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LES PRÉCIPITATIONS ANNUELLES EN CHINE

baissé de plus de 3 mètres; des 1 052 lacs que la province comptait voici 20 ans,ilne reste que 83.5

En 1998, les autorités chinoises estimaient qu'en 2000, la municipalité de Beijing subirait un déficit hydrique quotidien de 500 000 m3; ce chiffre a été atteint dès lafinde 1998.6Afin de mieux retenir ies eaux qui s'infiltrent dans le sol, un programme de reboisemen~'C1assif sur 160 000 ha a été lancé autour du réservoir Miyun, qui aiimentt k vill~.7 Àl'été 2000, un sévère rationnement de l'eau a été imposéGa.'1SiJ;us de 100 villes du nord de la Chine.8Mais déjà, de nombre:lxno'..:v~a-..:~?uits que l'on creuse dans la région autour de la capitale do;.v~ntatteindre plus de 1000 mètres pour atteindre l'eau.9

Dans le sud-ouest du Shanxi, le niveau supérieur de la nappe phréatique est descendu de 70 m. La baisse rapide des nappes est à l'origine de nombreux affaissements de terrain, notamment dans la région de la ville de Handan (Hebei), où l'on a recensé plus de 30 fissures majeures.

Le surpompage des nappes provoque également l'intrusion de l'eau de mer. Dans la baie de Laizhou (Shandong), l'eau salée pénètre de 400m par année à l'intérieur des terres, altérant gravement la qualité de l'eau des aquifères.III

La pollution vient aggraver le manque d'eau. Entre 1983 et 1990, les statistiques chinoises indiquent que le nombre de villes souffrant d'un manque d'eau chronique a triplé. Un rapport de la Commission d'État à la Planification estimait en 1995 que 74 des 270 villes manquant d'eau avaient vu leurs réserves hydrauliques contaminées par la pollution.

Près de 86% des cours d'eau traversant des agglomérations sont considérés comme impropresàlaconsommation.11Cette pollution incite, àson tour, les autorités localesàmultiplier les forages et les pompages dans les aquifères afin de disposer d'une eau de qualité acceptable, contribuant en cela à la descente rapide du niveau de ces nappes. En 2000, les autorités de la province d'Anhui ont inspecté la qualité de l'eau des rivières et des cours d'eau en 71 points différents; 'sur ces eaux testées, 45 ont reçu la cote 4 ou pire (la Chine a établi une échelle d'évaluation de la pureté de l'eau grâceàune échelle de 1 à 5, 5 correspondant à une eau utilisable uniquementàdes fins agricoles).12 Le cas du lac Dianchi, près de Kunuùng (Yunnan) a défrayé la chronique en Chine: après que l'État y a dépensé 2 milliards d'euros en programmes d'assainissement, la pollution s'y est encore aggravée. Seulement 6 des 57 espèces de poissons y survivent encore, et les riverains ont dû s'habituer à la persistance des odeurs nauséabondes.13

La ville de Datong, dans le nord de la province de Shanxi, illustre parfaitement l'impact des activités éconouùques humaines sur les ressources en eau. Au début des années 1960, des agronomes avaient déjà relevé des signes de fatigue et d'érosion des sols, conséquences de la politique maoïste d'abattage massif des forêts pour défricher de nouveaux espaces agricoles pour les grandes fermes d'État, et alimenter les petits hauts-fourneaux de campagne. Des hydrologues avaient également noté la pollution croissante dans les rivières de la région, conséquence d'une explosion de l'exploitation du charbon, décidée précipitamment suite aux objectifs de Mao de rattraper la production sidérurgique de la Grande-Bretagne dans l'espace d'une année. Au début des années 1970, les cultures vivrières sont devenues impossibles, et les

paysans ont dû se tourner vers des plantes plus résistantes comme le sorgho et le maïs. En 1999, personne n'avait vu de poissons dans les rivières depuis des années. Le cône de surpompage de l'aquifère présentait un différentiel de 130 mètres.14 De plus, les usines des entreprises d'État de la ville se sont mises àpomper directement dans l'aquifère, délaissant l'eau de la rivière, devenue trop polluée pour les procédés industriels, mais contribuant ainsi, outreàpolluer~anappe,à accélérer l'épuisement de celle-ci. Les rares légumes que les paysans parviennentàcultiver rendent malades ceux qui les consomment.

Le dilemme paraît insoluble pour les autorités municipales: au rythme actuel, l'aquifère serait épuisé en 2020. Fermer les usines contribuerait -mais ne sufftrait pas - àenrayer la détérioration de l'environnement.

Mais avec 10% de chômage chronique et 20% de sous-emploi, c'est une perspective qui fait frémir la ville. Mais conserver ces usines, c'est assurément continuer de voir les ressources se dégrader et la courbe des maladies liées à la pollution accélérer son ascensio!l.15 Mettre en place des mesures de protection n'est guère aisé, car celles-ci impliquent souvent de restreindre quelque peu la croissance enin~roduisantdes coûts supplémentaires. Selon l'hydrologue Shen Zhacli,«dans12.Chine rurale, soit dans la plus grande partie du pays, lesptysans sO:'J.t ?veuglés par la richesse qu'ils voient sur la côte orientale de~~Crr.!le. Ils veulent la même chose pour eux. Et ils ne reculeront devant cien pou=~'':)btenir,

même si cela signifie dilapider leurs terres et leur eau, et, à terme, ralentir la croissance du pays.»16

La consommation urbaine a explosé; la consommation rurale également. Les surfaces agricoles irriguées ne représentaient que 16%

delasurface agricole utile en 1949, contre 45% en 1975. Dans le nord du pays sont concentrées 70% des terres irriguées pour 20% de l'eau disponible. L'irrigation y est surtout assurée par un nombre croissant de puits de plus en plus profonds pour exploiter les nappes phréatiques, ce qui a provoqué la chute globale des nappes des plaines du nord du pays d'environ 1,5 m par an de 1993 à 1998, selon une étude de l'Université d'Agronomie de Beijing.17

Globalement, le volume annuel du Huanghe,à son entrée dans la province du Shandong est passé de 40 milliards de m'au début des années 1980,à 25 milliards au début de la décennie 1990.18De nombreux

scientifiques ont prévenu le gouvernement que, àmoins de mettre rapidement en place un système de rationnement, le fleuve Jaune risquait de s'assécher durablement dans les prochaines années:

Assèchement du Huanghe:

moyenne de la durée et de la longueur du segmentàsec, depuis l'embouchure

Période d'assèchement Segment àsec, enkm 1972 (première

occurence). 15 . ... ? 1972-1979.. . 9 jours..

1980.. . 7..

1980-1989. . 11 jours.

1990-1997 71 jours.

1990 .. 53

1995.. . 122.

1996... 136 ..

1997.. . 226 ..

1998.. ..280.

. 242 . 150

. 256

. 392 .300 ..683 . 579

. 704

... .?

LeFleuve Jaune s'est asséché dans son cours inférieur pour la première fois en1972,pendant15jours, mais les ruptures du flot jusqu'en1980 avaient été nettement plus courtes, ce qui n'a pas étéàmême d'alerter les autorités gouvernementales. Le fleuve s'assèche chaque année depuis1985,

pour des périodes de durée croissante en moyenne et sur des segments de plus en plus longs.

Sources:SOI/th China Morning Post,27 mai1997,7avril1998 ; China Dai/y,14octobre1998, 16octobre1998;Zhongguo Qingnian Bao,

cité parCOI/mer International,20aoû t1998 ;WorldW"atch Magazine, juillet-août1998;LaPresse,21octobre2000 ;

Zheng Yaxin,«Tapping new sources of Water and reducing Water Consumption»,communication prononcée dans le cadre du colloque Stakeholders and Decision-Making: SI/stainable development throl/gh integrated Water

Management, Beijing,5-16octobre1998.

En 1997, le fleuve s'est tari pendant 330 jours à l'embouchure dans la mer de Bohai19 ; malgré le retour de la saison hwnide en 1997 (91 jours), il s'est tari malgré tout pendant 72 jours à son embouchure. En 1998 encore, le fleuve s'est asséché pendant 280 jours dans l'ensemble de la province du Shandong, bouleversant ainsi les systèmes d'approvisionnement en eau des localités, des industries et des surfaces agricoles irriguées.

Le Yangze, avant même que le barrage des Trois Gorges ne soit en cours de remplissage, accusait déjà un déficit en eau de 15% en 1997.

Outre la baisse générale du niveau des rivières et des fleuves du nord de la Chine, plus de 90% de l'eau de surface disponible dans les centres urbains est«sérieusement» polluée, et le niveau des nappes phréatiques descend dangereusement, si l'on en croit le Rapport sur le Développement Humain commandé par le Programme de Déve~oi?pementdes Nations Unies (UNDP).20 En 1997, le fleuve Huai. s'est asséché pendant 90 jours pour la première fois 21 ; en 2001,c'é~aitau tour de la rivière Liao, principale source d'eau pour la ville ée Dalian (Liaoning), de s'assécher pour la première fois depuis 50 ans ; dans l'ouest du Liaoning, 90% des rivières sont à sec.22 Les photos satellite montrent la disparition de centaines de petits lacs et cours d'eau, tandis que les puits des fermiers s'assèchent à un rythme accru.23Selon le vice-président du Comité permanent de l'Assemblée Nationale Populaire, M. Wang Bingqian, la Chine souffrira très vraisemblablement d'une grave crise de l'eau dans la première moitié du XXlème siècle.24 En août 2001, la Banque mondiale publiait un rapport sur la situation de l'eau en Chine;

relevant que la plupart des rivières des bassins du Huanghe (fleuve Jaune), du Hai et du Huai sont à sec pendant 5à 8 mois par année désormais, la Banque a estimé que le gouvernement chinois se devait de prendre des mesures décisives (<<decisive action ») pour résoudre ses graves problèmes environnementaux.25Lepremier ministre, ZhuRongj~

a estimé que le manque d'eau dans le nord de la Chine«est un sérieux frein au développement économique et social de notre pays », justifiant ainsila priorité qu'il entend accorder à cette question.26

Certains météorologues chinois mettent en cause la diminution notable des précipitations sur le nord de la Chine, diminution de l'ordre de 20à 25%depuis 1965.27Lasécheresse et la désertification du nord de

la Chine viennent renforcer la gravité de la crise de la gestion des eaux.

En moyenne, 35 tempêtes de sable traversent le nord de la Chine chaque année, contre moins de 20 voici deux décennies.28 Mais les scientifiques précisent que ces perturbations ne suffisent pas à expliquer la chute dramatique du débit du fleuve, de 20 milliards de m3 en module normal à 1,8 milliard de m3en 1997. Il s'agissait d'une année de sécheresse importante, mais non pas la plus sévère du siècle. Durant la période de 1920 à 1940, les précipitations avaient diminué de 35% sur la même région, et pourtant le fleuve n'a jamais cessé de se jeter dans le golfe de Bohai.29 Cependant, on note une tendance à la poursuite de la dégradation du bilan des précipitations.3o