janvier 1997, et la première phase devrait être achevée en octobre 2001. D'ici 2002, selon les prévisions gouvernementales, ces terres désertiques devraient être rendues cultivables dans une région très isolée, grâce au pompage de 5 milliards m3d'eau du Nil au lac d'Assouan.36Au total, lorsque le projet Toshka sera achevé, ce sont près de 600 000 ha qui doivent y être mis en valeur37, le projet s'insérant dans un vaste programme gouvernemental visant à bonifier 4 millions d'ha.38

Le gouvernement égyptien, à la fois pour contrer la concentration urbaine et afin d'accroître la surface agricole utile, a opté pour ce grand projet de mise en valeur agricole du désert. Mais, si l'on comprend bien

les motivations qui ont conditionné ce projet, il est l'objet de nombreuses critiques. Tout d'abord, les sols désertio.l'es sont relativement pauvres, ce qui n'y empêche pas la culture, mais implique l'apport important d'engrais qui vont renchérir le coût cie =~vient et poser rapidement la question du drainage des eaux chargé~sen sels divers. De plus, le coût du transport des denrées ainsiprodt:3.':~s Y~rsles centres urbains ne sera pas négligeable.

D'un point de vue d'efficacité hydraulique, le projet::ei2.i.~se?as de surprendre également, alors que les terres ag=icoie~ du delta commencentà manquer d'eau: outre que lesexplcit~.tio::'.s agricoles consomment beaucoup d'eau en plein désert, les pertes::a: éV2.poration que suppose un canal àciel ouvert sont considé.!:abies. De;;1us,il faut élever l'eau de 55 m pour la faire parvenir au cœur cie k p::e:::ière phase de mise en valeur, dont les terres sont situées dans une cuvette, ce qui compliquera la tâche du drainage. D'autresc=.=.tis.u~ssO'llignent qu'en dérivant d'énormes quantités d'eau vers :.e .:::ése::t, !.o:'.n :.I~S centres urbains ou agricoles, il est plus difficile de maxirriserl'~:np.;oide cette eau en la recyclant plusieurs fois. Enfin, les pc?t:.hd(.'p..s qui.s'ir..s~aLent

dans ces zones de développement ont en gé:J.é:ralt:G.:;"':lT~-?'':;deyi-;;~ssez

élevé, et consomment plus d'eau parhabitan~C'.ue daLs~:~ Les~~ iIÀ pays.

La rationalité du projet semble donc ét!."~r..ge; c:;!::;'?~o. terl':. de l'avènement de nombreux projets hydrauliques en Éthicp:'e et dms les autres pays riverains du sud, projets qui ne manqueront?~sCaccroître la précarité de l'équilibre égyptien dans la structure de consom::::lation d'eau actuelle, qu'adviendra-t-il de ces villes miraculées du désert lorsque l'épuisement des nappes phréatiques imposera un pompage massif dans des eaux du Nil peut-être devenues trop rares?39

La politique de l'eau égyptienne doit jongler avec des?aramè':res difficiles: l'augmentation intérieure de la demande en eau, àr.:1oduler parla mise en œuvre délicate de programmes ruraux d'éco:J.omies des quantités employées pour l'irrigation; mais aussi l'apparition d"lne demande plus forte de la part des pays du bassin duNil, touss.~tuésen amont, dont le Soudan et l'Éthiopie, qui jusqu'ici a fort peu r.:1Ïs en valeur ses ressources hydrauliques du bassin versant. Il est !,ossi'01e de définir une équation pacifique pour résoudre ce délicat problème, mais celle-ci passe par l'acceptation, de la part du gouvernement du Caire,

que l'Égypte n'a pas de droit particulier sur les eaux du fleuve, et par l'acceptation, de la part de tous les gouvernements riverains, que leur politique hydraulique soit conçue et gérée au niveau du bassin versant.

Un pas encourageant a été franchi en février 1999 avec la création de l'Initiative du Bassin du Nil(Nife Basin Initiative,NBI), sous les auspices de l'Agence pour le Développement des Nations Unies, et dont font partie tous les états du bassin; l'Éthiopie, le Soudan et l'Égypte ont accepté en novembre 1999 de remiser leurs différends pour en discuter dans le cadre du nouvel organisme.40 En mai 1999, le conseil des ministres de l'organisation a entériné un accord soulignant la nécessité de renforcer la coopération mutuelle. La création d'un«Consortium international pour la coopération sur le Nil» a abouti en juin 2001, lors de la conférence de Genève de l'IBN. Il reste aux initiatives gouvernementalesàcorroborer ces gestes de bonne volonté. L'entente de juin 2001 sur l'utilisation de crédits de recherche de la Banque mondialeàdes fins de définition d'un plan de partage global des eaux du Nil semble un pas très prometteur.