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2.3.4 « Petit-Bazar »

6. Analyse des données

6.2 Profils des élèves

6.2.1 Profils linguistiques et socio-économiques des élèves

Nous formons une palette unique de faits biographiques et c‟est ce qui fait que nous sommes chacun si singulier. Sur la base des informations reçues de la part des enfants que nous avons interrogé ainsi que de leurs enseignants, nous avons pu dresser des profils d‟élèves pour les 20 sujets observés. Il sera question de traiter les sujets de chaque école.

Commençons par les élèves de milieu socio-économique « favorisé » (classe A) dans un premier temps et ensuite l‟école de milieu socio-économique « défavorisé » (classe B), ce qui nous permettra d‟obtenir un panorama des profils langagiers des élèves. Nous avons pris comme support pour ce faire, les entretiens menés à la rentrée scolaire, le statut socioprofessionnel des parents ou encore les informations complémentaires reçues de la part des enfants. En didactique des langues, on parle de langue première et moins de langue maternelle. Toutefois, ci-dessous, nous reprendrons le terme de langue maternelle comme il est nommé dans le registre de classe des enseignants chez qui nous avons entrepris nos recherches.

Classe A :

Elève 1 : Alex est bilingue. Elle est de nationalité française. Ses parents sont tous deux employés : son père en tant qu‟administrateur et sa mère en tant que professeure de sport.

Sa langue maternelle est le français qu‟elle a appris avec ses parents et le russe comme langue seconde apprise avec sa mère et sa grand-mère. Elle explique avoir appris le français et en parallèle le russe avec sa mère. On peut qualifier son bilinguisme de simultané. Toutefois, elle se sent plus à l‟aise en français qu‟en russe (Français > Russe).

Elève 2 : Axe est monolingue. Il est de nationalité suisse, du canton de Genève. Sa langue maternelle est le français. Toutefois, il connaît quelques mots d‟anglais et d‟italien. Son père est employé et travaille en tant que socio-thérapeute. Sa mère travaille en tant que gérante mais se retrouve actuellement sans activité professionnelle.

Elève 3 : Que est monolingue. Sa langue maternelle est le français. Il est de nationalité suisse, du canton de Genève. Ses parents sont tous deux employés : son père travaille en tant que directeur financier et sa mère en tant que pharmacienne.

Elève 4 : Vic est bilingue. Elle est de nationalité suisse, du canton de Genève.

Comme l‟avait souligné Vic, ses parents sont divorcés. Son père travaille comme indépendant en tant que banquier d‟affaires. Sa mère travaille quant à elle comme employée en tant que journaliste. Son beau-père, lui, est cadre et travaille en tant que gestionnaire. Notons que selon le registre de classe, Vic est de langue maternelle française, mais ce n‟est pas le discours tenu par Vic qui affirme que sa langue maternelle est l‟anglais car étant petite, elle ne parlait qu‟anglais avec son père car il ne savait pas parler le français. Elle ajoute qu‟elle a appris le français en tant que langue seconde peu avant son entrée en crèche. Son bilinguisme est donc qualifié de successif. Toutefois, elle se sent autant à l‟aise en français qu‟en anglais.

Elève 5 : Luc est monolingue. Il est de nationalité suisse, du canton de Neuchâtel. Sa langue maternelle est le français. Cependant, il affirme connaître un peu l‟italien. Mais c‟est en français qu‟il est le plus à l‟aise. Son père est employé et travaille en tant qu‟enseignant et sa mère est “mère au foyer“.

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Elève 6 : Ele est monolingue. Sa langue maternelle est le français. Elle est de nationalité suisse, du canton de Vaud. Son père travaille en tant que directeur d‟entreprise et sa mère est employée en tant que comptable.

Elève 7 : Zo est bilingue. Elle est originaire du Royaume Uni et est née en Angleterre.

Sa langue maternelle est l‟anglais. Elle a appris le français juste avant d‟entrer à l‟école enfantine. Son bilinguisme peut être qualifié de successif. Elle se sent plus à l‟aise en anglais (Anglais > Français). Son père est directeur dans le domaine informatique. Sa mère est “mère au foyer“.

Elève 8 : Van est bilingue. Elle est de nationalité suisse, du canton de Genève. Ses parents sont tous deux employés : son père travaille dans le domaine technico-commercial et sa mère est employée de commerce. Dans le registre de classe, on apprend que Van est de langue maternelle française. Mais selon Van, sa langue maternelle est l‟italien qu‟elle a appris grâce à sa mère qui lui parlait uniquement en italien. Son père quant à lui parle peu italien. Elle a appris le français dès son entrée à l‟école enfantine. On peut donc qualifier son bilinguisme de successif. Toutefois, elle se sent plus à l‟aise pour pratiquer le français que l‟italien (Français

> Italien).

Elève 9 : Emi est monolingue. Elle est de nationalité suisse, du canton de Genève. Sa langue maternelle est le français. Ses parents sont tous deux employés : son père travaille en tant qu‟opticien et sa mère en tant que comptable.

Elève 10 : Dam est bilingue. Il est de nationalité suisse, du canton de Genève. Ses parents sont tous deux employés. Son père travaille en tant que gestionnaire. Dam est de langue maternelle française et l‟italien est sa langue seconde qu‟il a apprise vers l‟âge de 5-6 ans. Il a donc développé un bilinguisme successif et se sent beaucoup plus à l‟aise en français qu‟en italien (Français > Italien).

Classe B :

Elève 11 : Dan est bilingue. Elle est de nationalité portugaise. Ses parents sont employés.

Sa mère est lingère. Dan est de langue maternelle portugaise. Elle a appris le français dès son arrivée à l‟école enfantine. On peut qualifier son bilinguisme de successif. Elle se sent plus toutefois plus compétente en français qu‟en portugais (Français > Portugais).

Elève 12 : Ced est bilingue. Il est de nationalité suisse, de Genève. Son père est un commerçant indépendant et sa mère est employée dans un restaurant. Ced est de langue maternelle portugaise. Il a appris le français en entrant à l‟école enfantine. Ced a donc développé un bilinguisme successif. Il se sent néanmoins plus à l‟aise en français qu‟en portugais (Français > Portugais). Il connaît également quelques mots d‟espagnol.

Elève 13 : Dio est bilingue. Il est de nationalité portugaise. Son père est ouvrier et travaille en tant que manœuvrier, sa mère est employée de bureau. Dio a appris le français et le portugais en même temps. Il a donc développé un bilinguisme simultané. Il se sent autant compétent en français qu‟en portugais (Français = Portugais). Il affirme comprendre également l‟espagnol et connaître quelques mots d‟anglais.

Elève 14 : Joa est bilingue. Elle est de nationalité portugaise. Ses parents sont ouvriers et travaillent en tant que nettoyeurs. Joa est de langue maternelle portugaise. Elle est née au Portugal. Sa langue seconde est le français.

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Toutefois, elle se sent plus compétente en français qu‟en portugais (Français > Portugais).

Elle comprend également un peu l‟espagnol.

Elève 15 : An-Lu est bilingue. Elle est de nationalité péruvienne et est née au Pérou.

Son père est ouvrier et travaille en tant que nettoyeur. Sa mère est de profession couturière mais se retrouve actuellement sans activité professionnelle. An-Lu est de langue maternelle espagnole et a appris ensuite le français. Son sentiment de compétence en français et espagnol est divergent. Elle se sent plus à l‟aise en français lorsqu‟il s‟agit de parler, de lire et d‟écrire.

Quant à l‟espagnol, An-Lu se sent plus compétente en espagnol pour écouter. Elle a toutefois le sentiment de mieux connaître l‟espagnol. Elle comprend aussi un petit peu l‟italien.

Elève 16 : Te est monolingue. Il est de nationalité suisse, du canton de Berne. Ses parents sont

tous deux employés : son père en tant que musicien et sa mère en tant qu‟enseignante.

La langue maternelle de Te est le français.

Elève 17 : Luc est monolingue. Il est également de langue maternelle française. Il est de nationalité suisse, du canton du Valais. Ses parents sont tous deux employés : son père en tant que comédien et sa mère en tant que décoratrice.

Elève 18 : Mun est monolingue. Elle est de nationalité somalienne mais explique être née en Suisse. Son père est ouvrier et travaille en tant que nettoyeur. Sa mère est femme au foyer.

Mun est de langue maternelle française. Toutefois, elle précise qu‟elle connaît le somalien et comprend l‟italien. Mais elle est principalement compétente en français.

Elève 19 : Dil est monolingue. Il est de nationalité suisse du canton de Genève. Son père est

indépendant et travaille en tant qu‟informaticien. Sa langue maternelle est le français.

Dil prétend connaître quelques mots de thaïlandais. Cependant, il reste majoritairement compétent en français.

Elève 20 : Rod est monolingue. Il est de nationalité suisse, du canton de Genève. Son père est sans activité professionnelle (chômage) et sa mère est employée en tant qu‟animatrice.

Sa langue maternelle est le français.

La description de ces vingt élèves nous permet déjà d‟avoir une vue d‟ensemble des langues en présence et des profils socio-économiques des familles auxquelles ils appartiennent. Ces deux points seront davantage détaillés par la suite. Nous pouvons également relever une spécificité entre les enfants BI des deux classes : ceux de la classe A sont majoritairement nés en Suisse et ceux de la classe B à l‟étranger, plus particulièrement au Portugal. Le tableau ci-dessous (tableau 7) nous permet de prendre conscience des langues premières et secondes parlées par les élèves et de pouvoir mettre en évidence la richesse des langues en présence au sein des deux classes. Une différence significative se trouvent entre les deux classes au niveau de la langue première pratiquée par les enfants BI : la classe A est davantage de langue maternelle française, ce qui n‟est pas le cas de la classe B où les élèves sont globalement de langue maternelle portugaise ou espagnole.

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Tableau 7 : Langues premières et secondes des 10 enfants bilingues des classes A et B selon les données des registres de classe.

Langues premières Langues secondes

Classe A

Français (4x), Anglais (1x) Russe (1x), Anglais (1x), Français (1x), Italien (2x)

Classe B Portugais (4x),

Espagnol (1x) Français (5x)

Notre échantillon total des classes expérimentales comporte 70% d‟enfants (14/20) s‟exprimant avec pour langue première le français et 30% le portugais, l‟espagnol et l‟anglais.

Si nous comparons ces données avec le tableau ci-dessous (SRED/nBDS : état au 31.12.2009), le français reste la langue première majeure pratiquée par les élèves du primaire genevois, suivie ensuite par l‟espagnol, l‟italien et le portugais. Nous avons donc trouvé des données similaires aux résultats émis par les statistiques de la recherche en éducation.

Source : Memento statistique de l’Education à Genève : Edition 2010, p.8.

Par ailleurs, compte tenu du fait que le groupe BI des deux classes était différent, il fallait que ce groupe soit défini d‟une part par son bilinguisme par rapport aux enfants du groupe MONO mais également par son appartenance au milieu socio-économique.

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Pour cela il était nécessaire de contrôler l‟effet de la variable socio-économique à l‟intérieur du groupe expérimental (enfants BI) et du groupe contrôle (enfants MONO). Ces deux groupes (BI et MONO) sont composés d‟enfants issus de milieux socio-économiques différents : l‟un « favorisé », le second « défavorisé ». Pour les distinguer, nous avons pris en compte le classement proposé par le Service de la Recherche en Education (SRED) du canton de Genève. Ce service offre une vue d‟ensemble des catégories socioprofessionnelles de la population scolaire genevoise à partir des professions déclarées par les parents (père et mère)

et le cas échéant du responsable légal ou de la personne chez qui habite l‟enfant.

Ces professions sont ensuite réparties dans quatre catégories qui correspondent à des niveaux socio-économiques différents.

Dans le but de faciliter cette comparaison de données, la catégorie socioprofessionnelle de l‟enfant a été définie d‟après la profession de la personne avec qui il demeure. Dans la grande majorité des cas, lorsque l‟enfant vit avec ses parents, c‟est la couche sociale du père qui lui est octroyée en raison de la forte homogamie observée. C‟est pour cela que nous nous focaliserons principalement sur la profession du “chef de famille“.

Les tableaux de la page suivante résument la répartition socio-économique des enfants de ces deux classes par rapport aux données du canton de Genève. On trouve dans le groupe

de niveau socio-économique 1, les enfants issus de familles d‟ouvriers (CSP 1,2,3,7).

Ce groupe comporte quatre enfants (dont trois sont bilingues) sur 20, tous scolarisés à l‟école de milieu populaire. Ils représentent donc une minorité. Dans le groupe de niveau socio-économique 2, on trouve les enfants issus de familles de cadres supérieurs et dirigeants (CSP 11, 12, 13), petits indépendants (CSP 4,5,6) et employés et cadres intermédiaires (CSP 1,2,3,7). Ce groupe comporte la majorité des enfants puisqu‟ils sont 16 sur 20 à être représentés dans ce groupe. Au travers de ces données, nous avons pris conscience de la diversité des niveaux socio-économiques en présence dans chaque classe.

Nos données concordent plus ou moins avec les données du SRED sur la répartition des élèves selon la catégorie socio-professionnelle des parents, puisque selon des critères établis en référence à l‟annuaire statistique du SRED (état au 31.12.2006), les milieux économiques « favorisés » comptent moins de 30% d‟ouvriers. A contrario, les milieux socio-économiques « défavorisés » en comptent plus de 40%. Dans la classe A, il n‟y a aucun enfant d‟ouvrier et dans la classe B, on en dénombre 40%. Les élèves de la classe A sont issus de familles dont les pères ont une profession classée par le SRED uniquement du niveau 2 (sept cadres supérieurs et dirigeants et trois employés et cadres intermédiaires). Dans la classe B, cette répartition se fait différemment : il y a un enfant de petit indépendant, quatre enfants d‟employés et cadres intermédiaires, quatre enfants d‟ouvriers et un enfant dont le père est sans activité professionnelle.

Nous retrouvons ce genre de données au sein des résultats apparaissant dans le tableau 8 et celui tiré du mémento statistique du canton de Genève (Edition 2010). Cette répartition des élèves nous permettra peut-être de tisser des liens avec ce qui s‟est passé dans les classes, avec leurs représentations vis-à-vis de l‟allemand, etc. Toutefois, « appartenir à une catégorie sociale peut certes être une caractéristique mais, comme le note Abdallah-Pretceille (1986), à partir de cette caractéristique, “aucune conclusion ne doit être tirée.“ (p.12) » (Perregaux, 1992, p.179).

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Source : Memento statistique du canton de Genève : Edition 2010, p.9

Tableau 8 : Professions des pères de famille des enfants des classes A et B réparties selon la catégorie socio-professionnelle (d’après la classification du SRED, édition 2010)

Catégories socioprofessionnelles

(CSP)

Classe A Classe B

BI (n=5) MONO (n=5) BI (n=5) MONO (n=5)

Cadres supérieurs et dirigeants : CSP 11, 12,

13

- Administrateur - Banquier

d‟affaires - Directeur informatique - Gestionnaire

- Directeur financier - Enseignant

- Directeur d‟entreprise

Petits indépendants : 4, 5, 6

- Commerçant

Employés et cadres intermédiaires :

CSP 8, 9, 10

- Employé technico-commercial

-Socio-thérapeute - Opticien

- Employé - Musicien

- Comédien - Informaticien

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Ouvriers : CSP 1, 2, 3, 7 - Manœuvrier

- Nettoyeur (2x)

- Nettoyeur

Divers et sans indication : CSP 14, 15

- Sans activité professionnelle

Passons à présent aux questions d‟entretien qui nous permettront d‟affiner les profils langagiers des élèves. Dans l‟analyse des réponses aux premières questions, nous pouvons souligner le fait que les 20 enfants bilingues des classes A et B ont conscience qu‟ils parlent deux langues, une à l‟école, l‟autre à la maison. En revanche, certains enfants monolingues croient savoir parler et comprendre une autre langue que le français, car ils connaissent quelques mots dans une autre langue qu‟ils ont appris dans le contexte des vacances.

Toutefois, nous ne les considérons pas comme bilingues. Les enfants BI ont dit parler ou connaître d‟autres langues que celles indiquées initialement, mais comme pour les enfants MONO, il s‟agit uniquement de connaissances de mots.

Au début de l‟entretien, nous avons interrogé tous les élèves dans le but de savoir quelles langues ils parlaient et comment celles-ci étaient pratiquées. Si l‟élève disait qu‟il parlait et comprenait une autre langue que le français, un tableau à remplir lui était ensuite proposé pour pouvoir comparer les compétences dans chaque langue. Traitons les réponses aux questions par ordre selon lequel elles ont été posées. Rappelons que pour cette recherche, le français était appris soit en tant que langue première ou seconde. Les profils d‟élèves dressés auparavant apportent des informations complémentaires.

Dans la classe A, parmi les élèves du groupe BI, seule Alex a dit qu‟elle parlait et comprenait d‟autres langues que celles indiquées initialement, à savoir le français (L1) et le russe en tant que langue seconde. Les autres enfants ont bel et bien évoqué les langues indiquées par l‟enseignant. Toutefois, au fil des questions posées, on se rend vite compte que les langues citées par Alex sont découvertes dans le contexte des vacances et ne sont donc pas pratiquées au delà de cela :

Chercheur : - Est-ce que tu parles une autre langue que le français ?

Alex : - Eu que français oui. Un p’tit peu russe. Et un peu l’espagnol (rires) mais un p’tit peu. Et l’anglais.

Chercheur : - Ah et l’anglais aussi ?

Alex : - Un p’tit peu mais je parle pas beaucoup l’anglais et l’espagnol à la maison.

Je parle que le russe.

Chercheur : - (...) Est-ce que tu comprends une autre langue que le français ?

Alex : - Je parle pas l’espagnol à la maison mais je sais parler en espagnol. Je suis (allée ?) pleins de fois en vacances en Espagne. Et aussi à Londres, c’est l’anglais.

Chercheur : Quelle est la langue ou les langues que tu parles ou entends chez toi ? Alex : Je parle russe avec ma maman beaucoup et des fois un peu français. En fait, ma mère elle sait un p’tit peu le français mais elle parle beaucoup russe.

Chercheur : - D’accord.

Alex : - Et mon père un p’tit peu russe, et il parle beaucoup français.

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Chercheur : - Et donc tu parles français aussi à la maison ? Alex : - Euh oui.

D‟autres élèves du groupe MONO de cette classe connaissaient aussi quelques mots dans d‟autres langues : Axe connaît quelques mots d‟italien et d‟anglais ; Que sait dire

“bonjour“ en italien ; Emi quelques mots d‟anglais et d‟allemand. Mais lorsque le chercheur demande si l‟élève comprendrait la langue si on la lui parlait, nous voyons alors dans les réponses données qu‟il ne s‟agit pas de bilinguisme. Voici un extrait évocateur de ce genre de situations, comme c‟est le cas avec Axe :

Chercheur : - Est-ce que tu comprends une autre langue que le français ? Axe : - Hum. Pas trop ().

Chercheur : - D’accord. « Pas trop », ça veut dire que tu connais, que tu comprends bien ou pas beaucoup ?

Axe : - Je peux dire bonjour, j’peux répondre.

Chercheur : - Ouais ().

Axe : - Non, euh non.

Chercheur : - C’est vraiment si j’te parle dans une autre langue, est-ce que tu comprends bien la langue ?

Axe : - Ouais.

Chercheur : - Pas trop alors ? Axe : - Ouais.

Le cas de Luc qui était, selon nos informations, monolingue, a expliqué qu‟il parlait et comprenait l‟italien. Pourtant lorsque nous lui avons posé la question “quelle est la langue (ou les langues) que tu parles ou entends chez toi ?“, il a été le seul élève MONO à répondre qu‟il pratiquait une autre langue que le français à la maison :

Luc : - Euh le français () et eu mon père, il me parle en italien et je lui réponds des fois en français ou en italien.

Chercheur : - Et le français, tu le parles aussi à la maison ? Luc : - Ouais, souvent.

Chercheur : - Et tu parles italien avec ton papa ? Luc: - Oui. Ma mère, elle est française.

Chercheur : - Donc elle parle pas italien ? Luc : - Non.

Les tableaux 9 et 10 ci-dessous regroupent les langues parlées et comprises par les élèves BI des classes A et B et permet au lecteur de mieux les visualiser.